Quelle forme de gouvernement ? Quelle forme républicaine de gouvernement ? (par Bernard Teper, Respublica)

mercredi 1er août 2012.
 

Cette question est d’importance. Tout autant que la ligne politique et que la ligne stratégique. Elle est d’importance pour toutes les institutions qu’elles soient supranationales, nationales, locales. Mais elle se pose aussi pour toutes les organisations politiques, syndicales, associatives ou professionnelles. Ne pas se poser la question du fonctionnement d’une institution ou d’une organisation et de sa capacité à résoudre les contradictions qui y surgissent, c’est entrer dans une impasse ou vouloir tout expliquer par des problèmes de personnes ce qui revient au même.

Combien de fois entend-on l’ineptie suivante dans une organisation : « Alors que nous sommes d’accord sur tout, nous sommes empoisonnés par des problèmes de personnes » ? Combien de fois entend-on dans les affaires d’une institution l’ineptie suivante : « Il suffit de voter pour un tel ou une telle pour résoudre tel ou tel problème ».

« Quand le sage montre la lune, l’ignorant regarde le doigt » dit un adage chinois. Tout expliquer par des problèmes de personnes que ce soit dans les institutions ou dans les organisations ne revient qu’à regarder le doigt. Et il y a toujours des obscurantistes qui poussent le plus grand nombre à ne regarder que le doigt ! Et l’expérience montre que l’obscurantisme, cela n’existe pas seulement chez les autres mais au sein de toutes les institutions et organisations sans exception aucune.

Voilà pourquoi en même temps que le débat sur le programme et sur la ligne stratégique doit se concrétiser dans toutes les institutions une réflexion sur les formes de gouvernement en leur préférant les formes républicaines de gouvernement.

Prenons par exemple, la forme totalitaire de gouvernement du communisme soviétique. C’est la structure la plus réduite (le secrétariat) qui a pris tous les pouvoirs de décisions et d’application des décisions. Puis cela s’impose au reste de l’organisation puis à la société toute entière même si les statuts de l’organisation préconisaient une forme différente. Et même l’ordre du jour des instances les plus larges est défini par la structure la plus réduite (le secrétariat). Une fois présentée comme cela aujourd’hui, immédiatement tout le monde devient hostile à cette forme de gouvernement. Aussi est-il étonnant que cette forme de gouvernement soit en fait systématiquement défendu par de nombreux dirigeants dans la plupart des organisations et institutions existantes au nom de la « collégialité » de la structure la plus réduite (le secrétariat) ou de « l’ efficacité », voire de « l’efficience » pour aller vite.

C’est pour cela que dans les formes républicaines de gouvernement, on refuse que la structure la plus réduite prenne les décisions principielles et principales. Dans ces formes républicaines, la structure la plus réduite est celle qui rassemble ceux et celles qui ont la responsabilité de l’exécution des décisions qui sont prises dans les instances les plus larges. Et que les structures les plus larges sont maître de leur ordre du jour tant dans les institutions que dans les organisations. Dans les formes républicaines de gouvernement, la structure la plus réduite est la première dans la hiérarchie de la responsabilité de l’exécution des tâches mais la dernière dans la hiérarchie des pouvoirs de décision.

Dans une république parlementaire, c’est le peuple qui décide pour les choses principielles, la structure législative pour les décisions principales et la structure exécutive est chargée de l’application des décisions soit du peuple soit de la structure législative (séparation des pouvoirs). Dans une structure présidentielle, il y a un face –à –face entre l’exécutif et le législatif, chacun avec des pouvoirs importants. La 5ème république française est de ce point de vue un régime hybride entre le régime présidentiel et la forme totalitaire car la structure législative est la moins pourvue de pouvoirs et le peuple se voit déposséder du pouvoir1.

Quant aux organisations, elles se sont souvent prémunies dans leurs statuts contre la dérive de la forme totalitaire donnant tous les pouvoirs à la structure la plus réduite (le secrétariat) en précisant les pouvoirs importants des 3 structures de prise des décisions principielles et principales : l’AGE, l’AGO et le Conseil d’administration. Mais systématiquement, la tendance des « élites » tente de transférer le pouvoir de décision vers la structure la plus réduite(le secrétariat). Ainsi va la vie des Etats et … des organisations.

C’est pour cela que nous devons être vigilants dans les institutions mais aussi dans les organisations.

1. le dernier exemple a été le vote Non au Traité constitutionnel


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