Côte d’Ivoire : Sarkozy est tombé dans le piège

lundi 11 avril 2011.
 

9 avril :Alors que les grands médias avaient déjà enterré Gbagbo, alors que l’ambassadeur français déclarait "Gbagbo n’existe plus, il est enfermé dans sa cave", il est désormais avéré que les forces pro-Gbagbo regagnent du terrain.

Selon l’ONU, les forces pro-Gbagbo contrôlent à nouveau les quartiers de Cocody et du Plateau

La Côte d’Ivoire est rentrée dans une nouvelle étape de la guerre civile qui la déchire depuis 2002, sur fond de surenchère ethno-nationaliste. Le peuple ivoirien, épuisé et dans sa grande majorité désireux de ressusciter l’esprit de coexistence nationale, n’a plus voix au chapitre et subit les exactions de la part des deux camps. L’échec du processus électoral, faisant suite à l’incapacité des deux parties à s’entendre sur la définition de la nationalité ivoirienne, et donc d’un corps électoral qui n’avait été accepté que par défaut, a rendu inéluctable cette nouvelle montée aux extrêmes.

C’est dans ce contexte que Nicolas Sarkozy a choisi d’engager les forces françaises, certes à la demande des nations unies, dans un combat direct contre Laurent Gbagbo. Trop influencé par ses liens personnels avec Ouattara, le président français tombe ainsi dans le piège tendu par un Gbagbo encerclé et désormais prêt à mourir en martyre, comme l’indique le mysticisme évangéliste dont il use. Il tire en effet sa légitimité auprès des « jeunes patriotes », qu’il a massivement armés ces derniers jours, d’une rhétorique anti-colonialiste qui tend à masquer sa collusion réelle avec les milieux d’affaires hexagonaux. Le choix d’une intervention directe des forces françaises sera lourd de conséquences, et il n’est pas acceptable d’imposer Ouattara par la force des armes françaises. La prudence aurait été de consacrer intégralement la force Licorne à la stricte défense des civils d’Abidjan, et le cas échéant à l’évacuation des français en faisant la demande.

Le Parti de Gauche exprime sa vive inquiétude et en appelle à un cessez-le-feu immédiat, ainsi qu’à des négociations essayant de sortir du face-à-face Gbagbo-Ouattara. Il propose que dans un avenir proche, les forces françaises soient remplacées par une véritable force multinationale sous commandement de l’ONU. Cette dernière devra aider à la difficile refondation de la communauté nationale ivoirienne, par-delà les clivages fabriqués et manipulés depuis 15 ans.. Ceci suppose notamment entre autres de créer une véritable commission d’enquête pour que les massacres commis ne restent plus impunis, quels que soient leurs auteurs. Enfin, afin de donner tout son poids à l’ONU, en Afrique sub-saharienne comme ailleurs, il faut que la communauté internationale cesse à terme sa désastreuse politique du deux poids deux mesures, en choisissant de s’impliquer ou non selon des critères ambigus.


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