De moins en moins de pauvres en France d’après les statistiques trafiquées de la droite

samedi 5 novembre 2011.
 

2) Le gouvernement triche sur la misère

À défaut d’endiguer la pauvreté qu’il génère, le gouvernement truque les chiffres. Statisticiens et associations dénoncent un nouveau mode de calcul provocant.

Les pauvres gênent la droite. Tout est bon à l’UMP pour effacer les plus démunis. Quand nombre d’élus locaux usent et abusent d’arrêtés antimendicité ou antifouille de poubelles, le gouvernement, lui, opte pour le maquillage de chiffres.

La pauvreté aurait baissé en France en 2009. Selon un rapport du gouvernement au Parlement, révélé hier par Libération, « la proportion de pauvres dans la population serait passée de 13,1 % en 2006 à 11,8 % en 2009 ». On compterait d’après le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale, 7,5 millions de pauvres en 2007 et 7,1millions en 2009. En 2007, Nicolas Sarkozy fixait pour horizon la baisse d’un tiers de la pauvreté en cinq ans. Une promesse vaut bien une falsification. Pour ce faire, depuis 2009, un rapport sur le « suivi d’objectif » est rendu public. Au passage, le mode de calcul de la pauvreté est revu afin de faire allégeance aux aspirations élyséennes.

Une manipulation basée sur des chiffres truqués

Un trafic de chiffres est toujours moins coûteux qu’une politique d’éradication de la misère. La nouvelle règle statistique repose désormais sur un indicateur, « la pauvreté ancrée dans le temps ». Un indicateur qui conserve le seuil de pauvreté passé, ajusté de l’inflation. « Avec ce calcul, le nombre de pauvres diminue quasi automatiquement », déplorent des statisticiens.

Jusqu’à présent, la méthode dite de « pauvreté monétaire relative » intégrait l’évolution du revenu médian. Le collectif de statisticiens Lorraine Data, auteur en 2009 d’un livre sur le sujet intitulé le Grand
Trucage, accuse le gouvernement d’avoir « changé le thermomètre » et dénonce une « manipulation ».

Et les associations de solidarité de fustiger également cette supercherie. « C’est scandaleux, il s’agit d’une nouvelle insulte faites aux pauvres qui survient après celle sur leur complaisance et leur assistanat supposés », condamne Julien Lauprêtre, le président du Secours populaire français. « Cette provocation basée sur des chiffres truqués vise à minimiser l’ampleur de la pauvreté alors que sur le terrain nous assistons à une explosion des demandes d’aide de l’ordre de 25 % », poursuit-il.

Même constat chez ATD Quart-Monde. Véronique Davienne, déléguée nationale adjointe, souligne « un décalage complet avec la réalité des familles. La méthode est sans risque pour le gouvernement. Ces chiffres visent uniquement à se rassurer, notamment à l’approche des échéances électorales. » La responsable associative craint « un risque de démobilisation » si ces annonces sont prises au pied de la lettre. Une étude de l’Insee, fin août, constatait pour sa part une augmentation de 0,4 point de la pauvreté entre 2006 et 2009. Soit 8,2 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté fixé à 954 euros.

Lionel Decottignies, L’Humanité

1) Les chiffres noirs de la pauvreté en France (Article L’Expansion, extraits)

L’Insee a dévoilé mardi son enquête sur le niveau de vie des Français en 2009, la première année entièrement placée sous le signe de la crise commencée l’année précédente. Les chiffres de la montée de la pauvreté et des inégalités.

Près d’un français sur sept est pauvre

La crise a augmenté le nombre de pauvres en France. En 2009, 8,2 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec un niveau de vie inférieur à 60% du niveau de vie médian du pays, selon la définition en vigueur en Europe. Soit 954 euros par mois. Le taux de pauvreté en France s’établissait ainsi à 13,5% de la population, en hausse de 0,5 point par rapport à 2008. Soit 400.000 personnes de plus.

4,1 millions de personnes vivent avec moins de 773 euros par mois

La crise a également accru l’intensité de la pauvreté. Les pauvres de 2009 sont en effet plus pauvres qu’en 2008. 50% des personnes pauvres, soit 4,1 millions de personnes, vivaient ainsi avec moins de 773 euros par mois en 2009. Soit un niveau de vie médian inférieur de 19% au seuil de pauvreté. Cet écart n’était que de 18,5% l’année précédente.

La crise a frappé les 40% des Français les moins riches

2009 marque un tournant dans l’évolution du niveau de vie des catégories les plus modestes. Alors que les 40% des Français des moins riches avaient vu leur niveau de vie augmenter d’environ 2% par an entre 2005 et 2008, la tendance s’est inversée en 2009. La baisse du niveau de vie a été la plus marquée pour les 10% du bas de l’échelle, avec un recul de 1,1% par rapport à 2008. En revanche, le niveau de vie des 60% de Français les plus riches a continué d’augmenter malgré la crise, même si c’était de façon ralentie

Les prestations sociales montent à 39,3% des revenus des plus pauvres

La hausse du chômage est la principale cause de la baisse du niveau de vie parmi les plus pauvres. Les chômeurs représentaient 9,8% des 20% de Français les moins aisés en 2009 contre 8,5% en 2008. Mais des mesures ponctuelles et la montée en charge du revenu de solidarité active (RSA) ont permis de limiter les effets de la crise, explique l’Insee. Il a permis d’apporter un complément de revenu à des travailleurs faiblement rémunérés. Au final, la part des prestations sociales dans le revenu des 10% des Français les plus pauvres est passée à 39,3% en 2009 contre 36,3% en 2008.

16,9% des actifs non salariés sont pauvres

Au sein des personnes occupant un emploi, ce sont les non-salariés qui sont touchés par la hausse de la pauvreté : leur taux de pauvreté passe de 15,3% à 16,9% entre 2008 et 2009. D’une manière générale, les crises ont un impact plus fort sur leur niveau de vie que pour les autres catégories du fait d’une plus grande sensibilité de leurs revenus à la conjoncture économique, rappelle l’Insee. En euros constants, le niveau de vie médian des non-salariés recule de 0,8%

6,3% des salariés sont pauvres

Le taux de pauvreté parmi les actifs passe de 9,5% en 2008 à 10,1% en 2009, à près de 2,8 millions de personnes. Mais ce chiffre est surtout gonflé par les actifs non salariés. Le taux de pauvreté parmi les salariés est stable en 2009 à 6,3%, soit près de 1,4 million de personnes.

Un étudiant sur cinq et un retraité sur dix sont pauvres

351.000 étudiants avaient un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté en 2009. Soit 20,3%, en hausse de 1,2 point par rapport à l’année précédente. Le taux de pauvreté des retraités est quant à lui resté stable à 9,9%. Leur revenu médian a augmenté de 1,3% en euros constants.

Source http://lexpansion.lexpress.fr/


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