Israël poursuit colonisation et épuration ethnique en Cisjordanie (2 exemples en septembre 2011)

samedi 8 octobre 2011.
 

Premier exemple : Palestiniens et Israeliens pacifistes sauvagement agressés par des colons ce 30 septembre 2011

Des Palestiniens et des opposants israéliens ont été sauvagement agressés vendredi par des colons et policiers israéliens alors qu’ils se rendaient au village d’Anata pour y planter des oliviers. Plusieurs personnes ont été hospitalisées, tandis que les médias israéliens taisent l’affaire.

Communiqué :

"Nous avons été attaqués par des colons près de la colonie d’Atarot (en bordure de Jérusalem Est). Le propriétaire du terrain sur lequel nous venions planter des arbres, ainsi que sa femme, ont eu le crâne fracassé par les colons et ont été hospitalisés à l’hôpital de Hasasa Ein Karem.

Des policiers présents sur les lieux n’ont pas bougé tandis que nous étions roués de coups et que nos appareils photos et caméras étaient fracassés. Plusieurs des attaquants portaient même des chemises de la police et des armes de service.

Trois militants israéliens ont été hospitalisés et trois autres arrêtés par la police qui n’a arrêté aucun de des colons agresseurs, bien qu’ayant assisté à toute la scène.

Dans la soirée de vendredi d’autres militants sont arrivés sur les lieux. Ils ont été à leur tour brutalisés et ont reçu de violents jets de pierres. La encore, la police n’est pas intervenue, laissant 19 personnes se faire blesser, dont 3 qui ont dû être hospitalisées. Plusieurs voitures des militants israéliens, garées dans les environs, ont été saccagées par les colons.

La plupart des Israéliens ne réagissent pas aux atrocités commises par les colons dans notre régime d’apartheid. C’est pourquoi nous appelons la communauté internationale à boycotter Israël, son économie et ses institutions".

(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)

Deuxième exemple : Kusra

Exemple : Dans le village de Kusra près de Naplouse en Cisjordanie, où les occupations se font en toute impunité, les colons israéliens ont tenté d’incendier une mosquée et arrachent les arbres sur les terres palestiniennes. Vendredi, un Palestinien est mort.

Du haut de la colline, monte une tache rouge-ocre de l’autre côté du vallon, au milieu de cette rocaille si caractéristique de la Cisjordanie. Pour mieux situer l’endroit, l’homme dit  : « Vous voyez les soldats israéliens et les colons qui sont avec eux  ? Eh bien, la terre que vous apercevez derrière est à moi. Et je ne peux pas y accéder librement. » Les rares fois où il a pu s’y rendre pour planter des arbres, les colons juifs de l’implantation qui fait face au village de Kusra sont venus les déraciner. « Et quand on vient pour protéger notre terre, l’armée intervient et défend les colons. »

Dans cette région dans le gouvernorat de Naplouse, la colonisation ne cesse pas. Les Israéliens tentent d’occuper chaque sommet de colline. Ils s’y installent d’abord avec des tentes, y amènent des caravanes puis, une fois les raccords d’eau et d’électricité effectués, y accrochent des Algeco. De là, ils attaquent régulièrement les villages palestiniens. Kusra est particulièrement visé. Les colons d’Esh Kodesh font des descentes pratiquement chaque jour. Il y a trois semaines, ils ont tenté d’incendier la nouvelle mosquée en construction, ont tagué des insultes contre le prophète Mohammed sur le mur et, signe d’impunité totale, certains ont signé de leur nom  !

Vendredi, à la sortie de la prière, les villageois ont aperçu les colons sur leurs terres, à l’orée de la petite cité, tentant d’incendier des maisons. Ils sont alors allés en groupe vers les soldats israéliens pour leur demander d’intervenir, d’empêcher les colons de détruire les plantations. Sur son lit à l’hôpital à Naplouse, Rami Youssef raconte la suite. « Les soldats nous ont répondu d’aller nous faire voir. On a essayé de les contourner et on s’est trouvés face à colons. » Les pierres voltigent de toutes parts, mais l’armée défend les colons. Alors que les villageois s’enfuient en dévalant la colline, l’armée tire. Des balles en caoutchouc et des balles réelles, à hauteur d’homme. Pour tuer. Issam Bardane, trente-sept ans, s’écroule, atteint d’une balle dans la nuque. Sadek, un jeune homme de vingt-deux ans, est aussi touché à la nuque. Heureusement pour lui, ce sont des balles en caoutchouc.

Samir Ammar, dix-huit ans, aurait aussi pu y laisser la peau. « Lorsque l’affrontement a commencé, j’ai réussi à toucher un colon à l’épaule avec une pierre. Mais les soldats m’ont attrapé et m’ont menotté. » Entouré de sa famille, à l’hôpital, il respire difficilement. Il a la cavité oculaire enfoncée. Ses mains sont bandées. « Ils m’ont assis sur une chaise, attaché, et ils ont fait venir les colons. L’un d’entre eux a pris une pierre et m’a donné un violent coup sur l’œil. Puis les soldats ont continué à me tabasser. » Son copain Fathi Faez, quinze ans, lui aussi hospitalisé, a été battu à coups de crosse de fusil. « Un des coups sur la nuque a été si violent que je me suis évanoui », raconte-t-il. « Les colons sont particulièrement violents et l’armée israélienne ne prend aucune mesure contre eux », dénonce Jibril Al Bakri, le gouverneur de Naplouse, ville encerclée par 38 colonies d’implantation. « La colonisation est une question majeure pour nous. On ne peut pas engager des négociations avec les Israéliens tant que ça continue, qu’on nous vole notre terre. Les colons ne cherchent qu’une chose  : nous pousser à des actions violentes. Mais nous ne céderons pas », prévient-il.

Il y a quelques semaines, lors d’un colloque organisé à la Knesset (le Parlement), sur le thème « Transformer une menace en occasion de changer les règles du jeu », Michael Ben Ari, un député d’extrême droite, assurait doctement  : « Nous devons effacer l’idée d’un État palestinien des esprits et convaincre le monde que l’islam est un danger. » Ce jour-là, le rabbin Dov Lior, de la colonie de Kyriat Arba, près d’Hébron, était venu bénir les participants en insistant sur le message à transmettre au monde  : « Il n’y aura jamais d’autre entité nationale sur cette terre que celle du peuple juif. » Quant à Yonatan Yossef, le porte-parole des colons juifs du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, il assénait  : « Nous ne sommes pas des chrétiens, on doit rendre coup pour coup. » Le quotidien Haaretz a rapporté, fin août, que l’armée israélienne entraînait des colons en Cisjordanie à faire face à d’éventuelles manifestations, notamment en les formant à l’utilisation de grenades lacrymogènes et à souffle.

Et ils s’y emploient. Mohammed n’entend pas baisser les bras, même si les harcèlements ne cessent pas. « Il y a deux semaines, l’armée nous a empêchés de sortir du village pendant quatre heures. Pendant ce temps-là, les colons ont encore arraché des arbres. » La cruauté de l’occupation, c’est aussi les conditions faites à ces hommes qui n’ont plus rien pour vivre sauf à se faire embaucher… dans les colonies. C’est le cas de Mohammed. Quinze dollars par jour. Une misère. À la colonisation s’ajoute l’humiliation. Sur la colline, en face, la troupe se déploie et tire des gaz lacrymogènes. Les Palestiniens brandissent leur drapeau. Un puis deux, puis trois, puis dix. « On n’abandonnera pas, certifie Mohammed. Ils peuvent tuer certains d’entre nous. 21 sont déjà morts à Kusra, dont une gamine de cinq ans. Mais on ne les laissera pas prendre notre terre. »

Pierre Barbancey, L’Humanité


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