Chirac-Villepin Ce n’est plus le peuple souverain mais le mépris souverain

samedi 1er avril 2006.
 

“Ce n’est plus le peuple souverain, mais le mépris souverain” Pleurs et incompréhension, place de Bastille à Paris, où une petite foule s’était rassemblée pour écouter le discours du Président.

“Chirac en prison, Villepin démission”. C’est par ces mots qu’un millier de personnes réunis place de la Bastille a répondu au chef de l’Etat, fermement décidé à promulguer le CPE. Dès lors, la suite du discours présidentiel, diffusé depuis une sono posée au milieu de la place parisienne, ne sera pas écouté. Elodie, 20 ans, étudiante à Tolbiac, s’effondre en pleurs une rose à la main : “Ça fait des mois qu’on se bat, que des facs sont mobilisées, et il ne se passe rien. Personne n’écoute, je me sens blessée.” Pourtant, quelques minutes plus tôt, alors que les jeunes massés sur les escaliers de l’Opéra Bastille avaient investi la place pour écouter l’allocution du chef de l’Etat, certains se voulaient optimistes. Un manifestant : “C’est sûr, il va céder et prendre tout le monde par surprise, c’est sa seule façon de se réconcilier avec le peuple et de terminer en beauté son mandat.” A quelques mètres de là, un homme murmure à l’oreille d’une manifestante : “Moi, j’ai l’impression qu’il ne va pas bouger. Pourtant, c’est incompréhensible, c’est la paix civile qui est en jeu. Il mise sur le pourrissement, mais je ne me démobiliserai pas.” Elle : “C’est terrible de voir des jeunes aussi mobilisés et aussi peu entendus.” Lui : “C’est la négation de ce que l’on nous a toujours dit à l’école : le peuple souverain. Avec Chirac, c’est le mépris souverain.” 20h25. Alors qu’une dizaine de minutes se sont écoulées depuis la fin du discours de Chirac, une foule de plus en plus nombreuse restait fermement décidée à occuper la place. Mais c’est tout l’espace politique qu’il faudra occuper, disent des manifestants. Ainsi, Razzye Hammadi, président du Mouvement des jeunes socialistes, détaille la stratégie qu’il souhaite voir appliquée : “Amplifier la mobilisation. Nous sommes face à une crise de régime, car tout le pays est pris en otage dans une lutte au sommet de l’Etat entre deux présidentiables du même camp. La grève doit maintenant se généraliser.”

par Ludovic BLECHER LIBERATION.FR : vendredi 31 mars 2006 - 20:59


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