« Changeons l’état d’esprit du football français  ! »

dimanche 19 juin 2011.
 

Président de l’Association française de football amateur, Éric Thomas est le candidat inattendu à la présidence de la Fédération française de football. Face à Duchaussoy et Le Graët, il remet au centre des préoccupations le monde amateur.

Candidat le moins médiatisé dans la campagne à l’élection présidentielle de la Fédération française de football (FFF), qui aura lieu le 18 juin, Éric Thomas, quarante-trois ans, fondateur du site Internet Footdenbas.com et président de l’Association française de football amateur (Affa), se définit comme « le seul candidat à représenter le monde amateur ». Face aux deux « poids lourds » que sont le président sortant, Fernand Duchaussoy, et le vice-président, Noël Le Graët, et à la disproportion des moyens, le vice-président du club de Mont-Louis-sur-Loire (300 licenciés), qui présente son programme mardi, essaie de faire entendre sa voix.

Le 22 mai vous avez écrit à la FFF pour réclamer, notamment, les coordonnées des 400 grands électeurs que possèdent Fernand Duchaussoy et Noël Le Graët, et une aide financière de 10 000 euros pour chaque liste, avez-vous reçu une réponse  ?

Éric Thomas. J’ai reçu, il y a quelques jours, une réponse partielle du directeur général de la FFF avec seulement les coordonnées des présidents de ligue et de district, soit 123contacts. Mais il me manque ceux des autres représentants du monde amateur et des clubs pros. M.Duchaussoy a, lui, de son côté, la possibilité d’utiliser les fichiers de la fédération pour écrire aux grands électeurs et il se sert donc des moyens de la FFF à son propre bénéfice. Avec mon avocat, on étudie toujours la possibilité de saisir la justice. La démocratie doit permettre des conditions égales entre les listes, or il y a une disproportion flagrante. Ces injustices démontrent le mépris pour notre liste et pour le football amateur.

Justement, le football amateur doit faire face à une crise 
des vocations…

Éric Thomas. L’an dernier, la FFF a perdu 8% de licenciés mais aussi 15% de dirigeants. Ça veut dire que, dans les prochaines années, des centaines de clubs vont arrêter car il n’y a plus de bénévoles. Tous ceux qui témoignent sur notre site se disent écœurés. Ils ne sentent aucune reconnaissance de leur travail, les clubs sont asphyxiés financièrement… C’est pour cela que je propose la création d’un vrai statut du bénévole.

La FFF reverse tout de même 40 millions d’euros par an 
au football amateur…

Éric Thomas. Par quelles actions  ? Il y a une vraie opacité. En tout cas, on n’a pas d’aide au financement de la part de nos ligues et de nos districts, ou de la FFF. Il n’y a jamais eu autant d’argent tout en haut, avec le partenariat avec Nike (42,6 millions d’euros annuels), et aussi peu en bas.

Quel est votre programme  ?

Éric Thomas. Je le présente officiellement mardi. Il comporte trente propositions articulées autour de cinq grands objectifs  : apporter un nouveau souffle au monde amateur, redonner du sens au football, redistribuer les moyens et imaginer de nouvelles solidarités, engager un ambitieux projet sportif, éducatif, social et citoyen, affirmer une nouvelle gouvernance.

Parmi ces trente propositions, une concerne la redistribution des primes des Bleus…

Éric Thomas. En concertation avec les internationaux, qui ont tous débuté dans un club amateur, je propose qu’ils reversent chaque année leurs primes de matchs à la FFF qui les reverserait intégralement à l’Institut du football français. Ces primes –100 000 à 150 000 euros par joueur par an– représentent environ 4millions d’euros annuels et permettraient de financer 8 000 journées de formation en direction du football féminin, des arbitres, des dirigeants… Cela permettrait de changer l’état d’esprit du foot français.

Entretien réalisé par Nicolas Guillermin, L’Humanité


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