Jean-Luc Mélenchon invité aux 5èmes assises du journalisme

vendredi 25 novembre 2011.
 

Les 5es Assises du journalisme ont invité plusieurs candidats à l’élection présidentielle. Quelques malentendus sur les rapports avec les hommes politiques ont été levés.

À l’approche des grandes échéances électorales, les journalistes sont friands d’une parole politique « hors cadre ». Les 5es Assises du journalisme ont rempli ce rôle de forum démocratique. Trois prétendants à la présidence de la République, François Bayrou (même si ce dernier n’est ni officiellement déclaré ni officiellement investi - NDLR), Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon ont passé un « grand oral » (1) en public, dont l’effet le plus positif aura été de dissiper quelques malentendus entre eux et la profession.

Eva Joly, candidate d’Europe Écologie-les Verts, a « collé » au thème général des assises, la transparence, mais s’est, du coup, enfermée avec le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, dans une discussion sans opposition sur la démocratie judiciaire.

François Bayrou, président du Modem, a entamé le dialogue avec le directeur de Libération, Nicolas Demorand, sur la « mauvaise foi », vice ou vertu partagée équitablement entre politiques et journalistes. Il a surtout fustigé « la tyrannie » de l’immédiateté imposée par Internet et les réseaux sociaux.

Des trois candidats, Jean-Luc Mélenchon est celui pour qui la profession, volontiers corporatiste, avait le plus fort a priori. Mais il est celui qui a le plus étonné : plusieurs confrères, qui assuraient ne pas vouloir l’écouter, se sont rassis aux premiers échanges, rassurés qu’il se définisse « gourmand de médias » et défende le pluralisme. Surpris, aussi, que malgré les « incidents » qui l’ont opposé aux confrères, il s’en explique longuement. Avouant sa « gourmandise » de médias, il considère l’information, si elle est « de qualité et contradictoire », comme « un des deux piliers (avec l’éducation) du temple républicain ».

C’est justement ce qui le fait bondir dans l’attitude des journalistes, plus particulièrement des médias d’information en continu, où la pression sur les rédactions est la plus forte. « On donne quatre sujets à faire à une personne dans une journée. Comment faire pour maintenir une exigence intellectuelle, travailler son sujet et avoir du temps pour le faire ? » Des candidats « auditionnés » par la profession, il est le seul à démonter la mécanique du précariat, qu’il faut « éradiquer, des entreprises de presse » comme des autres, pression de l’immédiateté et « petits salaires ». « Quand il faut manger, on fait son travail. Qu’on ne vienne pas me dire que la vocation est telle qu’on peut passer au-delà de sa condition sociale. » À lire l’enquête menée annuellement par les assises sur le moral des journalistes, Jean-Luc Mélenchon n’a pas tapé loin. « Je suis une brute, mais je gagne à être connu. »

Grégory Marin, l’Humanité...


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