Syrie : Peuple en marche et crime contre l’humanité (12 articles et videos)

dimanche 10 avril 2011.
 

12) Crime contre l’humanité en Syrie

La police a tiré sur la foule à balles réelles lors de funérailles dans la ville de Deraa de manifestants syriens tués lors de rassemblements pour la démocratie.

Les forces de l’ordre ont également ouvert le feu pour disperser une centaine de protestataires regroupés dans la ville de Lattaquié dans le nord du pays.

« On ne peut pas faire deux pas dans la rue sans courir le risque d’être arrêté. Il est difficile de savoir s’il y a eu des morts, mais nous avons entendu des tirs d’AK-47 », a raconté un habitant à l’agence Reuters.

Un vendredi meurtrier

Vendredi, la Syrie a connu une journée particulièrement meurtrière avec la mort de 37 personnes dans les manifestations, dont 30 pour la seule ville de Deraa, selon des chiffres de l’Organisation nationale pour les droits de l’homme (ONDH).

« Les forces de sécurité syriennes ont commis (à Deraa) ce qu’on peut qualifier de crime contre l’humanité. Elles ont ouvert le feu sans distinction sur les manifestants et ont tué et blessé des dizaines d’entre eux », a dénoncé l’ONDH dans un communiqué.

Les autorités ont de leur côté affirmé que 19 membres des forces de l’ordre ont été tués et 75 autres blessés, par des tirs de « groupes armés » dans cette même ville.

Condamnation de Ban Ki-moon

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon a fait part de sa préoccupation au président syrien Bachar Al-Assad lors d’un entretien téléphonique.

« Il a dit que la mort de manifestants pacifiques était inacceptable et devait faire l’objet d’une enquête », selon un compte rendu de la conversation.

M. Ban également demandé la libération des manifestants arrêtés et souligné le droit des peuples à manifester librement.

Un défi pour Al-Assad

Le mouvement de protestation, en marche depuis trois semaines, constitue un défi sans précédent pour le président Bachar Al-Assad, arrivé au pouvoir il y a 11 ans.

Dans un discours prononcé devant le Parlement, le 30 mars, le président Al-Assad a attribué le mouvement de contestation qui secoue son pays à une « conspiration » visant à détruire la Syrie.

Il n’a cependant pas annoncé l’abrogation de l’état d’urgence ni d’autres mesures spécifiques visant à calmer la grogne des manifestants, comme la libéralisation de la presse ou l’instauration du pluralisme politique.

Le président Al-Assad avait cependant admis que certains griefs de la population étaient légitimes et que des réformes étaient nécessaires.

Le lendemain, il a annoncé la tenue d’une enquête sur les morts de civils survenues depuis le début des troubles, et la création d’un comité chargé d’étudier une possible levée de l’état d’urgence. Ce comité doit terminer ses travaux le 25 avril.

Jeudi, le président syrien a promulgué un décret accordant la citoyenneté à des habitants d’origine kurde qui en avaient été privés à la suite d’un recensement controversé en 1962. Il a aussi limogé le gouverneur de la province de Homs.

Radio-Canada.ca

11) Vague d’arrestations après des manifestations en Syrie

Au lendemain de manifestations ayant rassemblé des milliers de personnes en faveur de la démocratie et fait au moins neuf morts, près de quarante personnes ont été arrêtées par les autorités syriennes samedi 2 avril, ont indiqué des militants des droits de l’homme.

Samedi, tandis que quelque 200 personnes manifestaient de nouveau à Deraa (100 km au sud de Damas) épicentre de la contestation lancée le 15 mars au cri de "La mort plutôt que l’humiliation", "Liberté, Liberté", des dizaines de manifestants ont été interpellés et embarqués à bord d’un autocar, a indiqué un témoin. Quatre contestataires avaient déjà été appréhendés à l’aube : l’architecte Khaled al-Hassan, l’avocat Hassan al-Aswad, l’enseignant Issam Mohammed et Mohammad Fara, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres.

Dans la cité agricole de Douma (15 km au nord de Damas), où une manifestation s’est terminée vendredi dans le sang avec au moins huit morts et des dizaines de blessés, au moins douze personnes ont été interpellées, a affirmé un militant. Enfin, dans la ville industrielle de Homs (à 160 km au nord), où des manifestations ont également eu lieu, l’OSDH a fait état de 17 arrestations. L’OSDH a exigé dans un communiqué que "soient libérés tous les prisonniers d’opinion, que cessent les arrestations abusives d’opposants politiques et que les citoyens puisse jouir de leurs droits légitimes de se rassembler pacifiquement et de s’exprimer".

UN DÉPUTÉ ACCUSE LES FORCES DE SÉCURITÉ

Au Parlement syrien, un député de Deraa a prononcé un réquisitoire contre les forces de sécurité, les accusant d’avoir ouvert le feu "sans pitié" et reprochant au chef de l’Etat de n’être pas venu présenter ses condoléances. Dans une vidéo diffusée sur Youtube, le député Youssef Abou Roumiyé accuse nommément le directeur des services de sécurité du gouvernorat de Deraa d’être responsable de ce qui s’est passé. "La région du Hauran est connue pour son patriotisme, sa fidélité et non pour sa trahison. Ce qui a conduit au drame, ce n’est pas Bachar Al-Assad mais la malveillance du directeur de la sécurité de Deraa, qui a fait venir en hélicoptères des forces de sécurité", dit-il. Youtube affirme que l’intervention de M. Abou Roumiyé, 74 ans, a eu lieu le 27 mars quand les députés avaient invité le chef de l’Etat à venir présenter ses réformes, ce qu’il a fait le 30 mars. "Elles ont ouvert le feu sur des citoyens à Deraa, faisant des morts et des blessés, et ont empêché que ces derniers soient transportés vers les hôpitaux. C’est pourquoi la mosquée a été transformée en hôpital et j’ai entendu les médecins appeler des minarets la population à secourir les blessés", a souligné ce député, qui siège au au Parlement depuis 1990.

A Deraa, entre le 18 et le 23 mars, il y a eu 30 morts selon les autorités et entre 55 et 130 selon les organisations des droits de l’homme et les activistes locaux. "Personne en Syrie ne déteste Bachar Al-Assad, au contraire tout le monde le respecte et l’apprécie. Ce sont les services de sécurité à Deraa qui ont tué indistinctement et sans pitié", a-t-il ajouté. Il a reproché cependant au chef de l’Etat de ne pas avoir daigné venir dans le Hauran, région à la lisère de la Jordanie où est situé le gouvernorat de Deraa.

"Le gens du Hauran attendaient vraiment la visite du président Assad pour qu’il présente ses excuses et ses condoléances. S’il était venu, rien de ce qui s’est passé par la suite n’aurait eu lieu", a-t-il conclu.

LEMONDE.FR avec AFP | 02.04.11

11) Vive la lutte du peuple syrien !

Depuis quinze jours, la vague de mobilisations populaires qui secoue les pays arabes a touché la Syrie. L’élément déclencheur a été l’arrestation de quelques écoliers de la ville de Deraa qui avaient écrit des slogans hostiles au régime. L’étincelle qui a fait éclater la révolte – le geste bien peu menaçant de quelques jeunes – révèle la fragilité du régime du président Bachar El Assad. Et cela démontre qu’au-delà de l’élément déclencheur, ce sont des problèmes communs aux peuples arabes qui ont amené la population syrienne a se soulever : l’exigence impérieuse de justice sociale, de pouvoir vivre dignement et de ne plus subir une chape de plomb anti démocratique qui étouffe les aspirations populaires. La répression gouvernementale a été particulièrement brutale et a fait plus d’une centaine de morts.

Le président Bachar El Assad affirmait encore il y a quelques semaines être préservé du sort réservé à Moubarak et autres dictateurs déchus du fait de ses prises de position anti américaines. Il a été obligé de reculer face à la force de la contestation et a fini par accepter mardi 29 mars la démission du gouvernement. Il est peu probable que cela suffise à rétablir l’ordre. Cela peut au contraire constituer un encouragement pour le peuple syrien à aller jusqu’au bout de ses revendications. Cela témoigne également de la force des processus révolutionnaires en cours auquel aucun régime ne semble pouvoir échappé. Au Yemen, en Jordanie, les manifestations se poursuivent. Seul le régime saoudien – allié central des Etats Unis – donne une impression de stabilité, mais l’intervention militaire brutale opéré au Bahreïn, avec la complicité des puissances européennes et américaines, démontre la fébrilité de la dictature pétrolière.

Une chute du régime El Assad en Syrie serait un évènement majeur et un nouvel encouragement pour tous les peuples en lutte pour leurs droits dans la région. L’Iran perdrait évidemment un allié précieux. Mais, ce serait également un nouveau contrecoup pour certaines puissances occidentales en particulier pour la France. Si le président Obama a mené une politique, plutôt dans la lignée de celle de Bush et du Syrian Accountabily Act voté en 2003, qui accuse le régime syrien de soutenir le terrorisme, l’Iran et de développer des armes de destruction massive, l’Etat Français a par contre cherché à réintroduire le président Bachar El Assad dans le jeu diplomatique. En 2008, Nicolas Sarkozy déclarait ainsi dans un discours devant les ambassadeurs : « Il y a un an j’avais affirmé l’importance de la réconciliation avec tous ceux qui sont prêts à évoluer. Nous avons commencé avec la Libye et nous avons poursuivi avec la Syrie. Là encore, que n’ai-je pas entendu ! A en croire certains, y compris à Washington soit dit en passant, la seule option offerte à notre diplomatie était l’isolement de ce pays. J’ai préféré m’engager dans une autre voie, plus risquée c’est vrai, mais plus prometteuse : celle d’un dialogue dans la clarté débouchant sur des progrès tangibles. »

L’enjeu de ce rapprochement était d’insérer la Syrie, qui fut administrée par la France de 1920 à 1945 (1), dans le projet d’« Union Pour la Méditerranée » et également de décrocher de nouveaux contrats pour les entreprises françaises. Airbus avait prévu de livrer 14 avions à l’Etat syrien mais la vente en a été bloquée en décembre 2010 par le président Obama qui s’est battu pour maintenir l’embargo international sur la Syrie. En cas de développement de la contestation populaire, Nicolas Sarkozy pourrait de toute évidence essayer d’effectuer le même retournement que celui réalisé vis-à-vis de Kadhafi. Il déclarait ainsi le 25 mars denier en condamnant les violences commises à Deraa : « Chaque dirigeant, et notamment chaque dirigeant arabe, doit comprendre que la réaction de la communauté internationale et de l’Europe sera désormais chaque fois la même. » Il est évident que l’Etat français ne reste pas aujourd’hui indifférent aux bouleversements en cours et essaie de reprendre l’initiative pour y faire valoir ses intérêts économiques et géopolitiques. L’intervention en Libye est une étape dans ce processus. Il peut y avoir d’autres initiatives.

Il est essentiel que les processus démocratiques qui ébranlent les régimes arabes restent avant tout aux mains des peuples eux-mêmes. Il est de la responsabilité des peuples en Europe d’empêcher leur gouvernement de prétendre s’ingérer dans les affaires d’autres pays.

(1) Lors de l’indépendance de la Syrie, en mai 1945, le général de Gaulle voulait imposer le maintien de troupes françaises sur place pour y défendre les intérêts de la France. Face au refus du nouvel Etat, l’aviation française a bombardé la ville de Damas et ses troupes ont investi la capitale syrienne en exerçant une répression brutale.

Publié le 29 mars 2011 par Gauche Unitaire

10) Le président syrien limoge le gouvernement

Le président syrien Bachar al- Assad a limogé le gouvernement après l’éclatement de troubles dans le pays qui ont fait une cinquantaine de morts, a rapporté mardi l’ agence de presse officielle SANA.

M. Al-Assad a accepté la démission du Premier ministre Muhammad Naji Otri avant de le nommer Premier ministre par interim en attendant la formation d’un nouveau gouvernement.

M. Otri avait formé son cabinet en 2003 et l’avait remanié à plusieurs reprises depuis lors. Le dernier remaniement remontait à avril 2009.

Cette démission survient alors que des manifestations protestant contre le gouvernement ont récemment éclaté dans plusieurs parties du pays et en particulier à Dara, ville située à une centaine de kilomètres de Damas, la capitale. Les affrontements entre forces de sécurité et manifestants ont fait environ 50 morts, selon des sources officielles.

Les autorités syriennes se sont efforcées de contenir les protestations en adoptant promptement des mesures de réforme comme la fin de la loi d’urgence nationale, l’augmentation des revenus des fonctionnaires et la libération de prisonniers politiques.

L’analyste politique Ahmad Haj Ali a déclaré par téléphone à Xinhua que la démission du cabinet faisait partie des réformes que les dirigeants syriens ont promis d’adopter.

« Un certain nombre de nouvelles réformes devraient être annoncées sous-peu, y compris la libération de détenus et des projets de refonte des lois sur les médias et sur l’autorisation des partis politiques », a déclaré M. Haj Ali...

Source : http://french.cri.cn/621/2011/03/30...

9) La révolte s’étend à l’ensemble de la Syrie (vidéo)

Des renforts militaires ont pénétré dans Lattaquié, une importante ville du littoral nord-ouest du pays, pour faire cesser les tirs de francs-tireurs postés sur les toits qui ont fait douze morts, dont des membres des forces de l’ordre, des civils et des "éléments armés", rapporte dimanche l’agence de presse officielle Sana.

Samedi, des locaux du parti Baas au pouvoir et un commissariat ont été incendiés à Tafas, près de Deraa, où des milliers de personnes s’étaient rassemblées aux cris de "liberté !" pour les obsèques d’un manifestant tué la veille.

A Deraa même, proche de la frontière avec la Jordanie, des centaines de contestataires se sont retrouvés sur la place centrale, sur lesquels les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes en fin d’après-midi.

L’opposition sunnite rapporte que les forces de sécurité syriennes ont tué six personnes en deux jours de manifestations antigouvernementales dans la ville portuaire de Lattaquié. Il y aurait eu plus de 20 morts dans les manifestations vendredi, surtout dans le Sud, des dizaines de personnes auraient été tuées au cours de la semaine écoulée dans la seule ville de Deraa. Selon Amnesty International, la répression des manifestations a fait au moins 55 morts au cours de la semaine écoulée à Deraa et aux alentours. A Sanamein près de Deraa, 20 manifestants ont péri sous les balles vendredi, a affirmé un habitant à la chaîne Al Djazira.

Comme en Libye, les manifestants syriens réclament la libéralisation de la société, certaines de leurs revendications reposent sur des demandes confessionnelles et des conflits millénaires communautaires voire tribaux.

Parti de la ville de Deraa, bastion de la grande minorité sunnite du pays, ce mouvement de colère était impensable il y a encore quelques mois dans ce pays dirigé par l’un des régimes les plus autoritaires du monde arabe. Il dénonce le pouvoir et les richesses accumulées par une élite de la communauté minoritaire Alaouite issue du chiisme, à laquelle appartient le clan Assad.

Les informations en provenance de Lattaquié, important port stratégique du nord-ouest du pays, laissent penser que les troubles se propagent désormais à travers le pays. Le fait que les manifestations aient gagné Lattaquié est important, la ville étant pour moitié peuplée de sunnites et pour moitié d’Alaouites. Des manifestations ont en outre eu lieu vendredi à Damas et à Hama.

Une source gouvernementale nie que les forces de sécurité aient ouvert le feu sur les manifestants de Lattaquié, c’est un groupe armé qui aurait tiré à partir des toits sur des civils et des agents, faisant cinq morts depuis vendredi.

A Damas et dans d’autres villes, des milliers de partisans d’Assad brandissaient des drapeaux, pour clamer leur fidélité au parti Baas.

Confronté à la plus grande vague de contestation en onze ans de pouvoir, le président Bachar el Assad, d’obédience chiite Alaouite, a fait libérer 260 prisonniers - pour l’essentiel des islamistes sunnites- dans l’espoir de désamorcer la contestation. Il s’est engagé jeudi à envisager d’accorder davantage de libertés et de lever l’état d’urgence imposé en 1963 à l’arrivée du parti Baas au pouvoir. Ses annonces n’ont pour l’instant pas calmé la rue syrienne.

Abrahim Saravaki

8) Syrie : les symboles du pouvoir pris pour cible

http://www.youtube.com/watch?v=Lpwk...

7) Syrie : la contestation s’étend et la répression se fait terrible

Daael, Banias, Hama, At Tal, Damas. Le soulèvement populaire contre le régime baasiste né à Deraa il y a plus d’une semaine s’étend désormais à l’ensemble de la Syrie.

http://www.youtube.com/watch?v=0zz8...

6) Syrie : Cessez immédiatement les massacres de manifestants pacifiques

Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) condamne énergiquement le massacre de plus de 30 civils par les forces de sécurité en Syrie depuis une semaine, de même que les atteintes répétées aux droits fondamentaux de manifestants pacifiques.

De nombreux rassemblements pacifiques ont eu lieu en Syrie à la suite de la diffusion, sur des réseaux sociaux sur Internet, d’appels à des manifestations non violentes le 15 mars 2011 pour réclamer des réformes démocratiques, la remise en liberté des prisonniers de conscience et la fin de l’état d’urgence en vigueur depuis 1963.

Les manifestations ont débuté dans la ville de Deraa, située à 130 kilomètres au sud de Damas, puis se sont rapidement propagées à un grand nombre de villes et de villages dans tout le pays. Plutôt que de tirer les leçons des événements qui se sont produits en Tunisie et en Égypte, les autorités syriennes ont décidé de réprimer sévèrement les protestataires, tirant à balles réelles pour disperser les manifestants et plaçant des centaines de civils en état d’arrestation. Après six jours d’affrontements, les manifestations se sont soldées par des dizaines de morts et de blessés, des disparues et des centaines de détentions arbitraires.

Le matin du mercredi 23 mars, les forces armées syriennes ont fait irruption dans la mosquée Omari à Deraa et se sont mises à tirer sur les civils sans armes qui s’y étaient rassemblés. L’électricité et les communications dans une partie de la ville ayant également été coupées.

Ce grave incident a été suivi par l’arrestation arbitraire de centaines de civils, y compris des militants des droits de l’Homme et pro-démocratie, des avocats et des blogueurs. Au nombre des personnes arrêtées se trouvent notamment Hafiz Abdul Hafiz, Souhair Al Atassi et Hervin Oussi. Le jeudi 24 mars, Mazen Darwish, directeur du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM) et l’écrivain Louay Hussein ont été relâchés après avoir été tenus au secret.

Plusieurs prisonniers de conscience, dont Kamel al Labwani, Ismail Abdi, Anouar Al Bunni et l’avocat de défense des droits de l’Homme Mohannad Al Hassani, ainsi que des personnes arrêtées récemment à la suite de leur participation à un rassemblement devant le Ministère de l’Intérieur, ont entrepris une grève de la faim en solidarité avec les victimes de la répression.

Le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme condamne vigoureusement la violente répression, y compris le recours à des balles réelles, visant des protestataires pacifiques qui ont exercé leur droit légitime à la liberté d’expression, d’association et de réunion dans divers lieux de la Syrie au cours des derniers jours, et il demande instamment au gouvernement syrien de :

- mettre fin à la répression des militants pacifiques ;

- garantir les droits de la population à la liberté d’expression, à la liberté d’association et à la liberté de réunion et de mouvement ;

- remettre en liberté tous les militants et les protestataires qui ne sont détenus que pour avoir pris part à une manifestation pacifique ;

- instruire immédiatement des enquêtes sur les massacres, les arrestations, les détentions au secret, les mauvais traitements et les actes de torture et de brutalité excessive perpétrés par la police contre des activistes et des manifestants pacifiques ;

- ouvrir un dialogue véritable et entreprendre des réformes politiques.

Enfin, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme prie instamment l’Union européenne et ses États membres de faire usage de tout leur poids diplomatique pour mettre fin au massacre de civils en Syrie.

5) La Syrie gagnée par les protestations

La police a de nouveau tiré hier à balles réelles sur la foule lors des funérailles de deux personnes tuées à Deraa. Depuis vendredi, la répression du régime en place a fait douze victimes

La fièvre contestataire n’aura pas longtemps épargné le régime de Bachar Al Assad. Depuis le 15 mars, les manifestations réclamant « une Syrie sans tyrannie » se succèdent à Deraa, Damas, Homs, Banias, Alep, Hasaké. Un mouvement de protestation parti du sud du pays, où les protestataires sont violemment réprimés. Hier, à Deraa, épicentre de la contestation, à une centaine de kilomètres au sud de Damas, la police a fait feu sur la foule qui revenait des funérailles de deux personnes tuées par la police, Ibtissam Massalmeh, une jeune fille, et Ali Ghoudab el-Mahamid, un médecin. Dans la nuit de mardi à mercredi, de violents affrontements avaient éclaté dans la vieille ville, aux abords de la mosquée Al-Omari. Un millier de manifestants y avaient convergé, scandant des slogans hostiles aux régimes, avec l’intention d’y passer la nuit sous des tentes dressées à cet effet. Selon un militant des droits de l’homme cité par l’AFP, « les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles et lancé des gaz lacrymogènes sur les manifestants », tuant cinq d’entre eux.

Les autorités syriennes, elles, ont fait état de quatre morts, imputant, les violences à un « gang armé ». Au total, la répression aurait coûté la vie à douze personnes depuis vendredi. Hier, la ville de Deraa restait bouclée, quadrillée par l’armée, les forces antiémeute et par des unités antiterroristes. Signe de la fébrilité des autorités, le gouverneur de Deraa était, dans le même temps ; limogé. À coup sûr, cette brutale répression ne suffira pas à contenir la colère. « Toutes les provinces syriennes vont entrer en éruption. Il y a un quasiconsensus selon lequel le régime ne peut plus tenir. 60 % de la population est pauvre. Près d’un tiers de la main-d’oeuvre est au chômage », analyse Haytham el-Maleh, grand avocat syrien des droits de l’homme, ancien président de la Human Rights Association in Syria, libéré le 8 mars dernier après dix-sept mois de détention arbitraire. « Le peuple syrien tout entier vit sous le joug d’un régime despotique et totalitaire. On ne peut même pas respirer », confiait cet octogénaire à la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), quelques jours après sa sortie de prison.

Les quelques mesures concédées par le régime, qui promet entre autres la création d’un « fonds national pour l’aide sociale », ne semblent pas de nature à répondre à la soif de changement qui s’exprime dans le pays. D’autant que les revendications sont tout à la fois sociales et politiques. « Il y a des mesures exigées avec constance : la libération des détenus politiques, la levée de l’état d’urgence, la mise en place d’un système pluraliste, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice et l’abolition de la clause faisant du parti Baas le leader de l’État et de la société », énumère Riad el-Turk, figure de l’opposition, dans les colonnes du quotidien libanais l’Orient-le jour.

De fait, après quarante ans de règne sans partage marqué par une succession dynastique suite à la mort de Hafez Al Assad en 2000, le Baas fait face à un mouvement de contestation inédit. Comme si les soulèvements populaires au Maghreb et dans les pays arabes avaient fait tomber un mur de peur. « Le peuple syrien partout dans le pays (...) s’est courageusement dressé pour défendre son droit à la liberté, à la dignité et à la justice sociale » et contre « le régime tyrannique et corrompu de Bachar Al Assad, se réjouit le Comité de la déclaration de Damas, un mouvement qui milite pour des changements démocratiques en Syrie. Sur le réseau social Facebook, le groupe Syrian revolution, crée dans la foulée de la révolution tunisienne, comptait hier plus de 69 000 membres. Dans les rues de Damas, rapporte l’agence Reuters, des affiches ont fleuri aux côtés de celles du parti-Etat. Elles portent un seul mot : « liberté ».

ROSA MOUSSAOUI, L’Humanité

4) Syrie : manifestation à Damas le 25 mars (video)

http://www.youtube.com/watch?v=Mcc9...

3) Révolte en Syrie : répression mortelle à Deraa

http://www.youtube.com/watch?v=vFqy...

2) Syrie : Réfugiés à Beyrouth, les opposants syriens amplifient le cyber-activisme

http://www.youtube.com/watch?v=lbsD...

1) syrie manifestation pour plus de liberté 15 mars 2011 (video)

http://www.youtube.com/watch?v=ToPa...


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