MONACO : fief successif de l’absolutisme, du pétainisme, du capitalisme financier

mercredi 10 janvier 2024.
 

Dans la nuit du 8 au 9 janvier 1297, François Grimaldi pénètre incognito dans la ville de Monaco grâce à un déguisement de moine. Il ouvre les portes à son armée et emporte la citadelle. La dynastie des Grimaldi, qui contrôle toujours la principauté de Monaco, est née.

Lors de la Révolution française, la Convention vote le 15 février 1793 le rattachement de ce territoire à la République, sous le nom de Fort Hercule dans le département des Alpes-Maritimes. La cité conserve ce statut jusqu’à la Restauration en 1815.

À partir de cette époque, les dirigeants absolus décident de favoriser le luxe et la finance comme moyen de développement. Les casinos sont ouverts en 1863, les impôts personnels sont supprimés en 1869. Monaco, paradis fiscal vient de voir le jour.

L’absolutisme est aboli en 1911. La souveraineté extérieure de la principauté est limitée par le traité de Versailles. Cela n’empêche pas la couronne de continuer à développer son activité de paradis fiscal, Monaco devenant le siège de nombreuses compagnies internationales (plus de 200 en 1934).

Dynastie issue de la réaction, Monaco va entretenir des relations ambiguës, notamment financières, avec le régime nazi tout au long de la guerre. Pire, Louis II de Monaco se rapproche du gouvernement de Vichy et en adopte les lois anti-juives. Le Rocher n’est pourtant occupé qu’en 1942.

À la libération, aucune épuration n’est menée. La dynastie Grimaldi reprend ses droits, alors même qu’en Italie, le roi est démis en raison de ces accointances avec les fascistes.

Voulant retrouver une souveraineté complète, Rainier III se rapproche des États-Unis pour s’opposer à la France et tente de développer son économie. Il reprend les méthodes ultra-libérales de ses ancêtres. On lui doit par exemple l’invention du pavillon de complaisance avec la complicité de l’armateur grec Onassis.

De Gaulle décide alors d’engager un blocus de Monaco, qui contraint les dirigeants monégasques à limiter leurs ambitions.

Monaco demeure une enclave dans la République, un héritage de l’Ancien Régime qui fonde sa prospérité sur les privilèges et les inégalités. Une 6e République devra agir pour mettre un terme définitif à cette situation.

Bastien Lachaud


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