On ne peut pas, au nom de principes anti-impérialistes, s’opposer à une action qui éviterait un massacre de la population civile

dimanche 20 mars 2011.
 

Qui est l’opposition libyenne ? Certains ont noté la présence du vieux drapeau monarchiste dans les rangs des rebelles

Ce drapeau n’est pas utilisé comme symbole de la monarchie, mais comme drapeau de l’Etat libyen, celui qui a été adopté par le pays après avoir gagné son indépendance par rapport à l’Italie. Les insurgés l’utilisent pour rejeter le Drapeau Vert que Kadhafi a imposé de pair avec son Livre Vert, lorsqu’il singeait Mao Zedong et son Petit Livre Rouge. Le drapeau tricolore n’indique en aucun cas une nostalgie pour la monarchie. L’interprétation la plus commune est que ce drapeau symbolise les trois régions historiques de la Libye ; le croissant et l’étoile sont les mêmes que l’on voit sur les drapeaux des républiques algérienne, tunisienne et turque et non des symboles du monarchisme.(...)

L’opposition libyenne représente donc un mélange de forces et, en fait, il n’y a aucune raison d’avoir à son égard une attitude différente de celle que nous avons à l’égard des autres soulèvements de masse dans la région. (...)

Quelle est votre évaluation de la Résolution 1973 que le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adoptée le 17 mars 2011 ?

(...) La résolution est étonnamment confuse. Mais étant donné l’urgence de prévenir le massacre qui aurait inévitablement suivi un assaut de Benghazi par les troupes de Kadhafi et l’absence de tout moyen alternatif permettant de protéger la population, personne ne peut raisonnablement s’y opposer. On peut comprendre les abstentions ; certains des cinq états qui se sont abstenus dans le vote du Conseil de sécurité voulaient exprimer leur méfiance et/ou leur insatisfaction avec le manque d’une surveillance adéquate, mais n’ont pas voulu prendre la responsabilité d’un massacre imminent.

(...) Nous connaissons tous les prétextes et les deux poids deux mesures des puissances occidentales. Par exemple, leur prétendue inquiétude sur les dommages que subirait la population civile en cas de bombardement aérien n’a apparemment pas été réveillée à Gaza en 2008-2009, lorsque des centaines de non-combattants étaient tués par des avions de guerre israéliens qui défendaient une occupation illégale. Ou le fait que les Etats-Unis permettent au régime du Bahrein, qui est leur client et où ils ont une importante base navale, de réprimer violemment le soulèvement local avec l’aide d’autres vassaux régionaux de Washington.

(...) On ne peut pas, au nom de principes anti-impérialistes, s’opposer à une action qui éviterait un massacre de la population civile. Dans le même ordre d’idées, même si nous connaissons bien la nature et les deux poids deux mesures des flics dans l’Etat bourgeois, on ne peut pas, au nom des principes anticapitalistes, en vouloir à quelqu’un qui ferait appel à eux en cas de menace de viol imminent et s’il n’y a pas une autre manière d’arrêter les violeurs.

(...)En résumé, je pense que d’une perspective anti-impérialiste on ne peut pas et on ne doit pas s’opposer à une zone d’exclusion aérienne, étant donné l’absence d’alternative plausible pour protéger la population en danger. Il a été rapporté que les Egyptiens fournissent des armes à l’opposition libyenne – et c’est bien – mais cela ne suffit pas pour modifier la situation de manière à sauver Benghazi à temps. Mais encore une fois, on doit maintenir une attitude très critique à l’égard de ce que pourraient faire les puissances occidentales.

(...) C’est la raison pour laquelle le résultat est si difficile à prévoir. La vérité est que nous devons soutenir la victoire du soulèvement démocratique libyen. Sa défaite face à Kadhafi serait un recul sévère qui affecterait la vague révolutionnaire qui secoue actuellement le Moyen-Orient et l’Afrique du nord.

(Traduction A l’Encontre)

(20 mars 2011)


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