Algérie : Manifeste pour les droits et libertés

samedi 5 février 2011.
 

Un nouveau mouvement vient officiellement de voir le jour en Algérie, s’appuyant sur la publication d’un « Manifeste pour les Droits et Libertés », à l’initiative de plusieurs personnalités dont Tarik MIRA, député (indépendant) de Béjaia et Ali BRAHIMI, député (indépendant) de Bouira.

Ce mouvement citoyen est ouvert à tous, sans aucune distinction, et entend agir démocratiquement et sans violence, pour le rétablissement d’un Etat de droit, et d’une véritable démocratie politique et sociale en Algérie.

Le Parti de Gauche salue cette initiative courageuse, et souhaite bonne chance à ses initiateurs. Il suivra avec attention et sympathie son action au sein de la société algérienne, en mouvement, comme sa voisine tunisienne, pour la liberté, la justice et la démocratie.

Manifeste pour les droits et libertés

Près d’un demi siècle après le recouvrement par notre pays de sa souveraineté nationale, la construction de « l’État démocratique et social » dans « le respect des libertés fondamentales » telle qu’énoncée par la Déclaration du 1er novembre 1954 et la Plate-forme du Congrès de la Soummam est à l’arrêt.

Les promesses nées de l’ouverture d’octobre 1988 sont laminées par un nouveau processus de légitimation dévoyé par de multiples verrouillages et la fraude électorale, tandis que le maintien pour une durée indéterminée de l’état d’urgence fait régresser les libertés publiques.

Une normalisation à marche forcée entrave les forces sociales et bloque le règlement pacifique des conflits. Toute contestation est ainsi poussée à s’exprimer par la violence.

Étouffée, la classe politique est dangereusement réduite à la sauvegarde des appareils.

En l’absence de séparation des pouvoirs, de contre-pouvoirs institutionnels et non étatiques, l’impunité devient la règle et la corruption prolifère.

Le droit de la force l’emporte sur la force du droit.

Cette situation ne peut plus durer !

Les femmes et les hommes épris de justice et de liberté sont interpellés pour faire coïncider l’indépendance avec la liberté et la République avec la démocratie.

Considérant que le Mouvement national, dans son programme de façon constante et dans ses sigles par deux fois - en 1944 (Amis du Manifeste et des libertés) et 1946 (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) - a fait explicitement référence aux libertés ;

Considérant que l’Algérie ne peut rester en dehors de l’aspiration universelle à la démocratie ;

Considérant que les autorités en place ne peuvent aller à l’encontre des textes juridiques algériens, notamment de la Constitution qui énonce en son chapitre IV un ensemble de dispositions garantissant les droits et libertés ;

Considérant que les libertés et l’État de droit sont les meilleurs moyens pour la défense des plus faibles ;

Considérant que l’égalité des droits, notamment entre les hommes et les femmes, l’égalité de traitement entre les langues arabe et tamazight, sont les garants de la cohésion sociale et de l’intégration nationale ;

Considérant que le maintien de l’état d’urgence, depuis près de deux décennies, viole la Constitution et nuit à l’exercice effectif des droits de l’Homme, aux valeurs démocratiques ainsi qu’à l’image du pays ;

Proclamons par le présent Manifeste pour les droits et libertés la nécessité urgente de rétablir la perspective démocratique par :

- la levée de l’état d’urgence comme condition première pour jouir pleinement des droits de l’Homme et des libertés publiques garantis par la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie ; l’ouverture des espaces politique, syndical, associatif et médiatique nécessaires à la promotion et au respect du pluralisme, indispensable à la vitalité du pays et à son développement ;

- la défense des droits sociaux, dont l’accès au travail, à la protection sociale, au logement, à l’éducation et à la santé sont le minimum vital d’une société solidaire ;

- la construction de l’État de droit, condition sine qua non à l’indépendance de la justice et à l’égalité de tous devant la loi ;

- la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire comme fondement essentiel de l’équilibre des pouvoirs ;

- la séparation des champs politique et religieux pour garantir l’autonomie individuelle, socle de la modernité politique ;

- le respect des droits de l’Homme dans leur intégralité et l’égalité des droits, indispensables à l’épanouissement de la dignité humaine et à l’exercice de la citoyenneté pleine et entière ;

- la légitimité du suffrage universel, expression de la souveraineté populaire sur la base de la garantie des droits fondamentaux de toute (s) minorité(s) et de l’alternance au pouvoir.

Déclarons agir en faveur d’un mouvement d’opinion pour la concrétisation, par des moyens pacifiques, des objectifs énoncés à travers cette plateforme que nous sous-signons.

Ce mouvement d’opinion est un regroupement informel, libre et ouvert à toute personne qui en accepte les idées.

Inscrit dans le sens de l’intérêt général, le Manifeste pour les droits et libertés ambitionne d’ancrer la culture civique, d’agir pour le changement afin de faire triompher la citoyenneté pleine et entière et permettre aux Algériennes et Algériens de travailler et de vivre en personnes libres.


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