Côte d’Ivoire Les forces françaises (Licorne) et de l’ONU (Onuci) ont outrepassé leur mandat

mardi 26 avril 2011.
 

Entretien avec Albert Bourgi, Professeur de droit public à l’université de Reims.

Les forces françaises et onusiennes ont-elles outrepassé leur mandat en Côte d’Ivoire  ?

Albert Bourgi Elles ont clairement outrepassé leur mandat de protection des populations civiles. La France, sous le couvert de la résolution 1975 du Conseil de sécurité, a mené des actes de guerre. Jamais on n’avait vu de bombardements aériens dans une opération de maintien de la paix faisant suite à une contestation électorale. Le mandat du Conseil de sécurité n’autorisait pas l’Onuci et « Licorne » à aller chercher le président sortant pour le livrer à la partie adverse, aux forces rebelles qui avaient pris les armes en 2002. C’est effrayant.

Ces interventions en Libye et en Côte d’Ivoire 
marquent-elles un tournant  ?

Albert Bourgi. En Libye comme en Côte d’Ivoire, on assiste à l’instrumentalisation d’organismes internationaux au sein desquels les pays occidentaux disposent d’un pouvoir considérable. L’intervention militaire en Libye confirme la transformation de l’Otan en bras armé de l’ONU.

Comment jugez-vous le rôle joué par l’ONU depuis 
le début du processus électoral ivoirien  ?

Albert Bourgi. L’ONU a joué un rôle très ambigu. Elle est responsable de la précipitation avec laquelle les résultats ont été proclamés. C’était une élection difficile, dans un pays fragile, contrôlé pour moitié par une rébellion armée. En trois jours, pourtant, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU a décidé de procéder à la «  certification  » des résultats, une procédure elle-même très ambiguë. Rappelons que ces résultats «  certifiés  » avaient été proclamés dans le QG d’Alassane Ouattara, en présence des ambassadeurs américain et français. En Libye comme en Côte d’Ivoire, il y a une collusion franco-américaine, Washington poussant Paris en avant dans un mano a mano qui ne dit pas son nom. À travers cette affaire ivoirienne, Sarkozy est devenu le fossoyeur de la France en Afrique. Les Français se préparent des lendemains très difficiles sur ce continent.

Entretien réalisé par R. M.


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