Confronté à Manuel Valls sur Europe 1

vendredi 11 février 2011.
 

Il s’agissait de réagir aux circonstances et de s’exprimer sur des sujets convenus à l’avance. Une partie d’entre eux ne vinrent finalement pas sur la table comme la question de l’Afghanistan ou celle encore plus brulante dans le contexte des révolutions tunisienne et égyptiennes, des institutions. C’est bien dommage. Car pour Valls il n’y a pas de lien entre l’objectif démocratique et la réforme sociale. Au contraire, l’une retarderait l’autre. "La question institutionnelle ne sera pas au cœur de la prochaine campagne présidentielle" déclare Manuel Valls. La question démocratique n’est pas au centre du programme du PS. Donc, si le PS arrive au pouvoir, comme il "aura à traiter l’urgence économique et sociale", un grand chantier institutionnel risquerait "d’enliser son action". "Par souci de réalisme et d’efficacité, nos propositions ne prétendent donc pas reprendre la longue marche vers la VIe République". On se demande pourquoi cette référence à la sixième république puisque, selon lui, "l’enjeu principal n’est pas de réduire le pouvoir Exécutif mais de l’encadrer. Les canons du parlementarisme classique appartiennent à notre histoire ; ils ne s’inscrivent plus dans notre avenir." C’est le genre de message universaliste qui aura du mal à être entendu de l’autre côté de la Méditerranée ces temps ci. La démocratie parlementaire et le régime d’assemblée n’est plus notre avenir ? C’est ce qu’on verra. La Constituante le dira.

Mon grand quartier général m’avait fixé une ligne d’horizon pour ce débat. Pas de sang sur les murs. Pas d’accrochage avec les animateurs de l’émission, même si deux d’entre eux sont connus pour un parti pris très lourd. La technique du brise glace : argumenter sans relâche et jusqu’à la moindre vis et moindre boulon du raisonnement. Le but : "que les socialistes qui écoutent s’identifient à Jean-Luc Mélenchon plutôt qu’a Manuel Valls". Histoire de les habituer. Dans ces conditions le laisser me tutoyer et ne jamais me défausser sur le bilan raisonné du passé. J’ai tenu ce côté de la ligne de crête, je crois. L’autre versant était plus simple : arriver aussi vite que possible sur des thèmes concrets. Mission accomplie notamment avec la brève séquence sur la politique économique puis avec la discussion sur le salaire maximum. Je reconnais à Valls qu’il ne se défausse pas. Mais nous ne fumes guère poussés sur ces thèmes par les organisateurs du débat. Sur le salaire maximum sa réserve s’entendait mais il fut fidèle à sa méthode de pensée en lançant qu’un tel « salaire maximum » ne pouvait être que le résultat de la négociation et non de la loi. Je pense le contraire. Cette question de méthode me parait centrale. Elle fixe les contours de deux stratégies. Celle de la souveraineté populaire contre la logique du contrat permanent.

Dimanche après midi, après vingt jours sans pause, je goutais la joie simple des légumes dans leur canapé. Le mien est spécialement confortable. Presque un lit. J’allumais la télévision. Malheur ! Madame Le Pen chez madame Lapix. Le boulot encore m’a rattrapé ! Pas mal, madame Lapix ! Je prends note de la clef au bras qu’elle lui a fait et de l’étranglement sémantique bien placé au bon moment.


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