Rajoy/Sarkozy : Retour sur la rencontre de deux droitiers jusqu’auboutistes Juliette Estivill

samedi 21 janvier 2012.
 

Au moment où il avait prévu son déplacement à Madrid, sûrement Sarkozy pensait-il pouvoir fanfaronner :

D’un côté, la crise était en voie d’être résolue grâce à sa super-activité avec Merkel, à eux deux, ils sauront y mettre fin.

De l’autre, l’Espagne, grâce à Rajoy, élu sur fond de déroute de la politique du PSOE (qui rappelons-le a voté la règle d’or et a conduit une politique d’austérité à la sauce Papandréou- Plan de 50 milliards d’euros l’année dernière), sera un modèle pour l’Europe entière. La politique du gouvernement Rajoy est alors saluée par tous les dirigeants européens et en particulier par la Commission européenne. Un mois après son élection le Parti Populaire (PP) passe en effet à la vitesse supérieure en matière de régression sociale annonçant un plan d’austérité de 40 milliards d’euros et une réforme du marché du travail.

Oui mais voilà, vendredi, Standard & Poor’s baissait la note de la France, ce sésame de bonne conduite dont se revendiquait le gouvernement UMP si fière de sa politique. De l’autre côté des Pyrénées, la politique du Parti Populaire ne suffit plus aux agences de notation : baisse de deux crans de sa note ! (en même temps que 9 autres pays européens, note qui avait déjà été baissée à la rentrée), la réforme du marché du travail doit être accélérée « flexibilité » pour les travailleurs et casse du droit du travail (révisions des conventions collectives par des accords branche par branche…).

Mais l’honneur est sauf ! Sarkozy reçoit la toison d’or des mains du roi Juan Carlos, héritier du franquisme, prétendument pour son travail avec Zapatero contre l’ETA.

Notez que Sarkozy, dans une interview donnée au journal ABC ce matin, déclare que pour lui le roi « est un grand souverain, un sage d’Europe et un homme pour qui (…) j’ai depuis longtemps une très grande estime et même une profonde amitié. ».

Voie la vidéo de Juan Carlos rendant hommage à Franco.


En matière de politique économique et sociale, Sarkozy ne bouge pas d’un iota. Il persiste et signe en déclarant : « Je veux saluer les mesures extrêmement courageuses prises par l’Espagne pour faire face à la crise et tenir ses engagements européens. Les premières décisions du nouveau Gouvernement illustrent la détermination de Mariano Rajoy à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le redressement de l’économie espagnole. C’est très important pour la France et pour l’Europe. Il peut compter sur mon complet soutien. Je veux d’ailleurs rendre hommage à la sagesse du peuple espagnol, qui comprend ces décisions difficiles et les accepte avec calme et de lucidité. »

Plus loin, dans la même interview à propos de la sortie de la crise pour la zone euro, Sarkozy déclare : « Nous rendons plus efficace la discipline budgétaire au sein de la zone euro en prévoyant que chaque pays devra se doter d’une règle d’or définie en commun. La discipline budgétaire est indispensable, car lorsqu’on partage la même monnaie, les dérives des uns ont des répercussions chez les autres. Mais elle ne peut pas s’imposer uniquement au niveau européen : il faut que cet objectif soit intégré par chacun pour prévenir autant que possible les dérapages. Ceux qui, malgré cela, ne respecteraient pas la règle de 3 % de déficit se verront sanctionner de manière beaucoup plus automatique. »

Impayable Sarkozy qui lorsqu’il parle de « courage », semble ignorer la souffrance du peuple espagnol dans une Espagne dévastée.

La conférence de presse prévue, la première donnée par Rajoy en tant que chef d’Etat, a eu lieu en fin d’après-midi après une rencontre en tête pour préparer le sommet européen du 30 janvier prochain. Les deux hommes ont affiché leur harmonie politique en donnant presque mot pour mot les mêmes réponses aux questions. Pour tous les deux : « réduction des déficits, réduction des dépenses, trouver le chemin de la croissance et de la compétitivité ». Sarkozy a refusé de répondre à la question d’un journaliste « pensez-vous que la baisse de la note de la France par l’agence de notation montre l’échec de votre politique ? », s’énervant presque Sarkozy répond que ce n’est plus d’actualité, et qu’il faut simplement continuer la même politique martelant « baisse du déficit », « baisse des dépenses publiques », « croissance et compétitivité » et allant même jusqu’à dire que « la situation est stable ».

Rajoy conclut en disant qu’il va poursuivre les réformes structurelles, mettre en marche la réforme du travail.

Sarkozy salue lui « la maturité de la démocratie espagnole » qui montre l’exemple lorsque en septembre dernier gouvernement Zapatero et l’opposition de Rajoy ont voté main dans la main la règle d’or, il appelle donc à la même chose en France et parle du « courage » de prendre « des mesures impopulaires », il espère la même réussite du côté du gouvernement Monti en Italie. D’ores et déjà, il annonce de nouvelles « réformes » en France pour la fin du mois.

Nous le savions ces deux-là ils iront jusqu’au bout dans leur mise en œuvre de la catastrophe économique et sociale annoncée !


Hasard du calendrier : le même jour décédait de Fraga, ministre de Franco, fondateur de l’Alliance populaire, futur Parti Populaire (PP). Rajoy et ses ministres, ainsi que les grands médias rendent un hommage tonitruant à cet héritier direct de la droite franquiste, qui a, par son action, donné aux héritiers du franquisme, à cette droite extrémiste et sanguinaire lors « la transition démocratique », un visage acceptable et « moderne ». Une transition qui dès le départ apparaissait comme un refus d’une réelle rupture avec le régime agonisant du franquisme : régime soutenu par une droite traditionaliste, proche de l’opus dei et d’une une église moyenâgeuse ainsi que par les classes possédantes en place. Un hommage que certains voudraient unanimes, à l’image de Rubalcaba (candidat PSOE aux dernières élections) déclarant que Fraga à « normalisé le droite franquiste » et porté par les médias dominants mais rejeté par l’immense majorité du peuple et des jeunes.


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