2001 2011 Bilan pitoyable de la décennie US

mardi 11 octobre 2011.
 

Les dix années de guerre en Afghanistan sonnent aussi lamentablement que le reste du bilan pitoyable de la décennie commencée avec l’attentat contre les tours new-yorkaises. Bobards, paranoïa, pétrole, corruption, opium et billard à trois bandes avec la Chine, surtout et, du coup avec le Pakistan et l’Inde. « Nous défendons en Afghanistan la liberté du monde » avaient psalmodié les va-t-en-guerre de l’UMP et du PS. Dix ans plus tard la phrase parait plus incongrue que jamais. Depuis qu’Obama a évoqué le départ, la panique, sur place, est montée d’un cran. Pas la liberté du monde qui n’est décidément guère concernée. Mais la servilité des dirigeants français s’est étalée. Car Nicolas Sarkozy a immédiatement embrayé sur Obama, lui qui, avant cela, ne voulait pas seulement entendre évoquer l’idée du retrait. Les socialistes ont fait aussi nul. Laurent Fabius avait lancé l’idée « d’évaluer » après 2012 la situation. Les autres, plus ridicules, avaient claironné qu’on verrait si les objectifs fixés au début de l’intervention avaient été respectés.

Tout le monde a changé de pied au premier coup de sifflet nord-américain. Les voici tous dorénavant partisans du retrait, sans qu’aucun bilan ne soit plus demandé ni aucune évaluation ne soit nécessaire. Une guerre commencée pour aider la compagnie pétrolière UNOCAL à réaliser ses projets, puis continuée faute de moyens de l’arrêter. Une guerre dont on ne sait pas nommer l’ennemi. Il y est tantôt questions de « rebelles », d’autrefois de « talibans » et parfois même « d’insurgés ». Des prétextes de l’intervention initiale il ne reste rien. La constitution inclut la loi religieuse, les talibans sont installés à la table des négociations, les gouvernants sont une caricature de tyrans ineptes et corrompus, la culture du pavot représente 90 % du potentiel mondial. Pourtant cette aventure est un des moteurs de l’économie américaine. Depuis 10 ans, leurs dépenses militaires sont passées de 16 % à 20 % des dépenses fédérales. Le budget du Pentagone a ainsi doublé en 10 ans. Il est devenu le cœur politique et financier de l’Etat. Selon les calculs de l’université américaine Brown, 10 ans de guerre en Afghanistan ajoutés aux 8 ans de guerre en Irak ont entrainé 4 000 milliards de dollars de dépenses militaires. Un « effort de guerre » qui fonctionne comme une gigantesque subvention aux industries et au commerce nord-américain. Le budget de la guerre représente plus de la moitié de l’augmentation de la dette publique états-unienne passée de 6 800 milliards de dollars en 2001 à plus de 14 000 milliards aujourd’hui. Une tendance confortée par Obama, dans la continuité avec Bush. Pour 2012, en dépit du contexte d’austérité, le budget du Pentagone est encore augmenté de 5 milliards.

A l’occasion du 10ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, on a beaucoup entendu parler des victimes new-yorkaises. Et jamais du bilan effroyable de 10 ans de guerres de l’Empire menées en leurs noms. Depuis le 11 septembre 2001, selon l’université américaine Brown, les conflits dans lesquels les USA sont engagés ont en effet entraîné 225.000 morts dont 172.000 civils tués. C’est 75 fois plus que le nombre de tués lors des attentats du 11 septembre ! Et c’est sans parler des 365.000 blessés et 8 millions de réfugiés et de déplacés dont sont responsables les guerres de l’Empire. A présent, le niveau des perturbations régionales provoquées par la guerre d’Afghanistan, les nouveaux tracés de pipeline et la géopolitique locale, aux portes de la Chine et de l’Inde, fournissent un riche nœud de vipères. La guerre d’Afghanistan est un ventre à conflits, très fécond. Qu’y font les Français ? Pourquoi demander encore à nos soldats de mourir, pourquoi martyriser encore la population locale ? Il faut partir. Le plus tôt sera le mieux. Par exemple en mai 2012.


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