Grèce, le peuple contre les marchés financiers (par Gauche Unitaire)

lundi 27 juin 2011.
 

« Ce n’est pas aux peuples de payer la crise ! » Ce slogan a parcouru toutes les manifestations en Europe depuis trois ans, que ce soit en Allemagne, en France, en Roumanie, en Espagne… Et c’est bien ce qui se joue aujourd’hui en Grèce où la crise économique se conjugue à une explosion sociale et à une crise politique. Depuis mai 2010, l’Etat Grec doit mettre en œuvre une politique de super austérité, imposée de façon anti démocratique pour bénéficier de « l’aide » de l’UE, du Fmi et de la BCE (110 milliards d’euros versés par tranche qui servent surtout à garantir les investissements des établissements financiers européens). Ce plan « d’aide » prévoit 50 milliards d’euros de privatisation qui impactent plus de 30 entreprises publiques : OTE (numéro un des Telecoms), Trainose (la compagnie nationale des chemins de fer), les ports du Pirée (Athènes) et de Salonique, le groupe gazier DEPA, les licences de téléphonie mobile, les société des eaux d’Athènes et de Salonique, l’aéroport international d’Athènes, la société d’autoroutes Egnatia Odos,la Poste hellénique, les ports régionaux, DEI Électricité de Grèce, les aéroports régionaux, les participations de l’État dans les banques grecques, la Banque postale, la Banque agricole ATE, la Caisse des dépôts et consignations.

La mise en œuvre des coupes sociales dans le budget, des baisses de salaires, malgré les protestations populaires, n’a en aucune façon résolue les problèmes mais a enfoncé un peu plus l’économie grecque dans la récession. Le gouvernement « socialiste » de Papandréou, qui vient d’être remanié, peine à appliquer les diktats imposés par la Banque Centrale Européenne, le FMI et l’Union Européenne. La mobilisation populaire monte en puissance avec la conjonction, mercredi 15 juin, des manifestations syndicales et du mouvement citoyen des « Indignés » grecs qui ont occupé la place Syntagma. La crise politique provoque des premières fractures au sein du PASOK (avec de premières démissions de députés). De nouvelles élections législatives sont susceptibles d’être organisées. La situation peut devenir ingouvernable.

Le blocage actuel suscite un débat au sein des dirigeants de l’Union Européenne. Angela Merkel, qui veut essayer de limiter sinon d’empêcher le paiement de nouvelles aides à la Grèce de la part de l’UE défendait un rééchelonnement d’une partie de la dette de l’Etat grecque, avec une mise à contribution des créanciers privés (dont le remboursement des prêts pourrait être retardés). Nicolas Sarkozy, en adepte des situations de crise, appelle « au sens des responsabilités » et essaie d’aboutir à un nouveau plan d’aide. Il est vrai que l’économie française serait fortement impacté par un rééchelonnement de la dette grecque (déjà les banques BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale ont vu leur cours chuter suite à la menace d’une dégradation de leur note par l’agence Moody’s en raison de leur exposition à la dette grecque). C’est également le cas de la BCE qui préfèrerait éviter un rééchelonnement de la dette grecque qui pourrait toucher les 17 banques centrales européennes de la zone euro qui ont prêtés plus de 130 milliards à la Grèce. Vendredi 17 juin, un compromis semblait être trouvée pour prévoir une participation « volontaire » des créanciers privés… D’autres initiatives pourraient être prises dans les prochains jours.

Mais ce « débat » sur les modalités de « gestion » de la crise grecque et de « répartition des coûts » entre capitalises européens ne doit pas masquer l’accord profond pour faire en sorte que les crises des dettes souveraines, que ce soit en Grèce, au Portugal, en Espagne soient un point d’appuis pour généraliser progressivement dans toute l’Europe les politiques de super austérité. C’est ce que codifie le Pacte Euro Plus imposés par Sarkozy et Merkel et qui vise à mettre en œuvre une régression sociale sans précédent à l’échelle européenne et briser les résistances sociales, derrière le prétexte de combattre les déficits des finances publics.

Une des questions clef dans les prochains mois sur l’issue de la crise en Europe réside plus que jamais dans la capacité d’intervention des peuples. Dans la crise en cours, ce sont des forces sociales qui s’affrontent. L’espoir réside dans le développement d’une mobilisation sociale du peuple grecque pour mettre en échec la politique d’austérité. Cela suppose pour les forces de la gauche de transformation sociale en Grèce, comme dans toute l’Europe, d’être capable de porter des alternatives à la hauteur des défis qui sont devant nous. Une politique de gauche qui donnerait la priorité aux classes populaires sur les marchés financiers imposerait un moratoire sur le paiement de la dette et un audit citoyen pour évaluer la légitimité des dettes qui pèsent sur les finances publiques d’un État. Cela passerait également par une autre politique de la BCE qui pourrait prêter aux Etats à faible coût, voire à taux zéro, pour financer des projets correspondant aux besoins sociaux et environnementaux et par la mise en place d’un fonds Social Européen comme le propose le Parti de la gauche Européenne et le Front de Gauche. Car l’enjeu n’est pas seulement la stabilité financière des Etats, mais de réévaluer les priorités dans les dépenses (par exemple le scandale des contrats militaires aux constructeurs français et européens pèse dans le budget grec), et d’imposer une autre répartition des richesses qui permette à chacun de vivre dignement.

Grèce 15 juin Troisième grève générale en 2011 Mobilisation et détermination en hausse...


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