Présidentielles 1995 : une droite corrompue jusqu’à la moelle

lundi 7 mars 2011.
 

"Tous les trois jours environ, j’allais déposer de l’argent en liquide, dans une mallette, au Crédit du Nord", raconte dimanche au Parisien un ancien membre de l’association de financement de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, entendu comme témoin dans l’enquête sur l’affaire Karachi.

"En tout, entre le 13 mars et le 24 avril, j’ai dû procéder à 22 dépôts. Cela pouvait aller de 100 000 à 500 000 francs maximum (15 000 à 75 000 euros environ) car la mallette ne pouvait pas contenir plus", déclare Alexandre Galdin, 43 ans, entendu le 25 février par le juge Renaud van Ruymbeke, précise le journal.

Galdin ajoute qu’il ne connaissait pas l’origine des fonds.

"Je pensais alors qu’il s’agissait de fonds secrets de Matignon. Tout le monde, au QG, le subodorait", dit-il.

Le 26 avril 1995, "le volume d’argent était tel que ce n’est pas une mallette mais une valise en faux cuir marron, de très mauvais goût, que j’ai apportée à la banque", poursuit-il, estimant à "peut-être 3 millions de francs, soit l’équivalent de six mallettes", le montant de ce dépôt.

Ce jour-là, le trésorier de la campagne Balladur, René Galy-Dejean, l’accompagnait, dit-il.

Entendu le 15 février comme témoin assisté par le juge van Ruymbeke, chargé d’enquêter sur un volet financier de l’affaire Karachi, Galy-Dejean avait fait état d’un dépôt en espèces de 3 millions de francs le 26 avril 1995, selon son PV d’audition cité par Le Monde et Médiapart.

Galy-Dejean s’était en revanche affirmé incapable d’expliquer un versement de 7 millions de francs en faveur du candidat battu en 1995.

Au printemps 2010, le quotidien Libération avait fait état d’un document récapitulant un versement de 10 millions de francs (1,5 million d’euros) au Crédit du Nord ce même 26 avril 1995.

La justice s’interroge sur l’existence d’éventuelles rétrocommissions liées à la vente de sous-marins au Pakistan qui auraient été destinées au financement de la campagne présidentielle de l’ex-premier ministre. Edouard Balladur juge "parfaitement infondées" les allégations d’un financement politique occulte.

Les juges Marc Trévidic et Yves Jannier suivent de leur côté la piste d’un arrêt des commissions sur un contrat d’armement franco-pakistanais signé en 1994 pour expliquer l’attentat de mai 2002, qui avait tué 15 personnes, dont 11 salariés français de la Direction des constructions navales (DCN).


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