Etats appauvris et fragilisés, rentiers condamnés au dépérissement

mardi 23 août 2011.
 

Message en forum sur notre site

Réponse à l’article Crise de l’euro ou Europe sociale (Paul Boccara, PCF)

La BCE est au service des opérateurs bancaires privés. L’endettement des Etats est donc une véritable aubaine pour ces marchés financiers. L’actuelle crise est désastreuse pour les populations tandis qu’elle est une opportunité fort lucrative pour les banques. Les intérêts des populations sont sacrifiés sur ceux de ces fameux marchés financiers qui ont le monopole-ou presque-de la création monétaire. Monopole qui est extrèmement avantageux puisque ces opérateurs bancaires ne créent de la monnaie (sous la forme de crédits) que si cela leur rapporte beaucoup d’argent. Véritable jeu de dupes lorsque l’on regarde de près les conditions de cette création monétaire. Car le coeur de la crise se trouve là. Les Etats n’ont plus le monopole de la création monétaire. Pire ils n’en créent plus ou presque. Si bien que les agents économiques-les « marchés financiers » c’est-à-dire essentiellement les banques- qui disposent de cette prérogative délaissée par les Etats au nom de l’eurolibéralisme en profitent et en abusent. Ils en abusent au point d’avoir mis sous leur coupe les Etats eux-mêmes.

C’est le point de non retour qui est ici atteint. Les Etats ont été condamnés à subir le « diktat » des agents de la finance. Des centaines de milliers de milliards sont entrés dans une danse étourdissante, passant d’un fond à un autre, d’une caisse à une autre sans que tout cela n’ait de dimension vraiment réelle. Enfin si, le concret c’est l’appauvrissement accéléré des populations, c’est la perte d’indépendance des Etats « souverains », c’est le marasme économique pour plusieurs décennies dans l’ensemble du monde dit développé (Japon compris). Ces opérateurs financiers gagnent énormément d’argent et se paient le luxe de faire faillite. Maintenant ils se paient le luxe d’acculer à la faillite les Etats qui sont pourtant leurs principaux créanciers. Les Etats ponctionnent leurs propres ressources -via les populations- pour leur permettre de réaliser de très importants profits. Les Etats eux-mêmes sont désormais dans une zone de turbulence car leurs dettes peuvent certes être échelonnées sur plusieurs siècles mais au prix d’une telle baisse de niveau de vie de leurs populations que cela est à la limite du supportable.

La bonne gestion de ces mêmes Etats est évidemment mise en péril car la « politique » de la réduction systématique de la dépense publique n’est pas viable à long terme.Or il est bien question de LONG terme ici.Les marchés financiers vont finir par tuer la poule aux œufs d’or,c’est-à-dire les Etats.

La dette est consubstantielle au « libéralisme » (pas franchement libéral en réalité) économique. Sans dettes il ne peut pas vivre et survivre. L’ironie de l’histoire est que la dette va sonner le glas de cette monumentale escroquerie qu’est le néolibéralisme. Le régime de la rente (sous ses diverses formes à commencer par le loyer de l’argent bien sûr) sous-tend la dette et il est la matrice du néolibéralisme. La rente enrichit essentiellement des nuisibles,condamne le travail à n’être plus qu’une forme d’esclavage et fait des valeurs humaines forgées depuis des siècles voire des millénaires de simples accessoires décoratifs. Mais le néolibéralisme semble pris à son propres piège-ce qui ne manque pas de sel-en ce qu’il est en train de dépérir de ce qu’il a très largement contribué à créer à savoir la dette.

Sous des montagnes de dettes les sociétés d’une grande partie du monde peinent désormais à se développer,entrent dans une phase historique qui est placée sous le signe du mal développement voire du sous-développement :troubles sociaux, émeutes urbaines, conflits du travail à répétition, abandon de pans entiers de l’économie et des missions de services publics, explosion des inégalités sociales, crise de légitimité des pouvoirs politiques, désaffection des urnes, généralisation de l’incivisme. Le temps des désordres récurrents et « inexplicables » est arrivé. Austérité à perpétuité pour le plus grand nombre et fort accroissement des revenus pour une mince couche de la population rentière tel est le sens profond de l’équité néolibérale. Des Etats étranglés par des dettes destinées à enrichir des nuisibles perdent peu à peu leur légitimité, sont fragilisés au point qu’ils n’incarnent plus le pouvoir. Quant aux grands bénéficiaires du néolibéralisme il semble bien -en dépit des centaines et des centaines de milliers de milliards qui leur ont été versés- qu’ils se soient condamnés à leur propre dépérissement.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message