J’ai regardé le journal télévisé sur France 2 samedi soir... Les évènements au Maghreb pourtant sont décisifs

lundi 17 janvier 2011.
 

J’ai regardé le journal télévisé sur France 2 ce soir là parce que je pensais voir un reportage sur l’occupation par "jeudi noir" de l’immeuble vide d’Axa. C’était le journal de David Pujadas. L’homme qui mate à l’antenne les syndicalistes. Ce journaliste avait déclaré que le service politique de France 2 ne me boycotterait pas. Bon, grand et généreux. En fait un humoriste du style pince sans rire. En effet France 2 ne m’invitait déjà pas avant et le service politique a continué son black out, tranquillement. Certes j’ai eu une invitation à la matinale après six annulations successives. Et ce fut tout. En trois ans. L’invitation d’Yves Calvi n’a rien à voir avec la direction du service politique. Mais son résultat à l’audimat, le deuxième record de la saison, montrait qu’il y a pire invité que ceux qui se trouvaient sur ce plateau. Je dois y avoir ma part, non ? Tout ça pour dire que mon absence de la chaine dite publique est un ostracisation délibérée.

A preuve ce reportage sur le thème du salaire et du revenu maximum. Il s’appuyait sur une enquête d’opinion de l’IFOP parue dans « l’Humanité ». Si mes renseignements sont bons, et je vous prie de croire qu’ils le sont, l’enquête a été envoyée en fin de semaine dans les rédactions avec un « embargo » c’est-à-dire une interdiction de citer jusqu’à publication dans l’Humanité le 11 janvier. Je donne ce détail pour dire que ce n’était pas une information de dernière minute ni un reportage improvisé. Vous devinez où je vais arriver. Car tout le monde sait la part que j’ai prise sur ce thème ces derniers mois. Elle conclut mon chapitre sur le partage des richesses dans le livre « qu’ils s’en aillent tous ». Et il a été assez souvent question de ma reprise de la formule de Georges Marchais sur la limite au delà de laquelle « je prends tout ». Au point que l’introduction du rapport d’enquête de l’IFOP écrit : « Si le clivage politique se manifeste sur cette question, on notera toutefois que 58 % des sympathisants UMP adhèreraient à cette mesure portée notamment par Jean-Luc Mélenchon. » Et que voit-on sur France 2 comme représentant de cette idée ? Benoit Hamon ! Mais oui et « au nom du PS ». Il est précisé que « l’idée progresse à gauche ces derniers temps et le PS l’envisage, en commençant par les entreprise publiques ». Pas une question sur la liste des entreprises concernées, pas un mot sur ce qui sera appliqué aux autres et quand. Du fait main. Même la pétition lancée il y a un an par « Marianne » et sa cohorte de signataires, dont les dirigeants socialistes sont absents, est passée à l’as ! Et comme c’est certain que le candidat miraculeux va l’appliquer dès qu’il sera élu, j’ai nommé celui qu’il n’y a plus besoin de nommer, on voit tout le sérieux qui consiste à en faire parler le PS en oubliant avec application de lui demander si François Hollande, ou DSK ont l’intention de mettre cette idée dans leur programme. Ah la ! la ! Pujadas, quel journaliste d’investigation !

Ce que valent de tels « professionnels » est résumé par la conclusion du journal : « l’information du jour ce sont ces quatre skieurs emportés par une avalanche ». Pourtant dans le journal on avait pu voir un reportage sur la répression sanglante en Tunisie. Certes, il n’y avait aucune image du rassemblement le soir même sur ce thème à Paris. Il ne faut pas rêver. Mais, quand même ! Par respect pour les trois cent mille tunisiens qui vivent en France et pour les milliers de binationaux sans compter tous les gens qui s’intéressent au monde qui les entourent, après de telles images sanglantes, peut-être Pujadas pouvait-il s’abstenir de dire aux milliers de tunisiens en Tunisie qui regardent la télé française que le « fait du jour » pour un français c’est la mort de quatre skieurs. Et que leur souffrance n’est pas le fait du jour.

Ces évènements au Maghreb pourtant sont décisifs. Ils vont produire une onde de choc pour de nombreuses années. Un pays où l’armée nationale est invitée à tirer sur le peuple n’a plus de ciment politique. Le consentement à l’ordre ne peut plus se garder de lui-même ensuite. Le pouvoir qui tire sur le peuple se rend instantanément illégitime. Et même s’il dure, il a définitivement faussé toute la machine du vivre ensemble de la société. Rien ne destine la Tunisie ou l’Algérie à cette régression barbare. Ces sociétés sont plus que mûres pour une vie commune où les polémiques et les oppositions, normales dans un peuple qui s’implique dans ses affaires, ajoutent à la cohésion bien davantage qu’elles n’y nuisent. Tunisie et Algérie sont des pays développés en ce sens qu’une part considérable de sa population est hautement instruite et qualifiée. Et aussi qu’une partie d’entre elle participe pleinement à nos propres débats et influe sur nos choix par le biais de la double nationalité ou des liens familiaux. En ce sens et de ce fait, ce qui advient dans ces deux pays nous concerne et nous implique directement. Il y a trois cent mille tunisiens en France et six cent mille algériens. Nous avons ensemble des enfants et des petits enfants. La deuxième et la troisième génération et maintenant la quatrième, qui pointe son nez de bébé, appartient totalement à notre pays en même temps qu’elle reste concernée et impliquée par ce qui advient à sa parentèle là bas. Cette France souffre et s’angoisse ces jours. Notre indignation et notre solidarité n’ont aucun parfum d’exotisme. C’est une affaire de famille.


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