25 janvier 2011 en Egypte : début d’un processus révolutionnaire historique

jeudi 26 janvier 2023.
 

Le 25 janvier, une première manifestation rassemble 25000 personnes. Le vendredi 11 février, Hosny Moubarak, au pouvoir depuis 1981, abandonne le pouvoir après 18 jours de manifestations d’ampleur : une simple protestation de jeunes contestataires se transforme en une puissante vague de mobilisation qui secoue l’ensemble de la société égyptienne ! (article d’avril 2011)

Aux origines d’un conflit

Ce processus de révolution est la conséquence de l’étincelle tunisienne, exemple d’audace novateur. Cependant, il existe en Égypte depuis plusieurs années une protestation qui s’est nourrie de la solidarité du peuple avec la Palestine et ensuite de l’opposition à la guerre contre l’Irak. La génération des facebookers, le mouvement Kefaya (« ça suffit ») ainsi que de nombreux jeunes passent au terrain de la politique interne. De nombreuses manifestations sont organisées pour protester contre le régime, regroupant au maximum 2000 à 3000 personnes. L’après-Moubarak se pose avec de sérieuses entraves politiques et la montée de la corruption.

De fortes protestations ouvrières s’affirment. Les travailleurs ne bénéficient pas d’une représentation et d’organisations autonomes. Face à la série de grèves, les autorités préfèrent les concessions. Cela entrainait une confiance accrue. L’appel à une grève générale le 6 avril 2008 en solidarité avec les travailleurs entraîne la création du Mouvement de jeunesse du 6 avril. Ce groupe focalisé sur les campagnes regroupe différentes sensibilités politiques ainsi que des indépendants.

La protestation démocratique, moteur d’une contestation d’ampleur

La première initiative du 25 janvier [1] rassemble près de 15 000 personnes : quelque chose est en train de se passer. Depuis quelques années, la parole s’est libérée, les gens critiquent facilement le pouvoir, y compris publiquement.

Une interrogation existe sur la succession de Moubarak, sans oublier un ressentiment face à la montée en puissance des hommes d’affaires et de la corruption. L’ouverture économique a développé un réel consumérisme mais aussi des infrastructures. La société change. On assiste à un appauvrissement de certaines couches de la population. Une accumulation de griefs et de mécontentement émerge. Cela concerne les libertés avec le comportement de la police mais aussi la dureté de la vie quotidienne avec d’importantes hausses de prix et un chômage élevé. Se loger reste compliqué. L’immolation de Mohamed Bouazizi est imitée.

Le niveau de participation est dès le début important, bien loin des traditionnels rassemblements que la police disperse avec facilité et sans ménagement. La stratégie employée est payante : la direction assez peu unifiée décide de regroupement en différents points pour converger sur les endroits où ils ont choisi de se rejoindre.

Outre les manifestants sur la place centrale d’al-Tahrîr, l’écho en province est important et se révèle même déterminant. A Alexandrie, l’agressivité de la police n’empêche rien : la foule contre-attaque ! Suez connaît une quasi-insurrection. Les commissariats et les sièges du parti au pouvoir (Parti national démocratique, PND) sont détruits. A Alexandrie, le gouvernorat est pris. Les affiches géantes de Moubarak sont détruites et souvent brûlées en public ! Les villes du delta du Nil, région très peuplée, connaissent de puissantes manifestations comme à el-Mahalla al-Kobra, Mansoura, Tanta, Damanhour …

Devant une telle puissance et une telle détermination, le régime ne cesse de reculer. Le 1er février 2001, Moubarak s’engage à ne pas se représenter aux prochaines présidentielles. Cette première victoire n’anesthésie pas les mobilisations. Très vite, le glas du tawrîth (héritage du pouvoir) — l’hypothèse ou projet de succession par son fils Gamal — sonne. Ensuite, le pouvoir opte pour l’option « nervis », les baltagya, qui attaquent brutalement les manifestants sur la place Tahrîr. Mais la reculade est impressionnante. Le pouvoir accepte même le dialogue avec les forces d’opposition, dont les Frères Musulmans pourtant interdits ! Le mouvement ne lâche pas prise et maintient sa demande du départ de Moubarak. Les dénonciations du parti (PND), du gouvernement, du parlement ou des médias ne cessent de monter.

La direction de l’opposition unifiée, composée de 80 et 90 députés, constitue un « parlement fantôme » et fait entrer plusieurs partis d’opposition. Ils essaient plus ou moins de coordonner les initiatives. Les jeunes débattent pour préparer les actions. Les Frères Musulmans ne soutiennent pas au départ les manifestations mais laissent leurs membres y participer sur une base individuelle.

Le soutien populaire aux manifestations augmente [2]. La place Tahrîr devient le symbole physique de la protestation. Sur cette place centrale au Caire, on trouve le siège de la Ligue Arabe, le massif centre administratif dénommé le Mogamma’ [3], l’université américaine, la mosquée Omar Makram [4], un hôtel de luxe ou le musée égyptien. Cet espace devient le symbole de la contestation que les nervis, y compris avec des chevaux et des dromadaires, tentent d’écraser par la force et la terreur. Tout près du musée, le siège national du PND est brûlé. Sur la place s’exprime cet immense rejet du régime incarné dans la personne du président. On y retrouve des personnes de générations, milieux et orientations politiques très divers. Des secteurs de la société qui s’ignoraient ou du moins s’évitaient, se côtoient, se parlent, collaborent. L’unité chrétiens-musulmans incarne cet esprit nouveau. La référence à la Révolution de 1919 est présente [5]. Une vie sociale voit le jour. Une véritable petite société émerge dans ses aspects matériels (aliments, couvertures, santé, repos…) ou de sécurité (tour de garde, fouille, …). Une nouvelle Égypte apparaît, par delà les clivages.

A certains moments, des hésitations peuvent apparaître. Ainsi, une partie de l’opposition réclame la nomination du chef de la Cour constitutionnelle comme président par intérim pour organiser des élections à une Assemblée constituante. D’autres réclament la mise en place d’un comité national avec des représentants de l’opposition pour prendre en charge la période transitoire. Les jeunes de la place Tahrîr tiennent bon et poursuivent leur combat pour le départ du président.

Dimensions d’un processus révolutionnaire

La jeunesse radicalisée est le moteur de ce puissant mouvement, capable de coaliser autour d’elle des forces sociales très diverses. Malgré une structuration fragile et une orientation très générale, elle a su maintenir le cap et poursuivre jusqu’au départ du président. Mentionnons l’importante action des femmes — sur la toile, dans les groupes et dans la rue.

La révolution égyptienne est d’abord démocratique. Elle revendique l’abrogation de l’état d’urgence et de la justice d’exception, la libération des prisonniers politiques, la dissolution de l’Assemblée du peuple et du conseil consultatif [6], ainsi que des conseils locaux, sans oublier la reconnaissance des libertés de presse et d’organisation syndicale. La révision de la Constitution est une question très importante. Elle devra être ratifiée par référendum. D’où l’importance de l’appel à une Assemblée constituante démocratiquement élue. L’indépendance de la justice, la mise en place d’un État civil, indépendant des autorités religieuses, progressent malgré l’hostilité de larges secteurs des religieux, tant de l’Islam conservateur (cheikh Al-Azhâr, Grand Mufti, milieux salafistes, etc.) que de l’Église copte.

Rôle de l’Armée

Avec le départ de Moubarak, le Conseil supérieur des forces armées (CSFA) se présente comme le garant crédible d’une transition vers un « pouvoir civil élu ». Les protestataires restent très méfiants. Le CSFA est constitué d’une vingtaine d’officiers supérieurs de l’armée avec leur tête le maréchal Tantaoui. La tête de l’État est partie, la Constitution annulée, le Parlement dissous mais on ne peut parler de changement de régime.

L’armée est aux commandes et elle reste une importante institution sociale avec ses entreprises, ses fermes, ses clubs, ses hôpitaux ou ses académies. De nombreux officiers ou anciens militaires occupent des postes importants dans la vie économique, administrative et médiatique. Les officiers forment une élite, un corps spécifique. L’armée, élément clé du dispositif sécuritaire qui comprend entre 350 000 et 500 000 hommes, s’est montrée et a pris les choses en main pour éviter le naufrage. La situation est plus dangereuse qu’en 1986 : les militaires avaient dû intervenir pour restaurer l’ordre face au soulèvement des conscrits [7].

D’immenses illusions existent. De nombreux manifestant sympathisent avec les militaires. L’armée bénéficie d’un grand prestige en raison de l’histoire du pays, des guerres contre l’État d’Israël et à l’important patriotisme. Les gens disent que c’est une armée du peuple. Si c’est vrai au niveau de la base, cela ne l’est pas au niveau des officiers. L’armée a très intelligemment refusé d’entrer dans la spirale de la répression.

Jusque-là, elle restait en retrait. Dorénavant, elle se trouve projetée sur le devant de la scène. Maintenant qu’est-ce qui va se passer ? Difficile de le prévoir. Aujourd’hui, après le départ de Moubarak, les débats commencent : va-t-on vers un Portugal 1975 où l’armée donne le pouvoir aux civils ? Le régime va-t-il se refermer ? Se dirige-t-on vers le scénario de la Turquie des années 1980 avec une armée forte mais dans un cadre démocratique formel ? Quelle constitution ? Quel type d’élections ? Nous ne pouvons encore faire que des hypothèses sur la suite.

La théorie farfelue du complot circule, dans certains médias et cercles intellectuels européens, y compris. La chute du raïs n’est pas un coup d’État. Il y a eu des bras de fer avec les États-Unis, mais ce ne sont pas eux qui sont à l’origine des mobilisations puissantes.

La question religieuse

Le processus de protestation a ébranlé les autorités religieuses, musulmanes comme chrétiennes [8] en raison de leur appui au régime. Cela concerne l’université et la mosquée Al-Azhar, fondement de l’autorité religieuse officielle autant que l’Église copte. L’islamisme est pluriel en Égypte. On peut distinguer le salafisme, le radicalisme islamique qui porta la contestation par les armes et enfin les Frères Musulmans. Il existe aussi des formes indépendantes d’islamisme, des nationalistes influencés par les références islamiques, sans oublier des courants conservateurs religieux qui ne sont pas préoccupés par la politique.

Les salafistes, ultra-fondamentalistes, ont soutenu le régime. Ils ont dénoncé les mobilisations et rejeté la révolution qui leur est apparue comme une sédition. Le régime les a même laissé avoir accès à la télévision d’État et aux chaînes privées pour dénoncer l’absence de patriotisme (sic) des manifestants et un complot américano-sioniste ou iranien !

Les radicaux, al-Gama’a al-Islamya et al-Gihâd, cassés par la répression, se sont éloignés de la stratégie violente. Seuls deux figures historiques ont appuyé la révolution : Abud et Tariq Al-Zomor [9]. Al-Gama’at Al-Islamiya ont demandé la fin du processus, refusé de réclamer la démission de Moubarak et proposé de participer au dialogue politique !

Les Frères musulmans, réprimés régulièrement et affaiblis, réapparaissent. Leur rôle dans les mobilisations a été important mais discret. Ils ont rejoint le mouvement après son déclenchement. Ils se sont montrés très efficaces lors des attaques de la baltagya en mettant à profit leurs compétences organisationnelles. Mais ils ont été mal vus lorsqu’ils ont négocié avec le pouvoir. Ils ont vite cessé.

Les Frères musulmans ont toujours eu une place importante dans la vie politique. Fondée en 1928, la Confrérie est une force depuis la fin des années 1930. Pendant la période nassérienne, ils ont été très réprimés. A partir des années 1970, ils ont su se reconstruire et rejouer un rôle de premier plan.

Courant structuré, moderne, non-traditionaliste, il a des références très conservatrices. Par exemple, cela s’exprime par le refus d’accepter une femme ou un copte à la tête du pays… Un Guide précédent a même défendu un temps l’idée de refaire payer aux coptes la capitation (guezia), taxes des non-musulmans dans un État islamique. Toutefois, ils se déclarent favorables à un Parlement et évoquent les droits de l’Homme. Ils renoncent à mettre au premier plan leur revendication d’application de la charia (loi islamique) et prennent une posture protestataire et démocratique. Ni fascisme ni anti-impérialisme, ils ne sont pas encore devenus l’AKP turc… Rien n’est impossible mais cela dépendra des dynamiques et des processus politiques et sociaux.

Les Frères musulmans ont toujours cultivé avec le régime une relation ambiguë. En 2005, sous la pression des États-Unis, le régime de Moubarak a laissé une place à l’opposition lors des élections parlementaires de 2005, les Frères musulmans — sous l’étiquette d’« indépendants » — ont obtenu 88 sièges. En 2010, le régime a changé et ils n’ont conservé qu’un seul siège ! Leur stratégie est toujours caractérisée par une logique d’autolimitation. Ils ne souhaitent pas de confrontation directe. Leurs rapports avec l’État sont conditionnés par leur recherche d’une reconnaissance légale. Cela peut les conduire à des positions très complaisantes. Par exemple, lors de certaines manifestations, il y a quelques années, ils pouvaient faire interdire les slogans anti-Moubarak. Une fois, leur guide suprême affirma être disposé à soutenir le tawrîth. Plusieurs fois, les Frères musulmans se sont abstenus de participer à des mobilisations.

Leurs relations avec l’opposition sont donc complexes. Ils ne veulent pas perdre leur marge de manœuvre. Depuis un certain temps déjà, le régime leur a fait beaucoup de concessions dans les domaines sociaux et culturels, par exemple sur des questions de censure sur la vie culturelle, cédant facilement à des campagnes émanant des milieux intégristes sur des films ou des écrits… pour ne pas apparaître timoré en matière de religion et de morale.

Les Frères musulmans ont fait quelques faux pas. D’autres sensibilités ont aussi joué un rôle sans parler des nouvelles générations et des nouveaux politisés. Rien n’est donc joué pour eux. Ils ne sont d’ailleurs pas exempts de tensions et de divisions.

Ils semblent redevenus fréquentables pour le pouvoir militaire. Ainsi, ils ont été associés aux discussions avec le vice-président Omar Soleiman avant le renoncement de Moubarak. Signe du rôle que l’armée semble vouloir leur accorder, l’actuel président du Conseil de révision de la Constitution appartient à la mouvance islamiste et son vice-président est un cadre de la confrérie. Ce comité comprend un éventail de sensibilités. L’armée leur laisse un espace et une visibilité avec le souci de rétablir le calme. L’épisode de la prière du vendredi avec Youssef al-Qaradawi, proche des Frères, en atteste. De plus, une partie des élites des pays dominants ne serait pas gênée par un axe armée-Frères pour assurer la paix sociale et la stabilité régionale.

Les options des classes dominantes

L’armée cherche à réaffirmer son autorité, à la « moderniser » avec une forme différente suite à cette crise explosive. Elle est contrainte aux concessions y compris en s’ouvrant à des fractions de l’opposition. Il s’agit pour elle de redéfinir les modalités de son contrôle (contrôle de l’information, place de la police, légitimité de l’armée, cadre politique…). La direction de l’armée à la tête de l’État a toujours l’appui politique et financier des États-Unis et de l’Union européenne.

Elle semble s’orienter vers la mise en place d’un cadre pluraliste conservateur qui lui permettrait de maintenir son pouvoir, de retrouver une légitimité populaire et une crédibilité internationale. La « démocratisation » ne serait pas que formelle. Certaines têtes vont tomber et des pratiques seront abandonnées. Mais cela sera limité car l’objectif central reste pour elle de préserver ses intérêts et d’assurer à nouveau le calme social. La contre-révolution est bien en marche !

Il est trop tôt pour prédire l’attitude des Frères musulmans, principale force d’opposition dont l’évolution récente est controversée. Accepteront-ils un compromis durable avec un État laïc à la turque ou iront-ils vers l’exemple du Pakistan avec une islamisation accru de l’État ou de la société ? Se verront-ils contraint d’opter pour une voie intermédiaire ? Aucune de ces formules n’est incompatible avec la poursuite des politiques économiques actuelles et du partenariat étroit avec Israël et les États-Unis. Les principaux secteurs de l’opposition, islamistes comme libéraux démocrates, ne sont nullement hostiles au néolibéralisme.

La question ouvrière

La question sociale fait rapidement son apparition avec une vague de grèves et de protestations ouvrières d’une ampleur énorme. L’entrée en lutte des travailleurs a fourni le carburant au mouvement antigouvernemental. Leur participation a d’abord pris une forme individuelle avec les manifestations de rue.

Trois jours avant le départ de Moubarak, une vague de grèves éclate [10] qui fait ensuite tache d’huile et affecte de nombreux secteurs sur l’ensemble du territoire. Le canal de Suez est touché sans que la navigation des bateaux ne soit affectée [11]. Cela concerne des centaines de milliers de travailleurs dans des secteurs aussi différents que le textile, la production militaire, les transports, le gaz et le pétrole, le ciment, la sidérurgie, les hôpitaux, les universités, les télécommunications, sans oublier la région du canal de Suez. Même la police manifeste pour les salaires, sans doute pour se refaire une virginité, tenter de redorer un blason terni par la répression et un ressentiment profond parmi la population.

Les réalités du monde ouvrier sont complexes et difficiles. Les salaires dans un contexte de hausse vertigineuse de prix, les conditions de travail, les comportements au sein des entreprises, l’absence de comités syndicaux actifs, autant de sujets épineux. Le chômage est important : officiellement 12 %, il s’agirait plutôt de 20 % au moins. Les prix concernent les aliments mais aussi les transports, le carburant…

Cette vague a des racines plus anciennes, certains diraient depuis une dizaine d’années qui ont vu l’augmentation et l’affirmation de la protestation ouvrière et syndicale malgré une forte répression : 2 millions de salariés ont pris part à 3 000 grèves, sit-in et manifestations depuis 1998 [12]. Celles-ci combinent revendications économiques (salaire, prime…), sociales (droit à l’emploi, à des indemnités chômage, à la retraite, au logement, à des soins médicaux, à une éducation gratuite…) mais aussi syndicales. Leur impact est tel que le pouvoir a choisi de faire des concessions.

Signe important, le nom du Mouvement de jeunesse du 6 avril est né de la solidarité avec les grèves du textile d’al-Mahalla al-Kobra en 2008. Cette lutte emblématique a débuté en décembre 2006, elle ne se limite pas à ces demandes catégorielles mais se confronte directement au syndicalisme officiel. L’autre cas important est la grève de cinq mois à l’usine de lin de Tanta en 2009. Auparavant, des formes d’auto-organisation se sont développées avec les manifestations de soutien au peuple palestinien et contre la guerre en Irak. Les luttes des salariés du textile, du secteur des impôts fonciers ou des transports ont aussi tracé la voie.

L’intervention des travailleurs va prendre une forme plus organisée, collective et spécifiquement sociale. Le 9 février, les travailleurs du transport entrent en grève et annoncent vouloir créer leur syndicat indépendant. Ils réclament la levée de la loi d’urgence, la dissolution du PND, une nouvelle Constitution, un gouvernement d’unité nationale, l’inculpation des responsables corrompus, un salaire minimum de 1 200 livres égyptiennes (soit environ 130 euros). Cette dernière revendication est reprise dans de nombreux conflits.

Les mobilisations ouvrières et le mouvement anti-régime se sont confrontés au syndicalisme officiel, véritable courroie de transmission du pouvoir. Formé en 1957 par les militaires, ses nombreux dirigeants sont souvent aussi des cadres du PND. La loi interdisait jusqu’alors l’existence de syndicats non affiliés à l’EFTU, la fédération des syndicats égyptiens. L’attitude du syndicalisme officiel lié au régime, favorise un tel changement et son appui au régime renforce le mécontentement. De nombreux travailleurs veulent commencer à exprimer leurs revendications. L’écho de la vague sociale est si puissant que l’EFTU a été obligé de prendre une posture revendicatrice suite au soulèvement tunisien, réclamant le contrôle des prix, des hausses de salaires et l’approvisionnement des magasins subventionnés d’aliments de base.

L’éventail des revendications est large avec beaucoup de questions économiques : salaires, primes mais aussi respect des clauses de contrats, dénonciation des licenciement et du comportement des patrons. Le passage aux revendications politiques semblait très compliqué dans un contexte autoritaire. La volonté de faire émerger un syndicalisme indépendant est ancienne mais elle émane jusque-là de petits réseaux actifs qui aspirent à rompre avec le structure officielle liée au pouvoir et à favoriser la création de syndicats autonomes et d’une fédération syndicale indépendante [13].

L’ancienne revendication du pluralisme syndical (al-ta’adudya al-niqabya) de la gauche syndicale se trouve réactualisée avec la demande de la liberté de création de syndicats indépendants. Au prix de mille et une difficultés, deux syndicats autonomes ont obtenu leur reconnaissance légale : en 2008, le syndicat des collecteurs d’impôts fonciers et en 2010, celui des techniciens de la Santé. Dans la foulée des protestations sociales et politiques, le 30 janvier, les structures syndicales indépendantes existantes et de représentants d’une douzaine d’entreprises rendent public leur projet de fondation d’une confédération autonome.

La direction de l’armée veut éteindre la vague ouvrière. Elle a annoncé vouloir interdire les réunions et les grèves, multipliant les appels au calme. Elle n’a pu obtenir l’arrêt du mouvement même si des grèves importantes se terminent (al-Mahalla al-Kobra…). Elle n’a pu encore se résoudre à intervenir directement car cela serait interprété comme une confrontation avec le processus révolutionnaire. Combien de temps cela peut-il durer ? Les pressions pour le retour au calme et la reprise économique sont fortes. Elles émanent d’abord de la bourgeoisie, notamment égyptienne et du Golfe, qui a beaucoup à perdre. Une partie de la société égyptienne peut aussi être tentée par une telle option.

L’armée peut-elle favoriser des réformes sociales d’ampleur ? Rien n’est moins sûr d’autant que les élites égyptiennes sont trop marquées par un esprit autoritaires que certains pourraient qualifier de quasi « féodal » quand on examine les rapports sociaux, notamment au sein des entreprises. D’autant que le régime n’a pas changé. Voir les travailleurs mettre en place des syndicats ou des structures de lutte, autonomes et combatives, n’est pas une perspective agréable pour les autorités.

Les actions ouvrières ont pesé lourdement sur les événements et dans le départ de Moubarak. La colère sociale à la base reste forte. L’éventail des secteurs en ébullition atteste de sa vivacité. Les revendications, autant économiques que démocratiques, posent la question du syndicalisme, de son statut et de sa réalité. Les profonds griefs envers le mouvement syndical officiel ont été accentués par la révolution. Un réel espace pour la revendication d’un syndicalisme, autonome et représentatif vient de s’ouvrir.

Séisme politique et avenir ouvert

La scène politique est confrontée à un séisme. Toutes les forces politiques ont été ébranlées par ce qui s’est passé, tant les Frères musulmans, le Wafd, les nassériens, la gauche. Beaucoup de sensibilités politiques existent sans être forcément structurées.

Plus important, une nouvelle génération investit la scène publique : celle des Facebookers, c’est-à-dire des jeunes ayant la trentaine, qui ont fait des études et qui sont en phase avec la mondialisation, connectés aux nouveaux médias. Une période de nouvelle politisation débute. Les discussions concernent mille et un sujets : Constitution, élection, citoyenneté, corruption, place de la police, les rapports entre coptes et musulmans, place de l’armée, lutte contre la corruption, question sociale... La société égyptienne bouillonne. Une expression culturelle apparaît avec des chansons, des poèmes, du rap, qui met en évidence cette vitalité.

La personnalité de Mohamed El-Baradei pourra-t-elle être fédératrice de cette opposition composite ? Rien n’est moins sûr. El-Baradei est une personnalité respectée mais plus connue à l’étranger qu’en Egypte. Il a reçu le Prix Nobel de la Paix pour s’être opposé à l’équipe de Bush dans ses projets de guerre en Irak. Mais il est demeuré très longtemps hors Égypte et il n’a pas de courant politique. Certes il a incarné une attente, un espoir très fort mais il a aussi déçu, en ratant le début du mouvement ou en se rapprochant des Frères musulmans. Sera-t-il capable de fructifier le crédit obtenu ? D’autres personnalités pourraient émerger, comme Amr Moussa, ancien ministre des Affaires étrangères puis secrétaire général de la Ligue Arabe.

Les forces légales d’opposition se sont montrées en général plutôt frileuses, le mouvement leur échappant. Ils se sont beaucoup décréibilisés, notamment lorsqu’ils sont allés discuter avec Omar Souleyman après le départ de Moubarak. L’opposition égyptienne comprend un vaste éventail de partis légaux comme le Wafd, le Tagammu (Parti unioniste progressiste national), le parti Nassérien… Il y a, bien sûr, les Frères musulmans, interdits depuis 1954 mais tolérés par le régime.

Il existe aussi des mouvements politiques issus de la « société civile », comme Kefaya (« ça suffit ! »), ou le Mouvement égyptien pour le changement, coalition de militants de plusieurs forces d’opposition née en 2000 lors de l’immense solidarité avec la Deuxième Intifada palestinienne. Ce mouvement s’implique ensuite contre l’invasion de l’Irak par l’administration Bush avant de devenir un petit mais dynamique mouvement démocratique opposé au régime Moubarak.

Une opportunité historique pour la gauche égyptienne

La gauche égyptienne, ou plutôt les gauches égyptiennes, qui existent depuis une centaine d’années [14] regroupent des sensibilités très diverses. Le processus révolutionnaire leur ouvre des perspectives riches.

La plus importante est le parti Tagammu (rassemblement), qui a un statut légal et détient quelques sièges au Parlement. Il remonte aux années 1970 avec l’instauration d’un multipartisme par Sadate. Du parti unique émergent des tribunes. Celle de gauche donnera naissance au Tagammu autour de Khaled Mohieddine, un des Officiers libres, qui regroupe plusieurs sensibilités : des marxistes, socialistes, nationalistes ou encore religieux éclairés. De fait, il comprend de nombreux anciens communistes après la dissolution du PCE en 1965. Le Tagammu dispose d’un journal (al Ahâlî) et de locaux dans le pays. Rapidement, il entre en conflit avec Sadate en particulier au moment de la signature des accords de Camp David contre lesquels il s’élève. Il est réprimé. Le Tagammu continue à exister tant bien que mal, présentant des candidats aux élections avec à plusieurs reprises quelques élus. Il s’agit fondamentalement d’un parti réformiste de gauche qui n’est pas une menace pour le régime car il s’est montré très complaisant à son égard. Son président a même considéré que le départ de Moubarak serait négatif, ce qui a provoqué de vifs remous en son sein.

Le parti communiste égyptien, reconstitué dans la clandestinité au milieu des années 1970 [15], s’est fortement impliqué dans le Tagammu tout en cherchant à exister de manière indépendante, non sans difficultés. Une scission du PCE a vu le jour à la fin des années 1980 et au début des années 1990 autour de figures comme Michel Kamel pour des problèmes d’orientation et de fonctionnement. Cette petite organisation est aujourd’hui en grande difficulté avec le vieillissement de ses membres et la perte récente de ses deux principaux dirigeants (Nabil al Hilali et Youssef Darwiche).

Avec la montée de la vague intégriste et du conservatisme, à partir des années 1980, la gauche est en recul puis en déclin et traverse de graves crises internes. La chute de l’URSS accentue cela. Certains groupes de gauches, assez radicaux et très présents dans les années 1970, cessent même d’exister à partir de la fin des années 1980 comme la petite Ligue communiste révolutionnaire, ou au début des années 1990 [16]. Beaucoup de militants de la gauche s’impliquent dans la création d’ONG, amorçant ainsi une reconversion, et deviennent des militants actifs des droits de l’Homme. Par ailleurs, beaucoup d’éléments de gauche ne sont plus dans le moindre cadre organisé. Des syndicalistes, des animateurs d’association, sont encore présents un peu partout dans le pays.

Des étudiants de l’Université du Caire, de Ayn Shams et de l’Université américaine (AUC) créent progressivement un groupe « Socialistes Révolutionnaires ». De tradition trotskyste, il se reconnaît dans la tendance britannique du SWP, connu pour son activisme et son analyse de l’URSS comme capitalisme d’État. De plus, il propose une analyse particulière de l’islamisme et défend l’idée d’une alliance. Les Frères Musulmans sont désormais considérés comme un mouvement réformateur. Ce courant s’est divisé à nouveau il y a peu : il existe donc les Socialistes révolutionnaires et le Courant du renouveau socialiste qui exprime des critiques sur la construction de l’organisation et défend l’idée d’un parti large de gauche.

A partir des années 2000, une nouvelle vague de protestation sociale secoue l’Égypte. Au milieu de la décennie, des grèves et des luttes ouvrières éclatent, notamment avec l’emblématique grève du textile dans la ville industrielle de Mahalla al Kobra dans le delta qui remet en cause le syndicat officiel. On assiste à une renaissance d’activités sociales contestataires dans différentes catégories professionnelles. Les tentatives de créer des réseaux syndicaux reprennent. Certaines ONG font un travail considérable avec des réunions, des formations, des rapports, des périodiques… On citera le Dar al Khadamat al Niqabya [17] de Helwan animé par Kamal Abbas, ancien ouvrier des aciéries chassé après la grande grève de 1989. Ou encore le Comité de coordination syndicale qui regroupe plusieurs dizaines de syndicalistes du Caire et de province, de sensibilités différentes et qui cherche à faire émerger une voix autonome et combattive.

Les différentes forces de gauche s’impliquent dans la protestation de 2011. Précisons que l’écrasante majorité des personnes descendues dans les rues n’ont pas d’appartenance ou d’affiliations politiques. Ces citoyens expriment leur ras-le-bol et leur profond rejet du régime et de son incarnation. Cela provient tant des dérives autoritaires, des difficultés économiques, de l’enrichissement au sommet que de la corruption.

Un immense phénomène de politisation est en cours. La révolution provoque aussi un profond processus de recomposition politique. Dans une telle situation, les initiatives politiques se multiplient. Les Frères musulmans préparent un parti légal « Justice et Liberté ». Le parti Al-Wasat, composé d’anciens Frères Musulmans exclus en 1996 et ayant évolué sur des positions modérées, a été autorisé.

On note deux initiatives à gauche inspirées par la révolution du 25 janvier, par la demande d’un État civil et par la revendication de justice sociale à une très large échelle :

Au début de la révolution, des indépendants et des membres démissionnaires du Tagamu initient l’Union des forces de gauche. Puis un appel pour la création d’un parti de gauche large et légal est lancé. Ses signataires représentent un large éventail de sensibilités : anciens du Tagammu, membres du Courant du renouveau socialiste, anciens de groupes des années 1970, syndicalistes ouvriers, intellectuels, personnes de sensibilité social-démocrate… Réunis le samedi 26, ils fondent le parti de l’Alliance Populaire [18] qui veut rassembler des sensibilités et des générations différentes pour promouvoir la liberté et la justice sociale.

Le vendredi 25 février, un réseau de militants ouvriers autour de Kamal Khalil, figure de la gauche radicale des années 1970 devenu une des figures du courant des Socialistes révolutionnaires, prépare la formation légale du Parti ouvrier démocratique [19]. Ouvert aux salariés (ouvriers, employés, paysans…), il veut exprimer la voix des travailleurs, de leurs revendications et la défense de leurs intérêts. Leur plateforme de lancement insiste sur le fait que les élites politiques et des affaires disposent de leurs propres organisations alors que les travailleurs en manquent cruellement.

Ces deux initiatives rassemblent des signatures et préparent leur prochain congrès. S’inscrivant dans l’esprit de la révolution, elles visent à rompre avec le régime, à établir un État civil et démocratique de même qu’à promouvoir une politique qui combat les orientations capitalistes et qui défend les droits et les intérêts des classes populaires. Liberté, État civil et justice sociale peuvent les résumer. De même, l’objectif est de donner naissance à un nouveau parti réellement démocratique. Les deux programmes comprennent aussi des revendications sociales et économiques (salaire minimum, arrêt des privatisations, défense de politiques publiques au service des classes populaires, etc.).

Impact régional

La question palestinienne n’a pas eu de place significative dans la contestation populaire. Elle n’a pas été formulée en tant que telle durant le mouvement. Les causes profondes qui expliquent la révolte sont essentiellement liées à des questions démocratiques et sociales internes. Depuis la signature des accords de paix avec Israël, l’Égypte a établi des relations avec l’État d’Israël. Pendant la seconde intifada, avec la question de la frontière et des tunnels, la politique officielle a entraîné déception et mécontentement. Le sentiment pro-palestinien est très fort : l’occupation et l’oppression qui perdure depuis soixante ans a des résonances profondes. En général, les Égyptiens sont plutôt adeptes d’une « paix froide », sans échanges ou liens avec l’État sioniste. L’élection d’Obama a suscité de vifs espoirs mais le sentiment anti-américain, par rapport au dossier palestinien, est à nouveau fort. La remise en cause des accords avec Israël dans le cadre du régime en place n’est pas à l’ordre du jour. Certaines forces politiques (gauche, nationalistes, islamistes…) le demanderont.

La révolution égyptienne a des répercussions à l’échelle régionale et mondiale. Il ne faut pas mécaniquement parler d’un effet domino mais le monde arabe est en plein bouillonnement : au Yémen, en Algérie, en Jordanie, au Soudan, à Bahreïn, en Libye aujourd’hui, au Maroc, en Syrie peut-être demain. Et en Iran même ! Les régimes autoritaires du Moyen-Orient et du Maghreb ont peur de ce qui risque de se passer. Un véritable « printemps des peuples » est à l’œuvre. Cette vague de protestation ressemble à celle qui a secoué les pays de l’est au lendemain de la chute de l’URSS.

Ce n’est qu’un début…

En Égypte, le dictateur a chuté et le processus révolutionnaire ne fait que débuter. Vu l’appui des pays impérialistes au régime, notamment les États-Unis, sans sous-estimer l’UE et la France, les pressions sur les autorités et la bataille pour soutenir la révolution sont importantes pour la lutte qui se joue en Égypte. Faire connaître les réalités et les dynamiques en cours permettra aussi de faire reculer les préjugés et les craintes qui existent envers cette région et qui ont des conséquences sur les populations originaires de la région arabe vivant en Europe.

L’engagement de jeunes radicalisés en phase avec les réseaux sociaux a initié ce processus. Les manifestations de rue ont provoqué ce changement historique. Cette révolution signifie la fin de l’apathie et de la dépolitisation généralisées qui pouvaient exister dans ce contexte autoritaire.

Cette vague populaire se bat pour plus de démocratie dans des pays où la libéralisation économique a fragilisé la situation sociale de larges franges de la population sans pour autant apporter une ouverture en matière de liberté. La captation du processus révolutionnaire n’est pas du tout jouée. La « transition démocratique » comporte de nombreux pièges dont celui d’aller vers une simple normalisation du processus dans un cadre formel de parlementarisme avec l’armée en arrière-plan.

Cette victoire a redonné au peuple égyptien une fierté et représente une victoire contre le mur de la peur. Elle sert d’exemple aux peuples du Moyen-Orient et du Maghreb. Une série d’avancées impressionnantes ont déjà été obtenues même si rien n’est encore réglé. Tout dépendra des mobilisations et du rapport de forces. Quelque chose d’historique se déroule !

Chedid Khairy

Paris, le 8 mars 2011

Notes

[1] Cette date correspond à « la Journée de la police » qui commémore l’attaque par les troupes britanniques de policiers égyptiens en 1951 à Isma’ilya.

[2] Voir sur ESSF le reportage de Yacine Temlali : Egypte - Instantané de la place Al Tahrir à l’heure de la libération.

[3] Énorme bâtiment administratif bâti avant la révolution de 1952 dans un style prussien devenu le symbole du bureaucratisme. Voir le film comique avec Adel Imam al irhâw wa al kebab.

[4] Mosquée qui accueille les obsèques des personnalités.

[5] Le colonialisme britannique utilisa la carte de la minorité chrétienne pour tenter de diviser le mouvement anticolonial. En 1919, les puissantes mobilisations pour l’indépendance affirment l’unité des deux confessions. L’image du prêtre Serguios intervenant à la mosquée Al-Azhâr reste un symbole fort. Le 9 mars l’arrestation et la déportation des chefs du parti Wafd déclenche une vague révolutionnaire. La répression britannique fait des milliers de morts (NDLR).

[6] Noms de la Chambre des députés et du Sénat.

[7] Les 25 et 26 février 1986 , des émeutes des conscrits de la police éclatent au Caire. Ils protestent contre leurs conditions salariales et sociale. Les militaires interviennent pour restaurer l’ordre face au soulèvement : 107 morts, plus de 700 blessés (NDLR)

[8] Voir Hossam Tammâm, Al islâmiûn wa al thawra, al-Masri al-Yôm, 08.02.2011.

[9] Impliqués dans l’assassinat de Sadate en 1981.

[10] Voir les rapports détaillés de Fatma Ramadan et du CWTUS de Helwan. En anglais, Joel Beinin a écrit plusieurs excellents articles, disponibles sur ESSF.

[11] Provoquant les frayeurs des puissances impérialistes et des élites du Golfe : 8 % du commerce mondial y passe.

[12] Voir les rapports des centres Dâr al-Khadamât, Al Lagna al Tansiqiya al niqabya, Al Ard, Awlad al-Ard ou les livres de Saber Barakat, Khaled Ali.

[13] Voir l’article sur le syndicalisme indépendant.

[14] Voir « Les gauches en Égypte (XIXe-XXe siècle) », Cahiers d’Histoire, revue d’histoire critique, n°105-106, juillet décembre 2008.

[15] En 1965, le PCE (ses deux branches) avait choisi de se dissoudre pour rejoindre l’expérience du socialisme nassérien suivant la théorie d’origine soviétique sur « les voies non capitalistes » vers le socialisme.

[16] Au début des années 1990, le Parti ouvrier unifié est lancé. Il regroupe ce qui reste de la gauche des années 1970 (Parti communiste ouvrier, Parti communiste du 8 janvier, Parti communiste du congrès, groupe al-Matraqa). Ce projet échoue assez rapidement.

[17] Voir son site http://www.ctuws.com et la rubrique Gauche et mouvement ouvrier d’ESSF.

[18] Al tahalluf al chabi. Voir « i’lân ta’sisi « hezb… » », Le Caire, 26.02.2011, « tasis hezb al tahâluf al chabi », Le Caire, 28.02.2011.

[19] Hezb al ’ummâl al dimoqrati. Voir Hezb al ‘ummâl al dimoqrati – taht al ta’sis, « ‘Ummâl masr al qalb al nâbid lil-thawra », 02.03.2011 ; « machrou’ bernamig Hezb al ‘ummâl al dimoqrati – taht al ta’sis », 25.02.2011.

* Chedid Khairy (pseudonyme) est un militant marxiste impliqué dans la solidarité avec la région arabe. Ce texte doit beaucoup aux nombreuses contributions publiées pendant la révolution. On citera les textes de Kamal Abbas, Wa’el Gamal, Fatma Ramadan, Hossam al Hamalawi, Alaa Shukrallah, Amr ‘Abdel Rahman, Omar Chafe’î, Yassine Temlali, Gilbert Achcar, Ahmed Shawky, Joel Beinin, les déclarations des courants de gauche, des ONG, des réseaux syndicaux, sans oublier les échanges avec des personnes impliquées dans le mouvement ou dans la solidarité. Le contenu ne les engage pas.


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