La « marche des cochons » initiée par l’extrême droite pour ce 14 mai a bien choisi son nom

vendredi 13 mai 2011.
 

Le préfet du Rhône a interdit la « marche des cochons » du 14 mai à laquelle appelait l’extrême-droite du « Bloc identitaire » qui voulait en faire un événement national xénophobe, islamophobe et raciste. Le Tribunal administratif de Lyon a rejeté le vendredi 6 mai le recours déposé par les identitaires.

Le collectif 69 de vigilance contre l’extrême droite déplore cependant que le Préfet, dans les attendus de son arrêté, évoque une guerre opposant l’extrême-droite à l’extrême-gauche sur Lyon. Il n’y a pas de « guerre des extrêmes » à Lyon. Il y a une recrudescence inquiétante du nombre d’agressions néofascistes depuis plus d’un an doublée d’une tentative d’implantation de la nébuleuse d’extrême droite (un local néo nazi à Gerland et un autre, identitaire, à Saint-Jean).

Le collectif 69 de vigilance contre l’extrême droite prend acte acte de cette décision administrative qui met en avant la dangerosité des groupuscules d’extrême droite qu’il dénonce depuis près de deux ans. Il se réunira lundi pour envisager les suites de la mobilisation et organisera une conférence de presse mercredi 11 mai à 17h00 à la bourse du travail de Lyon. »le collectif 69 vigilance contre l’extrême droite » rappelle par ailleurs que ses revendications ne se limitent pas seulement à l’interdiction de la « marche des cochons ». Il lutte pour la fin des agressions d’extrême droite et pour la fermeture des locaux néo-nazis à Gerland et identitaires à Saint-Jean. La mobilisation continuera quoi qu’il arrive contre l’extrême droite, ses idées nauséabondes et toutes formes de discrimination et d’exclusion.

Le collectif de vigilance contre l’extrême-droite 69 refuse la présentation simpliste qui est faite renvoyant dos à dos les agressions de groupuscules d’extrême droite et les mobilisations du collectif.Ce collectif est loin de regrouper que « l’extrême-gauche ».

Voici les signataires pour le 14 mai : les Alternatifs, CCRASS, CGA, CGT Éduc’action, CGT PEP, CGT Rhodia Recherches, CGT Vinatier, COVRA, CSP, Europe Écologie les Verts, FASE, FSE, Gauche Unitaire, JCML, Jeunes Écologistes, LDH (Caluire-Rillieux, Lyon centre, Lyon 8e, Oullins, Pierre-Bénite), LJSI, MJS, MRAP, NPA, PG,PS, PIR, Planning Familial, la Rafal, Ras L’Front, Résistance Citoyenne ouest lyonnais, ROC ML,SUD Éducation, Union départementale CNT, UJFP, UNEF, Union syndicale Solidaires, VP Partisan, les Voraces.

L’ampleur des signataires renvoie à l’ampleur du problème. Voici une retour chronologique des agressions depuis 2 ans et des mobilisations du collectif.

Retour chronologique :

Le retour ci-dessous est nécessairement non-exhaustif.

– Le 22 janvier 2010, le rassemblement contre le débat sur l’identité nationale qui avait lieu devant la préfecture a été attaqué par une trentaine de fascistes.

– Le 6 Mars 2010, 3 militants de la CNT Education 69 ont été violemment agressés place Saint-Jean dans le 5e arrondissement de Lyon, alors qu’ils sortaient d’un restaurant. Dépôt de plainte en cours.

– Face à la recrudescence des violences fascistes à Lyon, le collectif 69 de vigilance contre l’extrême droite se crée en regroupant de nombreuses organisation lyonnaises et appelle à une première manifestation antifasciste pour le 10 avril 2010. La manifestation sera une réussite et, malgré la provocation d’une cinquantaine de membres de groupuscules d’extrême droite, rassemblera plus de 2 000 personnes dans les rues de Lyon.

– Cela n’arrêtera pas pour autant les violences qui recommencent de façon visible dès mai 2010 avec la contre manifestation – soit disant catholique, plus assurément fasciste – contre le kiss-in contre l’homophobie organisé à St Jean. L’expression homophobe de l’extrême-droite est à nouveau présente en juin 2010 avec des agressions et menaces autour de la gay pride.

– Le vendredi 18 juin à Saint-Jean puis aux Terreaux, une cinquantaine de jeunes fascistes,décident de montrer que « Saint Jean était à [eux] ». Descendus dans la rue, ils scandent des slogans ouvertement nationalistes, fascistes et racistes (« 1 2 3 retourne en Algérie »), et s’en prennent physiquement à des personnes.

– Après une semaine d’émeute, en plein mouvement contre la réforme des retraites, les fascistes (Rebeyne et Lyon Dissident en tête) organisent le 22 octobre une manifestation dans le but explicite de « casser du jeune manifestant ». Ils sont bloqués dans leur quartier « historique », place Ampère dans le 2e arrondissement. Sur place, des armes sont découvertes par les forces de l’ordre dans des bouches d’égout.

– Le 8 décembre, sous l’égide de l’association « Les Petits Lyonnais », les identitaires organisent pour la troisième fois une marche aux flambeaux sans, hélas, provoquer de réaction face à cetteprovocation.

– Samedi 15 janvier 2011, à la sortie d’un concert organisé à Villeurbanne pour soutenir l’initiative d’un centre social culturel et populaire, les néo-nazis attaquent plusieurs personnes. Deux sont grièvement blessées lors d’un véritable guet-apens où l’intention semble avoir été detuer. 4 personnes sont en détention provisoire en attendant leur procès. Au total c’est une dizaine de personnes qui comparaîtra. Bilan 80 et 100 jours d’ITT.

– Le 4 février vers 19h aux Terreaux, une lycéenne revenant d’un rassemblement est violemment agressée par deux fascistes à coups de cutter, alors qu’elle attendait le bus. Bilan : 10 jours d’ITT.

– Malgré une mobilisation faite dans l’urgence et un soir de semaine (et sous la menace), 500 à 700 personnes se rassemblent devant la mairie du 7e arrondissement de Lyon suite à l’appel du collectif vigilance69, le 23 février 2011.

– Le 26 février 2011, les membres du Bunker Korps organisent un concert avec Kategorie C, un des groupes phare de la scène néo-nazis allemande. Les membres de Lyon Dissident affirmaient ne pas être nazis et n’avoir rien à voir avec les agressions. La supercherie est définitivement levée le 19 mars 2011. Ils participent ainsi à un concert de soutien aux « emprisonnés » organisé discrètement en Franche Comté, sous l’appellation Blood & Honour avec d’autres groupes fascistes. Ce concert est notamment organisé par le groupe local des Jeunesses Identitaires. La mobilisation antifasciste et le relais de la presse locale permettent l’interdiction du concert.

– Une réunion publique le lundi 28 mars rassemble plusieurs dizaines de riverains du quartier de Gerland pour discuter de la présence du local néo-nazi et des moyen à développer pour le fairefermer.

– Les Identitaires (Rebeyne et Bloc Identitaire Lyon) ont beau se distancier au maximum des né-onazis sur le plan médiatique pour garder leur crédibilité, ils sont quand même présents dans la plupart des attaques. Le 25 mars 2010, sur le campus de Lyon II Quais qu’ils venaient derecouvrir de tags, ils attaquent une conférence.

– Mercredi 6 avril, nouvelle agression fasciste à Lyon, des personnes diffusant des tracts pour la manifestation du samedi 9 sont attaquées. Un pistolet gomme cogne, des bombes lacrymogènes et des matraques télescopiques sont utilisées par de jeunes militants d’extrême-droite.

– Samedi 9 avril, une manifestation unitaire antifasciste a lieu pour dénoncer les violencesd’extrême-droite à Lyon et l’implantation d’une salle de concerts néo-nazis. Alors qu’ils quittaient la manifestation et rejoignaient un groupe d’amis dans le quartier Saint-Jean, deux manifestants sont sauvagement attaqués par des militants d’extrême-droite. Ils auraient été suivis lors de la dispersion de la manifestation des Terreaux jusqu’au lieu de l’agression par quatre militants fascistes. Le plus durement touché a 21 jours d’ITT en raison de plusieurs fractures et d’une mâchoire brisée due à la multiplication des coups portés à la tête. Il devra prochainement subir une lourde opération chirurgicale.

A la lecture de cette chronologie, il doit apparaître clairement que les agressions viennent exclusivement de groupuscules d’extrême droite dangereux et que les blessés ont été pourchassés andehors de toute volonté d’affrontement direct. Le collectif a toujours privilégié des mobilisations populaires dont aucune n’a donné lieu à des incidents de la part de manifestants. Nous espérons que c’est un manque d’information qui suscite une vision erronée de la situation et quece rappel permettra de rétablir la réalité des faits.

Collectif de vigilance contre l’extrême-droite 69


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