Libye : Mobilisations et contre-offensives du 15 février au 15 mars 2011 (26 articles)

mardi 15 mars 2011.
 

Benghazi à portée de main de Kadhafi

À coups d’obus et de raids aériens, les troupes loyales au Kadhafi poursuivent leur marche vers Benghazi, la principale ville dans la main des forces de la rébellion dans l’Est du pays.

Les forces loyales à Kadhafi ont délogé dimanche les insurgés de la ville de Brega (est), rapporte la télévision nationale libyenne. Marsa El Brega est un important terminal pétrolier de la Libye, à proximité duquel se trouve un aéroport international, contrôlé lui aussi jusqu’à une date récente par les opposants à Kadhafi. La ville possède aussi une raffinerie de pétrole et une usine de liquéfaction de gaz.

La reprise de Ras Lanouf semble confirmer que le camp Kadhafi a réussi à se regrouper après la confusion apparente provoquée par le soulèvement qui a commencé le 15 février dernier. Depuis plus d’une semaine, les forces fidèles au dirigeant libyen ont lancé une contre-offensive militaire contre les insurgés et repris notamment le contrôle du centre de Zaouia, la ville la plus proche de Tripoli tombée aux mains des insurgés. Zawiyah, Al-Uqaila, Al-Bicher, Brega : la liste des villes reprises aux insurgés libyens par les forces fidèles à Kadhafi s’allonge.

Selon les défenseurs des droits de l’homme, les émeutes ont fait jusqu’à 2.000 morts et près de 4.000 blessés.

Les rebelles conservent encore le contrôle d’Ajdabiya qui fait figure de dernier verrou avant le quartier général du Conseil national de transition à Benghazi, ou l’inquiétude grandit à mesure que les forces pro-Kadhafi progressent. Malgré les mauvaises nouvelles du front, des volontaires quasi désarmés continuaient hier de s’enrôler pour aller combattre les troupes du régime en place. Des témoins constatent que l’ambiance s’est considérablement tendue à Benghazi. Des habitants fuient et les drapeaux rebelles disparaissent, sentant le vent tourner en leur défaveur. Le combat final des forces loyales de Kadhafi contre des insurgés armés est probablement très proche. Mais le destin du mouvement pacifique du peuple libyen pour la liberté et la justice sociale reste encore à écrire.

Pierre Barbancey, L’Humanité

Kadhafi reprend la main à Ras Lanouf

Un officier des forces rebelles a reconnu samedi 12 mars que les combattants de l’insurrection avaient été délogés du port pétrolier stratégique de Ras Lanouf par la contre-offensive du régime de Moammar Kadhafi. Les insurgés se sont repliés à 20 km de Ras Lanouf, port pétrolier du golfe de Syrte.

Le général Abdel Fatah Younès, responsable du Conseil national libyen de transition (CNLT) formé par l’opposition, occupait le poste de ministre de l’Intérieur avant de passer dans le camp de l’insurrection. Il a reconnu samedi que les troupes loyalistes contrôlaient désormais la ville de Ras Lanouf et les installations de la raffinerie pétrolière de Ras Lanouf, à 615km au sud-est de la capitale Tripoli. Mais il a promis un retour des insurgés d’ici dimanche "au plus tard".

La télévision d’Etat libyenne a annoncé vendredi matin que Ras Lanouf, ville stratégique pétrolière, avait été "purgée" des insurgés et que les forces pro-Kadhafi se dirigeaient vers Benghazi, fief de l’insurrection plus à l’Est. "Nous sommes vaincus. Ils bombardent à coups d’obus et nous fuyons. Cela signifie qu’ils sont en train de reprendre Ras Lanouf", a reconnu un insurgé. A quelques dizaines de kilomètres de là l’Ouest, Ben Jawad a été "complètement" nettoyé selon un officiel libyen.

A 40 km à l’ouest de Tripoli, Zawiyah était sous contrôle des pro-Kadhafi, après de violents combats, selon des témoins. Cette ville, qui abrite la principale raffinerie de pétrole alimentant la capitale et l’ouest du pays, était jusque-là le bastion des insurgés le plus proche de Tripoli.

L’assaut sur Ras Lanouf semble confirmer que le camp Kadhafi a réussi à se regrouper après la confusion apparente provoquée par le soulèvement qui a commencé le 15 février dernier. Depuis plus d’une semaine, les forces fidèles au dirigeant libyen ont lancé une contre-offensive militaire contre les insurgés et repris notamment le contrôle du centre de Zaouia, la ville la plus proche de Tripoli tombée aux mains des insurgés.

En revanche, les rebelles continuaient de contrôler Misrata (150 km à l’est de Tripoli), et plusieurs villes du nord-ouest notamment dans la région montagneuse du Jabal Al-Gharbi, selon des habitants.

Pierre Barbancey, L’Humanité

Dans l’enfer des combats aux portes de Ras Lanuf

La bataille de Ras Lanuf, ville que l’on croyait aux mains de l’insurrection, est toujours âprement disputée. Notre envoyé spécial était sur place. Récit des affrontements entre les opposants à Kadhafi et l’armée restée fidèle au colonel.

Ras Lanuf (Libye), envoyé spécial. Nous sommes à 25 kilomètres de Ras Lanuf, la ville qui donne accès à Syrte. Difficile d’avancer plus loin. C’est comme un barrage de feu qui empêche les chebabs (les jeunes) d’avancer. Partis de Brega la veille, ils avaient décidé d’établir un avant-poste à 40 kilomètres avant d’être rejoints par leurs camarades. Mais les chars de Kadhafi les attendaient. L’artillerie lourde était positionnée sur les collines qui, une fois passées, laissaient la route ouverte vers Ras Lanuf.

Au bruit des avions succède celui des hélicoptères. Le ciel s’emplit de petits nuages noirs. Les rafales de tout calibre éclatent un peu partout. « Allah Akbar  ! », crient les rebelles pour se donner du courage. Certains s’agenouillent à même le bitume, tel un ruban noir qui coupe l’étendue monotone de ce désert, pour prier. On s’embrasse même. Tout est très désordonné. «  Nous avons notre courage pour nous, les hommes de Kadhafi, eux, sont payés  », relève Ahmed, la tête recouverte d’un keffieh noir et blanc. Il est assez pâle mais garde sa contenance, sa kalachnikov à l’épaule. À ses côtés, Mohamed semble plus serein. Tous les deux ne cessent pourtant de lancer des slogans à la gloire de Dieu. «  J’ai deux enfants  », dit l’un. «  Moi, trois  », dit l’autre, comme pour se donner du courage.

Les ambulances défient le feu

Le sifflement des obus de mortier est terrifiant, plus que celui des RPG (des lance-­roquettes anti-char). Il faut se jeter à terre à tout moment et n’importe comment. Impossible de savoir d’où ça vient. Le désert est une grande caisse de résonance. Dans cette arène géante, des panaches de fumée s’élèvent. Des ambulances défient le feu. Paradoxalement, – et c’est tant mieux – il y a surtout des blessés. On en amène un sérieusement touché. Sa Ranger traîne encore au sol. Ensanglantée.

Les pick-up des opposants à Kadhafi parcourent l’étendue en zigzag, tirant dans tous les sens, tentant d’éviter les roquettes qui les visent. En milieu d’après-midi, la bataille était toujours incertaine. Mais les anti-Kadhafi ne parvenaient pas à avancer. La rumeur qui circulait quelques heures auparavant et selon laquelle Ras Lanouf était tombée s’avère totalement fausse. Ahmed, qui s’en félicitait, est maintenant introuvable.

En face, ils disposent de matériel lourd

Dans l’océan de sable balayé par le vent, on distingue des silhouettes qui courent. Il y a maintenant beaucoup de confusion et peu d’ordres donnés. Qui d’ailleurs a invité les chebab à se diriger vers Ras Lanuf  ? Ici, c’est le cas de le dire, tout se propage comme une traînée de poudre. La bataille est vraiment inégale. En face, ils disposent de matériel lourd, notamment des mortiers particulièrement efficaces pour cette zone. Ils font des dégâts et éparpillent les combattants comme des moineaux. De plus, les troupes de Kadhafi sont positionnées sur les hauteurs, ce qui leur donne un avantage certain. La bataille de Ras Lanuf n’était pas terminée en fin d’après-midi. Mais la rébellion concentrait ses troupes à Brega qui, plus que jamais, est le point le plus convoité.

Ce qui s’est passé hier prouve que rien n’est joué en Libye. Ni en termes militaires ni en termes politiques. Le colonel Kadhafi est parvenu à contenir la rébellion à l’est, il contrôle encore de nombreux champs pétrolifères et des terminaux. Enfin, à l’ouest, les villes qui ne lui sont plus fidèles restent totalement isolées.

Le vent mauvais continue de souffler, insupportable, emplissant les yeux et les oreilles de ce maudit sable. Hors de portée des mortiers, des centaines de rebelles équipés comme ils le peuvent reprennent quelques forces avant de se jeter à nouveau dans l’enfer des combats où les explosions résonnent toujours.

Pierre Barbancey, L’Humanité

Libye : la contre-offensive de Kadhafi se poursuit

Le régime libyen tentait de reprendre la main dimanche soir, avec des raids aériens contre les insurgés et des manifestations de "victoire" à Tripoli, affirmant avoir reconquis plusieurs villes, ce que l’insurrection dément bien qu’elle ait cédé du terrain. Au 20e jour d’insurrection, le colonel Mouammar Kadhafi s’est déclaré favorable à l’envoi d’une commission d’enquête "des Nations unies ou de l’Union africaine" pour évaluer la situation. Il a également brandi les spectres d’Al-Qaïda et d’une immigration massive en Europe.

Le pouvoir affirme qu’il avance vers Benghazi

La révolte prend désormais des allures de guerre civile et la télévision d’Etat libyenne a annoncé que des forces fidèles au colonel Kadhafi étaient en route vers Benghazi, fief de l’opposition à près de 1.000 km à l’est de Tripoli. L’armée libyenne a déjà tenté ces derniers jours de lancer une contre-offensive pour stopper la progression des insurgés, bombardant Ajdabiya et Brega, à l’ouest de Benghazi. Mais l’insurrection, un mélange de jeunes sans réelle expérience du combat et de militaires ralliés à l’opposition, a malgré tout réussi à avancer jusqu’à la ville pétrolière de Ras Lanouf, à 300 km au sud-ouest de Benghazi.

La télévision d’Etat a affirmé dimanche que le gouvernement avait repris le contrôle de Ras Lanouf, de Tobrouk (est) et de Misrata (ouest). Elle a diffusé des images de "manifestations de joie" à Tripoli, Syrte, la ville natale du colonel Kadhafi, et Sebha (sud). A Tripoli, le régime a orchestré une manifestation de soutien au colonel Kadhafi pour célébrer la "victoire". Soldats, policiers et miliciens ont tiré en l’air en signe de joie. Dans le centre, 4.000 à 5.000 partisans de Kadhafi se sont rassemblés sur la place Verte. Samedi, le gouvernement avait mené une importante contre-offensive à Zawiyah, à 60 km à l’ouest de Tripoli, tuant au moins sept personnes selon une source médicale.

L’opposition résiste et s’organise

Mais les insurgés ont immédiatement contesté la reprise des trois villes. Selon des journalistes de l’AFP sur place et les insurgés, Ras Lanouf était toujours contrôlée dimanche matin par ces derniers. Dans la matinée, les forces pro-Kadhafi ont cependant mené deux raids, sur un camp de rebelles et sur un poste de contrôle, apparemment sans faire de blessés.

En revanche, des combats ont forcé les insurgés à se retirer de Ben Jawad, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Ras Lanouf et d’où ils avaient espéré avance jusqu’à Syrte, ville natale du numéro un libyen, une centaine de kilomètres plus à l’ouest. Selon un médecin, les combats ont fait deux morts et une trentaine de blessés, dont un journaliste français. Dimanche après-midi, un journaliste de l’AFP a encore entendu des tirs d’artillerie près de Ben Jawad. Les insurgés libyens ont également contesté la reprise de Tobrouk. A Misrata, 3e ville du pays à 150 km à l’est de Tripoli, un habitant et un insurgé ont déclaré par téléphone à l’AFP que la ville était contrôlée par l’insurrection, mais qu’une offensive gouvernementale à l’arme lourde était en cours.

Sur le plan politique, les insurgés continuaient de s’organiser. Le Conseil national créé le 27 février par l’insurrection s’est réuni samedi pour la première fois et s’est déclaré "le seul représentant de la Libye".

L’Europe noue des contacts avec la rébellion

Dimanche, la France a salué ce Conseil national, apportant son "soutien aux principes qui l’animent et aux objectifs qu’il s’assigne". Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a cependant estimé qu’une intervention militaire aurait des "effets négatifs" et s’est prononcé en faveur d’une zone d’interdiction aérienne pour empêcher les bombardements. Londres a confirmé qu’une "petite équipe diplomatique" britannique se trouvait à Benghazi. Selon l’opposition libyenne, un diplomate et des militaires britanniques ont été arrêtés après leur arrivée dans une zone contrôlée par les insurgés et se trouvent désormais "en sécurité".

A l’ONU, des diplomates ont annoncé dimanche que la commission des sanctions sur la Libye tiendrait sa première réunion dans les prochains jours et serait présidée par le Portugal.

Le rapatriement des réfugiés se poursuit

Plus de 191.000 personnes ont fui à ce jour les violences et environ 10.000 personnes déplacées se dirigeaient vers la frontière égyptienne, selon l’ONU. Le Royaume-Uni, qui a déjà évacué vers Le Caire plus de 6.000 Egyptiens réfugiés à la frontière tunisienne, a annoncé dimanche qu’il allait rapatrier 500 Bangladais ayant fui les violences en Libye.

L’Union européenne a envoyé dimanche une équipe à Tripoli pour évaluer sur place les besoins humanitaires, avant un sommet des dirigeants de l’UE prévu vendredi pour examiner la situation en Libye. L’équipe, dirigée par l’Italien Agostino Miozzo, un haut-fonctionnaire du service diplomatique de l’UE chargé de coordonner la réponse aux situations de crise, a pour but de recueillir des "informations de première main", a dit Mme Ashton dans un communiqué. Il s’agit de de la première mission internationale de ce type en Libye depuis le début de l’insurrection.

Source :

http://www.humanite.fr/06_03_2011-l...

5 mars : Intenses combats à Zaouïah

Des forces du régime du colonel Mouammar Kadhafi ont mené une nouvelle offensive sur la ville de Zawiyah, à 60 km à l’ouest de Tripoli, où des chars ont investi les rues de la ville, tirant sur des habitations. "Les chars sont partout dans la ville et tirent sur les habitations. J’en ai vu passer sept devant chez moi. Les tirs d’obus n’arrêtent pas", a indiqué à l’AFP un habitant de la ville. "Je suis sous le feu. Je ne peux pas vous parler maintenant", a répondu de son côté un médecin sur le terrain, joint par téléphone. Un site d’opposition, Al-Manara, a affirmé de son côté qu’une quarantaine de chars sont entrés dans Zawiyah et ont tiré sur des habitations.

Les combats ont été très rudes ce samedi entre les pros Kadhafi et l’opposition. En début d’après-midi, après d’intenses combats avec les rebelles libyens, les forces de Mouammar Kadhafi s’étaient dans un premier temps retirées du centre de la ville de Zaouïah. Une journaliste de Reuters présente à la périphérie de Zaouïah a constaté que les forces gouvernementales avaient encerclé la ville côtière et mis en place des barrages à trois kilomètres du centre. "Ils sont entrés dans Zaouïah à six heures ce matin avec des moyens importants, des centaines de soldats appuyés par des chars. Nos combattants ont riposté (...) Nous sommes vainqueurs pour le moment et des civils se rassemblent sur la place", a déclaré le porte-parole rebelle Youssef Chagan à Reuters.

"Il y a beaucoup de destructions en ville. En regardant autour de moi, je ne vois que des destructions. Des immeubles bombardés et des voitures en flammes de tous les côtés - je ne peux même pas les compter", a expliqué par téléphone un habitant. Un autre habitant a rapporté que les corps de huit personnes avaient été amenés à la mosquée pour être enterrés.

Zaouïah est le théâtre de combats depuis plus d’une semaine. Les forces de Mouammar Kadhafi sont entrées vendredi dans la ville pour y attaquer les insurgés qui veulent chasser le dirigeant libyen au pouvoir depuis 1969. Dans la soirée, elles contrôlaient la plus grande partie de la ville mais se heurtaient à une résistance dans le centre. Selon des habitants, 30 civils au moins ont été tués dans les affrontements. Les rebelles ont dit être parvenus samedi matin à repousser l’assaut et à s’emparer de deux chars de l’armée.

Ailleurs, les insurgés libyens ont poursuivi samedi leur progression vers l’ouest et sont arrivés dans l’après-midi à Ben Jawad, à une trentaine de kilomètres de Ras Lanouf. "Nous les avons repoussés au-delà de Ben Jawad et aujourd’hui nous allons les pilonner jusqu’à ce qu’ils repartent à Syrte", a déclaré un officier qui a rejoint l’opposition au début de la révolte qui a débuté le 15 février en Libye.

L’insurrection, qui progresse vers l’ouest depuis plusieurs jours, a affirmé vendredi contrôler Ras Lanouf, un port pétrolier stratégique à une centaine de kilomètres à l’est de Syrte, après de violents combats avec les forces gouvernementales. Tripoli a démenti et assuré que la situation y était "normale", mais un journaliste de l’AFP a vu vendredi soir des rebelles positionnés à l’extérieur du complexe pétrolier, des casernes et du commissariat de la ville.

Sur la ligne de front de Braygah

À Braygah, malgré les bombardements, la situation est moins tendue. Mais les troupes de Kadhafi sont à moins de 40 kilomètres et la partie n’est pas gagnée pour autant.

Les avions vus la veille en train de tournoyer dans le ciel de Braygah ont pondu leurs œufs pourris au petit matin. Quelques frappes visiblement davantage destinées à impressionner qu’à toucher des cibles. Comment expliquer, sinon, que le dépôt de munitions d’Adjabiya, immanquable même par le pilote le moins expérimenté, soit toujours debout après plusieurs raids aériens  ? Ces questions, Ahmed, cadre dans l’industrie pétrolière, ne cesse de se les poser. « Est-il possible que des Libyens tirent sur d’autres Libyens  ?, demande-t-il. Ne serait-ce pas plutôt des pilotes serbes  ? », veut-il croire, en relevant l’une des nombreuses rumeurs qui courent dans les rues de Benghazi. Mais là n’est pas sa principale préoccupation. À plusieurs reprises, il s’est rendu devant le palais de justice de cette grande ville de l’Est pour demander qui prenait les décisions. Les décisions politiques et les décisions militaires. « Nous avons besoin que quelqu’un vienne nous parler », certifie-t-il.

Dispositif de défense renforcé

D’autant que, la nuit précédente, Benghazi a été ébranlée à plusieurs reprises par de violentes explosions relativement proches, faisant plutôt penser à des tirs de missiles qu’à des feux d’artifice. Comme beaucoup de Libyens dans cette partie du pays, Ahmed se demande qui décide. Il a bien entendu un homme, Abdelhafez Ghoqa, se présenter comme le porte-parole du comité mis en place, mais il ne le connaît pas. Comme il ne sait pas quels sont les membres du comité, comment ils ont été choisis et qui a décidé que l’ancien ministre de la Justice, Mustapha Mohamad Abdeljalil, allait présider le « conseil national de transition » mis en place dans les villes contrôlées par les insurgés. Alors, quand il a entendu Ghoqa appeler « les Nations unies à lancer des frappes aériennes sur les positions des mercenaires », son sang n’a fait qu’un tour, même s’il est un farouche opposant au régime. Sur la ligne de front, à Braygah, la situation est moins tendue que la veille, mais le dispositif de défense a été renforcé. À hauteur d’Adjabiya, des chars ont été placés de part et d’autre de la route, les défenses antiaériennes sont prêtes à fonctionner.

À Braygah même, plusieurs centaines d’hommes sont postés en permanence, l’arme au poing. C’est un carrefour stratégique. D’une part vers l’ouest, la route qui mène à Syrte, verrou « kadhafien » qui protège Tripoli, et, d’autre part vers le sud, celle qui rejoint les champs pétroliers de Raguba et Zaltan, sous le contrôle des insurgés et surtout Waha, toujours aux mains des forces fidèles au « colonel Muammar ». Ancien officier des forces spéciales libyennes passé à la rébellion et qui a préféré retirer les galons de son treillis, le commandant Ounis Mohammad dirige cette zone sensible. Entouré de « ses » soldats, des gars du métier dont la peau tannée tranche avec celle de certains des volontaires, c’est un homme respecté, qui sait hausser la voix quand il le 
faut. Yahya Marhit Ali, vingt-quatre ans, l’admire et le craint. Cet étudiant en cinquième année de médecine a d’abord donné un coup de main à l’hôpital Jala de Benghazi. « C’était trop, ça ne servait plus à rien tellement il y avait de morts. Il fallait que je parte me battre. » Yahya montre la mitrailleuse montée sur un pick-up qu’il est censé utiliser et dit  : « C’est mon père, ma mère et mon avenir. » Et aussitôt après il se met à chanter  : « J’étais un médecin, je suis un combattant, je veux revoir ma mère, je veux revoir mon amour. »

Le commandant Ounis explique que si les assaillants ont été repoussés la veille « grâce à notre foi en Dieu et en notre pays », la partie n’est pas gagnée pour autant. « Ils se sont redéployés dans le Sud, à une quarantaine de kilomètres d’ici », précise-t-il. La manœuvre est claire de la part des soldats de Kadhafi  : empêcher toute avancée de la rébellion, prendre possession de tous les champs de pétrole et, surtout, de Braygah. Pour l’officier en charge de la zone, la bataille n’est pas terminée. Comme pour confirmer ses dires, quatre hommes sont extraits d’une voiture. Ils ont été arrêtés à 15 kilomètres de là. Mercenaires ou migrants  ? Pour le colonel, « nous n’avons pas besoin d’une intervention militaire étrangère, mais de sanctions de l’ONU et de l’Union africaine contre les pays qui fournissent des milices ».

Crimes contre l’humanité

Luis Moreno-Ocampo, le procureur de la Cour pénale internationale, a déclaré, hier, qu’il ouvrait une enquête « pour crimes qui auraient été commis contre l’humanité en Libye depuis le 15 février ». Elle viserait le colonel Muammar Kadhafi, ses fils et des hauts dignitaires du régime, au sujet d’« incidents » survenus dans plusieurs villes et au cours desquels « des manifestants pacifiques auraient été attaqués par des forces de sécurité ». Selon la Ligue libyenne des droits de l’homme, basée en Suisse, 
la répression a fait 6 000 morts, dont 3 000 à Tripoli et 2 000 
à Benghazi, et non 220 à 250 morts annoncés par des sources hospitalières et le Cicr.

Pierre Barbancey, L’Humanité

3 mars 2011 La rébellion reprend Braygah

Muammar Kadhafi est passé à 
l’offensive mais ses troupes n’ont pas tenu longtemps face une population armée qui résiste. Reportage.

Braygah, Libye, envoyé spécial. Si Muammar Kadhafi doutait de la résistance des Libyens, il en a eu un aperçu, hier, à Braygah, ville industrielle à 240 kilomètres au sud de Benghazi. Justement sur la route qui mène à Syrte, le verrou pour se rendre à Tripoli. Dans un excès d’offensive, la première qu’on lui connaît depuis le début de la révolte, le 17 février, il a envoyé ses troupes à la reconquête de l’est. Hier, vers 6 heures du matin, Braygah tombait pratiquement sans coup férir, après que l’aviation libyenne a balancé quelques roquettes, permettant aux troupes d’avancer dans la ville sans dommage. Mais la mobilisation des volontaires depuis Benghazi et Adjabiya va décider autrement du sort de Braygah.

Pratiquement édenté alors qu’il n’a que trente-trois ans, Doga Sbeh n’a pas hésité une seule seconde. Grand et costaud, il a pris du gros calibre avec lui. Il est monté dans l’une des nombreuses voitures qui partaient d’Adjabiya et s’en est allé vers Braygah où les rebelles avaient déjà contre-attaqué. Des hommes de Kadhafi, peut-être 200, lourdement armés, ont dû se réfugier dans le Bright Star College de la ville, un complexe universitaire à deux pas des énormes cuves de pétrole pleines à ras bord. L’échange est violent, rude. Armes automatiques, mitrailleuses lourdes, lance-roquettes et même canons antichars. L’armée encore fidèle au Guide libyen parvient à s’engouffrer dans une brèche et se dégage de ce qui aurait pu être un Fort Alamo. « Quand ils nous ont vus, ils se sont échappés », raconte Doga, sourire aux lèvres. Le répit n’est que de courte durée. La poursuite s’engage rapidement. « On était si nombreux, ils ont laissé leur voiture et se sont enfuis », se souvient encore notre homme. Des dizaines de combattants s’engagent dans les dunes à la recherche des fuyards. Des pick-up sur lesquels ont été fixées des mitrailleuses antiaériennes ouvrent la marche dans des ergs de sable. Juchés sur les véhicules, ils éructent. Ce n’est jamais beau une chasse à l’homme même si la colère peut se comprendre. Dans un des véhicules, on retrouve une pipe à eau de fortune, faite avec une bouteille plastique, qui sent le hachisch. Les soldats capturés n’en mènent pas large. Même blessés, ils se font tabasser, certains meurent sous les coups alors qu’on tente de les emmener en ambulance vers l’hôpital le plus proche. Tout le monde tire en l’air, les camions klaxonnent, les sirènes hurlent, des hommes crient dans des haut-parleurs. Certains ont des kalachnikovs ou des fusils de chasse, d’autres des sabres. On en voit un avec un bazooka. Le sol est juché de douilles de tous les calibres. Il faut même protéger un cadavre, pourtant recouvert d’une couverture, que la foule en délire pourrait mettre en pièce. Contrairement à la rumeur soigneusement entretenue à Benghazi, il ne s’agit pas de mercenaires venus d’Afrique subsaharienne –même si l’on sait que Kadhafi en dispose– mais en l’espèce ce sont des Libyens, restés fidèles au régime.

Des volontaires partis pour l’Ouest du pays

Le matin même, dans une caserne de Benghazi, le colonel Hamed Belkhir expliquait à l’Humanité  : « Kadhafi envoie ses troupes dans les endroits stratégiques. Il veut reprendre les terminaux pétroliers et les champs d’extraction. Peut-être pour les faire exploser. » Membre du conseil militaire qui a été mis en place il y a deux jours, le colonel Belkhir affirme que ce conseil est provisoire et qu’il est en relation constante avec le comité civil qui siège au palais de justice. « Quand nous aurons sécurisé toutes les industries pétrolières, nous avancerons sur Syrte », affirme-t-il, avec comme première étape Ras Lanuf, toujours aux mains du pouvoir central, comme en témoigne un étudiant en chimie. Mounir descend à peine du bus. Il a quitté Ras Lanuf à 9 heures après un contrôle minutieux des militaires loyalistes. Malheur à celui qui avait laissé sur son téléphone mobile ne serait-ce qu’une blague offensante pour le Guide.

Le colonel Belkhir révèle que des volontaires sont déjà partis de Benghazi pour rejoindre l’ouest du pays où de nouveaux fronts se sont ouverts. « Ce sont des groupes formés d’anciens soldats. Ils empruntent leur propre chemin pour se rendre à destination. » Hier soir, alors que la nuit tombait sur Braygah, des pick-up de la rébellion tentaient d’avancer vers Ras Lanuf. Dans le ciel, des avions de Kadhafi continuaient de tournoyer, imperturbables. Mais plus personne n’était effrayé. Muammar Kadhafi a dû en prendre la mesure. Pour la première fois, il est apparu à la télévision sans son habituel teint cireux et sans ses grosses lunettes noires. Pour montrer un visage humain  ? Personne n’y croit.

Pierre Barbancey, l’Humanité

3.000 morts, selon la Ligue libyenne des droits humains

La répression du colonel Mouammar Kadhafi contre l’insurrection dans son pays a déjà fait au moins 3.000 morts, a déclaré mercredi à Reuters le porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l’homme, Ali Zeidan.

Au cours d’un entretien téléphonique, il a également fait état "d’au moins 20.000 blessés" dans toute la Libye.

Dans un discours à Tripoli, Mouammar Kadhafi a affirmé mercredi que les combats en Libye n’avaient pas fait plus de 150 morts.

"En tant que Fédération des droits de l’Homme, nous disons que 3.000 morts ont été confirmés", a dit Ali Zeidan, qui s’exprimait en anglais.

"En tant qu’opposants libyens, nous évoquons le chiffre de 6.000 tués", a-t-il ajouté, citant des sources "dans les hôpitaux, la police, l’armée et l’opposition" en Libye.

Une grande partie de ces morts ont été recensés à Tripoli, la capitale, a-t-il précisé.

"Nous comptons, nous recroisons les sources. Nous disons qu’il y a au moins 20.000 blessés dans tout le pays", a-t-il ajouté, précisant que, selon ses sources, seules les villes de Tripoli, de Sabha et de Syrte étaient "complètement sous le contrôle de Kadhafi".

Si le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 41 ans en Libye, est chassé du pouvoir ou s’il est tué, "on découvrira que les bilans sont bien plus importants", a-t-il ajouté.

"Les Libyens ne sont pas tués par l’armée régulière mais par les mercenaires et les forces spéciales de Kadhafi et ses gardes personnels", a déclaré Ali Zeidan.

"L’armée n’a pas d’armes, n’a pas de mitrailleuses. Ils ne peuvent rien faire. L’armée doit être réactivée afin de pouvoir aider les Libyens", a estimé le porte-parole de la Ligue.

La communauté internationale condamne unanimement la répression du régime libyen depuis deux semaines. Des sanctions ont été adoptées par les Nations unies et l’Union européenne et l’hypothèse d’une intervention militaire est évoquée.

"En tant que fédération des droits de l’homme, nous ne pouvons pas approuver une telle option", a expliqué Ali Zeidan.

"Aucun pays ne peut accepter d’être sous le coup de forces étrangères, nous ne pouvons pas l’accepter, mais si la situation devient encore pire, si nous découvrons plus de tueries, peut-être que la communauté international devra prendre une décision", a-t-il cependant ajouté.

http://www.lexpress.fr/actualites/2...

Les forces pro-Kadhafi repoussées de Brega ce 2 mars 2011

Les forces du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi ont été repoussées de Brega, à 200 km au sud-ouest de Benghazi, où elles tentaient de mener une contre-attaque dans cette ville jusqu’alors contrôlée par les insurgés. En parallèle à ce succès, l’opposition est passée d’un mouvement d’insurrection à un gouvernement parallèle, mais elle reste divisée sur le chemin à prendre pour chasser le colonel Kadhafi du pouvoir.

Les forces pro-Kadhafi repoussées

Les insurgés libyens ont affirmé ce mercredi midi avoir repris le contrôle de Brega (est), cible d’une contre-offensive des forces du dirigeant Mouammar Kadhafi dans l’est du pays. Brega, située à 200 km à l’ouest de Benghazi, épicentre de la contestation dans l’est du pays, "est désormais complètement sous le contrôle de la Révolution. Des gens sont partis d’Ajdabiya pour aider", a affirmé sous le couvert de l’anonymat un général de police. "Les forces de Kadhafi sont arrivées à Brega et se sont battues mais maintenant elles reculent", a déclaré à l’AFP Mehdi Souleimane Hussein, un des combattants d’Ajdabiya, ajoutant que seuls des "mercenaires" faisaient encore face aux insurgés.

"Dans la nuit les forces de Kadhafi ont attaqué l’aéroport de Brega où elles ont affronté les rebelles", a déclaré à l’AFP Aymane al-Moghrabi, un médecin qui participe au soutien médical des combattants à Ajdabiya, à 160 km au sud-ouest de Benghazi.

L’opposition s’organise

Après plus de deux semaines de révolte, les "chefs" de l’insurrection -en fait des avocats, des journalistes, des militaires déserteurs et des hommes d’affaires- s’attellent à remettre l’Est libyen au travail, organiser une "police" locale, assurer l’approvisionnement en eau et nourriture. Dès dimanche, les dirigeants de la contestation ont créé un "Conseil national indépendant" de transition chapeautant les villes tombées aux mains de l’opposition, dans les vastes terres de l’Est, riches en pétrole, et dans l’Ouest. Lire la suite ici...

La marine américaine en attente

A Washington, de hauts responsables militaires ont indiqué qu’il n’y avait pas de consensus jusque là à l’Otan sur une intervention militaire et que la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne serait "extraordinairement" compliquée. Deux navires de guerre américains, dont le porte-hélicoptères USS Kearsarge, traversaient mercredi le Canal de Suez pour rejoindre la Méditerranée et se positionner au large de la Libye. Douze à quatorze heures sont nécessaires pour traverser le canal et déboucher dans la mer Méditerranée.

L’USS Kearsarge est un porte-hélicoptères transport de chalands de débarquement. Le groupe d’opérations amphibies du Kearsarge, avec quelque 800 Marines, une flotte d’hélicoptères et des installations médicales, peut assurer un soutien à des opérations humanitaires aussi bien que militaires. Les responsables militaires américains préparent une liste d’options à proposer au président Barack Obama et sont en discussion avec leurs homologues européens, mais le flou demeure concernant la probabilité d’une intervention militaire. Selon des analystes, une démonstration de force symbolique au large des côtes libyennes pourrait suffire à accroître la pression sur Kadhafi.

Un porte-avion américain, l’USS Enterprise, transportant des avions de chasse capables le cas échéant d’imposer une zone d’exclusion aérienne, pourrait également être appelé en renfort pour répondre à la crise libyenne. Il est actuellement dans le nord de la mer Rouge, selon le site de la Navy.

La Ligue arabe contre toute intervention militaire étrangère

Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, réunis ce mercredi au Caire, doivent adopter dans la journée un projet de résolution rejetant l’idée de toute intervention militaire étrangère en Libye. Le projet de résolution, qui confirme la condamnation par la Ligue arabe du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, souligne la nécessité de préserver "l’unité et l’intégrité du territoire libyen". La Ligue arabe a suspendu la semaine dernière la participation de la délégation libyenne à ses travaux.

Les pro-Kadhafi bombardent et reprennent Marsa el Brega

Les forces de sécurité de Mouammar Kadhafi ont repris mercredi le contrôle de la ville de Marsa el Brega, premier signe d’une contre-offensive organisée dans l’Est de la Libye aux mains des insurgés.

"Il y a eu un bombardement aérien de Brega et les forces de Kadhafi en ont pris le contrôle", a dit à Reuters Mohamed Youssef, un militaire rebelle de la ville voisine d’Ajdabyah.

Deux autres militaires ont confirmé les combats à Marsa el Brega, où se trouve un important terminal pétrolier, et l’un d’entre eux a confirmé la prise de contrôle par les partisans de Kadhafi.

Les rebelles avaient pris la ville la semaine dernière. Le terminal pétrolier de Marsa el Brega est l’un des deux plus importants de Libye, avec Ras Lanouf, tous deux étant situés dans le golfe de Syrte.

La chaîne Al Arabiya a affirmé que les partisans de Kadhafi avaient également pris le contrôle de l’aéroport de la région.

Des bombardements ont également été rapportés par Al Djazira à Ajdabyah, où se trouve une base militaire rebelle et une cache d’armes.

Mouammar Kadhafi a assuré lundi qu’il avait uniquement fait bombarder des sites militaires et des dépôts de munitions. Des pilotes militaires libyens ont dit avoir reçu des ordres de bombardements massifs, qu’ils ont refusé d’exécuter.

Le ministre italien de l’Industrie a estimé mercredi qu’il y avait "une réelle possibilité que Kadhafi fasse une ultime tentative désespérée de se libérer du siège".

La télévision italienne lui demandait s’il craignait que Kadhafi fasse des gestes désespérés, comme le bombardement d’installations pétrolières.

Mohammed Abbas, Edmund Blair et Alexander Dziadosz, avec Philip Pullella à Rome, Clément Guillou pour le service français

Source :

http://www.lexpress.fr/actualites/2...

Samedi soir 26 février : Les habitants de Tripoli terrés chez eux, situation "excellente" selon le pouvoir

Des Libyens terrés chez eux à Tripoli où des miliciens pro-Kadhafi patrouillent dans la rue, des mercenaires héliportés à Misrata, la 3e ville du pays, l’Est aux mains de l’opposition : le face à face perdurait samedi en Libye où la situation est "excellente" selon le pouvoir.

Interrogé par la chaîne satellitaire Al-Arabiya au 12e jour d’une révolte sans précédent, Seif Al-Islam, fils du colonel Mouammar Kadhafi et longtemps présenté comme son successeur probable, a estimé que la situation était "excellente" dans les trois-quarts du pays.

"L’incitation vient de l’étranger même s’il y a une volonté intérieure de changement", a toutefois reconnu Seif Al-Islam, affirmant cependant que les manifestants étaient "manipulés par l’étranger".

Sur le terrain diplomatique, la pression s’accentue. "Il semble que "Kadhafi ne contrôle plus la situation", a estimé le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, critiqué dans le passé pour avoir reçu avec faste le dirigeant libyen.

Alors que la région orientale pétrolifère est aux mains de l’opposition armée qui met en place une nouvelle administration, les rues de la capitale étaient quasi-désertes. Seuls circulaient, à bord de 4X4, des miliciens armés loyaux au colonel Kadhafi, au lendemain de tirs contre des manifestants dont six au moins ont péri, selon un témoin.

Les habitants s’aventurent parfois dans les rues pour acheter du pain ou se rendre dans les stations-service. "Les files sont interminables", selon un habitant. "A part cela, les gens sont terrés chez eux", dit-il.

Les hôtels de luxe ont fermé ou ont évacué leur personnel.

Après le discours de Kadhafi la veille à Tripoli appelant ses partisans à s’armer pour attaquer les opposants, "des rumeurs avaient circulé sur une attaque possible des hommes du leader libyen".

"Mais la nuit a été calme, des partisans armés du guide tapaient simplement aux portes des maisons dans certains quartiers pour dire aux gens de rester chez eux", selon un habitant qui précise que des chars sont déployés sur les routes conduisant à Tripoli et en contrôlent l’accès.

Ce témoin, qui dit être en contact avec d’autres Libyens dans plusieurs villes du pays, a aussi affirmé que les partisans de Kadhafi tentaient de rallier les gens en leur promettant une kalachnikov et 150.000 dinars (12.000 dollars).

A 120 km à l’ouest de la capitale, la situation est toujours tendue à Zouara. Les forces pro-Kadhafi, qui ont disparu des rues, contrôlent toujours la cité en l’encerclant, a-t-il indiqué. Jeudi, des témoins fuyant la ville avaient indiqué que Zouara était aux mains des insurgés.

Plus à l’Est, des "mercenaires" à la solde du régime ont été héliportés à Misrata. Ils ont ouvert le feu sur le bâtiment abritant la radio locale et sur des manifestants qui se rendaient aux funérailles de victimes des jours de combats de ces derniers jours.

"Les mercenaires sont descendus de deux hélicoptères qui ont atterri dans la cité sportive en construction, dans le quartier de Merbat" à Misrata (150 km à l’est de Tripoli), a constaté un habitant, partisan de l’opposition, joint par téléphone.

A Benghazi, fief de l’opposition à 1.000 km à l’est de la capitale, l’opposition continuait de s’organiser.

"Nous coordonnons les comités des villes libérées et de Misrata. Nous attendons que Tripoli en finisse avec le régime de Kadhafi (...) et ensuite, nous travaillerons à un gouvernement de transition", a déclaré à l’AFP Abdelhafiz Ghoqa, le porte-parole de la "Coalition révolutionnaire du 17 février".

"Il y a des volontaires qui partent tous les jours pour Tripoli" pour se battre, a-t-il ajouté, soulignant que de nouveaux officiers faisaient défection et rejoignaient les forces anti-Kadhafi.

A New York, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit pour la seconde journée consécutive pour tenter d’imposer des sanctions sévères.

Un projet de résolution évoque des sanctions telles qu’un embargo sur les armes, un autre embargo sur les voyages du colonel Kadhafi et un gel de ses avoirs, selon des diplomates.

Il avertit en outre Mouammar Kadhafi que les violences pourraient être considérées comme des crimes contre l’humanité, selon des diplomates.

Le bilan des violences restait difficile à évaluer samedi. Le secrétaire général de l’ONU a parlé d’un millier de morts.

Vendredi, le président américain Barack Obama a signé un décret gelant les avoirs aux Etats-Unis du colonel Kadhafi et de ses quatre fils. "Le régime de Mouammar Kadhafi a bafoué les normes internationales et la morale élémentaire, il doit être tenu responsable", a-t-il estimé.

Critiqué à l’étranger, attaqué de toutes parts par une opposition armée qui contrôle désormais plusieurs villes, Kadhafi a pris la parole vendredi soir devant une foule de plusieurs centaines de partisans dans le centre de Tripoli.

"Nous allons nous battre et nous les vaincrons", a-t-il lancé. "S’il le faut, nous ouvrirons tous les dépôts d’armes pour armer tout le peuple", a-t-il menacé.

Le pouvoir libyen semblait cependant de plus en plus isolé, lâché par ses pairs arabes et plusieurs proches et diplomates, dont les ambassadeurs libyens à Paris, Lisbonne, Genève et à l’Unesco, ainsi que Kadhaf al-Dam, proche conseiller et cousin de Kadhafi.

Face au chaos, les évacuations des différents ressortissants étrangers continuaient dans des conditions difficiles. La Chine a annoncé avoir évacué près de 16.000 de ses ressortissants de Libye vers la Grèce, la Tunisie, l’Egypte et Malte.

Faute de pouvoir assurer la sécurité de leurs diplomates, les Etats-Unis ont suspendu le fonctionnement de leur ambassade.

Source :

http://www.nicematin.com/article/mo...

Le Parti de Gauche sera toujours du côté des révolutions citoyennes

Nous avons pris connaissance avec tristesse et consternation des propos tenus sur Twitter par le président vénézuélien Chavez à propos du régime dictatorial de Kadhafi.

Le Parti de Gauche est au côté des révolutions citoyennes et soutient la lutte du peuple libyen pour sa liberté.

Aucun pouvoir n’est légitime à tirer sur son peuple.Nous applaudissons le “dégage” crié par les peuples tunisien, égyptien et libyen comme nous avons soutenu le « que se vayan todos » sud américain.

Partout nous condamnons les régimes dictatoriaux souvent soutenus par la puissance Etats-unienne et appuyons les révolutions citoyennes qui soulèvent aujourd’hui les peuples arabes et particulièrement libyen confronté à un massacre.

Nous resterons aussi vigilants sur les intentions réelles des pays européens et des Etats-Unis en Libye et dans la région.

Source : http://www.lepartidegauche.fr

Manifestation pour soutenir le peuple libyen et les révolutions dans le monde arabe !

Le Parti de Gauche appelle à manifester samedi 26 février à 15h Place de la république, en solidarité avec le peuple Libyen et les révolutions dans le monde arabe

Le PG appelle toutes les citoyennes et tous les citoyens attachés à l’émancipation de la personne humaine à se mobiliser massivement ce samedi. Il défilera pour :

- soutenir les peuples qui luttent contre les oligarchies, pour la démocratie et le partage des richesses, en particulier le peuple libyen qui mène sa lutte émancipatrice malgré une répression barbare.

- dénoncer la complicité des autorités françaises et de l’Union Européenne avec les dictatures de l’autre côté de la Méditerranée.

- construire un monde solidaire, de paix, engagé dans le respect des droits des peuples et des personnes.

Il donne rendez vous pour manifester à Paris, avec le Front de Gauche, samedi 26 février à 15 H, à l’ angle de la rue du Temple et de la Place de la République.

Lybie : Guerre civile en cours

En Libye, les forces armées, milices et mercenaires toujours fidèles au Colonel Kadhafi font usage de mitrailleuses et d’avions de combat contre des manifestants pacifiques pro-démocratie et des centaines de civils ont été tués. Faute de réaction internationale immédiate, la situation pourrait dégénérer en bain de sang national. En dépit des condamnations de la communauté internationale, l’Union Européenne et le Conseil de Sécurité de l’ONU tiennent cette semaine des réunions d’urgence sur la Libye. La ligue arabe et l’Union Africaine doivent réagir vigoureusement.

Si nous parvenons à faire pression pour qu’ils passent de la parole aux actes, nous pourrons obtenir un accord sur une zone d’exclusion aérienne en Libye, le gel des avoirs de Kadhafi et de ses généraux, des sanctions ciblées contre le régime, et des poursuites internationales à l’encontre des responsables militaires impliqués dans la répression. De telles mesures pourraient stopper les bombardements aériens et diviser la structure de commandement autour de Kadhafi. L’Algérie, à l’instar d’autres pays, ne manque pas de canaux de communication pour réagir solidairement avec le peuple frère libyen en ce sens que nous n’avons pas à demeurer passifs et attendre tragiquement le dénouement car le peuple libyen est en train d’être massacré par son propre gouvernement. Tous ensemble, faisons entendre nos voix pour neutraliser un dirigeant arabe et africain, autrefois révolutionaire, devenu tyran sanguinaire sans repères rationnels.

Farid Daoudi, journaliste (Tlemcen)

Libye : l’opposition prend Misrata, 3ème ville du pays

Les opposants au régime de Mouammar Kadhafi ont pris le contrôle de Misrata hier soir après avoir repoussé une contre-offensive, a déclaré un habitant de la troisième ville de Libye, située à 200 km à l’est de Tripoli.

Les informations sur la situation de Misrata ont longtemps été confuses. Les opposants à Kadhafi ont annoncé mercredi avoir pris la ville. Des résidents ont affirmé que des mercenaires et des soldats loyalistes avaient lancé une contre-offensive jeudi, mais qu’elle avait été finalement contenue.

"Les manifestants ont vaincu les forces de sécurité et ont pris le plein contrôle de la ville", a déclaré par téléphone à Reuters Mohamed Senoussi, âgé de 41 ans. "Les habitants célèbrent la victoire et scandent ’dieu est grand’", a ajouté cet habitant de Misrata.

Des violents combats ont eu lieu jeudi à proximité de l’aéroport.

Libye : des morts "par milliers"

19h13 La ville de Zawiyah (ou Zaouïa), prise d’assaut par les forces de Kadhafi jeudi. "Un massacre" selon des témoins égyptiens évacués, qui relatent des tirs sur la foule sans distinction.

19h09 Le numéro 2 de la mission libyenne à l’ONU affirme que la répression a fait des milliers de morts en Libye.

17h55 Mouammar Kadhafi apparaît sur la place Verte, vers laquelle affluaient les manifestants plus tôt, à Tripoli.

Source :

http://www.lexpress.fr/actualite/mo...

Libye : l’heure de la solidarité concrète a sonné ! (article PG)

Le Parti de Gauche condamne de toutes ses forces les massacres perpétrés par le régime de Kadhafi à l’encontre du peuple libyen. Les actes de terreur commis par les soldats et mercenaires privés défendant le régime dictatorial en place constituent des crimes délibérés, qualifiés comme tels par la haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, et doivent conduire à une saisine de la Cour Pénale Internationale (C.P.I.).

L’emploi de moyens militaires massifs contre les civils (bombardements aériens, envoi de chars d’assaut et tirs à l’arme lourde) consacre la barbarie d’un régime à bout de souffle, qui a bénéficié trop longtemps de la complaisance des puissances occidentales, la France en tête. La logique folle du discours terroriste du dictateur libyen, mardi soir, annonçant que les exactions de ses milices allaient se poursuivre et s’intensifier, montre l’impasse dans laquelle le gouvernement de N. Sarkozy a enfermé la diplomatie française.

Les organisations humanitaires dénombrent déjà près d’un millier de morts et des milliers de blessés. Les victimes de ces atrocités sont des civils qui expriment pacifiquement des revendications démocratiques et sociales, pour les libertés politiques et un autre partage des richesses.

Le Parti de Gauche exprime sa solidarité pleine et entière avec les revendications légitimes du peuple libyen.

Il appelle la diplomatie française et européenne à dénoncer clairement les crimes commis en Libye. La complaisance n’a que trop duré : rappelons que la France a été le premier pays de l’UE à signer des contrats d’armement avec la Libye en août 2007 et qu’une partie du matériel militaire utilisé par le régime libyen provient de l’industrie d’armement française.

Le soutien aux dictatures doit cesser. C’est pourquoi le PG appelle la France et l’Union européenne à mettre en œuvre des mesures concrètes : la suspension des négociations et des échanges commerciaux avec le régime libyen.

- le gel des avoirs de Kadhafi et de son clan, des membres des autorités gouvernementales et militaires.

- la demande au conseil de sécurité de l’ONU d’engager les poursuites qui s’imposent vis-à-vis des commanditaires de ces crimes auprès de la cour pénale internationale.

Le retrait immédiat de la France de tous les accords signés avec la Libye, et en particulier l’accord de coopération dans le domaine de défense et du partenariat industriel de défense.

ANTOINE VIGOT ET ALAIN BILLON

2) Libye : les dix jours qui ont ébranlé Kadhafi

En dix jours seulement, le régime vieux de 42 ans de Mouammar Kadhafi voit ses fondations vaciller. Chronologie.

15/16 février : La police disperse par la force un sit-in contre le pouvoir à Benghazi (est), deuxième ville du pays et bastion de l’opposition.

17 : "Journée de la colère" lancée sur Facebook. Six morts à Benghazi, deux à Al-Baïda (est). Arrestations à Zenten (sud-ouest de Tripoli), où des postes de police et un bâtiment public sont incendiés.

18 : Quatorze morts (source médicale) dans des violences à Benghazi. Affrontements à Al-Baïda.

19 : A Benghazi, l’armée repousse à balles réelles des manifestants qui attaquaient une caserne. Heurts sanglants à Musratha (est de Tripoli). Des "mercenaires africains" tirent sur la foule (témoins).

20 : "Massacres" et tirs à l’arme lourde à Benghazi (témoins). Heurts sanglants à Al-Baïda. A Tripoli, des bâtiments publics sont incendiés. A la télévision, Seif Al-Islam, le fils du colonel Kadhafi, brandit la menace d’un bain de sang et promet des réformes.

21 : Plusieurs villes, dont Benghazi, aux mains des manifestants après des défections de l’armée, selon la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH). De hauts responsables libyens (ministres, diplomates) lâchent le régime. L’ONU et l’UE exigent l’arrêt des violences. Bombardements aériens meurtriers à Tripoli (Al-Jazira).

22 : Le Conseil de sécurité de l’ONU exige "la fin immédiate" des violences. L’aéroport de Benghazi bombardé (ministre égyptien des Affaires étrangères). Dans un discours à la télévision, le colonel Kadhafi assure qu’il se battra jusqu’à la mort, menace d’un bain de sang et appelle ses partisans à lui exprimer leur soutien.

23 : La région orientale, riche en pétrole, est aux mains des opposants (journalistes et habitants). Ralliement de généraux et de colonels à la révolte. Des milliers de Libyens se dirigent vers les frontières avec l’Egypte et la Tunisie (ONU). Plusieurs groupes pétroliers suspendent leurs activités. Les Etats-Unis et l’UE envisagent des sanctions contre Kadhafi. Le président américain Barack Obama juge "scandaleux" le bain de sang. Au moins 640 morts, dont 275 à Tripoli et 230 à Benghazi, soit plus du double du bilan officiel de 300 morts (FIDH).

24 : Zouara (ouest de Tripoli) aux mains des opposants (témoins). Plus de 30.000 Tunisiens et Egyptiens ont fui depuis lundi (Organisation internationale pour les migrations). L’UE mobilise ses moyens navals militaires pour évacuer ses quelque 6.000 ressortissants. Paris évoque des "crimes contre l’Humanité" et la saisine de la "justice internationale". Les manifestants sont "drogués" et servent les intérêts du chef d’Al Qaïda Oussama Ben Laden, estime Kadhafi dans un message audio diffusé par la télévision publique. Il affirme que son pouvoir n’est que "moral".

3) Libye : violents combats à l’ouest de Tripoli

Jeudi 24 février

L’Est de la Libye n’est plus sous le contrôle du chef de l’Etat Kadhafi.

15h22

Le colonel Kadhafi a démarré sa nouvelle allocution. Il continue de qualifier les manifestants de "jeunes fous et drogués".

15h10

Le ministère français de la Défense indique que la coopération dans le domaine des ventes de matériel militaire entre la France et la Libye est "évidemment gelée" . Il précise aussi qu’elle était "extrêmement mineure" depuis la levée de l’embargo international en 2004.

15h 08 Des combats à l’arme lourde observés à l’ouest de Tripoli

Selon des témoins libyens, les forces loyales au colonel Kadhafi attaquent, depuis ce matin, la ville d’Al-Zawiyah, à l’ouest de Tripoli. Les témoins interrogés par la télévision « Al Arabiya » affirment que les forces de Kadhafi commettent en ce moment un véritable crime de guerre en exterminant les habitants de la ville. Un officier qui a déserté l’armée et rejoint les insurgés renchérit que la violence de l’attaque rendait était impossible toute tentative de compter les cadavres et d’évacuer et de soigner les blessés.

14h45

De violents combats ont lieu à Zawiyah, à 40km à l’Ouest de Tripoli entre les insurgés et les forces restées fidèles au colonel Kadhafi. Un témoin oculaire, cité par l’agence de presse italienne Ansa, affirme : "C’est un massacre, il est difficile d’estimer le nombre de morts". Il y aurait une centaine de victimes, selon la BBC.

14h20

A Benghazi, les habitants organisent des comités de sécurité. La deuxième ville du pays est désormais contrôlée par les manifestants anti-Kadhafi. D’après Reuters, ils placeraient en prison les mercenaires à la solde du régime qui n’auraient pas encore fui vers la capitale, où le leader libyen rassemble les forces qui lui restent fidèles.

13h45

Les journalistes étrangers entrés illégalement sur le territoire libyen sont désormais "considérés comme des collaborateurs d’Al-Qaïda", a annoncé le régime à des diplomates américains.

13h09

Le correspondant de CNN annonce sur Twitter que des témoins lui assurent que les pilotes qui refusent les ordres du régime sont exécutés dans une base proche de Tripoli.

12h55

"Ils ont besoin de médicaments, le système de santé est dépassé." La commissaire européenne à l’Aide humanitaire Kristalina Georgieva a averti que le Croissant rouge. Cette unique organisation humanitaire active sur place est "débordée et ne dispense pas suffisamment de soins.

12h 21 Les villes de Libye basculent les unes après les autres.

La ville libyenne de Zouara, à 120 km à l’ouest de Tripoli, a été "désertée par la police et les militaires" et "le peuple tient la ville", ont affirmé des témoins arrivés jeudi en Tunisie par la route, au poste frontalier de Ras Jdir.

Un ouvrier égyptien, Mahmoud Mohammed Ahmed Attia, a déclaré à l’AFP : "Il n’y pas de policiers ni de militaires, c’est le peuple qui tient la ville. Il y a eu beaucoup de tirs de 19H00 à 22H00 hier" (mercredi) à Zouara."

Un autre Egyptien, Mahmoud Ahmed, 23 ans, a également déclaré qu’il "n’y a ni police ni militaires dans la ville".

4) Lybie Malgré les carnages, les anti-Kadhafi gagnent du terrain

C’est désormais tout l’Est de la Libye qui serait mercredi 23 février 2011 sous le contrôle des manifestants.

Les manifestants semblent avoir pris le dessus dans plusieurs villes de l’Est de la Libye. C’est même toute la province de Cyrénaïque, la côte est, qui ne serait plus sous le contrôle du gouvernement de Mouammar Kadhafi, selon le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini.

Dans la ville de Tobrouk, à l’est, des rafales de tirs de joie ont retenti mardi dans les rues où des manifestants anti-gouvernementaux ont brûlé des copies du livre vert du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. On pouvait également voir un nouveau drapeau flotter sur la ville libérée, aux couleurs rouge, noir et vert, et barré du mot "résistance". Cette ville côtière de plus de 100.000 habitants est contrôlée depuis trois jours par la population, selon ses habitants.

Ces Libyens ont d’ailleurs commencé à s’organiser. Les jeunes ont ramassé les armes pour les remettre aux chefs tribaux et les commerçants ont offert du pain aux habitants. Des militaires chez les insurgés

Des militaires passés dans le camp des insurgés ont également assuré que l’Est de la Libye échappait au contrôle de Kadhafi. A Al-Jabal Al-Akhdar, toujours dans la région Est, un militaire a annoncé sur une vidéo que son armée rejoignait dorénavant le peuple et se mettait à son service.

A Misratah, plus à l’ouest, des sites internet montrent des images de foule en liesse. On peut notamment y voir, sur le toit d’un bâtiment, des hommes faire tomber un monument représentant le livre vert du colonel Kadhafi, et la foule exulter au bas de l’immeuble. Benghazi aussi libéré ?

Enfin, mercredi matin, c’est à Benghazi même, épicentre de la contestation et aussi de la répression, que les manifestants auraient pris le pouvoir, selon des blogs. Les militaires auraient fui et la ville est mainetnant en paix, peut-on y lire. Sur les 300 morts reconnus officiellement par le régime depuis le début de l’insurrection, 104 victimes étaient des habitants de Benghazi.

La veille, dans une allocution télévisée, le colonel Kadhafi a pourtant promis de se battre jusqu’au "dernier souffle", et a exclu de démissionner. Mais même en menaçant les manifestants de la peine de mort, il ne semble plus faire aussi peur qu’avant.

Source :

http://www.europe1.fr/International...

5) Le ministre libyen de l’Intérieur change de camp

Le ministre libyen de l’Intérieur, Abdel Fattah Younès al Abidi, a fait défection au régime de Mouammar Kadhafi et annoncé son soutien à la "révolution du 17 février", rapporte mardi la chaîne de télévision qatarie Al Djazira.

Le ministre a exhorté l’armée à passer dans le camp du peuple et à répondre à ses "exigences légitimes".

Al Djazira a diffusé une vidéo amateur dans laquelle le ministre de l’Intérieur lit une déclaration assis à son bureau.

"J’annonce ici même l’abandon de toutes mes fonctions afin de répondre à l’appel de la révolution du 17 février, sur la base de mes convictions les plus profondes et de la légitimité de ses revendications

"(...) J’invite instamment l’armée libyenne à (...) servir le peuple et à soutenir la révolution du 17 février", a-t-il dit.

Souhaïl Karam ; Jean-Loup Fiévet pour le service français

Source :

http://www.lexpress.fr/actualites/2...

6) Halte au massacre en Libye ! Vive la révolution ! COMMUNIQUÉ NPA

Du Caire à Tunis, d’Alger à Casablanca, de Saana à Amman, les pays arabes se mobilisent pour en finir avec les dictatures. Ben Ali et Moubarak sont tombés ouvrant un immense espoir pour tous les peuples du Maghreb et du Moyen Orient. Mais les vieilles momies accrochées à leurs privilèges ne désarment pas. Le colonel Khadafi, reçu l’an passé en grandes pompes par l’Etat français, organise depuis 48 heures un véritable massacre de masse à Benghazi. Plus de 300 morts sont déjà à déplorer selon les observateurs.

Le NPA exprime son profond dégoût devant le crime d’Etat perpétré en Libye. Il apporte son soutien total aux insurgés dans leur lutte pour la démocratie et la chute de la dictature. L’espoir est dans le camp des révoltés qui se sont d’ores et déjà rendu maitres de plusieurs villes et qui ont provoqué des fissures au sommet du pouvoir, matérialisées par la démission d’un ministre proche de Kadhafi.

Il est de la responsabilité des progressistes et des anticapitalistes d’organiser partout au plus vite des rassemblements de solidarité avec la révolution libyenne.

Khadafi, assassin, dégage !

Paris le 21 février 2011.

7) Lybie : Un crime contre l’humanité ( Présidente de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme sur France

Selon Navi Pillay, la haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, « les attaques systématiques contre la population civile pourraient être assimilées à des crimes contre l’humanité ».

De Tripoli à Benghazi, dans les principales villes du pays, les manifestations hostiles au régime de Khadafi subissent une répression féroce. L’armée aurait ouvert le feu à balles réelles sur la foule, épaulée par des avions de chasse qui n’auraient pas hésité à bombarder les civils.

Un véritable massacre démenti sur la télévision d’Etat. Sur fond de programme musical, un bandeau rouge, en boucle, et qui martèle que la tuerie relayée dans les médias n’est en réalité que mensonge.

“Célébrez Dieu, Khadafi et la Libye” peut-on y lire encore.

Selon certaines sources, des mercenaires auraient été engagés par Mouammar Kadhafi pour réprimer les manifestations.

8) Terreur à Tripoli

Des hommes de Kadhafi tirent dans tous les sens, arrêtent, braquent, violent, des blessés perdent leur sang sur le bitume, les habitants se terrent, racontent des Tunisiens tout juste de retour de la capitale libyenne.

"J’ai vu un massacre hier soir et avant-hier soir", dit une femme de 40 ans partie dans la nuit de Tripoli et arrivée mardi matin à Ben Guerdane, en Tunisie, de l’autre côté de la frontière avec la Libye.

C’était dans le centre de la capitale libyenne. Des manifestations et confrontations entre groupes d’opposants et de partisans de Mouammar Kadhafi. Et puis les tirs des hommes de main du leader libyen...

"Ils visaient les opposants qui s’enfuyaient en courant. J’ai entendu beaucoup de tirs, de cris. J’ai vu des tireurs juchés sur le haut de bâtiments ou dans la rue, armés aussi d’épées", décrit cette femme sous couvert de l’anonymat.

A Fachloum et Tajoura, des Libyens joints lundi soir au téléphone ont décrit des tirs "sans distinction".

De quartier en quartier, les témoins interrogés à Ben Guerdane racontent les mêmes scènes. A Krimia, "ça a tiré presque tout le temps jusqu’à 3 heures du matin", dit Sami, maçon de 30 ans parti mardi de Tripoli.

Ils décrivent des violences qui commencent le soir et se poursuivent tard dans la nuit avant de se calmer le matin.

Tous incriminent les membres des "comités révolutionnaires", pilier du régime en place depuis 42 ans.

Dans le faubourg de Janzour, "à partir de 19H00, les membres des comités révolutionnaires, un drapeau vert autour de la tête, tirent sur tous ceux qui se trouvent dans la rue. C’est un film d’horreur", lâche Youssef Benhassan, ouvrier de 28 ans. "Ils tirent à balles réelles partout, dans tous les sens", confirme Aiche Khedri, ouvrier de 50 ans, qui habite près de la Place verte.

Et aussi des "mercenaires africains". "Ils attaquent avec des armes du haut des immeubles" dans le faubourg de Guargarech, selon Ali Salah, cuisinier de 26 ans.

Dans le centre, "des policiers, habillés en uniforme et en civil, visent les opposants", selon la dame. Mais à Guargarech, "ils s’enfuient ou restent en retrait car les gens sont prêts à les agresser", affirme Ali Salah. Tous parlent de postes de police incendiés.

Quant aux militaires, appelés à assassiner Mouammar Kadhafi par le très influent théologien qatari d’origine égyptienne cheikh Youssef Al-Qardaoui, ils sont invisibles par endroits, comme dans le centre selon Hamza Mefthar, cuisinier de 25 ans. Ailleurs, ils sont accusés de tirer, comme à Janzour.

"Je les ai vus arrêter une soixantaine de personnes placés contre un mur, les mains sur la tête", dit Youssef Benhassan. "J’ai aussi vu des viols de femmes par des hommes, le visage caché par un foulard", ajoute-t-il. D’autres parlent de braquages. "Avec des armes blanches", précise Khedri.

Entre les tirs et la panique, "des blessés gisent à terre, d’autres s’enfuient en courant, du sang sur le corps", poursuit Khedri. "J’en ai vu beaucoup, il y a des ambulances mais elles ne peuvent pas passer à cause des tirs ou des embouteillages", raconte Benhassan.

Par endroits les hommes se sont organisés en comités de vigilance. A Janzour, "il y a des Libyens munis de bâtons pour protéger les quartiers", explique Farid Aloui, ouvrier de 28 ans. D’autres emmènent leur famille dans des lieux plus tranquilles. "J’ai vu des pères changer de quartier en courant, leurs enfants à la main", se souvient Meftar.

De nombreux commerçants ont fermé leur magasin et les habitants restent terrés chez eux en vivant sur les stocks, racontent ces témoins.

Mais tout ce qu’ils ont vu, ils ne pourront pas le montrer. Plusieurs d’entre eux arrivés mardi matin ont raconté que des hommes leur avaient confisqué toutes les images dont ils disposaient.

"Quand nous sommes partis, on nous a fouillés et confisqué cartes mémoires des téléphones mobiles, appareils photo, caméras", dit Sami. "Ils ont dit qu’ils ne voulaient pas que le monde extérieur voit ce qu’il se passe".

Source :

http://www.elwatan.com/depeches/tir...

9) Libye : « Un carnage terrible » selon une habitante de Tripoli

Alors que la répression sanglante de la contestation se poursuit en Libye ce mardi, le colonel Kadhafi a démenti cette nuit les rumeurs qui circulaient avec insistance sur son départ pour le Venezuela. Dans une courte intervention télévisée à Tripoli, le numéro un libyen a déclaré : « Je vais voir les jeunes sur la Place verte. C’est juste pour prouver que je suis à Tripoli et non au Venezuela et démentir les télévisions, ces chiens. »

La Fédération internationale des Ligues de droits de l’Homme (FIDH) avance un bilan de 300 à 400 morts depuis le début de la contestation, le 17 février, tandis qu’Al-Jazeera annonçait plus de 500 victimes ce mardi matin. Plusieurs villes seraient tombées aux mains des opposants avant d’être bombardées, ce que nie Saïf al-Islam, le fils de Mouammar Khadafi. A Tripoli, les forces de l’ordre libyennes auraient tiré sur des manifestants à partir d’avions militaires et d’hélicoptères, selon des témoins qui dénoncent des massacres.

11h50. « C’est vraiment un carnage terrible », témoigne une Libyenne résidant à Tripoli, interrogée par leParisien.fr. « Les gens se retrouvent à trois, quatre familles dans une même maison pour pouvoir se protéger des mercenaires. Ils ont coupé les communications hier ainsi que l’electricité et l’eau sur certains quartiers » raconte t-elle.

Une Française expatriée décrit, elle, les évenements de la nuit dernière : « Ca a surtout pété dans un quartier populaire de Tripoli. On a vu les hélicoptères, ça a vraiment tiré à l’arme lourde ». Durant la journée, raconte t-elle, « on regarde France 24, on regarde Al-Jazeera et on se téléphone les uns les autres quand le téléphone marche. »

Source :

http://www.leparisien.fr/crise-egyp...

10) Libye : le MRAP horrifié par la répression

Ce lundi 21 février, les autorités libyennes ont lancé une opération armée de grande envergure appuyée par l’aviation et l’artillerie afin de disperser les manifestants exigeant la chute du régime de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans.

D’après des chiffres provenant d’organisations internationales, les affrontements auraient déjà fait plusieurs centaines de morts et près de 4.000 blessés.

Le MRAP s’indigne de cette répression barbare contre une foule désarmée qui ne fait que réclamer son droit à la dignité. Seif Al Islam, le fils de Kadhafi, avait menacé d’entraîner le pays dans la « guerre civile » avec le risque de « rivières de sang . Le gouvernement France doit condamner avec force ce crime contre l’humanité commis par régime Kadhafi

Le MRAP renouvelle toute sa solidarité à la population.

Paris, le 22 février 2011.

11) Libye : Halte au massacre !

Communiqué de Gauche Unitaire

Depuis les processus révolutionnaires tunisiens et égyptiens, le mouvement de contestation dans le monde arabe ne cesse de s’étendre. Au Maroc, en Algérie, au Bahreïn, en Jordanie, au Yémen… des centaines de milliers, des millions d’hommes et de femmes sont en lutte pour la liberté et la démocratie.

La Libye n’échappe pas au vent de la révolte arabe. Depuis le 17 février, le peuple se soulève contre le despote Mouammar Kadhafi en place depuis 42 ans et le pays est en proie à une véritable insurrection. C’est de Benghazi, à l’est du pays, que le mouvement de contestation est parti. Bastion de la révolte, la ville a vu ces derniers jours des centaines de milliers de manifestants déferler dans les rues pour mettre à bas le régime. Et depuis ce week-end, le mouvement s’étend désormais à la capitale, Tripoli. 40 à 50 000 manifestants était réunis à Tripoli pour exiger le départ immédiat du dictateur, le champ de pétrole Al-Nafoora, principale réserve du pays se serait mis en grève…

Menacé de connaître le même sort que Moubarak et Ben Ali, c’est dans le sang que le régime entend se maintenir en place. Depuis 5 jours, la répression fait rage. Les "comités révolutionnaires", colonnes vertébrales du régime, et les forces de sécurité se livrent à un véritable massacre, n’hésitant à tirer sur la foule. Il y aurait eu plus de 230 morts selon Human Right Watch, dont 60 rien que dans la journée de dimanche. Lors d’une allocution télévisée dimanche, Saïf Al-Islam Kadhafi, le fils du « guide suprême » s’est comporté en véritable chef guerre contre le peuple libyen se battant pour sa liberté. Il n’a pas hésité à brandir le spectre de la guerre civile en promettant « des rivières de sang dans toute la Libye » et qu’il « combattrait jusqu’au dernier homme, jusqu’à la dernière femme, et jusqu’a la dernière balle. » !

Et encore une fois la France brille par son mutisme. Si François Baroin et Laurent Wauquiez ont tentés de faire bonne figure en condamnant la répression, pas un mot de la part de l’Elysée ou du Ministère des Affaires Etrangères. Sarkozy en 2007 n’avait pas hésité, au nom d’une « diplomatie de la réconciliation », à inviter celui qui promet un bain de sang à son propre peuple, à planter sa tente dans les jardins de l’Elysée. C’est encore Sarkozy qui s’échinait à rendre le dictateur fréquentable. Nul doute que les puissances occidentales s’accommodaient de la stabilité d’un pays qui est le quatrième producteur de pétrole en Afrique.

Face à la répression sanglante contre les libyens, nous sommes plus que jamais solidaires des peuples en lutte

Publié le 21 février 2011

12) Libye : la révolte s’étend malgré une répression féroce

Source : http://www.humanite.fr/20_02_2011-l...

Au moins 173 personnes ont été tuées en Libye depuis le début de la contestation mardi selon Human Rights Watch (HRW), alors que le mouvement de révolte contre le colonel Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis bientôt 42 ans, commençait dimanche à toucher Tripoli. La plupart des victimes ont été tuées à Benghazi, deuxième ville du pays à 1.000 km à l’est de Tripoli, mais selon des témoins joints par l’AFP, des heurts sanglants ont éclaté samedi à Musratha, à 200 km à l’est de la capitale.

Bastion de l’opposition, Benghazi est devenu le théâtre de "massacres", a affirmé Fathi Terbeel, un des organisateurs des manifestations, sur la chaîne Al-Jazira. "Cela ressemble à une zone de guerre ouverte entre les manifestants et les forces de sécurité". Dans la capitale libyenne, la tension était perceptible dimanche. Des dizaines d’avocats ont participé à un sit-in de protestation contre la répression devant le tribunal, selon des témoins et des sites d’opposition. Ils ont été cernés par des policiers alors que journalistes et passants étaient tenus à l’écart. De nombreux habitants faisaient des courses pour constituer des réserves alimentaires tandis que des commerçants vidaient leurs boutiques, de crainte de manifestations à venir.

Des membres des comités révolutionnaires en civil patrouillaient les rues de Tripoli, très peu animées, à bord de voitures parfois sans plaques d’immatriculation, selon d’autres témoins. Des affrontements ont eu lieu par ailleurs dimanche à Zaouia, à 60 km à l’ouest de Tripoli, de mêmes sources. Selon le directeur du bureau de HRW à Londres, Tom Porteous, "au moins 173" personnes ont été tuées depuis mardi. Ce décompte est basé sur des sources hospitalières dans l’est de la Libye, dans quatre villes dont Benghazi, a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agissait d’un chiffre incomplet en raison des difficultés de communications.

Selon un décompte de l’AFP établi à partir de différentes sources libyennes, le bilan de la contestation contre le régime du colonel Kadhafi s’élevait à au moins 77 morts, pour la plupart à Benghazi. Dans cette ville, des milliers de personnes manifestaient dimanche devant un tribunal, a indiqué à l’AFP Mohammed Mughrabi, un avocat. Les services de sécurité, cités par l’agence officielle Jana, ont indiqué qu’une tentative de prise d’assaut d’une caserne se poursuivait à Benghazi dimanche, faisant des morts et des blessés parmi les assaillants ainsi que parmi les militaires.

"Il semble que le leader libyen ait ordonné à ses forces de sécurité de mettre fin à tout prix aux manifestations, et que les Libyens soient en train de payer ce prix de leur vie", a dénoncé Amnesty International. Le colonel Kadhafi n’a toujours pas fait de déclaration officielle depuis le début du mouvement. Mais il mène une répression féroce. Les autorités ont ainsi annoncé avoir arrêté des dizaines de ressortissants arabes appartenant à un "réseau" ayant pour mission de déstabiliser le pays, selon Jana. En outre, un haut responsable libyen a déclaré dimanche à l’AFP qu’un "groupe d’extrémistes islamistes" retenait en otage des membres des forces de l’ordre et des citoyens à Al-Baïda, dans l’est du pays. Le groupe menaçait d’exécuter ses otages si les forces de l’ordre ne levaient pas le siège autour de lui.

Alors que le premier ministre libyen a expliqué ce dimanche soir que "la Libye a le droit de prendre toutes les mesures pour préserver son unité, la stabilité de son peuple, pour assurer la protection de ses richesses et préserver ses relations avec les autres pays", son représentant à la Ligue arabe a démissionné.

13) Le discours de Kadhafi par le direct du journal Le Monde

16h55 Début du discours de Kadhafi

"Nous voulons reprendre le pouvoir sur le terrain." "Mouammar Kadhafi ne se retirera pas comme l’ont fait d’autres présidents" "La révolution est un sacrifice à vie jusqu’à la fin" "C’est nous qui avons créé ce pays". Ceux qui sont vendus nous ne pouvons pas l’accepter. Que dieu les maudisse." "Il faut que toutes les tribus s’unissent, de l’ouest jusqu’à Feyzan." "Nous avons défié les Etats-Unis, toutes les puissances nucléaires dans le monde. Nous avons vaincu tout le monde." "L’Italie a reconnu le chef des martyrs"

Kadhafi parle depuis sa maison familiale, qui est aujourd’hui dans l’enceinte d’un camp militaire.

"Je suis au dessus des postes des chefs d’État, je suis un révolutionnaire, je suis un Bédouin" "Je ne peux pas laisser la terre de mes ancêtres. Je vais mourir en martyre." "Je conduis l’Afrique, l’Amérique du Sud, le monde"...

Il parle de lui à la troisième personne.

"Mouammar Khadafi représente une histoire." "Mouammar Kadhafi n’est pas un président et n’est pas un être normal contre qui on peut mener des manifestations." "Vous étiez où à l’époque où cette maison (sa maison de famille) était bombardée par les Américains." "Nous avons fait face à tout le monde, même à l’OTAN, nous n’avons jamais capitulé." "Je m’adresse à ceux qui sont en train d’attaquer des postes de police, des casernes" "Ils ont profité de l’avantage de la Libye pour brûler des dossiers de criminels" "Ce sont des jeunes qui ont entre 16 et 18 ans. Ils sont en train d’imiter ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte." "Mais il y a une minorité malade qui se cache dans les villes et qui donne de l’argent à ces jeunes pour les pousser à commettre de tels actes" "Ceux qui ont été tués sont de la police, de l’armée, mais ceux qui sont en train de les manipuler ne sont pas en Libye" "Ils sont en train de manipuler vos enfants en les armant, en les droguant."

Il multiplie les rappels historiques.

"On annonce la honte à travers la radio de Benghazi aujourd’hui." "Quand il y avait 5 bases américaines sur le territoire libyen, que faisiez-vous ?" "Ce ne sont ni vos parents ni vos grands-parents qui ont combattu." "La Libye a une histoire, une gloire" "Le problème est entre les mains du peuple libyen". "Quand nous avons fait face à un raid américain, on a fait face à la France, on a fait face au Tchad"

Il cite son fils Saif Al-Islam pour ses réalisations.

"Je suis du côté de la volonté du peuple"

Il en appelle aux tribus, opposant celles qui font le bien et celles qui ont pris position contre le régime. "Tripoli aussi était en tête pour faire face aux forces italiennes qui avançaient vers le sud" "Il ne faut pas utiliser des armes contre l’armée. Ils utilisent des RPG à Benghazi" "Les jeunes ont été drogués et isolés par leur famille ?" "Les familles doivent rassembler leurs enfants." "Sortez de vos maisons, sécurisez les rues". "Nous n’avons pas encore utilisé la force. On le fera s’il le faut" "A partir de cette nuit, sortez partout dans les rues ceux qui aiment Kadhafi" "Nous n’avons pas encore utilisé la force. On le fera s’il le faut" "A partir de cette nuit, sortez partout dans les rues ceux qui aiment Kadhafi" "Si j’étais président, j’aurais démissionné. Mais je n’ai pas de titre, je n’ai que moi-même et mon fusil." "Moi je n’ai peur de rien" "Moi je suis quelqu’un qui arrive à faire face" "Sortez de vos maisons, attaquez-les là où ils se trouvent". "Reprenez vos enfants" "Il ya des policiers qui ont été tués, il y a des enfants qui ont été tués" "Ce sont des bandes qui ne représentent personne. Ils sortent la nuit pour détruire, casser, brûler" "A partir de demain, il faut qu’il y ait la sécurité avec la police et l’armée." "Sortez de vos maisons ! Vous voulez que la ville de Benghazi soit détruite ? Qui vous fournira en électricité et en eau ?" "C’est moi qui ai créé Benghazi. Vous êtes en train de détruire cette ville." "Trois chars ont été brûlés. Il y a plus de trafic aérien ou maritime à Benghazi" "C’est un barbu qui fait ça, qui se présente comme un calife" "Vous voulez que les États-Unis vous occupent comme ils l’ont fait en Afghanistan ?" "Essayez de les arrêter et de les remettre à la police." "C’est une minorité terroriste qui veut transformer le Libye en émirat" "Quand on aura besoin d’utiliser la force, j’en donnerai l’ordre."

Il énumère les motifs -nombreux - pour lesquels le code pénal datant d’avant la révolution prévoit la mort.

"Tout cela va mener à une guerre civile" "Tous ceux qui sont derrière une guerre civile doivent être condamnés à mort, ainsi que ceux qui touchent à l’indépendance du pays"

Il cite Boris Eltsine en exemple. En citant le coup d’état de 1991. Il cite aussi les étudiants chinois de la place Tiananmen. Il parle aussi de Waco, la secte du Texas. Il cite le bombardement de Fallujah, en Irak.

"Benghazi va connaître le même sort que Fallujah" "Il faut former des comités de sécurité locale" "Ils nous attaquent partout, on doit se défendre" "Je m’adresse à toutes les mères, je leur demande de sortir dans la rue. Les pères aussi, pour contrôler les rues." "Il s’agit d’une révolution populaire" "Je suis à la tête de cette révolution populaire" "Ces comités révolutionnaires sont appelés à être formés à partir de demain" Les membres des "comités populaires" devront porter des "petits papiers" sur les bras. "Pour défendre notre terrain, notre pétrole, nos ponts nos autoroutes. Des comités de défense partout" "Je demande aux savants religieux de former des comités de défense religieux, pour protéger nos filles, pour qu’elles ne soient pas enlevées." "On aurait pu utiliser des chars et des avions. On va commencer ce travail cette nuit" "A partir de demain il y aura une nouvelle administration, de nouveaux comités populaires." "Il y aura des réformes concernant la constitution, la société civile." "D’autres réformes concernant les juges, les magistrats." "Le peuple libyen peut construire un État de droit" "Je n’ai pas d’argent, tout ce que je veux c’est las prospérité de la Libye" "Je vous demande de vous attaquer à ces personnes pour restaurer l’autorité populaire. Des officiers libres dirigeront ces opérations." "Vous pouvez également décider en matière de redistribution de richesses" "Le pétrole libyen est pour les Libyens." "C’est à vous de décider du destin de l’argent du pétrole" "Saif Al-Islam va se charger de tous les sujets médiatiques pour que les informations soient diffusées par des chaînes honorables." "C’est la chaine libyenne qui doit relater toutes les informations contre les chaînes voyoues, sales en quelque sorte" "Des ports, des aéroports en panne, des pannes téléphoniques... les gens ne travaillent plus." "Une seule personne a réussi un jour à terroriser les États-Unis. Il s’est attaqué à une école et s’est enfui." "Il a fait la même chose dans les écoles, dans les rues, sur les marchés. Tout le monde était terrorisé" "En ce qui concerne Benghazi, c’est une poignée de terroristes qui a terrorisé la ville." "En Libye, on ne manifeste pas dans les rues, on va aux comités populaires." "Quand on a des problèmes , on va s’adresser au comité populaire pour en discuter" "Moi-même quand j’étais jeune j’ai participé à des manifestations pacifiques, je n’ai rien cassé." "Il faut distinguer entre les manifestations pacifiques et les tentatives de division de notre pays"

Il demande aux manifestants de rendre les armes qui ont été prises.

"Les aéroports doivent rouvrir." "Nous avions le pétrole, le bonheur, et maintenant nous sommes en train de brûler notre pays." "Il est insupportable pour tout homme sensible de voir le pays se déchirer ainsi" "Les gens sont derrière nous, nous soutiennent."

18h02 Les télévisions ont toutes stoppé la retransmission du discours. 18h06 Le discours est fini. Kadhafi quitte sa tribune improvisée et salue quelques personnes. Il reprend la voiture qu’on avait aperçue hier.

Commentaires du Monde à 18 H15 : Globalement, Kadhafi n’a rien lâché. Bien au contraire, il a promis une riposte encore plus dure contre les manifestants. Il a appelé ses partisans à sortir dans les rues pour s’attaquer aux opposants, dans ce qui ressemble à un appel à la guerre civile. Les annonces de réforme ont été limités à la portion congrue et n’ont pas été détaillées. Kadhafi a simplement évoqué une révision de la Constitution et "des reformes pour les blogueurs, les juges, les avocats". Il s’en est violemment pris aux médias étrangers, notamment arabes. Le plus troublant est finalement que ce discours - très long - était profondément déstructuré. Kadhafi a parlé de lui à la troisième personne, il a usé des références historiques absurdes et multiplié les répétitions sans aucun sens. De quoi être inquiet de la rationalité du personnage et du sort qui peut être réservé aux manifestants dans les prochaines heures.

14) Libye : la diplomatie française est en panne

Communiqué PS

David Assouline, Secrétaire national à la communication et la mobilisation a salué en point presse ce matin « le courage de ceux qui malgré des menaces « de faire couler le sang », de son peuple, par « rivières de sang », continuent à demander la liberté et la démocratie ».

Alors que le « dernier acte fort de la France vis-à-vis de la Libye, fut un accueil fastueux au dictateur Kadhafi à Paris » et que le gouvernement a fait preuve d’une grande « timidité - et c’est un euphémisme - sur la révolution tunisienne et égyptienne », David Assouline a indiqué que « nous sommes en droit d’attendre aujourd’hui des paroles fortes ». Estimant que la France doit « condamner fermement la répression, le massacre même ». « Nous en sommes à 233 morts » a-t-il rappelé.

« Notre diplomatie est en panne, voire même, puisque nous n’avons aucune déclaration de Michelle Alliot-Marie sur ce qui se passe en Libye, est vacante. Il faudra bien qu’il y ait un changement fort pour que l’image de la France retrouve sa place dans cette partie du monde, et sa grandeur » a-t-il conclu

15) Massacres en Lybie : la communauté internationale doit réagir de toute urgence

Communiqué FIDH

La FIDH et la Ligue libyenne des droits de l’Homme (LLHR) appellent la communauté internationale à se mobiliser de toute urgence face au risque que Mouammar Kadhafi n’adopte une stratégie du chaos pour étouffer le mouvement de protestation qui a gagné l’ensemble du pays. « Les menaces proférées par Seif Al Islam, fils du président Kadhafi, ’de faire couler des rivières de sang’ sont choquantes », a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. « La communauté internationale doit tout entière parler haut et clair sur la situation en Libye . Des crimes extrêmement graves sont commis, qui relèveraient de la compétence de la Cour pénale internationale si elle était saisie. Le Conseil de sécurité doit examiner cette question de toute urgence » a-t-elle ajouté.

La violente répression aurait fait au moins 300 à 400 morts depuis le 15 février 2011 selon la LLHR, membre de la FIDH. Le bilan risque de s’alourdir également en raison de la pénurie en médicaments à laquelle fait face le pays.

Selon les informations recueillies, d’importantes personnalités politiques et militaires se seraient ralliées aux manifestants notamment certains ambassadeurs libyens, le ministre de l’intérieur ainsi que les dirigeants militaires de la région de Benghazi et de l’ouest de la Libye. Par ailleurs, une partie importante des forces de l’ordre se serait mobilisée aux côtés de la population dans plusieurs villes du pays et dans certains quartiers de Tripoli.

Le régime s’appuierait sur des mercenaires originaires du Tchad, du Niger, du Zimbabwe et pour certains, anciens hommes de main de l’ex-dictateur Charles Taylor.

« La situation est extrêmement préoccupante. Nous craignons aussi que les migrants soient pris comme bouc-émissaires et fassent l’objet de représailles » a déclaré Sliman Bouchiguir, président de la LLHR. . En effet, les migrants représentent 1,3 millions de personnes, soit environ 20 % de la population en Libye.

La FIDH et la LLHR exhortent en particulier les Etats ayant entretenu des relations approfondies avec le régime de Mouammar Kadhafi, à user de toute leur influence pour faire cesser les massacres et encourager une transition pacifique.

Elles appellent le Secrétaire général des Nations unies à condamner avec force les violations massives des droits humains perpétrées par le régime Kadhafi, et le Conseil de sécurité à examiner d’urgence la situation et envisager la saisine de la CPI.

La FIDH et la LLHR appellent aussi à la suspension immédiate de la Libye du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

Enfin, la FIDH et la LLHR lancent un appel spécial à la Commission africaine afin qu’elle saisisse d’urgence la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine

16) La Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples doit saisir immédiatement les institutions compétentes pour violation grave du droit international

Communiqué FIDH

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et son organisation membre en Libye, le Ligue libyenne des droits de l’Homme (LLHR), exhortent la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) à saisir immédiatement la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) sur les violations graves des droits de l’Homme perpétrées en ce moment en Libye par les autorités libyennes et les agents sous son contrôle.

En Libye, la répression des manifestations pacifiques par les forces de sécurité libyennes aurait fait entre 300 et 400 morts et des milliers de blessés depuis le 15 février 2011. La répression serait menée par les forces de sécurité avec le soutien de mercenaires tchadiens, zimbabwéens, et d’anciens miliciens de Charles Taylor. L’utilisation, par les forces de sécurité et les agents de l’État sous son contrôle effectif, de balles réelles et d’armes lourdes pour mener la répression et des bombardements indiscriminés des populations civiles constituent des violations graves du droit international des droits de l’Homme et du droit international humanitaire.

Au regard de la situation extrêmement grave en Libye, la FIDH et la LLHR demandent à la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples, de saisir d’urgence la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples, conformément à l’article 34 al. 3 du Protocole portant création de la Cour africaine qui donne compétence à la Cour de juger des violations des droits de l’Homme perpétrées par un État-partie - ce qui est le cas de la Libye depuis le 19 novembre 2003 - et de l’article 119 al. 4 du Règlement intérieur intérimaire de la Commission africaine qui autorise cette dernière a saisir la Cour africaine d’une situation constitutive de violations graves et massives des droits de l’Homme. La Cour africaine devra statuer en urgence sur la situation en Libye et contribuer, ainsi, à stopper les violations des droits de l’Homme dans ce pays.

Alors que la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples, doit se réunir en session spéciale, à partir du 23 février jusqu’au 3 mars 2011, « nous nous étonnons du silence de la Commission et des différents commissaires chargés de mandat spécifiques relatifs aux différents aspects de la promotion et la protection des droits de l’Homme, sur les événements en Libye et plus largement sur des situations comprises dans leurs mandats et qui ont engendré de graves violations des droits de l’Homme dans le reste de la région comme en Tunisie, en Égypte ou en Algérie » a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

Ainsi, tant en Tunisie, qu’en Égypte, en Algérie ou actuellement en Libye, le droit à la vie en toute circonstance, la liberté d’expression, la liberté de manifestation, le droit des défenseurs des droits de l’Homme et des journalistes à travailler librement, le droit de ne pas être soumis à des actes de tortures, des arrestations arbitraires ou des détentions arbitraires ou incommunicado, sont autant de droits garantis par la Charte africaine et les autres instruments protection des droits de l’Homme, qui ont été bafoués lors de ces derniers mois par les autorités de ces pays qui s’étaient engagés à les respecter et qui n’ont fait l’objet d’aucune déclaration, appel urgent ou préoccupation publique de la Commission.

La FIDH et la LLHR, appellent la Commission africaine a saisir l’opportunité de la session spéciale afin :

- d’adopter une résolution d’urgence ou une déclaration de sa présidente condamnant les violations graves et massives des droits de l’Homme en Libye ;

d’adopter une résolution d’urgence saisissant la Cour africaine des droits de l’Homme des violations graves et massives qui se déroulent en Libye conformément aux dispositions et mandats de la Commission et de la Cour ;

- d’adopter une résolution soutenant les pays en transition politique, et qui notamment :

- de condamner les violations des droits de l’Homme commises par les forces de sécurité ;

de soutenir les processus démocratiques qui visent à faire pleinement bénéficier les peuples des droits garantis par la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ;

- d’établir des missions de coopération notamment en Tunisie et en Égypte ;

- de rappeler aux États leur obligation de respecter les droits garantis par la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples.

- de saisir le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine sur les violations en Libye.


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