Grève générale du 6 septembre en Espagne et Italie : Intervention de clôture de la manifestation de Madrid

mercredi 7 septembre 2011.
 

4) Intervention de clôture de la manifestation de Madrid du 06 septembre 2011

Citoyens, citoyennes de Madrid,

Merci beaucoup d’être venus si nombreux. Au nom des organisations qui ont appelé à cette grande manifestation, je voudrais commenter les raisons qui nous ont amenés à nous réunir ici. Cela pourrait se résumer en quatre mots : « Pas comme ça » et « pas ça ».

Pourquoi disons-nous « Pas comme ça » ?

Parce qu’il est intolérable pour la qualité de la démocratie espagnole qu’une réforme si importante soit approuvée définitivement seulement 15 jours après que le chef du gouvernement l’a annoncé à l’Assemblée, sans que quiconque n’en ait eu connaissance au préalable et sans être débattue. De plus, ce qui est encore plus grave, on spolie au peuple le droit de se prononcer sur celle-ci par référendum. Comment est-il possible qu’ils aient oublié aussi vite leurs déclarations publiques sur la nécessité d’augmenter la transparence des politiques et la participation citoyenne, celles qu’ils ont formulé pour répondre aux protestations légitimes de ces derniers mois ?

Nous disons « pas comme ça » parce que les raisons avancées pour procéder de cette façon représentent une grave atteinte à la souveraineté populaire et au prestige des institutions démocratiques. Nous nous entendons dire, une fois de plus, que c’est « pour gagner la confiance des marchés ». Qui sont « ces marchés » qui conditionnent de façon décisive notre présent et futur ? Nous savons que ceux qui les dirigent sont les spéculateurs et les entités financières, les mêmes qui ont permis la longue et profonde crise que nous subissons, ceux qui sont responsables de l’appauvrissement, la faim, les inégalités, l’insécurité et de la douleur aux quatre coins du monde. Il tiennent encore les rennes car les gouvernements des principaux pays du monde n’ont pas respecté tous les engagements pris lors des sommets multilatéraux pour réguler les marchés financiers, afin de pouvoir les gouverner en fonction de l’intérêt général. Si les institutions démocratiques doivent continuer à soumettre leurs décisions les plus importantes aux desseins, réels ou supposés, de quelques forces obscures et irrationnelles, qui ne pensent qu’à obtenir des bénéfices particuliers, leur dégradation sera irréversible. Comment peut-on avoir de tels arguments au Parlement pour justifier la réforme constitutionnelle ?

Si, tel que cela apparaît, les interprètes politiques de tels desseins sont maintenant la Banque Centrale Européenne et les leaders des gouvernements allemands et français, comme le furent en leur temps le Fond Monétaire International et la Commission Internationale, il nous semble que nous soumettre à eux de cette manière représente une grave atteinte à la souveraineté démocratique du peuple espagnol. Aucun précepte du Traité de l’UE, aucune décision inaliénable des organes de gouvernement de l’UE n’établit que l’on doive inclure ladite « règle d’or du déficit zéro » dans les constitutions des pays membres. Les politiciens européens, les plus responsables de la gestion désastreuse de la crise des dettes souveraines, commencée en Grèce fin 2009 et qui est toujours là, veulent qu’il en soit ainsi. Au lieu de permettre l’adoption une bonne fois pour toutes de mesures susceptibles de résoudre la crise des dettes souveraines, car elles existent et sont connues, ils prescrivent des réformes constitutionnelles qui ne vont aider en rien à résoudre un problème si urgent.

Il faut dire « Pas comme ça ! » parce que le projet de réforme constitutionnelle que l’Assemblée a voté samedi dernier marque une rupture avec le consensus constitutionnel sur lequel s’est basée l’élaboration de la Constitution Espagnole de 1978. Sur la forme, mais aussi sur le fond, cette réforme est un signe idéologique si incroyablement conservateur qu’ils la rendent incompatible avec les bases sur lesquelles s’est fondé le consensus constitutionnel. Après avoir retardé pendant plus de trois décennies des réformes constitutionnelles bien plus nécessaires et même plus faciles à faire voter, en arguant qu’une réforme devait se faire avec une extrême prudence et un maximum de consensus, il est incompréhensible et inacceptable que les groupes parlementaires des deux principaux partis, le PSOE et le PP, veuillent l’approuver par un procédé d’extrême urgence qui empêche tout débat public. Même s’ils ne violent pas la loi en le faisant, nous devons leur dire de toutes nos forces que leur façon de faire est profondément anti-démocratique.

Pourquoi disons-nous « pas ça ! » ?

Nous disons « non à cette réforme » parce qu’elle n’est pas nécessaire, parce qu’elle ne convient pas, et parce qu’elle est inutile, elle met en péril les prestations et les services publics essentiels de notre État de bien-être et elle soumet l’autonomie des gouvernements pour prendre des décisions en matière de politique budgétaire, c’est-à-dire des décisions dans lesquelles résident le principal instrument de l’action des gouvernements.

Cette réforme leur sert de base juridique pour limiter l’utilisation du déficit public comme instrument de politique budgétaire. La loi espagnole de stabilité budgétaire de 2006 et le Pacte de Stabilité européen sont allé assez loin dans ce sens comme ça. En fait, ce pacte établit le plafond du déficit public à 3% du PIB et non à 0,4% comme on veut l’imposer avec cette réforme. L’Espagne a aujourd’hui un déficit public élevé, une conséquence directe de la crise. Mentent ceux qui disent que c’est le résultat du gaspillage des administrations publiques car la dépense sociale en Espagne entre autres choses est parmi les moins élevées de l’UE. Bien sûr que l’on peut et que l’on doit réduire les dépenses superflues et le doublement des dépenses. Mais avant la crise, les comptes publics en Espagne étaient excédentaires et le pays possédait un des volumes de dette les plus bas d’Europe. Les causes du déficit public important dont nous souffrons viennent de la récession de l’économie et de l’énorme taux (niveles de desempleo) de chômage ; de ce qui a été dépensé pour l’assainissement des entités financières ; de l’effondrement d’un modèle économique pour lequel le principal facteur de croissance était la spéculation immobilière ; et de l’insuffisance de la politique fiscale de l’Etat. Il suffit de voir les réformes fiscales régressives réalisées tout au long de ces quinze dernières années. Le nombre de chômeurs (environ 5 millions) que nous avons à l’heure actuelle en Espagne constitue une réalité politique, sociale et humaine intolérable et, de plus, considéré comme facteur économique, il perpétue l’enlisement et rend très difficile la réduction du déficit public.

Il est inacceptable, politiquement et moralement, que les politiques de rigueur imposées par l’UE, depuis le mois de mai de l’année dernière, acceptée par notre gouvernement sans rechigner et qui sont en train de créer de graves réductions des droits sociaux et du travail, fassent l’impasse sur les mesures permettant de relancer l’économie et de créer des emplois, en particulier chez les jeunes, quand près de la moitié de ces derniers sont au chômage dans notre pays. Ces politiques sont en train de créer du chômage, elles appauvrissent de nombreuses familles qui se voient menacées d’expulsion de leur logement, et elles nuisent gravement aux petites et moyennes entreprises, parmi lesquelles des milliers ont déjà fermées.

Les politiques de rigueur, dont la mesure symbolique et juridique clé est de porter la « règle d’or du déficit zéro » aux constituions européennes, sont la cause principale de la chute brutale de la croissance dans la plupart des pays européens qui a accentué le risque d’une nouvelle récession. Les turbulences du mois d’août des marchés boursiers et de la dette ont été causées, selon les principaux analystes financiers, par le retard injustifié de l’approbation du second plan de sauvetage des finances publiques grecques et, surtout par la crainte d’une nouvelle récession. Les conséquences de cette peur ont été amplifiées par les spéculateurs, qui maintenant s’enrichissent en faisant chuter les valeurs sans personne pour leur mettre des bâtons dans les roues. C’est-à-dire que les raisons que l’on allègue pour justifier l’urgentissime réforme de la Constitution reposent, de plus, sur une grave erreur de diagnostique de la conjoncture économique.

C’est pour cela que nous disons : « NON A CETTE REFORME ».

L’Espagne possède à l’heure actuelle un système fiscal injuste et qui, de plus, n’offre pas à l’Etat, ni à ses différentes administrations, des recettes suffisantes. Il en était ainsi avant la crise et il en est ainsi encore davantage maintenant. La recette fiscale repose, surtout, sur ce que paient les salariés et les classes moyennes. Les personnes aux revenus plus hauts et dans de nombreuses entreprises ou bien ne paient pas, parce qu’ils pratiquent la fraude fiscale insuffisamment poursuivie et punie, ou bien ils paient beaucoup moins que ce qu’ils devraient parce qu’ils bénéficient de lois qui permettent l’effacement fiscal et profitent de tous types d’exonération fiscale. Comment est-il possible qu’en pleine crise, on supprime les impôts sur le patrimoine et sur les successions et les donations qui concernent surtout les personnes aux plus hauts revenus ? Comment est-il possible que simultanément on diminue le salaire des employés dans le public, que l’on gèle les pensions et que l’on réduise l’investissement public et les dépenses sociales ? Si l’on compare l’Espagne aux autres pays de l’UE, on constate que nous avons des salaires, des pensions et des prestations sociales inférieures à la moyenne et des impôts plus bas et plus régressifs.

Notre système fiscal, insuffisant et injuste, est l’une des causes du déficit public. C’est pour cela que les organisations syndicales et sociales qui ont appellé cette manifestation nous demandons à tous les partis politiques de promouvoir une profonde réforme fiscale à caractère progressif pour qu’elle contribue à la réduction du déficit public.

Finalement, nous disons avec force « NON A LA REFORME CONSTITUTIONNELLE », parce qu’elle conditionne d’une manière qui n’est pas nécessaire et qui ne convient pas l’autonomie politique des futurs gouvernements démocratiques, en particulier ceux qui veulent maintenir et améliorer les prestations et les institutions essentielles de l’Etat de bien-être, les politiques sociales et de coopération au développement et, en particulier, l’universalité, la gratuité et la qualité des services publics de l’Education et de la Santé.

Par cette réforme adoptée par l’Assemblée, les futurs gouvernements ne pourront pas, pour éviter la récession, utiliser des mesures de stimulation fiscale même si elles produisent seulement un déficit modéré, inférieur à 3% du PIB. La supposée flexibilité de la réécriture de l’article 135 de la Constitution, permet seulement de le faire lorsque l’on sera déjà entré en récession. A partir de ce moment ni les lois ni la constitution empêcheront que le déficit s’envole, à moins que l’on ne réduise fortement les prestations pour le chômage et d’autres dépenses sociales ou d’investissement. Autrement dit, rendre à ce point dépendant la politique budgétaire des gouvernements, en établissant en plus que le remboursement de la dette doit être une priorité absolue, c’est empêcher que l’on puisse prendre les mesures nécessaires pour éviter une récession.

Sans la profonde réforme fiscale, celle que les organisations qui ont appelé à cette manifestation proposons, l’Etat de bien-être et de services publics fondamentaux court un risque sérieux de détérioration profonde. Au cas où il y aurait encore quelques doutes, qui ne sauraient être camouflés par la grossière manipulation propagandiste, une certaine présidente d’une Autonomie viens de justifier une drastique réduction des dépenses pour l’éducation, la santé et d’autres services sociaux, par l’application dans sa Communauté des principes de la réforme constitutionnelle.

Les politiques actuelles insensées, erronées et socialement injustes pour sortir de la crise sont en train de produire leurs effets nocifs. La réforme constitutionnalise ces politiques.

Les organisations syndicales et sociales qui ont convoquées cette manifestation, nous voulons exprimer notre appui total à la lutte que le corps enseignant de l’enseignement public va entreprendre à partir de la rentrée prochaine contre les réductions drastiques de la dépense éducative (dans les Communautés Autonomes) de Madrid, de Castille la Manche, de Catalogne, de Galice, de Navarre et des autres Communautés Autonomes.

Ces réductions vont provoquer la perte de plusieurs milliers d’emplois et une diminution évidente de la qualité du service public éducatif.

Nous en avons assez d’écouter tant de politiques nous dire que le futur de notre pays, le nécessaire changement de son modèle productif, dépendent de l’investissement en matière d’éducation et de recherche, de développement et d’innovation, mais lorsqu’ils sont aux responsabilités de gouvernement réduisent les dépenses en matière d’éducation, de recherche et de développement.

Quand il existe d’autres politiques, quand on peut appliquer d’autres mesures, il n’est pas nécessaire de dire que ce sont les circonstances qui nous y obligent, pour ajouter ensuite que, bien sûr, les impôts des riches ne vont pas augmenter. Nous en avons assez de tant de mensonges, de tant de démagogie, et de servir autant les intérêts des pouvoirs économiques !

Pour conclure cette intervention, nous voulons faire référence à d’autres mesures que le gouvernement a approuvé, par Décret-Loi, dans la même semaine où il a annoncé la réforme constitutionnelle et qui ont été occultées par celle-ci. Nous voulons parler des changements dans la législation des contrats de travail, entraînant le travail à temps partiel et la précarité. Contredisant la philosophie de la réforme du travail antérieur, de mai dernier, qui a échoué, et qui devait se baser sur la promotion du CDI – avec des mesures telles que la diminution des indemnités de licenciement-, le gouvernement défend maintenant l’idée que puisque le plus important est de créer des emplois, il faut faciliter davantage l’embauche à temps partiel qui touche aujourd’hui plus d’un quart des travailleurs.

Pour cela, il crée un nouveau « contrat d’apprentissage » pour les jeunes de moins de 33 ans, pour lequel il n’est exigé que 25% de formation, sans dire qui va l’assurer ni comment, il supprime les limites à l’enchaînement des contrats à temps partiel qui maintenant pourront se succéder, entraînant une précarisation extrême de ce type de contrats. Ce nouveau virage du gouvernement qui, nous le savons par expérience, ne va pas créer d’emplois, est encore une démonstration de cette politique insensée et erratique.

Pour tout ce que nous avons dit, et la conviction chevillé au corps, les organisations syndicales et sociales qui avons appelé à cette manifestation, nous demandons aux sénateurs et sénatrices de voter contre la réforme constitutionnelle.

A tous et toutes les parlementaires qui, dans les quinze jours qui viennent, ont l’opportunité de solliciter la convocation d’un référendum, nous demandons de le faire et ce, indépendamment de ce qu’ils auront voté demain. Cette réforme est une atteinte grave à notre démocratie et rompt définitivement le consensus constitutionnel car, c’est un sujet important, elle porte atteinte aux droits fondamentaux du premier article de notre constitution en empêchant le peuple espagnol de décider par lui-même.

La Constitution n’a jamais été si difficile à modifier comme ils ont bien voulu nous le faire croire pendant des décennies, ceux-là même qui maintenant la changent en 15 jours de façon si honteuse. A partir de maintenant, elle le sera moins.

D’ici-là, nous continuerons la lutte, en appelant à la mobilisation des travailleurs et des travailleuses et de tou(te)s les citoyen(ne)s contre les politiques néo-libérales responsables de la crise et qui maintenant prétendent qu’il faut que l’immense majorité de la population en paye les conséquences pour maintenir les privilèges et les profits d’une minorité.

Nous remercions les partis politiques qui se sont opposés à la réforme constitutionnelle, qui ont demandé la convocation d’un référendum et soutenu l’appel à cette manifestation. A tous et toutes qui avez participé à ces manifestations dans de nombreuses villes espagnoles ou à d’autres initiatives de protestation : Merci beaucoup !

Non à cette réforme de la Constitution !

Que les citoyen(ne)s espagnol(e)s décident par référendum !

Signataires : CCOO, UGT, USO, Paz con Dignidad, Consejo de la Juventud de España, Sindicato de Estudiantes, Paz Ahora, Confederación Intersindical, Habitáfrica, Coordinadora de ONGD, Plataforma 2015 y +, Asamblea de Cooperación por la Paz, Socialismo 21, Asociación de Usuarios de Bancos, Cajas y Seguros, Comisión Promotora de las Mesas Ciudadanas para la Convergencia y la Acción

TRADUCTION : GUILLAUME BEAULANDE ET JULIETTE ESTIVILL

3) Contestations en Espagne et en Italie ce 6 septembre contre l’austérité

A l’appel des syndicats, des milliers d’Italiens sont dans la rue pour dénoncer la rigueur toujours plus étouffante dont ils sont les victimes. Les Espagnols eux commencent à défiler à partir de 18 heures.

Ils sont des dizaines de milliers, unis, porteurs du même mot d’ordre, de la même colère : non à l’austérité, non à la règle d’or. Et leur gouvernement respectif, non contents de plonger leur population dans une austérité de plus en plus dure, se tirent dans les pattes entre eux. A Madrid, on accuse ainsi la Grèce et l’Italie d’être la nouvelle cause de « la panique des marchés ».

Berlusconi avait promis cet été une coupe de pas moins de 95 milliards d’euros, pour tâcher d’atteindre l’équilibre en 2013. Mesure que le sénat italien examine ce mardi. Pire, Berlusconi et son gouvernement se sont enfermés à Rome pour discuter de comment aggraver la situation : hausse de la TVA, nouvelle attaque sur les retraites, aucune injustice sociale n’est épargnée. "C’est un plan que ce pays ne mérite pas", "nous sommes au bord de l’abyme, nous avons besoin d’un gouvernement responsable", a déclaré la numéro un de la CGIL, le syndicat majoritaire italien, Susanna Camusso. C’est à l’appel de la CGIL que des centaines de manifestations ont lieu depuis ce matin dans toutes les villes du pays. De très nombreux italiens sont également en grève ce mardi. Et enfin, la gauche italienne s’est jointe au mouvement.

En Espagne, c’est plus directement la règle d’or qui est ciblée dans la mobilisation du jour. C’est à l’appel des deux grands syndicats : Le CCOO et l’UGT que les travailleurs espagnols se rassemblent, et espèrent bien être rejoins par les Indignados, qui ont déjà exprimé dans la rue leur rejet de la réforme. Les syndicats réclament un référendum.

2) Espagne. Contre la « règle d’or », ils veulent un référendum

Les syndicats espagnols appellent à la grève le 6 septembre contre l’inscription de la « règle d’or » dans la Constitution. Les Indignés et Izquierda Unida mobilisent pour un vote.

Le Parlement espagnol a commencé, hier, l’examen du projet d’inscription de la « règle d’or » dans la Constitution, proposée par le premier ministre José Luis Zapatero. Le texte devrait être adopté jeudi.

L’Espagne est le premier pays à obéir à l’appel du 16 août de Nicolas Sarkozy et de la chancelière allemande Angela Merkel. Ceux-ci avaient demandé aux pays de la zone euro d’inscrire la limitation des déficits dans leur loi fondamentale. Porte-parole de la Commission européenne, Amadeu Altafaj a approuvé une « démarche positive » qui souligne « l’engagement des autorités espagnoles à garantir la soutenabilité à long terme des comptes publics ».

En matière de respect des normes libérales, l’Espagne n’a pourtant rien à prouver. Avant la crise financière, elle faisait partie des bons élèves du pacte de stabilité. En 2007, son déficit public n’était que de 1,9%. Sa dette de 39,2%. La crise a provoqué le presque doublement de la dette et l’explosion du déficit. En 2010, ils étaient respectivement de 60,1% et de 9,2%.

Hier, seuls 17 des 319 députés ont voté contre la décision d’utiliser la procédure d’urgence pour examiner la « règle d’or ». Le Parti populaire (opposition de droite) a voté unanimement. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) au pouvoir n’a connu qu’une seule défection. Cette grande coalition de circonstance fait dire à Cayo Lara, coordinateur d’Izquierda Unida (communiste), « le Parlement va dans un sens, le peuple dans un autre ».

Avec un taux de chômage astronomique (20,89%  !), c’est d’investissements publics dont a besoin l’Espagne. Ils permettraient de relancer l’économie et d’en finir avec le modèle de croissance basé sur la construction à tout-va.

Toute cette semaine, des manifestations, inspirées par le mouvement des Indignés, se tiennent pour protester contre la modification constitutionnelle. 115 000 personnes ont d’ores et déjà signé une pétition pour réclamer un référendum. Izquierda Unida compte bien réunir les 35 députés pour obtenir un vote populaire, qui pourrait se tenir simultanément aux élections générales anticipées du 20 novembre.

Le 6 septembre, les syndicats matérialiseront leur opposition, avec une grève pour obtenir un référendum. Le 29 septembre dernier, leur première grève générale en huit ans, contre l’austérité, avait été fortement suivie.

Dans cette affaire, le PSOE est bien embarrassé. La Constitution fera mention de la « règle d’or ». Mais la limitation du déficit à 0,4 % du PIB est renvoyée à une loi organique. Le PSOE ne parvenait pas à se mettre d’accord sur un seuil. Il faut dire que les syndicats ne pèsent pas leurs mots. Pour l’UGT, l’objectif de cette règle d’or est de « satisfaire les demandes des spéculateurs ». Pour les Commissions ouvrières, il s’agit d’une « menace permanente contre les institutions de l’État providence ».

Le secrétaire général du Parti communiste d’Espagne, José Luis Centella Gomez, a, lui, estimé qu’il « se confirme que le capital entend profiter de la crise pour consolider son modèle néolibéral ».

Source : http://www.humanite.fr/monde/espagn...

1) Mobilisation des syndicats italiens contre le plan d’austérité

La centrale nationale CGIL lance un appel pour une grève nationale générale de huit heures, le 6 septembre, dans tous les secteurs, pour exiger que des changements soient apportés au plan d’austérité du gouvernement du 12 août. Des meetings et des manifestations seront organisés dans toute l’Italie.

Le plan d’austérité du gouvernement est considéré comme inégal et inefficace pour faire face à la crise sociale, économique et financière qui touche l’Italie.

"Les mesures gouvernementales placent le fardeau uniquement sur les épaules des travailleurs, des travailleuses et des retraités, par des coupes dans les salaires, les emplois et les services du secteur public, et en réduisant les fonds publics destinés aux municipalités et aux autorités locales, tout en taxant uniquement les salaires et les revenus au nom de la solidarité, en se gardant d’imposer la propriété privée et la richesse".

Le gouvernement intervient également dans les relations industrielles et divise les partenaires sociaux, affirme la CGIL, en faussant le contenu de l’accord sur la représentativité conclu récemment entre les principaux partenaires sociaux. Il décide, sans aucune justification économique ou financière, de réduire la protection des personnes contre des licenciements décidés à tort et à travers.

Le train de mesures du gouvernement ne contient aucune disposition visant à soutenir la croissance et l’emploi, notamment pour les jeunes, déclare la CGIL.

À l’inverse du plan d’austérité du gouvernement, la CGIL propose plusieurs mesures destinées à stimuler la croissance et les revenus, comme par exemple :

- un plan structurel pour combattre l’évasion fiscale qui se monte à 130 milliards d’euros par an ;

- une taxe extraordinaire sur les grands biens immobiliers, capable de générer 12 milliards d’euros ;

- un impôt ordinaire sur toute fortune au-delà de 800.000 euros, capable de rapporter 15 millions d’euros ;

- une réduction des coûts afférents au système politique, aux responsables politiques et aux hauts fonctionnaires, l’institution d’un plafonnement pour les émoluments des responsables de haut rang de l’État, la réduction du nombre d’entreprises publiques locales qui ne produisent pas de services - ce qui permettrait d’obtenir des économies de l’ordre de 8,5 milliards d’euros ;

- un "Fonds de croissance et d’innovation" destiné à réaliser des investissements pour l’insertion des jeunes sur le marché du travail ;

- un soutien aux revenus, par une réduction du taux d’imposition des travailleurs et travailleuses et des retraités.

Les syndicats italiens, FIOM, FIM et UILM, se mobilisent contre les mesures prises par le gouvernement, portant sur des coupes et des licenciements qui pénalisent les travailleurs et travailleuses et les retraités de façon disproportionnée, tout en protégeant les riches, les responsables politiques et les hauts fonctionnaires surpayés. Des sit-in, des manifestations et une grève générale de huit heures sont prévus du 1er au 6 septembre.

ITALIE : Le FIM et l’UILM, ainsi que leurs deux centrales nationales la CISL et l’UIL, exigent le retrait immédiat des mesures d’austérité applicables aux retraites, et ont pris à cette fin la décision de manifester le 1er septembre devant le Sénat contre les "mesures inadaptées qui frappent les victimes habituelles au lieu de s’attaquer aux responsables de la dette nationale". Les organisations syndicales insistent pour que le gouvernement annule les mesures concernant les retraites et concentre son action sur la lutte contre l’évasion fiscale, sur l’imposition des grandes fortunes et la réduction du coût du système politique pour remédier au manque de ressources.

Le syndicat FIOM prépare une série d’initiatives, les 5 et 6 septembre, contre les mesures prises par le gouvernement, contre les attaques sur les travailleurs et travailleuses et sur leurs droits.


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