Retour à la retraite à 60 ans : enjeu majeur de la présidentielle 2012

jeudi 21 juillet 2011.
 

Le rétablissement de la retraite à 60 ans sera un engagement majeur pour les candidats désireux de barrer la route à Sarkozy, le démolisseur des régimes de protection sociale, hérités de la Libération ! Parmi les plus déterminés, Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche, a pris l’engagement ferme d’un retour à 60 ans. Pour le FN, Marine Le Pen considère la réforme injuste. D’autres semblent plus hésitants, notamment au PS, malgré la promesse de Martine Aubry. La droite, le centre et le Modem ne changeront rien ou presque.

Le report de l’âge de la retraite à 62 ans, décidé par Sarkozy et Fillon -l’ex-gaulliste reconverti extrême-droite sarkozyste- est une manifestation de plus de l’idéologie capitaliste ultralibérale, à laquelle les « puissants » de ce monde tentent de convertir la planète.

Par quel bout de la lorgnette Sarkozy et Fillon se sont-ils acharnés à justifier leur « réforme » ? Exclusivement par celui qui va donner tous les leviers aux banquiers et assureurs, qui piaffent d’impatience, depuis plus de 20 ans, de s’engouffrer dans le marché juteux de la retraite par capitalisation.

Dès 2003, avec la complicité de la CFDT de François Chérèque, sous prétexte de sauver le régime de retraite, le même Fillon avait amplifié un démantèlement entrepris par Balladur en 1993, puis poursuivi par Juppé en 1995.

La retraite à 60 ans au centre des enjeux de la présidentielle

Les gesticulations comptables et les projections démographiques, visant à démontrer le risque de « faillite » du régime de retraite ne sont pas crédibles. Depuis 30 ans, c’est la même ritournelle. Passer de 37,5 à 41 ans de cotisations n’a servi qu’à ponctionner davantage les salariés.

Réformer pour des raisons politiciennes, comme c’est le cas avec la réforme Sarkozy, n’aboutit à rien non plus, si ce n’est à diminuer, voire priver d’un revenu de substitution décent, ceux qui en ont le plus besoin.

Les preuves de l’inefficacité de la réforme de 2010 ont été maintes fois exposées, notamment sur Bellaciao.

En réalité, de l’avis des syndicats, pour une fois unanimes, la réforme telle que voulue par Sarkozy est injustifiée autant qu’inopportune. Elle ne règle rien sur le fond.

De fait, elle n’est qu’un énième défi de l’agité de l’Elysée aux Français récalcitrants qu’il veut briser, coûte que coûte, en obérant leurs revenus de fin d’activité. « Je serai un président comme Louis de Funès dans le Grand Restaurant : servile avec les puissants, ignoble avec les faibles. J’adore ! », Sarkozy, février 2007.

Le président des riches a gagné une bataille…

Le président des riches a certes gagné une bataille en 2010, mais pas encore l’élection présidentielle de 2012, dont l’un des thèmes majeurs de la campagne sera le retour de la retraite à 60 ans.

Malgré une puissante opposition, la loi réformant les retraites, telle qu’elle a été conçue par Sarkozy, Fillon et Woerth, a finalement été votée le 9 novembre 2010 par l’UMP et ses alliés NC. Celle-ci répond uniquement à la volonté plus large de dépecer les régimes de protection sociale, hérités de la Libération.

Lesquels régimes français ont l’énorme inconvénient, aux yeux de l’ump sarkozyste ultralibérale et des dirigeants des autres pays ultra-capitalistes toujours cités en référence (Allemagne, Italie, Grande Bretagne, etc.), non seulement d’avoir amélioré la condition de vie de millions de personnes, depuis 65 ans, mais également, d’être gérés largement aussi bien que les systèmes privés.

Plusieurs millions de futurs retraités pénalisés par la réforme

Un très mauvais exemple, donc, que ce système français par répartition, qu’il faut impérativement éradiquer, car privant, de surcroît, les riches sociétés capitalistes d’un marché énorme, source de profits considérables : l’assurance vieillesse (et l’assurance santé).

Heureusement, le « sauveur » Sarkozy est arrivé, il s’est chargé, avec une délectation à peine contenue, de la sale besogne.

Le cours de cette réforme stupide peut toutefois être inversé en 2012, si la question du rétablissement de l’âge de la retraite à 60 ans -65 ans à taux plein - occupe une place prioritaire dans les programmes des candidats démocrates et républicains, opposés à Sarkozy !

Plusieurs millions de Français sont immédiatement concernés : ceux nés à partir de 1951, qui subissent de plein fouet les conséquences de cette loi inique. La plupart de ceux-là attendent 2012 avec impatience, carte d’électeur en main, pour retrouver un droit octroyé par François Mitterrand, en 1982.

Le juteux cadeau de l’assurance retraite à ses amis capitalistes

Le sarkozysme, c’est aller contre l’amélioration des conditions de vie des êtres humains, pour permettre à une minorité d’en profiter. Une « idéologie » à contre-courant des luttes menées par des générations d’hommes et de femmes pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

Les motivations de Sarkozy sont aux antipodes des préoccupations légitimes des gestionnaires du système de retraite français, dont le rôle est de trouver les solutions aux questions relatives, entre autres, à la pérennité de son financement. Ce que permet une meilleure utilisation des fruits de la richesse produite en France, dont le PIB de 1930 milliards d’euros (2009) est le 5ème du monde.

La majorité des salariés n’ont, en tout cas, pas à pâtir d’une diminution de leurs droits à la retraite, dont la motivation est uniquement inspirée par une idéologie ultralibérale tueuse d’hommes et un comportement népotique du président français. Ce qui importe à Sarkozy, c’est de transférer le juteux marché des retraites à ses copains, parmi lesquels on trouve, comme par hasard, son propre frère Guillaume Sarkozy, patron de Malakoff Médéric, l’un des principaux groupes français privés de prévoyance mutuelle et retraite complémentaire.

Détruire un des emblèmes de la justice sociale à la française

Durant son mandat, Sarkozy s’est fixé comme tâche impérative d’en finir avec le système de protection sociale à la française. Il s’y emploie avec zèle, au profit d’intérêts privés. La France de 1789 a été un phare pour l’humanité dans l’affirmation des droits du citoyen dans une démocratie. Depuis 1945, sa protection sociale (qui peut et doit encore être amélioré) est un, sinon le modèle à suivre pour la plupart des pays de la planète.

Obama s’en est inspiré, au pays de la « liberté », pour faire bénéficier d’une couverture maladie à 40 millions d’Américains, qui en étaient jusque-là privés.

Au même titre que l’assurance maladie, l’assurance vieillesse se veut l’emblème de la justice sociale française, laquelle repose sur la solidarité et la générosité intergénérationnelle.

En 2012, le clivage se fera entre ceux qui défendront les avancées sociales acquises depuis deux siècles, les partisans du rétablissement du droit au départ à 60 ans, et les autres, favorables à la régression.

Ceux qui reviendront à 60 ans…

A ce jour, à gauche, Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de Gauche s’est engagé sans ambigüité, au nom du Front de gauche, à abroger la loi de Sarkozy, avec garantie d’un revenu de remplacement de 75%, s’appuyant sur une base de financement élargie.

La première secrétaire socialiste Martine Aubry, ainsi que Ségolène Royal ont bien promis de revenir sur cette réforme, cependant, Manuel Valls, le « sarkozyste » du PS, a affirmé… le contraire, et Hollande reste bien vague !

Europe Ecologie- Les Verts, par la voix de Jean-Vincent Placé, s’est également prononcée clairement pour un droit à la retraite à 60 ans et le retour à 40 années de cotisations. Engagement confirmé par Eva Joly.

A gauche de la gauche, Olivier Besancenot pour le NPA est bien décidé lui aussi à revenir sur la réforme.

Pour la droite républicaine de Nicolas Dupont-Aignan, « la fin de la retraite à 60 ans est injuste et inefficace. »

De son côté, Marine Le Pen, la présidente du Front National a affirmé être favorable à la retraite à 60 ans.

…et les autres

Quant aux autres candidats déclarés, ou annoncés, à droite et au centre, les intentions sont radicalement contraires. Pas question pour Dominique de Villepin et Jean-Louis Borloo de remettre en cause la réforme. Même son de cloche pour François Bayrou, président du Modem qui ne reviendra pas, lui aussi, sur l’âge de départ possible à 62 ans, mais maintiendra en revanche le départ à taux plein à 65 ans.

Tout au long de l’année 2010, les Français ont soutenu très majoritairement, à 70% voire davantage, les manifestations en faveur du maintien de la retraite à 60 ans. Malgré leur refus massif du projet de Sarkozy, ces millions de Français se sont sentis floués, méprisés et trompés par le vote de la loi relevant l’âge de la retraite à 62 ans et 67 ans à taux plein.

Ces Français-là se souviendront-ils, dans l’isoloir, d’avoir été pris pour des idiots ? Il y a de bonnes raisons de le penser !

Verdi


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