Jean-Luc Mélenchon au festival d’Avignon

vendredi 22 juillet 2011.
 

Samedi, en fin de matinée, Jean-Luc Mélenchon s’avoue « secoué » par ses trois journées à Avignon. L’intensité des rencontres. L’excitation qui monte d’un cran au fur et à mesure qu’est annoncée l’arrivée d’autres candidats à la primaire socialiste. Pour Mélenchon, journées marathons. Même s’il rappelle sur tous les tons que « la campagne n’est pas l’individu ».

D’abord, la salle des fêtes de la mairie. Salle comble. Plus de quatre cents personnes acclament le candidat du Front de gauche. Majoritairement des militants communistes.

Ensuite, le forum organisé par nos confrères de Libération. Long échange avec le metteur en scène Frédéric Fisbach. Jean-Luc Mélenchon tient un discours aux accents philosophiques. « Je suis convaincu, dit-il, que l’art participe de l’insurrection humaine. »

Il ne connaît pas les annexes 8 et 10 de la convention assurance-chômage qui régit le statut des intermittents du spectacle par coeur, contrairement à Martine Aubry qui s’en vante, elle, sur tous les tons. « Et alors ? rétorque-t-il. Je suis inquiet du désenchantement politique réduit à la seule question des moyens, qui évacue le sens et la finalité. Comment parler art et culture sans évoquer la culture dominante, totalitaire, ses ravages, son accoutumance à tous les niveaux ? » Promis, il va s’y intéresser, à ces fichues annexes. Parce qu’elles concernent le travail, la partie invisible du travail, et que telles qu’elles existent aujourd’hui, elles sont loin d’être vertueuses. Bien au contraire.

Intarissable, Jean-Luc Mélenchon, venu « faire l’éponge », le dit d’emblée : « Mon sujet n’est pas l’instrumentalisation de la culture, mais plutôt l’instrumentalisation du Front de gauche par la culture. » Alors il convoque trois idées : déprécarisation, définanciarisation et dénonce le patriarcat, qui « n’épargne pas les milieux culturels. Où sont les femmes ? ». Et de s’indigner : « La mode, c’est de penser à travers le consensus, jamais le conflit. On est tous d’accord pour ne rien faire. »

Le candidat du Front de gauche n’est pas venu pour flatter les hommes et les femmes de culture. Il les interpelle : « Comment allez-vous participer à ce processus de révolution citoyenne ? Ne croyez-vous pas qu’il est temps de retrousser ses manches ? » s’exclame-t-il. Jean-Luc Mélenchon n’est pas venu recueillir les doléances, ni « prononcer les mots qui vont faire plaisir ».

Sur la liberté du créateur, il dénonce un procès qui lui est fait d’avance : « Vous pensez quoi ? Que je vais créer un comité de censure ? Mais pour autant, l’art est-il neutre ? Si oui, alors tout se vaut. » « Or, tout ne se vaut pas », martèle-t-il. Et de revendiquer la liberté de ne pas être d’accord avec l’art dominant, avec l’esthétique dominante, cette « esthétisation de la réussite selon les règles capitalistes ».

À la mobilisation, il préfère l’insurrection, la subversion : « Chaque artiste parle sa langue. Son discours, c’est la condition humaine. » C’est quoi, au juste, cette idée de « tous créateurs » ? « C’est consubstantiel de l’humanisme : toute personne est éducable, sans limites.

Mais il y aura toujours des éclaireurs, des personnes pour marcher devant. Ne me faites pas dire que tout le monde peut être artiste ! »

Jean-Luc Mélenchon n’a peut-être pas encore les « bonnes formules », contrairement à ses excamarades socialistes qui, soudain, se souviennent que la culture, la veille de l’élection présidentielle, ça peut rapporter. Car, vu d’ici, vu d’Avignon, Nicolas Sarkozy est donné perdant sur tous les tons. Le spectacle des primaires socialistes prête à sourire et les commentaires vont bon train. Martine Aubry tient conférence à la Manufacture, un des lieux branchés du festival. Il faut dire qu’elle s’est vu refuser l’accès au village officiel du festival off, dit-on. Ce qui semble plausible, connaissant l’intelligence politique redoutable de la maire UMP d’Avignon, Marie-Josée Roig, qui s’est amusée à accorder les autorisations à la tête du client. Arnaud Montebourg a pu y causer devant une vingtaine de personnes. François Hollande aussi... à la même heure que la première secrétaire du PS. Quant à Manuel Valls, il occupe le terrain, comme on dit.


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