Allemagne :Les tueurs en série néonazis ont été liés aux services secrets

samedi 15 octobre 2016.
 

Une affaire éclairant enfin les origines d’une série de meurtres racistes non élucidés, commis durant ces dix dernières années, suscite beaucoup d’émotion aujourd’hui outre-Rhin. Elle révèle l’existence d’un groupe terroriste néonazi qui a pu écumer le pays, au long de la décennie, faisant, dans une série d’attentats, huit victimes d’origine turque et une d’origine grecque. Et en même temps, elle met en lumière ce qui constitue au moins une coupable tolérance pour les criminels de la part des services de renseignements généraux germaniques, le Verfassungschutz.

En enquêtant sur une attaque à main armée contre une banque d’Eisenach, petite ville de Thuringe, la police découvre dans un camping-car les cadavres de deux hommes, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt, qu’elle soupçonne être les auteurs des faits. Elle conclut au suicide. Mais la découverte sur les lieux d’un pistolet qui va s’avérer être l’arme de service d’une jeune policière abattue en 2007 et dont le meurtre était resté, lui aussi, inexpliqué, déclenche de nouvelles investigations mettant à nu l’existence d’un groupe organisé de tueurs d’extrême droite.

Quelques jours plus tard, une femme recherchée par les enquêteurs, Beate Zschäpe, se rend à la police après avoir fait exploser son appartement de Zwickau. Dans le logement ravagé, on découvre une double signature des attentats dits au kebab, en allusion à leurs cibles, de petits restaurants fréquentés par des immigrés. D’abord l’arme des crimes  : un pistolet ceska 7,5 mm. Et puis une cassette vidéo mettant en scène une panthère rose affublée d’une pancarte clamant  : « Tournée en Allemagne  : neuf Turcs descendus ». Apparaissent à l’écran les visages des neuf victimes et le nom dont se revendique l’organisation  : « Mouvement clandestin national-socialiste ».

La chancelière Angela Merkel dénonçait, hier, « une honte pour l’Allemagne ». Mais une honte jusqu’où  ? Dans les ruines de la maison de Zwickau, la police aurait trouvé, selon les informations du magazine Der Spiegel, des « papiers légaux illégaux ». Des faux plus vrais que nature, « qu’obtiennent en règle générale des intermédiaires qui travaillent sur commande des services », explique le spécialiste Hans-Peter Uhl.

À gauche, les dirigeants du SPD, au pouvoir durant la plus grande partie de la décennie écoulée, font part de leur « consternation ». Frank Laubenburg, un élu de Die Linke à Düsseldorf, va bien plus loin. Documents à l’appui, il dénonce d’anciens liens entre néonazis et renseignements généraux. Les services auraient, dit-il, « financé, dans les années quatre-vingt-dix, pour quelque 200 000 DM (environ 100 000 euros), une association, le Thüringer Heimatschutz, par laquelle ont transité les deux néonazis suicidés d’Eisenach et leur comparse de Zwickau »…

Bruno Odent

1) Allemagne : 3 militants d’extrême droite tuaient en série depuis 11 ans

Source : http://www.tdg.ch/

Sombres, le regard arrogant, leurs trois visages s’affichent sur toutes les couvertures de la presse allemande. Auteurs de crimes racistes en série, de meurtres et d’attentats restés inexpliqués qui ont fait une dizaine de morts et plusieurs dizaines de blessés depuis onze ans, trois nazis, deux jeunes hommes et une jeune femme, vivaient clandestinement depuis 13 ans à Zwickau, en Thuringe, dans l’ex-RDA.

Ils ont été démasqués par un concours de circonstances, il y a huit jours. Lors d’un hold-up – une activité qui leur était sans doute coutumière –, dans une caisse d’épargne d’Eisenach, une ville de l’est de l’Allemagne.

Repérés après une fuite rocambolesque à vélo, les deux hommes, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt, 34 et 38 ans, se sont tiré une balle dans la tête dans leur camping-car blanc, après y avoir mis le feu. Puis Beate Zschäpe, leur complice, a fait sauter leur repaire à Zwickau – à 180 km d’Eisenach –, avant de se rendre à la police. Hier, la police allemande a annoncé l’arrestation d’un complice, Holger G., 37 ans, à Hanovre (nord) en lien avec cette affaire. Dans les décombres de la maison discrète où vivaient retirés ces trois silhouettes toujours habillées de noir, distantes selon leurs voisins, les policiers ont découvert une collection d’armes. Le pistolet notamment qui servit de 2000 à 2006 à l’exécution de huits vendeurs de kebab turcs et d’un commerçant grec à Nuremberg, à Munich, à Rostock, à Hambourg, à Kassel et à Dortmund. Des crimes en série attribués à l’époque par les autorités à des règlements de comptes dans le milieu.

Les trois nazis, nostalgiques de Hitler, pratiquaient en fait des exécutions racistes, estimant que « les actes valent mieux que les paroles ». Les enquêteurs ont retrouvé également l’arme qui servit au meurtre d’une jeune policière, Michèle Kiesewetter, abattue en 2007 dans le Bade-Wurtemberg, et dont on n’avait jamais retrouvé trace des assassins.

Dans un DVD découvert dans les décombres de leur domicile, les trois reproduisent la photo de la bombe à clous utilisée lors de l’attentat de Cologne, en 2004. Elle fit 22 blessés, dont plusieurs grièvement.

On croirait un roman noir, illustrant les dérives d’une jeunesse paumée, à l’est de l’Allemagne après la réunification, renouant avec la peste brune, et promouvant le NPD, le parti néonazi.

Connus de la police

L’affaire choque d’autant plus l’Allemagne que les trois individus n’étaient pas des inconnus pour les autorités policières. Ils avaient disparu en 1998, après la découverte de leur laboratoire à bombe, un garage appartenant à Beate Zschäpe, recélant notamment 1,4 kilo de TNT. Le trio y avait préparé ses premiers attentats, ratés à l’époque, dont l’un devant le Théâtre de Jena. La police assurait avoir perdu toute trace. Le trio était replié à 84 kilomètres de là ! Ils appartenaient au groupe néonazi des « Protecteurs de la patrie », étroitement surveillé par les services de renseignements à l’époque. Les soupçons s’expriment ouvertement aujourd’hui. Les trois nazis furent-ils volontairement oubliés, voire protégés ? Le Bundestag devrait se saisir d’une affaire qui pose des questions dérangeantes.

L’extrême droite en Europe 11 Allemagne


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