« Relou », Jean-Luc Mélenchon ? Vraiment ?

dimanche 21 août 2011.
 

Chers Inrocks,

... Dans la rubrique « les relous », vous épinglez Jean-Luc Mélenchon, l’homme politique qui a redonné espoir dans la gauche à beaucoup de gens, et vous au­rez compris que j’en suis.

« Relou », il peut bien l’être, le Jean-Luc, comme vous ou moi, mais en l’occurrence, la raison que vous invoquez pour sa relouterie serait qu’il se plaindrait d’être victime d’une rumeur, « lui aussi » dites-vous. Un peu pour faire comme Martine et Dominique, donc, si je vous lis bien. Il se plaindrait qu’on (« certains journalistes ») lui reproche son manque d’assiduité au Parlement européen. Ce en quoi vous faites passer l’idée, empreinte d’une étrange logique, qu’il est gon­flé de se plaindre, puisqu’il a appelé à voter Non au Traité constitutionnel eu­ropéen en 2005, et que d’ailleurs Marine Le Pen, « elle aussi », n’est pas très as­sidue à ce Parlement.

Rassurez-moi : cet article ne prétendait pas démontrer quoi que ce soit ? Pour­quoi Mélenchon est-il « relou », en fait ? Parce qu’il a l’outrecuidance de se plaindre quand seuls DSK surtout, et Aubry un peu, ont d’après vous de bonnes raisons pour le faire ? Ou parce qu’il a appelé à voter Non au TCE en 2005 ? Ou parce que vous lui trouvez des ressemblances avec la Le Pen (il vous faut des lunettes ou quoi ?) ? Ou parce qu’il s’en prend à « certains journalistes » ?

Bon, suivons la logique de votre article : il serait relou s’il séchait effectivement les séances du Parlement européen, mais où avez-vous établi cela ? Nulle part et pour cause : c’est faux. Le problème que Jean-Luc Mélenchon a avec le Parle­ment européen, et plus largement, avec l’Europe telle qu’elle se construit, ce n’est pas qu’il s’en désintéresse, mais qu’il en conteste le fonctionnement pour au moins deux raisons : leur fonctionnement a- (pour ne pas dire anti–) démocrati­que et leur rôle de diffuseur du libéralisme.

Si vous ne l’avez pas déjà fait, visitez son blog – un des blogs politiques les plus lus – et vous y trouverez une partie totalement dédiée au compte-rendu de séan­ces du Parlement européen, au décryptage des textes qui y sont débattus, aux positions des uns et des autres députés européens sur ces textes. Mais vous trouverez peut-être un peu « relou » de consacrer du temps à ça.

Dans ce cas d’accord, Mélenchon est relou : il dit non quand la plupart des jour­nalistes veulent entendre oui, c’est relou ; il parle beaucoup, en s’emportant souvent, et c’est relou ; il explique, il démontre, c’est relou, ça fait mal à la tête… Il est relou.

Par contre, la Le Pen, dont vous le rapprochez (vous êtes gonflés, quand mê­me, vous croyez qu’il n’y a que lui qui se vexe, quand vous dîtes ça ? Et ses électeurs ?), elle, c’est pas reloue qu’elle est, c’est un peu plus, et pour d’autres raisons, non ?… Je vous laisse le soin de trouver l’adjectif qui lui convient, en verlan, ou à l’endroit.

Vous êtes relous des fois.

Thomas Bonnaud


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message