Manifeste PRS 20 : EN FINIR AVEC L’IRRESPONSABILITE GLOBALE DE L’ENTREPRISE

lundi 15 janvier 2007.
 

Le progrès actuel du sentiment d’irresponsabilité doit beaucoup au comportement d’un nombre croissant d’entreprises dans le nouvel âge du capitalisme. La recherche du profit est certes la finalité des entreprises. Mais certaines en ont déduit le droit de s’affranchir de toute responsabilité vis-à-vis de la société et d’usurper la souveraineté populaire en réclamant que les normes communes se plient à leurs exigences particulières. La mise en concurrence des peuples et des territoires dans la guerre économique n’est pas tolérable, pas plus que la règle devenue systématique de privatisation des profits et de socialisation des pertes ou la captation de revenus indécents par un petit nombre dont le seul mérite est d’avoir su mieux exploiter leurs semblables. Il faut donc soumettre les entreprises comme les entrepreneurs aux intérêts supérieurs des peuples, en exigeant qu’ils assument leurs responsabilités sociales, écologiques et de participation à la production des biens communs de l’humanité.

Les entreprises doivent assumer leur responsabilité sociale. La baisse continue des cotisations sociales, l’irresponsabilité dans les politiques de licenciements, au seul but du profit, n’est plus admissible. Il faut mettre fin aux exonérations de cotisation sociale : quand on recrute un salarié, on paie son droit à la santé ou à la retraite et les augmenter au contraire significativement pour les entreprises qui recourent au travail jetable. Les entreprises doivent assumer leur responsabilité écologique. Aujourd’hui, elles ne paient pas pour les impacts environnementaux de leurs actions. De fait, elles scient la branche sur laquelle elles sont assises. De plus en plus de ressources vont se raréfier et se renchérir. Il faut donc intégrer réellement dans le coût des produits l’impact sur l’environnement de leur production.

Cela s’entend de l’extraction des matières premières (en taxant davantage celles non renouvelables), à leur transformation en produits finis (incluant la pollution qu’elle génère) et à l’impact de leur transport.

Les entreprises, enfin, doivent respecter les exigences du bien commun. Les entreprises ne doivent plus pouvoir freiner la diffusion de progrès fondamentaux à l’ensemble de l’humanité. Elles rachètent des brevets pour empêcher des innovations, elles n’investissent plus dans la production mais dépensent pour se racheter entre elles à des fins de profits pour les actionnaires, elles sont responsables d’un mouvement de déqualification générale des travailleurs. Or les besoins à venir sont immenses pour assurer l’accès aux futurs 9 milliards d’humains aux besoins essentiels (eau, énergie, nouvelles technologies, santé, etc.). Dans l’industrie pharmaceutique, plus de moyens sont consacrés à la publicité qu’à la recherche. En refusant de mettre produire et distribuer massivement de médicaments génériques au nom du droit inaliénable de cette industrie à faire des profits, l’OMC laisse mourir des millions de personnes de la tuberculose, du paludisme et du sida. La taxation des entreprises comme le système des brevets doivent donc être radicalement modifiés pour encourager les progrès qui bénéficient à l’humanité et pénaliser les comportements qui s’y opposent.

L’intervention des travailleurs dans la direction des entreprises est un autre moyen qui peut contribuer à mettre les entreprises en conformité avec leurs obligations d’intérêt général. Les décisions à fort impact social ou environnemental pourraient ainsi être soumises obligatoirement à l’avis conforme des comités d’entreprise, là où il n’existe aujourd’hui qu’un simple avis consultatif ou pas d’avis du tout.


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