Jean-Luc Mélenchon se veut candidat des salariés en lutte

vendredi 28 octobre 2011.
 

À la tête d’une délégation du Front de gauche des luttes, le candidat à la présidentielle a rencontré les syndicats
et les salariés d’ArcelorMittal à Florange, avec l’ambition affirmée de mobiliser le monde du travail pour 2012.

Pleine de colère et d’exigences. Tel était le ton de la rencontre de vendredi dernier dans les locaux du comité d’entreprise d’ArcelorMittal à Florange (Moselle) entre les syndicats CGT et CFDT et la délégation du Front de gauche conduite par son candidat à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon. Et pour cause. Avec la décision de Mittal de fermer « provisoirement » le dernier haut-fourneau du site, ce qui est en jeu, c’est non seulement l’emploi des salariés d’ArcelorMittal, des intérimaires et des sous-traitants, mais la vie de toute une région, l’avenir même de la sidérurgie en France. Venu exprimer aux salariés sa « solidarité humaine », Jean-Luc Mélenchon, avec à ses côtés, Martine Billard, député du Parti de gauche, Igor Zamichiei (PCF), les syndicalistes Yann Cochin (SUD) et Didier Le Reste (CGT), était venu non seulement écouter les syndicats s’engageant « à soutenir toutes les initiatives pour sauvegarder l’emploi et la sidérurgie », mais débattre de l’offre politique du Front de gauche.

Demande d’une enquête parlementaire

Pour Édouard Martin, responsable CFDT, « il est urgent de retirer notre sidérurgie des mains de ces gens-là ». La fermeture du haut-fourneau est due « non pas à la baisse des commandes mais à sa volonté de diminuer la production pour maintenir un haut niveau du cours de l’acier ». Pour Jean-Luc Mélenchon, « c’est l’exemple même des licenciements boursiers que nous combattons ». Pour Yves Fabbri (CGT), « les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités, nous voulons une enquête parlementaire ». Engagement est pris, qui sera relayé par le groupe des élus PCF et Parti de gauche, par Martine Billard de demander cette enquête parlementaire. De même que d’interpeller le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, la question se posant sur tout le continent comme en témoigne la présence de syndicalistes belges, luxembourgeois et allemands annonçant des rassemblements en octobre.

L’urgence des luttes et de l’alternative politique est une évidence pour Jean-Luc Mélenchon  : « Ce modèle économique ne marche pas, ou on change ou on court au désastre. » Le débat, sans concession, prend alors une tournure politique. Au syndicaliste CFDT qui déclarait  : « Ils ne peuvent pas faire de la sidérurgie sans nous, nous pouvons la faire sans eux », Jean-Luc Mélenchon répond  : « Qui c’est, nous ? » Il poursuit  : « Les propriétaires actuels sont-ils légitimes » avant de conclure  :« Discutons de la place nouvelle que doit prendre l’État » pour favoriser le développement économique et l’emploi. Candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon aborde sans détour la question des élections. « Il ne faut pas se payer de mots, nous avons la chance de voter dans quelques mois, alors, il ne faut pas se tromper de bulletin de vote, car il faudra affronter le capital. »

Le débat se poursuit devant les portes mêmes de l’entreprise où se rend la délégation à la rencontre des salariés. Si la volonté de changement est unanime, le doute sur la possibilité de faire autrement est réel. Ainsi pour Manuel, technicien de maintenance, « Mittal fait ce qu’il veut, c’est mondial et la gauche n’y changera rien »  ; Dominique, sous-traitant Veolia  : « Je suis écœuré, la venue de Mélenchon est une bonne chose mais je doute de l’avenir »  ; Marcel, opérateur  : « Il faut absolument que la gauche gagne pour en finir avec Sarkozy ». Autant de réactions qui témoignent que le Front de gauche et son candidat ont du travail pour surmonter les appréhensions et le risque du vote utile pour battre Sarkozy. La journée s’est poursuivie à l’hôpital d’Hayange (voir encadré) avant les prochains rendez-vous qui, visiblement, vont se multiplier sur le terrain dans les prochaines semaines.

Lutte à l’Hôpital d’Hayange

Infirmières et médecins de l’hôpital d’Hayange, attendaient, 
en blouse blanche, avec impatience, Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche, pour lui dire, sans détour, leur refus de voir fermer le bloc opératoire avec le risque, à terme, de la fin aussi des urgences. Pour Dimitri Santi, médecin, « la course aux économies à tout prix détruit le système de santé », pour Sandra, infirmière, « j’ai la rage que l’on mette en cause notre hôpital de proximité à taille humaine ». Une heure de rencontre pleine d’indignation, de détermination, car les salariés sont porteurs de propositions alternatives… mais aussi d’émotion, car ce dont il s’agit avec
la santé c’est de la vie de chacun… et cela se ressentait vendredi.

Max Staat, L’Humanité


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