Une journée à Nice, sa conjonction de riches caricaturaux, de notables de droite haineux et de misère assommée

samedi 28 mai 2011.
 

A Nice, les camarades s’étaient mis en quatre pour tenir tout le programme en quelques heures. Magnifique organisation. Tout le monde suit la consigne : tout est une répétition générale. Il faut faire « comme si », « comme quand ». Si je dois être le candidat commun du Front de Gauche, tout reposera de toute façon sur l’engagement militant sur le terrain. De l’argent il n’y en a pas ou peu. L’UMP va mettre cinquante millions dans la bagarre, les socialistes juste un peu moins. Nous ? A peine trois millions, si on arrive à les emprunter. Rien ne sert de gémir. On fonce. On fait le travail en mettant bout à bout tous nos savoir faire. Car si tout est porté par des bénévoles, cela ne veut pas dire que ce soit des amateurs. Au contraire. Les qualifications professionnelles des amis sont de toutes origines et de tous niveaux. Ce qui va couter des millions aux grosses panses nous sera donné gratuitement par les amis. Les sondages aussi. Car nous avons acquis à cet effet une grenouille aussi performante en prédiction que le poulpe qui a officié pour la coupe du monde de foot !

J’ai commencé mon séjour par une super interview grand format pour Nice Matin, Var Matin et Corse Matin au siège de Nice. L’état major de la rédaction est là. De part et d’autres on se tenait assis sur la pointe des fesses. Eux, à quoi s’attendaient-ils ? Cette phrase en ouverture de la page en dit long : « appliqué, posé et respectueux pendant près d’une heure et demie d’entretien le député européen qui confond parfois plateaux de télé et studios de radio avec des rings de boxe se révèle doux comme un agneau ». Ce ton assez condescendant ne parvient pas à gâter à mes yeux le reste du travail. Car, de cette heure et demie, ce qui a été tiré est scrupuleusement fait, et bien fait. La vérité est que c’est très informatif. Si bien que, pour rester dans le ton, je dirais que pour ma part, en fait de gros fachos je suis tombé sur des gens courtois et intéressés par ce qui se disait et qui de surcroit semblaient savoir de quoi ils parlaient. C’est dire que ma surprise égalait la leur.

Le soir vint le meilleur. Une salle totalement pleine. Trois cent personnes. Et cent vingt autres dehors. Un formidable bain d’énergie pour tous, à la tribune et dans la salle. Car les Alpes Maritimes sont une terre très rude pour les nôtres. Le meeting sert à cela : une démonstration de force qui donne du courage. Les interventions à la tribune avaient donné le ton des paradoxes de la situation. La façade des ports de plaisance avec leurs collections de yachts gigantesques ne doit pas tromper le monde. Dix huit pour cent de la population locale vit sous le seuil de pauvreté. Soixante pour cent pourrait prétendre à un logement social. Mais, bien sûr, les trois quart des communes ne respectent pas les obligations légales de construction de logements sociaux. En dépit du potentiel de délinquance fiscale extrêmement élevé que contient une zone aussi riche en personnages interlopes, chefs de gangs et grosses panses, le sieur Ciotti, ci-devant président du conseil général a organisé un police pour faire la chasse aux fraudeurs… du RSA. Au fond, les Alpes Maritimes, avec sa conjonction de riches caricaturaux, de notables de droite haineux et de misère assommée, est une caricature de la France sarkozyste : un archipel de snobs agressifs dans un océan d’amertume sociale


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