Le Front de Gauche a un message aux prêteurs. Ils ne feront plus la loi, ils la subiront.

samedi 30 juillet 2011.
 

Ce lundi 11 juillet 2011 la Bourse de Paris a connu sa plus forte baisse depuis un an. Au même moment, celle de Lisbonne atteignait son plus bas niveau sur la même période. Au tout début de la crise de la dette grecque, les taux de financement de la France et de l’Allemagne s’amélioraient à mesure que ceux de la Grèce se dégradaient.

Une « fuite vers la qualité », comme le disent les commentateurs financiers. Dorénavant c’est la fuite tout court. La France, comme tous les Etats européens est visée par l’effet domino qu’aurait le défaut d’un Etat sur les banques européennes. Le journal Le Monde réalise-t-il ce qu’il écrit lorsqu’il utilise cette formule turfiste avec une terrible tranquillité : le Portugal est juste le « favori dans la course à la faillite ». Si les détenteurs privés de capitaux ne jouent pas la France gagnante, ils la jouent placée comme un vulgaire canasson.

Leur dernier motif d’inquiétude, c’est la dette de l’Espagne et de l’Italie. Dans ces deux pays, les taux obligataires atteignent leurs plus hauts niveaux historiques. C’est-à-dire que la « prime de risque » imposée par la finance privée à des Etats déjà en difficulté bat des records. C’est le début de l’engrenage. Face au risque qui se précise, Merkel a fait savoir qu’elle avait appelé Berlusconi pour lui demander « l’adoption rapide » par le Parlement du plan d’austérité. L’aveuglement libéral, la dérive autoritaire de l’Union Européenne et l’arrogance pyromane du gouvernement allemand semblent inébranlables. La nullité de la sociale-démocratie aussi. Les démocrates italiens, inventeurs des primaires, ont en effet promis qu’ils se montreraient « constructifs » au Parlement au moment de voter un plan d’austérité de près de 50 milliards d’euros.

Pendant que Merkel gendarme les peuples, l’eurogroupe fait mine de vouloir faire « contribuer » les banques privées au sauvetage de la Grèce. Mais réunis lundi les ministres de l’économie de la zone euro se sont heurtés au mur qu’ils ont eux-mêmes érigés. Les agences de notation ont annoncé qu’elles assimileraient toute contribution des banques à un défaut de paiement partiel de l’Etat grec. La conséquence en serait terrible. Car au terme d’une directive européenne que ces lumineux visionnaires ont fait adopter dès 2006, tout titre dégradé par les agences de notation doit être retiré du bilan des banques. Les banques détentrices de titres de dette grecs seraient automatiquement ruinées quand bien même celle-ci finirait par être remboursée !

C’est dire l’hypocrisie des dirigeants européens qui dénoncent dorénavant les agences de notation. Celles-ci ont vu leur rôle officiel obstinément reconnu par la législation européenne. Jusqu’au vote le mois dernier d’un rapport du Parlement Européen qui estime que les problèmes du secteur seront réglés par une plus grande concurrence entre les agences de notation, ajoutant même qu’en cas de notations différentes, ce sera la moins favorable qui devra prévaloir. Ce serait un dumping des notes en quelque sorte. Dans ce concert de faux semblants, il faut saluer la franchise de Raffarin. Lui seul a formulé sans barguigner l’idéal démocratique de l’oligarchie européenne. Il parlait de 2012. « Au fond, dans le passé, l’élection présidentielle dépendait d’un seul facteur : l’avis des électeurs. Maintenant, l’élection présidentielle dépend de deux facteurs : l’avis des électeurs, mais aussi l’avis des prêteurs ». Le Front de Gauche a un message aux prêteurs. Ils ne feront plus la loi, ils la subiront. En attendant, si vous voulez partir en vacances tranquille, videz vos comptes en banque.


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