Billet d’humeur : la fête à Pascal (Sevran)

mercredi 20 décembre 2006.
 

Les événements se téléscopent, on dirait. Sevran doit être content : plus de 100 Africains viennent de se noyer au large des côtes mauritaniennes. La croisière ne s’amuse plus depuis bien longtemps sous ces tropiques.

Morts pour avoir cru au rêve européen, au paradis de chaque soir dans leur télé : consommation, boulot, vie facile, salaires mirobolants...

Faut-il donc en baver dans son pays pour accepter de mourir comme ça, pour atteindre, qui sait, une autre inaccessible étoile...

Faut-il donc être au bout du bout pour s’en aller sur une barquasse de fortune au risque de ne jamais accoster nulle part... Et nous, ici, à les regarder sans rien faire, sans rien dire... Souventes fois, les villages se cotisent pour payer le passeur.

Un gars arrivé en Europe, une famille sauvée, ou presque, une école en route, du matériel acheté pour les champs, ce que nous faisons sans même y penser, tellement c’est devenu banal, simplement de vivre par chez nous...

J’ y pense, quelquefois, quand je les croise, le soir dans le métro, ou ailleurs. Le déclic a été un voyage là-bas, en Côte-d’Ivoire. C’est là que j’ai vraiment compris ce qu’il fallait de détresse accumulée pour quitter ces couleurs, cette chaleur, ces parfums pour notre grisaille banlieusarde.

Et ensuite, quand le voyage vire au cauchemar, comment rentrer au pays sans être définitivement blâmé, et où trouver l’argent pour rembourser ceux qui avaient payé le billet...

Alors, quand Sevran nous débite ses 300000 conneries au kilomètre, soyons nombreux à le mépriser. Ne lui trouvons pas d’excuses, nous qui sommes des humains. Ne faisons pas comme Jack Lang, qui n’avait déjà rien entendu le jour où Frêche...

Et puis aussi, relisons "Partir" le dernier Tahar Ben Jelloun, indispensable par les temps qui courent. Tout y est dit, l’essentiel du départ, la mort stupide (y aurait-il des morts pas stupides...) au bout du quai, au fond du bouge, la vente des corps au plus offrant, et que rien n’a changé, décidément, depuis Pépé le Moko.

On ne va pas le conseiller à Sevran. A part la malsaine mélasse qu’il bave à chaque saison, sur le déballage de ses amours heureuses, malheureuses ou vénales, il n’a pas dû lire grand’chose, le pauvre. Ne lui faisons pas l’aumône d’une vraie lecture, il ne le vaut pas... Ca a l’air d’être du râbachage, ce truc. En fait, non. Vous, je ne sais pas comment vous l’avez reçu cet article, mais moi, il m’a fichu un de ces cafards. Je ne peux pas me le sortir de la tête.

Comme Frêche... Parce que, aussi, dans le même temps, on oublie de rappeler que le PS songe à se séparer de René Revol, pour cause d’apologie des collectifs antilibéraux, mais que le seigneur de Languedoc-Roussillon, lui, il est encore parmi nous, sans sanction réelle.

La candidate n’a même pas demandé à ce qu’il lui retire son soutien... Quelle tristesse ! Quel outrage à la générosité, à l’humanité... Frêche... Il faudrait donc l’appeler camarade ? Vous pourriez, vous ?

brigitte prs57


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