2012, année de l’austérité

samedi 14 janvier 2012.
 

1) 2012 : détails d’une facture salée (L’Humanité)

Face à la kyrielle de taxes, hausses de tarifs et autres mesures d’austérité qui ont pris effet ce 1er janvier, la nouvelle année s’annonce extrêmement difficile pour le porte-monnaie des ménages français.

Mesure phare du second plan de rigueur dévoilé par le gouvernement en novembre dernier, la TVA réduite à 5,5% est relevée depuis hier à 7%. Sont 
concernés la restauration, l’hébergement, les transports, les travaux à domicile, les services à la personne et, dès avril, les livres. Résultat, toute une série de secteurs répercutent la hausse. À commencer par la SNCF, qui a annoncé une augmentation de 3,2%, le 3 janvier, des prix des billets pour les TGV et 
les trains interrégionaux. Le relèvement de la TVA représente « une augmentation moyenne de 0,60 euro pour les voyageurs en TGV », argue la compagnie ferroviaire. Le reste étant 
une majoration tarifaire voulue 
par la SNCF. Au supermarché, les Français paieront aussi plus cher leurs sodas et leurs 
alcools forts.

Restriction du pouvoir d’achat

À la suite du doublement de la taxe sur les contrats de santé, de 3,5 à 7%, les tarifs des mutuelles vont être relevés de plus de 5%. « Ce qui est considérable en cette période de restriction du pouvoir d’achat », déplore Étienne Caniard, le président de la Mutualité française. Pour lui, « c’est finalement un impôt sur tous les Français ». Le 1er janvier marque aussi l’instauration d’un jour de carence pour les fonctionnaires en arrêt maladie et l’entrée en vigueur de la baisse des indemnités journalières remboursées par l’assurance maladie pour les salaires supérieurs à 2 450 euros brut.

Avec une hausse de 4,4%, le gaz n’en finit plus d’augmenter. « Cela représentera une hausse moyenne de 50 euros pour les foyers français », a calculé Thierry Saniez, délégué général de l’association de consommateurs CLCV. « Même pour les bénéficiaires du tarif social, qui sera revalorisé de 10 euros, il y aura une perte d’au moins 20 euros. »

Comme tous les ans, le Smic est revalorisé. Il s’établira à 9,22 euros de l’heure (1 398,37 euros brut par mois), soit une augmentation de 0,3 %. Dans la même lignée, la revalorisation des allocations familiales et des aides au logement, traditionnellement prévue au 1er janvier, a été repoussée au 1er avril. De plus, elles n’augmenteront plus en fonction de l’inflation, mais de la croissance (1%).

Victime de son succès, le prêt à taux zéro ne concernera plus que l’accession à la propriété dans le neuf. Autant dire que le pouvoir d’achat des Français devrait être sérieusement entamé et la consommation des ménages devrait s’orienter de nouveau à la baisse.

Faute d’argent, on se soigne moins

Près d’un Français sur cinq (19%) affirme avoir réduit ses dépenses de santé, faute de moyens, selon un sondage réalisé pour le prochain numéro de Santé Magazine, à paraître le 6 janvier. 6 % des Français déclarent avoir baissé « nettement » ces dépenses, et 13 % « un peu ». 74% disent consulter moins souvent, 69% réduisent leur consommation de médicaments, 42% renoncent aux soins dentaires, 30% aux soins d’ophtalmologie et 28% ne pratiquent pas les examens prescrits.

Pas de candidature avant mars

Sarkozy aurait confié à ses proches qu’il se déclarerait « le plus tard possible ». Rien d’étonnant pour le président sortant, pour qui assumer son bilan accablant relève du numéro d’équilibriste. 
Il n’annoncerait officiellement sa candidature que fin février, début mars, plus tard si la crise s’aggrave. Une période qu’il mettra à profit pour tenter de reconquérir l’opinion et de mobiliser les siens. Car, après une longue séquence internationale, le président-candidat veut à nouveau arpenter le territoire français.

Alexandra Chaignon

2) Faisons de 2012 l’année de la lutte contre l’austérité (NPA)

Les derniers jours de 2011, la lutte des agents de sécurité des aéroports a confirmé que des résistances existent contre le fatalisme et les résignations. Une invitation aux mobilisations en 2012 pour refuser de payer leur crise. Sans attendre les élections.

2012  : L’année de la crise

La crise économique qui sévit depuis plusieurs mois est loin d’être résolue. Malgré les aides massives aux banques et aux entreprises, malgré les mesures de régression sociale prises dans de nombreux pays, la récession est la perspective la plus probable pour l’économie mondiale en 2012. Les sacrifices imposés aux plus démuniEs, la multiplication des barrières douanières ne suffiront pas à relancer une économie mondiale sapée par la recherche des profits et la spéculation. La crise économique sert de prétexte supplémentaire pour refuser toute prise en compte des impératifs écologiques alors que la catastrophe de Fukushima et les modifications climatiques sont les signes les plus visibles annonçant des catastrophes plus graves. Les affrontements économiques, le poison du nationalisme, la peur savamment orchestrée des immigrations économique et climatique conduisent le monde sur des chemins de haine et de guerre que l’on espérait cantonnés au siècle précédent.

2012  : L’année de Sarkozy  ?

Le bilan de l’ex-président du pouvoir d’achat et de la lutte contre le chômage est catastrophique  : recul de l’âge de la retraite, dérégulations du temps de travail, attaques répétées contre les services publics, multiplication des lois sécuritaires et anti-immigrés... Jamais depuis longtemps, le chômage n’a atteint un tel niveau, jamais les inégalités n’ont été plus prononcées. Pour espérer accéder à l’une des deux premières marches du podium du premier tour des présidentielles, Sarkozy n’a d’autre solution que de tenter de séduire une part des électeurs potentiels de Marine Le Pen. La crise ne lui laisse aucune marge de manœuvre sociale, lui «  imposant  » un nouveau plan d’austérité en période pré-électorale. C’est pourquoi plus que jamais chaque fait divers sera l’occasion d’une propagande sécuritaire, chaque grève fournira le prétexte à de nouvelles atteintes au droit de grève et la démagogie anti-immigrés de Guéant sera toujours plus présente.

2012  : L’année Hollande  ?

N’oublions pas que François Hollande n’est que la doublure imposée de Strauss-Kahn ex-président du FMI, victime d’un empêchement. Autant dire que l’écart entre le programme d’un PS/FMIsé et celui de l’UMP/Lagarde est évidemment mince. Sur aucun sujet, Hollande ne se démarque franchement de Sarkozy  : retraite, temps de travail, immigration, nucléaire, sécurité, nationalisme industriel... cherchez la différence.

2012  : L’année Le Pen  ?

Il ne se fait guère de mystère dans les allées du pouvoir et les salles de rédaction que de nombreux sondages donnent plus de 20 % de suffrages potentiels à Marine Le Pen. Après avoir partiellement réussi sa campagne de dédiabolisation du Front national, Le Pen tente de récupérer le désespoir et la colère des plus mal lotis de la société. Changer la haine de classe contre la haine de race, voilà son véritable programme. Virer les immigrés pour supprimer le chômage, personne n’y croit mais ça soulage. Mais la haine du Front national pour les syndicalistes, les grévistes et tous ceux qui se battent réellement contre le système est bien réelle. Ne pas laisser se développer le poison nationaliste et raciste, convaincre encore et toujours que le FN est un danger, est plus que jamais indispensable.

2012  : L’année des luttes  !

Après la défaite de 2010 sur les retraites, 2011 peut apparaître comme une année de transition. La possibilité de faire reculer le gouvernement et le patronat sur les «  grands  » dossiers (retraite, temps de travail, Sécu, éducation, hôpital), paraît souvent trop difficile. Pourtant les salariéEs ont engagé de nombreux combats  : Fralib, Fonderie du Poitou, Honeywell, M-real, de nombreux hôpitaux et bureaux de poste, la secteur du nettoyage ou la dernière lutte de 2011, celle des agents de sécurité des aéroports. Une volonté de riposte que l’on retrouve à l’échelle du monde. Sur fond de révolution dans l’ensemble du monde arabe, les mobilisations aux États-Unis, en Angleterre et même en Russie rejoignent les luttes des peuples contre la régression sociale généralisée en Grèce, en Espagne, en Italie et au Portugal et les mobilisations des IndignéEs.

Il ne tient qu’à nous que ces foyers de résistance s’étendent et se généralisent pour mettre un coup d’arrêt aux politiques de régression sociale prétextées par la crise. C’est là la seule «  sortie  » de crise. La crise est internationale, internationalisons la riposte  !

Robert Pelletier


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