A l’issue de ces deux jours aucun accord n’a pu être trouvé entre le PCF et l’ensemble des sensibilités non communistes, mais rien n’a été définitivement compromis, dans la mesure où Marie-George Buffet a eu la sagesse de ne pas officialiser sa candidature, s’en remettant à une consultation des collectifs locaux au cours de cette semaine.

Le PCF considère que MGB ayant obtenu la majorité dans les collectifs locaux, elle doit donc être la candidate de la gauche antilibérale. Les non-communistes rappellent que dès l’origine il avait été convenu, par la totalité des protagonistes, que le choix du candidat serait le résultat d’un double consensus : celui issu des collectifs locaux et celui tenant compte de la position des organisations parties prenantes au collectif national.

La teneur de nombreuses interventions de porte-parole des collectifs locaux montre combien la règle du double consensus doit être respectée.

En effet, la disproportion entre les forces militantes du PCF et celles des organisations non communistes a eu pour conséquence que dans les collectifs locaux, les militants du PCF constituent presque toujours au moins la moitié des membres de ces collectifs, quand ce n’est pas la nette majorité. Cette situation est un état de fait qui ne peut être reproché au PCF. Il en va autrement dans des collectifs locaux, qui ont connu, lors de la réunion ayant pour ordre du jour le choix du candidat, un afflux étonnant de camarades du PCF, participant pour la première fois à la réunion de leur collectif. Si bien qu’il y a lieu de relativiser les 60 % environ obtenus par MGB.

Au cours de ces deux jours, il est apparu qu’un nombre non négligeable de communistes étaient convaincus qu’il serait préférable que MGB ne soit pas la candidate de la gauche antilibérale, pour des raisons ne tenant évidemment pas à la personne de MGB. Ces camarades, dont les principaux porte-parole ont été Patrick Braouézec, Roger Martelli et Pierre Zarka, sont conscients que si MGB était candidate, elle apparaîtrait immanquablement comme étant celle du PCF, soutenue par des organisations satellites du PCF. Ces camarades rejoignent en cela la crainte des camarades des autres sensibilités. Des camarades de la LCR unitaire (40 à 45 %) ont même ajouté qu’ils ne désespéraient pas, si MGB se retirait, que Besancenot en ferait autant. A voir.

Quant aux communistes tenants de la candidature de MGB, ils reconnaissent, pour la plupart, que si jamais elle fait fi du double consensus, et officialise sa candidature, elle risque de n’être que la candidate du PCF, et que, dans cette hypothèse, elle ne dépassera pas 3 % des voix. Alors qu’ils admettent que le potentiel de voix de la gauche antilibérale est de l’ordre de 15 %, voire plus.

Cette donnée montre combien la règle du double consensus doit absolument être respectée. Elle est le seul moyen de rééquilibrer les forces au sein de la gauche antilibérale. Grâce au double consensus, le poids dominant du PCF dans les collectifs locaux est contrebalancé par le poids électoral des organisations non-communistes antilibérales parties prenantes dans le collectif national.

Quant à la possible candidature de Mélenchon, pour dépasser les divers blocages, elle n’a été évoquée par aucun des intervenants à la tribune, mais seulement par notre camarade René Revol au cours de la réunion de synthèse des candidatures.

L’idée est séduisante et fait son chemin. Mais ce sera très difficile.

Au terme de ces deux jours, j’en retire la conviction qu’il serait très dangereux pour le mouvement antilibéral qu’il soit représenté par la secrétaire générale du PCF. Ce serait également dangereux pour le PCF, qui s’isolerait du même coup.

Il n’est pas trop tard, mais il reste très peu de temps !

Robert Mascarells