Après la dictature saoudienne, Fillon flatte les talibans barbares d’Abu Dhabi

jeudi 24 février 2011.
 

Combien faudra t il de temps à la presse française qui a tardé à découvrir ce qui existait en Tunisie et en Egypte pour découvrir la barbarie puissance 10 à Abu Dhabi, les chouchous de Sarkozy Fillon ?

Après la dictature saoudienne, une des pires du monde, qui soutenait Moubarak jusqu’au bout, Fillon flatte les barbares tortionnaires, sexistes, racistes, esclavagistes, intégristes, totalitaires, les talibans d’Abu Dhabi : un « pont avec la civilisation » ose t il.

Abu Dhabi : 90 % de travailleurs forcés

Les alliés barbares que Sarkozy/Fillon ont donné à la France

Il y a un fossé entre les richesses fabuleuses des EAU (Emirats Arabes Unis), leur prétendue « ouverture aux arts et au monde », et la réalité du système despotique, inhumain qui y règne. Seul le cheikh dispose d’un pouvoir absolu et héréditaire, appuyé sur les tribus, organisation de base de la société. Il n’y a pas de partis politiques, ni de droit de réunion. Il n’y a pas de liberté de la presse, récemment encore le 2 juillet 2008, l’éditeur Sami al-Araimi a été condamné à une lourde amende et son journal suspendu pour 20 jours. Ne parlons pas de la censure sur les œuvres des futurs musées : pas de femmes nues, voilez-les.

Le Premier ministre et les 18 ministres sont nommés et révoqués par l’émir. Le Conseil fédéral national, a été renouvelé en décembre 2006 par un collège de… 6 689 électeurs désignés qui représentent seulement 1 % de la population. Il n’y a pas d’élection du Conseil national consultatif composé de 50 membres « choisis » eux aussi par l’émir.

La Direction de la Sûreté de l’Etat (Amn ad-dawla) au pouvoir dictatorial, nomme et destitue les fonctionnaires, s’immisce dans les affaires de justice, modifie les verdicts, pressionne les juges. La législation est basée sur la Shari’a. L’intolérance religieuse domine la vie quotidienne, avec des interdictions de s’embrasser, danser, de jouer trop fort de la musique en public ou même se tenir la main pour des couples non mariés sans parler des codes vestimentaires ou de la consommation d’alcool. Le droit à la défense est limité. Le 30 juillet dernier, une jeune femme a été condamnée à la prison à vie pour avoir proposé un joint à un policier en civil. Les mises au secret peuvent durer des mois voire des années sans jugement. Les associations de défense des droits de l’homme sont interdites ou persécutées. Les droits des femmes sont quasi inexistants (il y a 71 % d’hommes), le divorce interdit, l’adultère condamné, l’homosexualité persécutée.

La torture et traitements inhumains sont légion : le Cheikh Issa ben Zayed al-Nahyan, frère du souverain d’Abou Dhabi, ami de Sarkozy, peut être vu actuellement dans une vidéo diffusée sur Internet (ABC News) où il torture longuement un homme en l’asphyxiant avec du sable, le frappant avec une planche cloutée, tentant de le brûler et lui roulant dessus en 4 X4. Le Cheikh Issa filme les souffrances de ses victimes puis les visionne pour son plaisir personnel. En raison du scandale provoqué par cette vidéo, les Etats-Unis, eux, remettent en cause l’accord visant à établir une coopération entre les deux pays dans le domaine de l’énergie nucléaire. Un exemple dont aurait pu s’inspirer la France.

Sarkozy est allé pérorer devant l’OIT, le 15 juin 2009, défendant les droits du travail et réclamant des sanctions aux pays qui ne l’appliquent pas, mais il n’en avait rien dit, le 25 mai de la même année, à son ami l’émir qui construit le Louvre et la base militaire française en interdisant tout droit de grève, tout droit syndical, tout droit du travail. Moins de 20 % des habitants sont des natifs qui ont les droits juridiques d’entreprendre, mais près de 90 % de ceux qui produisent dans les chantiers BTP, le pétrole, le gaz, n’ont aucun droit. 51% de toute propriété doit appartenir à un citoyen émirati. Le racisme est courant avec une telle forme d’apartheid social, ethnique. Les Indiens constituent la plus importante communauté (avec 1,2 million de personnes) suivie des Pakistanais et des Bangladeshis. Leurs passeports sont confisqués dés leur arrivée sur le territoire, ils doivent payer des sommes énormes aux agences de recrutement et pour leur entrée (alors que cela doit incomber aux employeurs). Ils n’ont pas le salaire promis et ce qu’ils touchent est irrégulier. De mai à octobre, il règne de 38° à 48 °et ils travaillent toute l’année dans des conditions inhumaines beaucoup plus de 48 h par semaine. Il en est de même pour les nombreuses travailleuses domestiques esclaves, frappées et abusées physiquement, confinées, avec des durées du travail excessives. Les promesses de l’émir de respecter certaines règles de l’OIT et de prendre des précautions avec les travailleurs qui construiront « l’île du bonheur » et le Louvre n’ont aucun fondement juridique.

Human Rights Watch appelle les gouvernements intervenant dans les EAU à exiger des droits élémentaires :

1) Aller vers l’élimination des discriminations raciales et la liberté religieuse

2) Accepter la création d’associations, de syndicats et de partis politiques

3) Abolir la peine de mort et la torture.

4) Signer les conventions pour les droits des femmes

5) Tolérer l’homosexualité.

6) Autoriser le droit de grève et d’action collective des salariés.

7) Étendre les règles du travail aux domestiques étrangers

8) Accepter une législation sur le mariage et le divorce

Tandis que Sarkozy envoie des jeunes hommes (53 soldats français tués) mourir en Afghanistan pour combattre les Talibans, « barbares et moyenâgeux » mais pauvres, il a engagé la France, son image, sa culture, son armée, avec les EAU « barbares et moyenâgeux » aussi mais très riches. C’est tout à l’image de sa politique.

Ainsi le marché du luxe français est largement positif aux EAU, même si l’organisateur d’un salon récent, Denis Muller affirmait « certains de nos clients d’Abou Dhabi possèdent déjà 150 ou 200 montres, il faut les surprendre ». C’est ce qui doit fasciner Sarkozy – Rolex : sa morale, sa culture, son clinquant s’arrangent de ces détails de l’histoire. Il espère seulement que le contrôle qu’il exerce sur les médias empêchera que tout cela se sache en France. À nous de faire savoir ce que cache le « Louvre » des richissimes émirs des sables.

La “Sorbonne en or” et le « Louvre des sables » d’Abou Dhabi, Disney de la culture

Ça affiche beau : « Louvre des sables ». Après avoir installé une branche de la Sorbonne ( ou il n’y a que 600 étudiants de luxe, au lieu des 3000 annoncés) , la France a vendu la marque « Le Louvre » pour 400 millions d’euros aux Emirats arabes unis, comme si c’était un vulgaire Mirage ou un char Leclerc.

C’est le fruit d’un accord signé pour 30 ans en janvier 2008 par Christine Albanel ex ministre de la culture. D’un coût total d’un milliard d’euros, le projet devrait être achevé en 2013, conçu et mis en œuvre par une « Agence France Muséum », (dirigée par Marc Ladreyt Delacharriére, ami de Sarkozy Fillon, du 1er cercle UMP, lui même directeur financier de Loréal et de Fitch ratings, l’agence de notation libérale) avec prêt dans les quatre premières années de 300 œuvres d’art par les musées français (Centre Pompidou, Musées d’Orsay, Guimet, Rodin, du quai Branly, châteaux de Versailles et Chambord, Bibliothèque nationale, …). « Construit sur l’eau, il ressemblera à une île recouverte d’une ombrelle d’acier de 180 mètres de diamètre reposant sur trois pieds » selon son architecte Jean Nouvel. Le futur bâtiment de 24 000 m2 sera installé dans une réserve naturelle située dans « l’île du Bonheur (Saadiyat) » qui groupera six institutions culturelles : un Musée en hommage au cheikh Zayed fondateur de la pétromonarchie, un Musée maritime, un campus de l’université de New York, une cité des Arts vivants, un Musée Guggenheim (de 42 000 m2)… Ces objets culturels seront entourés de deux golfs, de résidences de luxe, sept marinas, des dizaines d’hôtels internationaux, trois ponts, un tunnel, une autoroute à 12 voies, un aéroport.

La « Tourism Development and Investment Company » nous vante joliment l’expression d’une « volonté de dialogue entre civilisations venant d’un pays arabe moderne, désireux de s’ouvrir au monde ». En fait, l’émirat, pays le plus riche de la planète, avec ses immenses ressources pétrolières et son fonds souverain de 875 milliards de dollars, achète « l’après or noir » et s’offre « un sanctuaire de la culture universelle », comme si c’était un Parc Astérix, escomptant porter à 3 millions le nombre de ses touristes à horizon 2015.

Les dessous spéculatifs de toute cette affaire ont peu à voir avec la culture « universelle » : experts, amateurs d’art, directeurs de Musée français ne s’y sont pas trompés, en dénonçant, dés 2007, cette délocalisation, privatisation du Louvre comme « prêteur sur gages ». Car derrière la « disneylandisation » de notre plus grand Musée républicain, il y a surtout des gros sous, de la diplomatie et de la guerre.

Les EAU absorbent 1/3 des exportations françaises au Moyen-Orient. 232 sociétés françaises y sont présentes : aérospatiale, défense, eau et électricité, électronique, BTP, environnement, informatique, télécommunications, transport, luxe… Total est le premier investisseur français. Un Haut fonctionnaire français crachait déjà le morceau dans le Figaro du 23 mars 2007 : « La France, dont les grosses entreprises sont déjà présentes et qui vient de faire une percée formidable avec l’installation de la Sorbonne et bientôt du Louvre Abou Dhabi, a maintenant une vraie carte à jouer pour ses PME ».

La Joconde des sables et des dattiers n’est qu’un mirage : Areva, Thalès, Dassault, EADS, Suez, Véolia, BNP, Calyon, Giat, Gemaco, Saint-Gobain, Dior, Rolex en sourient encore. Derrière la Vénus de Milo, Sarkozy et son Quai d’Orsay déploient un tout autre art : celui de la préparation de la guerre avec l’Iran, la vente d’armes et de Rafales, l’installation d’une base militaire.

Sarkozy/Fillon s’en vont guerre pour les émirs

Kouchner, tout juste nommé aux affaires étrangères avait déclaré en 2007 : « il faut se préparer à la guerre contre l’Iran ». À peine avait-il nuancé ce propos guerrier sorti du cœur, que son maître Sarkozy nouait alliance avec les émirats arabes unis.

Ainsi le 25 mai 2009, presque discrètement, Bling-bling s’envolait à Abou Dhabi, accompagné de la moitié des patrons du CAC 40 pour inaugurer la première base militaire que la France construit en dehors de son territoire depuis 60 ans. « On dit souvent que c’est dans les coups durs que l’on reconnaît ses vrais amis. Soyez assurés que la France sera à vos côtés si votre sécurité devait être menacée » a t il déclaré au cheikh Khalifa ibn Zayid al-Nahyan liant le sort de la France et celui de ce monarque absolu. Sarkozy a baptisé, par antinomie, sa base : « Camp de la paix ». Elle comprend pourtant, à la fois, une base navale de 300 m de quai pour soutenir les forces déployées dans l’Océan Indien et compléter le dispositif de la marine nationale dans la région, une base terrestre dans le camp émirati de Zayed, en plein désert, spécialisée dans l’entraînement au combat urbain, et une base aérienne destinée à accueillir les Mirages et les Rafales de l’armée de l’air française à al-Dhafra. Tout cela dans le détroit stratégique d’Ormuz, où passe 40 % du pétrole mondial, à 220 petits kms des côtes d’Iran. De quoi nous entraîner vers le gouffre !

Sarkozy jouait au petit Bush avec retard au moment où Barak Obama proposait une autre approche au Moyen-Orient. Paris participe avec Tel-Aviv au lobbying pour faire échouer toute négociation avec l’Iran. Les efforts de Sarkozy pour vendre 60 Rafales à Abou Dhabi, y installer 500 militaires français à demeure, y construire une centrale nucléaire, sont carrément provocateurs dans une région où règnent les plus fortes tensions au monde. Claude Angeli, dans le « Canard enchaîné » rapporte que des officiers experts militaires y voient une « conduite à risques ».

Même Le Monde (édito du 28 mai) souligne que la France va se trouver au centre « des plaques tectoniques qui font trembler la région : retrait annoncé des Etats-unis d’Irak, renforcement de l’engagement de l’OTAN en Afghanistan, volonté de l’Iran de devenir une puissance nucléaire, enfin risque de déstabilisation du Pakistan, autre puissance nucléaire, sans oublier le conflit israélo-palestinien »

Le but n’est pas seulement de brader aux émirs les Rafales de son ami Dassault, Sarkozy (comme son égérie Margaret Thatcher qui envoya la Royal Navy réoccuper les Malouines), ne dirait pas « non » à une bonne guerre capable de faire diversion à sa politique antisociale et d’éviter que son pouvoir ne vacille.

Fi donc du prétexte de la culture du « Louvre des sables » : Sarkozy qui maintient 3000 hommes dans une impossible occupation de l’Afghanistan sous prétexte d’y défendre la civilisation n’hésite pas à nous allier à des Emirs qui n’ont pas une vision des droits humains très différente des Talibans.

Gérard Filoche


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