Sarkozy dans la Stratégie du choc. Mais... C’est une loi physique : le choc produit toujours son contre choc

samedi 10 décembre 2011.
 

Choc et contre-choc

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C’est la stratégie du choc et ce n’est plus que cela. Pas même ses organisateurs peuvent encore croire que l’énième sommet Merkel-Sarkozy tenu lundi dernier aurait pu avancer quoi que ce soit d’efficace face à l’urgence d’une crise financière qui menace d’emporter toute la zone euro. Ces pantomimes se succèdent, alignant des décisions inutiles ou inappliquées. Il en va ainsi du fameux Fonds Européen de Stabilisation Financière censé permettre la mobilisation de 1000 milliards d’euros pour sauver les Etats dégradés. D’un côté l’ombre écrasante de l’Italie se présente au guichet des débiteurs, avec des besoins qui excèdent largement les réserves du fonds. De l’autre, la liste des pays prêteurs rescapés s’amenuise à mesure et leur crédibilité vacille alors que l’on annonce la possible dégradation simultanée de tous les triple A de a zone euro, Allemagne inclue.

Réforme du Fonds européen, modification des traités, fédéralisme européen… toutes ces « solutions » ont en commun de réclamer plusieurs mois, années voire décennies ! Elles sont donc d’une totale inutilité face à l’emballement de la crise. En revanche les mesures efficaces à court terme, notamment le fait que la BCE brise la spéculation en prêtant directement aux Etats en difficulté, ont été écartées. Il existe paraît-il un désaccord entre Sarkozy et Merkel sur ce point. Dans ce cas les conclusions de ce sommet sont un camouflet pour la position française, puisque Sarkozy a accepté finalement d’écarter explicitement toute modification de la politique et des statuts de la BCE.

Alors pourquoi ces réunions à répétition ? De la communication. Rien que cela ? Oui car c’est pour eux l’essentiel. Les libéraux déploient un activisme débordant pour faire passer leur vision de la crise et des solutions qu’elle requiert. Grâce au bourrage de crâne qu’ils organisent, les tumultes financiers deviennent l’occasion d’approfondir et d’aggraver des politiques d’austérité qui leur couteraient le pouvoir en temps calme. Sarkozy cherche même à obtenir de l’élection de 2012 un mandat pour un nouvel assaut contre notre modèle social et démocratique. Il veut notamment, une fois balayé sans un mot le traité de Lisbonne dont il se vantait d’être l’auteur, imposer un nouveau traité européen doté d’un contrôle accru des budgets nationaux et de sanctions automatiques en cas de déficit. Des amendes pour dépassement du déficit, creusant donc le déficit… seules les agences de notation y avaient pensé jusqu’ici. C’est un dispositif purement punitif puisqu’il produit un emballement des crises au lieu de les résoudre. Bonjour l’Europe qui protège !

Sarkozy croit sans doute emporter ce referendum en raison de l’absence de résistance du candidat du PS. Après avoir promis la semaine dernière un plan d’austérité de 50 milliards, Hollande s’est en effet distingué en déclarant devant le SPD allemand : « Vous avez fait des réformes importantes ici en Allemagne. En France elles ont trop tardé. », sans dire s’il parlait de la retraite à 67 ans, de la taille dans l’indemnisation des chômeurs ou de la règle d’or. Ce consensus rappelle le referendum de 2005. La résistance du peuple avait alors forcé son chemin et donné la victoire au « non » de gauche. C’est une loi physique : le choc produit toujours son contre choc.


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