Et maintenant : la démarche des collectifs est-elle caduque ?

jeudi 21 décembre 2006.
 

... On peut à l’instar de Jean-Luc Mélenchon considérer que trois scénarios ont cohabité :

« mettre en forme le parti des collectifs comme si ceux-ci étaient une réalité totalement autonome »,

« préfigurer une force communiste élargie »,

« formuler une "offre politique nouvelle" comme l’est le Linkspartei en Allemagne, le parti socialiste hollandais et ainsi de suite dans toute l’Amérique latine, tirant le bilan du double échec du communisme d’état et de la social-démocratie »

De la même façon que Jean-Luc considère que la construction d’un nouveau parti communiste est la charge de ceux qui ont ce projet, on peut dire que l’objectif d’un projet de type Linkspartei était à discuter de gré à gré entre PCF et PRS et que les collectifs n’ont pas été créés pour cela.

Mais les blocages viennent-ils fondamentalement de là ? L’expérience du travail en commun, non pas au-delà des différences d’appréciation mais parce que la confrontation saine et constructive permet de mieux répondre aux attentes populaires en matière de résistance et de construction d’une alternative est-elle suffisante ? Elle a atteint le niveau nécessaire pour valider l’idée que la jonction des « mouvements sociaux » et des organisations politiques est possible. Nécessaire ne signifie pas suffisant. Et le stade atteint n’est pas suffisant pour rendre irréversible les changements de comportements et de mode de pensée.

Pour ne prendre que l’exemple des communistes - mais ils sont à l’image des autres forces -, le nombre de militants communistes effectivement engagés dans des collectifs de citoyens est nettement insuffisant. Et ceux qui se sont sentis investis de la mission d’affirmer que Marie-George est la meilleure candidate n’ont rien appris de leur court passage dans les collectifs.

La question la plus grave posée à toutes les forces organisées engagées dans l’Alternative unitaire n’est-elle pas de passer de pratiques délégataires et groupusculaires à une réelle pratique démocratique de masse ? J’entends dire qu’un de ces collectifs de citoyens est capable de faire signer une pétition par un électeur sur deux dans un village pour le maintien des services publics existants dans la localité. Cette expérience qui s’est appuyée sur la diversité des origines des citoyens engagés, est encore trop rare. Trop souvent, les débats des collectifs ressemblent à une confrontation des compétences rhétoriques des militants d’organisations différentes.

Nous n’en sommes donc pas à l’étape où il faut engranger l’expérience des collectifs pour créer une nouvelle force politique. Le moment reste celui de l’élargissement du nombre de collectifs et du nombre de citoyens engagés dans les collectifs pour que ce vécu soit suffisamment partagé pour devenir lisible.

Quelle suite ?

Il serait présomptueux de vouloir « faire des prévisions, surtout en matière d’avenir ». Nombreux sont les observateurs engagés qui soulignent « le succès des rassemblements unitaires : les grands meetings, les salles bourrées de monde et d’enthousiasme ; les débats passionnés des collectifs, in vivo et sur le Net ; les acquis programmatiques de cette période militante très riche. Tout cela est engrangé et ne sera pas perdu ­ même si c’est râpé pour la présidentielle (le rendez-vous le plus difficile par nature), suivent des législatives, des municipales... » (Bloc-note de Bernard Langlois sur http://www.politis.fr/article1926.html)

Pour citer encore Politis, Denis Sieffert formule très justement dans l’éditorial de cette semaine : « C’est une occasion ratée. Mais les collectifs ont tout de même un formidable acquis. Ils ont converti une tradition protestataire en propositions et en programme. Ils ont réussi le plus difficile et échoué sur le dérisoire. Il faut espérer que ce qui s’est construit ces derniers mois ne sera pas perdu, et reversé au profit du mouvement social, notamment. Mais pas seulement. L’enjeu est si impératif, et l’offre politique actuelle si peu conforme aux demandes de l’opinion, qu’il est interdit de désespérer »

* * *

Seuls l’expérience et le vécu l’emporteront sur les conceptions anciennes. Ce que nous avons vécu ces dernières années - au-delà de l’échec sur la candidature - doit nous conduire à redoubler d’efforts pour faire converger les luttes, faire vivre et grandir les collectifs anti-libéraux et les rendre réellement populaires.

GIB


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