NE NOUS LAISSONS PAS VOLER NOTRE VOTE (Francis Parny)

vendredi 17 mars 2017.
 

Danger FN, être au deuxième tour, vote utile … les faux prétextes ne manquent pas pour tenter de nous détourner de nos convictions. Soyons fiers de nos choix et portons-les jusqu’au bout. La démocratie en sortira victorieuse.

Dans les personnes que je rencontre et qui, il est vrai, ne se situent pas vraiment à droite, je sens une sympathie énorme et grandissante en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Les indications de divers instituts confirment cette tendance. Il est « le plus représentatif de la gauche » le plus « honnête » etc… Son programme est jugé « le plus cohérent » et tout le monde reconnait qu’il est chiffré. Son argumentation démontrant que la retraite à 60 ans avec 40 trimestres de cotisations serait financée par les cotisations que génèreraient la seule égalité salariale, à compétence égale, entre les femmes et les hommes est jugée « imparable ».

Et pourtant parmi toutes ces personnes avec qui je parle et qui sont « séduites » par ce candidat, certaines ne voteront pas pour lui.

Comment expliquer ce phénomène ?

Les petites histoires à faire peur

La politique devrait être un grand débat public, contradictoire et interactif, permettant à chacune et chacun de choisir le projet de société le plus conforme à ses souhaits et le candidat qui le porte. La suite ne serait qu’une formalité logique qui consisterait à voter pour ce choix en fonction de « ses convictions intimes ».

Mais de la même façon que l’on raconte aux petits enfants des histoires pour leur faire peur afin qu’ils choisissent toujours le « bien » contre le « mal », voici que de doctes conseilleurs essayent de nous entrainer vers l’abandon de notre choix.

Le Front national monsieur !

« Le seul vrai danger – le mal – c’est le FN. Il sera au 2ème tour nous vous l’assurons ».

Qui l’assure ? Au nom de quel défaitisme, de quel renoncement à convaincre ? Personne ne le sait mais cette affirmation veut vous obliger à abandonner notre choix au bénéfice d’alliances sans fondement commun véritable.

Mais enfin, quelle est la raison de la montée du FN ?

Je ne trouve pas de meilleur jugement sur cette question que celui d’Egard Morin il y a quelques mois. Il disait que face au front national il ne sert à rien de se rassembler pour crier « No Passaran ». Ce qu’il faut, tout simplement, disait-il, c’est proposer une autre voie.

Il s’agit bien de cela. Toute poursuite de la politique libérale menée depuis plus de 15 ans par la droite ou par le parti socialiste avec les conséquences désastreuses qu’elle entraine pour notre pays et pour le plus grand nombre conduit au renforcement du FN. Seule une orientation politique nouvelle, « une autre voie », proposée avec la garantie qu’elle sera enfin appliquée parce que celles et ceux qui la portent ont rompus avec ceux qui ont gouverné, peut redonner espoir en la politique et empêcher les aventures.

Le deuxième tour monsieur !

Le nécessité d’être au second tour rendrai obligatoire l’union à « gauche ». L’alliance de deux candidats crédités chacun de 13 à 14 % des intentions de vote permettrait d’être au second tour ?

Mais depuis quand ces chiffres s’additionnent-t-ils ?

Souvenez-vous d’Arlette Laguillier et d’Olivier Besancenot recueillant chacun 5 % d’intention de vote et s’alliant dans la perspective d’un somptueux 10% pour faire finalement … 5 % ensemble.

Aux régionales, les listes FDG/EELV on fait péniblement le score du FDG tout seul cinq ans auparavant.

Les chiffres concernant Benoit Hamon ne cessent de descendre. Où sont les intentions de vote des écologistes après le ralliement de Yannick Jadot.

Et Emanuel Macron direz-vous ?

Mais l’augmentation annoncée dans les sondages n’a rien à voir avec le ralliement de François Bayrou. Sa candidature est une candidature attrape tout, elle rassemble ceux et celles qui à droite ne veulent pas de Fillon et à gauche celles et ceux qui veulent éliminer Fillon et le Pen au risque de voter pour la même politique que celle de Hollande.

La réalité c’est que les électeurs et les électrices ne sont pas dupes des alliances. Ils savent reconnaître quand il s’agit de se fixer un objectif commun d’intérêt général et lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts des partis.

Seul le retrait de la candidature de Benoit Hamon serait utile à la gauche

Il est curieux d’ailleurs que ceux qui proposent l’union la proposent toujours en faveur du maintien de la candidature de Benoit Hamon. Après le mandat de François Hollande il est pourtant clair qu’un candidat socialiste ne peut gagner. Et quant aux intentions de vote, celle de ce candidat sont deux fois inférieures aux suffrages qui ont permis aux socialistes de gagner en 2012.

Benoit Hamon est ainsi un candidat de la régression à gauche et comme tout le monde le constate il n’est même pas en mesure de rassembler son parti. Pourquoi pourrait-il rassembler toute la gauche ? Et s’il s’agit de la gauche de « rupture », quel candidat mieux que Jean-Luc Mélenchon pourrait l’incarner. Vraiment si le positionnement « à gauche » de Benoit Hamon est sincère il devrait se désister pour Jean-Luc Mélenchon.

Macron c’est Tancrède

Le plus désespérant dans cette Vème République c’est qu’elle a fait entrer le venin de sa perversité dans la réflexion même des citoyennes et des citoyens qui se déterminent souvent en fonction du pronostic qu’ils font sur la personnalité de celui qui sera le mieux à même de s’opposer victorieusement à celle ou celui dont ils ne veulent pas.

Ils et elles se soumettent ainsi aux faiseurs d’opinion qui sont les puissants de cette société et à la dictature des sondages qui ont pourtant montré leur nullité dans les récentes consultations internationales.

Beaucoup de nos concitoyen-ne-s acceptent d’abandonner ainsi leurs « convictions profondes » pour un calcul inexact et improductif. Et pourtant si dans l’isoloir ils abandonnent leurs idées ils n’ont aucune chance de les retrouver à la sortie du bureau de vote.

Le phénomène actuel autour de la candidature Macron est révélateur de cette perversité.

Je ne pense pas aux ralliements des éléphants socialistes. Ceux-ci ne font que reconnaître l’inspirateur et le continuateur de la politique libérale poursuivie par François Hollande qui, tel Tancrède dans le film de Visconti sur la fin de l’aristocratie sicilienne, affirme qu’il faut tout changer pour mieux ne rien changer.

Je pense en réalité aux personnes qui se laissent séduire par Emanuel Macron en tant que potentiel vainqueur et qui acceptent un programme dont certains commentateurs ont dit qu’il était celui du CAC 40.

Retrouver le goût de la démocratie

En refusant d’affirmer notre point de vue, nous contribuons à la défaite idéologique des valeurs que nous voulons défendre. Mettre de côté notre opinion est déjà une victoire de l’extrême droite.

La candidature de Jean-Luc Mélenchon et la campagne menée autour fait confiance à l’intelligence de nous tous et de nous toutes. Elle invite à se prononcer pour un projet cohérent permettant de sortir de toute les crises, économique, sociale, écologique et politique.

Elle le fait au-delà des partis, dans le cadre de « la France insoumise » pour dépasser le monde des alliances afin de promouvoir celui du rassemblement populaire.

Le discours de Lyon a mis en lumière que ce projet propose une véritable révolution culturelle en s’appuyant sur les savoirs, leur partage, la création et l’innovation, le tout par l’engagement et au service du plus grand nombre.

L’engagement en politique n’est pas un pronostic. C’est la volonté de convaincre et de faire gagner le projet auquel on croit.


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