Obama a capitulé devant le grand capital et les ultralibéraux gagnent

mercredi 10 août 2011.
 

« Le président a capitulé. » La constatation abrupte du prix Nobel d’économie, Paul Krugman, donne le ton de la plupart des journaux américains sur le relèvement du plafond de la dette. Le Wall Street Journal n’est guère éloigné de ce jugement en estimant, pour d’autres raisons, que le problème du déficit « n’est pas réglé ». Krugman, dans le New York Times, n’est pas précisément un adversaire du libéralisme. Il s’en tient à l’avertissement qu’il a lancé depuis le début de la polémique entre démocrates et républicains  : « trancher dans les dépenses alors que l’économie est en déprime ne va pas aider à l’amélioration du budget et peut conduire au pire ».

Paul Krugman compare la solution adoptée à celle des médecins du Moyen Âge ordonnant des saignées à leurs malades. C’est une catastrophe à plusieurs niveaux, dit-il  : économique, politique et social. Ce qui se passe dans la majorité des États lui donne raison. Ils n’ont pas attendu d’avoir à équilibrer leur budget et les amputent dramatiquement. Mécaniquement l’emploi est réduit dans tous les services. Sabrer la dette de cette façon va accentuer en effet le recul de l’économie au moment où les chiffres officiels publiés vendredi dernier indiquent un affaiblissement de la croissance et l’échec du plan de relance lancé par Obama après la récession de 2008. Les fonds publics accordés aux banques et aux grandes entreprises n’ont pas créé d’emplois, mais ont nourri les profits et les bonus.

L’anémie provoquée par les Diafoirus de l’ultralibéralisme s’étend. Le jour même de l’accord provisoire des deux partis, l’une des plus grandes banques, HSBC, annonçait la suppression de 30 000 emplois, quand ses profits atteignent 11,5 milliards de dollars. Et ce n’est qu’un début, prédit le directeur général. Les démocrates se prévalent d’un texte qui ne remet pas en cause les allocations de survie aux plus pauvres, mais personne n’est vraiment sûr que la commission de douze démocrates et républicains qui devra examiner en décembre le premier bilan des mesures prises ne procédera pas à de nouvelles coupes. Dans l’immédiat le Medicaid (l’assurance maladie pour les plus pauvres) serait préservé, ainsi que les retraites. Mais ils demeurent un objectif des républicains. Ceux-ci ont déjà obtenu une réduction des allocations pour les pauvres de plus de soixante-cinq ans et des allocations de chômage. Le programme conserve intacts les budgets de guerre et les pensions militaires. Les avantages fiscaux accordés par George W. Bush aux plus fortunés prendront fin normalement en décembre, mais ils ne paieront pas un cent de plus au fisc.

Ce programme est à l’opposé des promesses d’Obama depuis 2008. Le président n’a cessé de proclamer qu’il allait faire payer les plus riches. Il avait promis un développement de l’industrie et de l’emploi, de meilleurs salaires, la reconnaissance du droit de se syndiquer, la fin de Guantanamo… Aucune promesse n’a été tenue et sa chute dans tous les sondages, augure mal de sa réélection en 2012. Le représentant Emmanuel Cleaver, un pasteur méthodiste, qui préside l’assemblée des élus noirs démocrates, lui, dit ne pas vouloir manger ce « sandwich de Satan ».

Jacques Coubard


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