3ème plan d’austérité de Sarkozy 100% à payer par le peuple 0% par le capital

samedi 4 février 2012.
 

- 1 Jean-Luc Mélenchon réagit à l’intervention de Nicolas Sarkozy
- 2 Un cadeau de 13 milliards au patronat
- 3 L’injustice sociale et fiscale, fil conducteur du quinquennat de Nicolas Sarkozy (L’Humanité)
- 4 Réactions à gauche PCF, PS, EELV, NPA

1) Jean-Luc Mélenchon réagit à l’intervention de Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy vient d’annoncer un troisième plan d’austérité. Standard and Poor’s a été obéie. Cela va saigner. La ponction annoncée pour servir la finance sera supportée à 85% par les ménages. Le capital y contribuera six fois moins. J’annonce même qu’il n’y contribuera pas du tout. Car les mesures qui frappent le peuple s’appliqueront tout de suite, tandis que celles qui toucheraient le capital sont reportées au lendemain de l’élection. Des milliers de jeunes seront poussés hors de l’école pour aller en apprentissage. Terrible nouvelle, les salaires et le temps de travail seront négociés dans l’entreprise et la loi n’y pourra rien. Enfin le logement sera de nouveau dérégulé, soit disant pour baisser les loyers. Jusqu’au bout, le président sortant aura cherché à enfumer les Français.

Jean-Luc Mélenchon

2) Jusqu’au bout, Nicolas Sarkozy fera des cadeaux au patronat (Martine Billard)

Sous prétexte de renforcer la compétitivité de la France, Nicolas Sarkozy fait un cadeau de 13 milliards au patronat, et leur offre la possibilité de déroger au code du travail.

Depuis le temps que le MEDEF exigeait de sortir le temps de travail et le SMIC de la loi, c’est chose faite !

Outre une augmentation du temps de travail et une baisse des salaires, les travailleurs devront affronter une hausse de la TVA, et renoncer à toute baisse des loyers. Ses mesures sur le logement vont permettre à ses amis d’agrandir leurs villas, mais surement pas de construire les logements sociaux qui manquent cruellement, et qu’il n’a même pas évoqué.

Décidément, le quinquennat de Nicolas Sarkozy se résume en une phrase : faire payer les plus modestes !

3) "L’injustice sociale et fiscale, fil conducteur du quinquennat de Nicolas Sarkozy"

Une impression d’affolement et de désordre se dégage des propos de Nicolas Sarkozy dès les premières phrases de son entretien télévisé. Logement, emploi des jeunes apprentissage, création d’une banque de l’industrie... Par un coup de baguette magique, ou un tour de bonneteau, tout sera réglé dès le mois de février... Le chef de l’État en froid avec l’opinion publique a donné le sentiment d’annoncer qu’il réglera dans l’urgence des problèmes que sa politique a aggravés depuis cinq ans. Mais le coeur du propos confirme que l’injustice sociale et fiscale aura donc bien été le fil conducteur, le marqueur de son quinquennat.

Nul ne peut reprocher au président candidat non encore déclaré un manque de suite dans les idées. Ses premières décisions, en 2007, se chiffraient à 15 milliards d’euros de cadeaux en tous genres au monde de la finance et à l’oligarchie de la fortune. Droits de succession, ISF, toutes les modestes contributions au fonctionnement de la société que la République se doit de réclamer aux plus nantis étaient outrageusement allégées. La défiscalisation des heures supplémentaires, le bouclier fiscal, rien n’était assez beau pour le grand patronat, en loyal fondé de pouvoir duquel l’hôte de l’Élysée s’est constamment comporté.

Généraliser la pratique du chantage patronal

Quand approche l’heure de rendre des comptes aux électeurs, qui pourraient bien délivrer un jugement très sévère, Nicolas Sarkozy persiste : il veut alléger les cotisations patronales et faire compenser le manque à gagner dans les caisses de l’État par une hausse de 1,6 point de la TVA, qui passera ainsi de 19,6 % à 21,2 %. En clair, il s’agit d’un renchérissement du coût de la vie. Injustice toujours : la TVA pèse proportionnellement plus lourd sur les petits revenus que sur les gros. Au nom de l’exigence de « compétitivité », Nicolas Sarkozy veut généraliser la pratique du chantage patronal, qui vise à faire renoncer les travailleurs à la durée légale du travail de 35 heures ou à accepter des baisses de salaires en brandissant la menace de plans de licenciements ou de délocalisations. Du slogan « travailler plus pour gagner plus », qui lui valut quelques succès en 2007, on est passé à un projet « travailler plus et gagner moins ». Les salariés de Continental à Clairoix (Oise) ont douloureusement appris ce que valaient pareils marchés de dupes.

La posture d’un chef d’État « protecteur »

Tout semble se passer comme si le chef de l’État, largement décrédibilisé dans l’opinion, voulait achever d’ici à l’élection présidentielle l’œuvre de démolition du modèle social, accélérer la déréglementation du travail. Il cherche à adopter la posture d’un chef d’État « protecteur », qui n’hésite pas à prendre des mesures impopulaires mais nécessaires pour limiter les dégâts de la crise. Un mauvais numéro de prestidigitateur qui ne parvient pas à égarer l’opinion publique : les difficultés financières sont pour une large part la conséquence des cadeaux faramineux consentis aux milliardaires, aux grandes sociétés qui ont manqué aux finances publiques.

Six chaines de télévision pour lui tout seul

Alors, pour marteler son message, il occupe tout l’espace télévisuel, ou presque. Dans quel autre pays un président peut-il s’exprimer simultanément sur neuf chaînes de télévision ? Au Turkménistan ? En Corée du Nord ? À supposer qu’ils disposent d’autant de canaux... Plus sérieusement, la seule et aléatoire issue de secours pour éviter d’être froidement congédié en mai par les Français serait de parvenir à semer le doute sur la possibilité de s’affranchir de la dictature des marchés financiers. Et ainsi, de la Grèce à l’Irlande, il n’y aurait d’autre voie que l’austérité et la renonciation sociale. C’est le sens ô combien inquiétant de l’engagement annoncé de la droite allemande et de la chancelière Angela Merkel aux côtés du candidat Sarkozy. La Sainte-Alliance de la régression a peur. Elle redoute la sanction du peuple français. « Sarkozy est le président qu’il nous faut », affirme la CDU, mais les intérêts des conservateurs allemands ne sont pas forcément ceux du monde du travail en France.

JeanPaul Piérot, L’Humanité

4) "Nicolas Sarkozy vient d’annoncer un troisième plan d’austérité" (réactions à gauche)

Pierre Laurent (PCF) : "Je suis scandalisé par les annonces de Nicolas Sarkozy ce soir. Au terme d’un quinquennat qui a poussé le pays dans la récession et saccagé l’emploi industriel, il décide, à quelques semaines des élections, deux énormes nouveaux cadeaux au patronat. Premier cadeau : un allègement de 13 milliards d’euros de cotisations sociales patronales essentiellement payé par une hausse de la TVA, autrement dit un coup de poignard dans le pouvoir d’achat populaire.

Second cadeau : la possibilité pour le patronat d’échapper à toute durée légale du temps de travail par le biais d’accord dit de compétitivité. Tout le reste est à l’avenant : matraquage mensonger sur le coût du travail, règle d’or pour les collectivités locales, nouvelle mesure de déréglementation du marché immobilier sous prétexte de crise du logement. Tout cela n’est que l’énième et dernier coup de force présidentiel. Les privilégiés et les financiers auront été servis jusqu’au bout. Les salariés n’ont plus rien à attendre de ce pouvoir. C’est maintenant à la gauche de construire une alternative solide et le Front de gauche va y consacrer toutes ses forces."

Najat Vallaud-Belkacem, (porte-parole de campagne de François Hollande) : "Ce soir, au cours d’un grand show médiatique, le candidat-président Sarkozy n’a cessé de renier ses engagements de 2007. Le Président « qui n’a pas été élu pour augmenter les impôts » va assommer les Français avec une augmentation de la TVA de 13 milliards d’euros (+1,6 point, à 21,2%). Le « Président du pouvoir d’achat » a annoncé une baisse de 1,6% du pouvoir d’achat de tous les Français. Le Président qui promettait que « plus aucun Français ne dormirait dans la rue » d’ici la fin du quinquennat s’est enfin décidé à se pencher sur la grave question du logement, à 3 mois de la fin de son quinquennat.

Le tour de passe-passe du prestidigitateur Sarkozy ne trompera personne. Les 400 millions d’euros promis lors du sommet social ne font pas le poids face à l’amputation du pouvoir d’achat décrété avec la TVA antisociale. En augmentant de 13 milliards d’euros la TVA tout en promettant 400 millions d’euros pour les demandeurs d’emploi Nicolas Sarkozy s’apprête à prendre aux salariés 32 fois ce qu’il leur donne."

Cécile Duflot, secrétaire nationale d’Europe écologie les Verts (EELV). "Ce président fait de la communication et des annonces parce qu’il est impuissant, il est sans doute terrorisé à l’idée de l’élection et du coup il nous met dans une situation où il risque de fragiliser encore davantage nos protections sociales. C’est évidement un candidat, un candidat angoissé. (…) Comme il a peur qu’on ne le regarde pas, il oblige quasiment les Français qui voudront allument leur télévision ce soir à écouter ce qu’il a à dire."

Parti communiste français : "Dans une posture de père protecteur et suprême, le Président de la République s’est livré - simultanément sur six chaînes de télévision - à un nouveau numéro de mensonge éhonté. Nicolas Sarkozy a répété ses habituelles contre-vérités pour tenter de faire avaler à nos concitoyennes et concitoyens une saignée supplémentaire de leur pouvoir d’achat par le biais de 1,6 point supplémentaire de TVA, soit une hausse de 8,2 % de l’impôt le plus injuste qui soit.

Contrairement à ce que prétend le chef de l’Etat, le coût du travail dans l’industrie française est strictement équivalent à ce qu’il est en Allemagne. Dans l’industrie automobile, il est même inférieur de 25% à ce qu’il est outre-Rhin. Le coût et la durée légale du travail ne sont pas la cause du chômage. Pas plus qu’une nouvelle baisse des cotisations patronales n’est la garantie d’une relance de l’emploi. Bien au contraire ! Les cotisations patronales n’ont cessé de diminuer et le chômage a constamment grimpé pour atteindre son plus haut niveau depuis douze ans. Les recettes préconisées par le chef de l’Etat, y compris l’instauration d’une "règle d’or" pour conforter l’étau des marchés financiers, sont tout aussi injustes socialement qu’elles seront inefficaces économiquement. La relance dont a besoin notre pays, passe par une augmentation des salaires et des minimas sociaux. Elle nécessite aussi l’interdiction des licenciements dans toute entreprise qui fait des profits.

Ses quelques incantations sur le logement ou sur l’avenir des jeunes, ne peuvent faire oublier que le chef de l’Etat a doublé le volume des niches fiscales au cours du quinquennat. Cette année encore, les plus fortunés gagneront deux milliards grâce à sa réforme de l’ISF. Ce soir, Nicolas Sarkozy s’est présenté pour ce qu’il est, le défenseur des actionnaires et des plus fortunés. C’est bien d’une politique radicalement différente, marquée par une nouvelle répartition des richesses en faveur du travail, dont ont besoin nos concitoyennes et concitoyens."

Déclaration de Philippe Poutou. De nouvelles bonnes raisons de virer Sarkozy

Dans la compétition électorale avec Hollande, le futur candidat Sarkozy cherche manifestement à reprendre la main : une touche de démagogie avec la taxation sur les transactions financières, pourtant toujours aussi floue ; un zeste de bricolage sur les permis de construire censés relancer l’activité ; et une énorme louche d’attaques supplémentaires contre le niveau de la population. Avec un objectif clairement affiché : travaillez plus et vous gagnerez moins !

Pilier central de ces nouvelles mesures d’austérité, le relèvement du taux de la TVA de 1, 6% - de 19, 6% actuellement à 21, 2% - a pour but de financer un allègement des cotisations patronales payées par les entreprises. Cette « TVA sociale », destinée à réduire le coût du travail au nom de la compétitivité est un donc nouveau cadeau fait aux patrons et aux actionnaires sur le dos de l’immense majorité de la population. Un mauvais coup pour le pouvoir d’achat de la population et singulièrement des 8, 2 millions de pauvres.

En outre, Sarkozy propose que les entreprises puissent conclure des accords sur le temps de travail avec leurs salariéEs si une majorité de ceux-ci l’acceptent. L’objectif est désormais clairement assumé : mettre fin aux 35 heures. En renvoyant le rapport de force capital travail là où il est le plus défavorable aux salariés, c’est-à-dire au sein de l’entreprise et pas dans une loi qui s’impose à tous, Sarkozy satisfait ainsi une autre revendication du Medef qui peut se frotter les mains : la primauté du contrat d’entreprise sur la loi ou l’accord de branche.

Quant au logement, les millions de mal logé ou de sans logis seront resté sur leur faim. Rien qui était susceptible de leur laisser penser qu’il pouvait obtenir un logement de qualité et durable.

C’est pourtant tout le contraire qu’il faudrait faire : augmenter les salaires en prenant sur les profits, développer les services publics et la protection sociale en taxant les riches, protéger les salariés en interdisant les licenciements et non en continuant à déréguler le marché du travail. Ce dimanche soir, Sarkozy nous a donné de nouvelles bonnes raisons de le chasser en mai prochain. Il ne l’aura vraiment pas volé.

Le 29 janvier 2012.

François Rebsamen (sénateur PS ) : "Nicolas Sarkozy a tenté en vain, ce soir, d’endosser les habits du Capitaine courage, mais il faisait plutôt penser aux médecins de Molière qui, à force de saignées, achevaient le malade qu’ils étaient censés guérir. (...) Ces mesures ficelées à la hâte, prises à deux mois de la fin de son quinquennat, sont le signe de l’affolement d’un président aux abois. L’exercice médiatique de ce soir n’est rien d’autre qu’une fuite en avant. Elle est pathétique pour le président candidat, dangereuse pour la France et dramatique pour les Français."


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