Non au maintien de la participation de la France dans la guerre en Libye !

vendredi 22 juillet 2011.
 

Le Parlement a décidé, le 12 juillet, de confirmer l’engagement de la France dans la guerre Otanienne en Libye.

Cette guerre défigure la résolution de l’Onu que le PG avait soutenue à la condition du respect de son application stricte.

Ses parlementaires, avec ceux du Parti communiste, ont voté contre le maintien de notre pays dans le dispositif guerrier en Libye.

Le PG demande un cessez-le-feu immédiat, la mise en place d’une solution politique basée sur le respect du droit international et les propositions de l’Union africaine.

MERCREDI, 13 JUILLET 2011

2) Rony Brauman (président de Médecins sans frontières) : « La guerre n’a pas empêché le massacre »

Après quatre mois d’intervention militaire en Libye, la France s’enlise dans le conflit. Pour Rony Brauman, professeur associé à Sciences-Po, ancien président de Médecins sans frontières, il faut parvenir à négocier.

Quels sont les enjeux de ce débat à l’Assemblée nationale  ?

Rony Brauman. L’enjeu principal est de savoir 
où arrêter l’intervention. La première possibilité est d’aller jusqu’à Tripoli, 
jusqu’à la chute de Kadhafi, et d’amorcer son remplacement par la rébellion 
sous bouclier de l’Otan. L’alternative 
est d’inciter les pays de l’Otan à pousser leurs alliés à négocier, avec leur sécurité garantie par l’intervention. 
Ce serait un compromis à la poussée militaire qui vise un changement 
de régime, dont on nous dit qu’il est le but de la guerre.

Vous étiez contre cette intervention
 dès le début. Y avait-il une alternative
 à la guerre  ?

Rony Brauman. L’alternative 
à la gesticulation, c’était l’ensemble 
des mesures comme le gel des avoirs, 
les pressions diplomatiques, 
l’influence des interventions non militaires auprès des alliés de la Libye. 
Mais il ne s’agit pas de croire qu’il y avait une bonne solution et une mauvaise, 
une permettant de sauver des civils 
et l’autre autorisant des massacres. 
On parle actuellement, et ce sont les chiffres de l’Otan, de 10 000 
à 12 000 morts. Comment appeler cela  ? 
La guerre n’a pas empêché le massacre. 
La morale ne peut être revendiquée 
ni par les interventionnistes ni par ceux qui s’y opposent.

Mais il y avait la situation d’urgence de Benghazi et ses populations civiles menacées…

Rony Brauman. Patrick Haimzadeh, 
un arabisant ancien diplomate en Libye, dit des choses intéressantes à ce sujet  : on ne peut pas savoir ce qui se serait passé, mais l’imminence du péril n’est pas démontrée. Cela rappelle la guerre du Golfe et les canons qui pouvaient être montés en 45 minutes. Je suis sceptique par rapport à ce danger de massacre de Benghazi, mais je reconnais que ce scepticisme n’est pas non plus démontrable.

La partition de la Libye est-elle crédible  ?

Rony Brauman. Ce ne serait pas une bonne chose, mais c’est très probable. Il ne semble pas que la rébellion en provenance de Cyrénaïque se soit propagée à d’autres endroits. Mais les exemples historiques nous montrent qu’une partition sur 
le long terme n’est pas une solution.

Y aurait-il une nécessité d’action occidentale après la chute de Kadhafi  ?

Rony Brauman. Même les dirigeants militaires ne le savent pas. À ce jour, personne ne sait à quoi ressemblera 
un après-Kadhafi. Le Conseil national de transition travaille à une force politique, mais elle sera probablement composée aussi de transfuges kadhafistes pour assurer une continuité. On attend la mise en place d’un gouvernement rebelle pour 
y voir plus clair, mais c’est très difficile. 
Je ne peux que laisser des points 
de suspension.

Entretien réalisé par Julien Sartre

1) Les risques d’une guerre sans fin

Au titre de l’article 35 de la Constitution, le Parlement débat cet après-midi d’un conflit auquel est désormais opposée une majorité de Français, consciente du mensonge originel qui a conduit notre pays à s’engager auprès de l’Otan.

Pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre, le 19 mars dernier, un débat parlementaire se déroulera dans un contexte d’opposition majoritaire de l’opinion publique. Ce n’est évidemment pas anodin, même si l’on peut compter sur l’Élysée et le gouvernement pour minimiser cette donnée politique. Soulignons au passage que le simple fait de devoir appliquer l’alinéa 3 de l’article 35 de la Constitution française (« lorsque la durée de l’intervention excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement ») indique déjà l’enlisement de l’aventure militaire.

Ce devait être une intervention rapide

À 15 heures, le gouvernement livrera une déclaration « sur l’intervention des forces armées en Libye pour la mise en œuvre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité ». Un débat et un vote suivront. Ceux qui s’opposent à la guerre – dont les députés du Front de gauche, depuis le début – pourront donc s’appuyer sur l’évolution notable de l’opinion sur ce sujet. 51% des Français y sont désormais opposés, comme l’a montré un sondage réalisé par l’Ifop pour l’Humanité, publié dans notre édition du 1er juillet.

Les raisons de ce basculement sont multiples mais, globalement, elles renvoient à la prise de conscience du mensonge originel. Ce devait être une intervention rapide et efficace avec pour mission première de protéger les populations civiles alors que les troupes de Kadhafi pilonnaient Benghazi. Or « la guerre n’a pas empêché le massacre », comme le constate l’ancien président de Médecins sans frontières Rony Brauman qui rappelle les propres chiffres de l’Otan  : de 10 000 à 12 000 morts. De quoi s’agit-il désormais  ? De renverser Kadhafi  ? De mener à bien la partition du pays  ? Les buts de guerre semblent, aux yeux des Français, aussi opaques qu’en fait inavouables.

Mais la nouveauté de ces dernières semaines réside dans le fait que l’enlisement produit tensions, incertitudes et contradictions. On a encore en mémoire la passe d’armes entre Nicolas Sarkozy et
Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense, qui, peu avant de céder son poste, reprochait aux Européens la faiblesse de leur contribution financière à l’effort de guerre. Barack Obama, lui-même, se trouve dans une situation politique fragile entre des républicains qui lui reprochent cette intervention sans vote du Congrès, une mouvance progressiste opposée depuis le départ à l’option guerrière et une opinion publique angoissée par l’absence de reprise économique. Cet épisode de tensions franco-américaines montre à quel point l’unanimité de mars a explosé.

Paris tente désormais de sortir d’un piège que le pouvoir sarkozyste s’est tendu tout seul. C’est certainement à cette aune qu’il faut lire les déclarations dominicales du ministre de la Défense, Gérard Longuet. « On s’arrête de bombarder dès que les Libyens parlent entre eux et que les militaires de tous bords rentrent dans leur caserne, et ils peuvent parler entre eux puisqu’on apporte la démonstration qu’il n’y pas de solution de force », a-t-il dit.

Les négociations ménées avec la france ?

Le but désormais serait la reprise du dialogue  ! Question d’un journaliste  : « Même si Kadhafi n’est pas parti  ? » Réponse du ministre  : « Il sera dans une autre pièce de son palais avec un autre titre. » Gérard Longuet semble bien certain de son fait. Cela donnerait-il corps à l’affirmation de Seif Al Islam Kadhafi, deuxième fils du dictateur libyen, selon laquelle « les véritables négociations » se mèneraient « avec la France et non avec les rebelles »  ? Encore un point que l’exécutif se doit d’éclaircir cet après-midi face à la représentation nationale.

Finalité de guerre ambigue

Le général Desportes, ancien directeur de l’École de guerre, sanctionné par le ministre de la Défense pour avoir publiquement critiqué la façon dont a été conduite la guerre en Afghanistan, estime qu’il est « temps de trouver un compromis avec les autorités libyennes ». Affirmant que « le pari risqué de gagner très rapidement, sans avoir à engager de troupes au sol n’a pas fonctionné », il poursuit  : « Notre stratégie initiale en Libye a été imparfaite sur la finalité de l’intervention, et pour le moins ambiguë  ; sur la capacité politique et militaire de la rébellion, que nous avons surestimée  ; sur la force et la résilience des pro-Kadhafi, que nous avons surestimées  ; sur cette insurrection générale que nous espérions et qui ne s’est jamais produite ».

Christophe Deroubaix, L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message