« Le déficit budgétaire est le fruit de la logique libérale » (Nicole Borvo Cohen-Séat, sénatrice PCF)

mercredi 4 mai 2011.
 

Nicole Borvo Cohen-Séat, présidente du Groupe communiste, républicain, citoyen et Parti de gauche au Sénat, dénonce la volonté du gouvernement d’institutionnaliser l’austérité.

Le gouvernement 
fait une déclaration au Sénat, suivie d’un vote, avant l’examen par le Parlement d’un projet de loi constitutionnelle pour transférer en droit français le programme de stabilité budgétaire européen. Comment réagissez-vous ?

Nicole Borvo Cohen-Séat. C’est extrêmement grave. La volonté 
du gouvernement est d’imposer 
à la France le pacte Merkel-Sarkozy qui vise à aggraver les contraintes pour baisser, coûte que coûte, les dépenses publiques. Et y compris, s’il trouve 
une majorité au Sénat et au Parlement, de faire inscrire dans la Constitution cette réforme. Le Sénat est une première étape pour sonder les élus.

Le gouvernement dit vouloir ainsi réduire les déficits. Mais n’y a-t-il pas 
le risque d’institutionnaliser l’austérité ?

Nicole Borvo Cohen-Séat. Bien sûr. 
Le Parlement serait phagocyté. 
La Constitution de 1958 n’a jamais empêché les élus de décider 
du budget et des éventuels déficits pour répondre à des besoins. Demain, ce ne serait plus possible. Le Parlement devrait s’inscrire obligatoirement dans les politiques libérales européennes.

Quelles pourraient en être 
les conséquences ?

Nicole Borvo Cohen-Séat. Déjà, actuellement, l’Europe appelle 
à réduire les services publics au nom de la lutte contre les déficits. Ainsi, un fonctionnaire sur deux partant à la retraite n’est pas remplacé, ce qui fragilise nos services publics et même leur devenir. N’ayant plus de marges de manœuvre demain, avec cette loi, les services publics seront d’autant plus en danger.

La réduction des déficits n’est-elle pas cependant une nécessité ?

Nicole Borvo Cohen-Séat. Les déficits publics sont le produit 
des orientations libérales appliquées au pays. La baisse des impôts 
sur le capital et le chômage massif qui diminue d’autant les rentrées fiscales augmentent les déficits. 
Taxer davantage les revenus 
du capital, mobiliser les moyens financiers pour investir dans 
la formation et l’emploi sont 
les solutions que nous mettons 
en avant pour montrer 
que l’austérité n’est pas fatale.

Entretien réalisé par Max Staat, L’Humanité


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