Au PCF, Chassaigne se maintient face à Mélenchon (par Michel Soudais, Politis)

jeudi 16 juin 2011.
 

La désignation de Jean-Luc Mélenchon comme candidat du Front de gauche n’est pas acquise. Cela, je l’avais déjà dit ; le temps politique n’est pas le temps médiatique. La Conférence nationale du PCF réuni ce week-end à Montreuil devrait certes adopter demain une résolution de quatre pages qui « propose aux communistes de soutenir la candidature » du coprésident du Parti de gauche à l’élection présidentielle, selon la formulation retenue dans le projet de résolution distribué aux délégués cet après-midi. Mais rien n’est joué pour autant.

Il reste encore à passer l’étape du vote des militants les 16, 17 et 18 juin. Et ce scrutin que l’on annonçait comme une simple ratification du choix de la conférence nationale s’annonce plus imprévisible. Sous la pression des conférences de section et d’un bon nombre de délégués qui sont venus dire à Montreuil que les communistes se sentaient « piégés », avaient le sentiment d’être « dépossédés de leur souveraineté » et que les jeux étaient faits d’avance, le projet de résolution indique que le bulletin de vote fera bien évidemment état de cette proposition de soutien à Jean-Luc Mélenchon mais il « comportera également les autres candidatures déclarées et leurs motivations, sauf si elles ne souhaitent pas être soumises au vote des communistes à l’issue des travaux de la conférence nationale ».

Vers quatre candidats ?

Dans cette hypothèse les adhérents du PCF auront à choisir entre quatre candidats. Outre le candidat « officiel », deux candidats communistes radicalement hostiles au Front de gauche devraient se maintenir puisque jusqu’ici ils ont constamment demandé à bénéficier de cette possibilité autorisée par les statuts du PCF :

- André Gérin, député de Venissieux (Rhône) qui refuse de voir le PCF se dissoudre,

- et Emmanuel Dang Tran, responsable de la section du 15e arrondissement de Paris, qui veut « renforcer le parti communiste » en revenant sur toutes les évolutions de ce parti depuis 30 ans.

La surprise est venue d’André Chassaigne. Contrairement à ce qu’il avait toujours dit jusque- là, le député du Puy-de-Dôme a annoncé sa volonté de se maintenir, lors d’une rencontre informelle avec la presse, en milieu d’après-midi. Même si la Conférence nationale vote très majoritairement en faveur de Jean-Luc Mélenchon, comme le croit Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, qui n’a pas encore parlé lors de cette conférence nationale. « Dans la mesure où la résolution maintient les candidatures, je ne ferai pas l’acte d’enlever ma candidature », a déclaré jésuitiquement André Chassaigne en admettant avoir « changé d’avis » (une demi-heure auparavant seulement).

Selon lui, son maintien permettrait un meilleur engagement futur des militants dans la campagne du Front de gauche. Mais qu’adviendra-t-il du Front de gauche auquel il dit tenir si demain ou dans les jours qui précèdent le scrutin interne, André Gérin , par tactique politique, décidait de se retirer et d’appeler à voter pour ce candidat communiste à l’apparence si placide ?

La possibilité d’un jeu de massacre qui ruinerait la fragile construction du Front de gauche n’est pas à exclure.


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