L’Europe vole au secours de ses banques mais en faisant payer l’addition aux peuples (dossier de L’Humanité)

lundi 6 décembre 2010.
 

A) L’Europe libérale est en faillite

Après le plan grec, l’aide européenne aux banques irlandaises de 85 milliards d’euros ne calme pas la spéculation. Seul le développement social peut sauver l’Union européenne.

L’adoption dimanche par les dirigeants européens d’un plan de sauvetage de l’Irlande de 85 milliards d’euros avec le concours du FMI n’a manifestement pas dissipé les doutes sur la solidité du système monétaire et financier européen. Les ministres des Finances se sont aussi entendus sur les contours du futur fonds de secours permanent aux pays en crise, appelé à voir le jour en 2013 en remplacement du mécanisme actuel du fonds de stabilisation financière.

1– Irlande  : 
un nouveau pan 
qui s’écroule

Le plan adopté fait de l’Irlande le deuxième pays de la zone à recevoir un soutien, six mois après la Grèce. Il faut se rappeler qu’en mai dernier, nombre de commentateurs et de dirigeants politiques avaient mis cette première alerte au compte du laxisme des autorités d’Athènes. Il faut bien trouver maintenant une autre explication  : l’effondrement irlandais est dû à l’origine à la faillite du système bancaire et non à une dérive des comptes publics.

En vérité, ce n’est pas un hasard si ce sont les pays où le coût du travail est le plus bas, dont le marché de l’emploi est le plus déréglementé, où la protection sociale est la moins étendue, la Grèce, le Portugal, l’Irlande et, à un moindre degré, l’Espagne, qui sont actuellement les plus affectés par la spéculation des marchés financiers à l’encontre de leur dette publique. Les classes dominantes de ces pays ont depuis des années misé sur le développement d’activités à faible valeur ajoutée et la spéculation immobilière. Avec la crise, ce modèle low cost s’est écroulé plus rapidement.

La zone euro et l’Union européenne sont ainsi menacées d’implosion en raison des écarts croissants de développement entre des pays dominés par une Allemagne accumulant les excédents. Plutôt que de prendre ces réalités en compte en mettant en œuvre des mesures de rattrapage permettant le développement de tous, les dirigeants européens engagent des politiques d’austérité sans précédent. Ils traitent le mal par le mal, aggravant la situation, renforçant de fait la spéculation contre l’euro et les risques de contagion.

2– La France 
n’est pas à l’abri

« Aller raconter que la France est menacée, c’est racoleur, a déclaré hier la ministre des Finances française, Christine Lagarde, mais je ne pense pas que ce soit économiquement juste. » Il y a pourtant un risque réel. Déjà la crise menace d’autres pays en situation difficile, comme le Portugal et l’Espagne, elle pourrait déstabiliser toute l’Union monétaire. D’ailleurs, le plan d’aide à l’Irlande n’a pas calmé la spéculation, les taux à 10 ans des emprunts d’État italiens et espagnols ont atteint lundi de nouveaux records sur le marché obligataire. Les taux français sont également à la hausse, ceux des emprunts à 10 ans sont ainsi passés de 2,7% à fin mai à 3,1% aujourd’hui, accentuant le coût de la dette sur les budgets publics.

Cette pression des marchés a une cause  : ils ne croient pas en la capacité aussi bien de la Grèce que de l’Irlande de rembourser leurs dettes. De la même façon, ils doutent de la possibilité pourle gouvernement français de remplir ses engagements de retour à un déficit public de 3 % du PIB en 2013. Même la Commission européenne met en cause ce scénario. Elle l’a redit hier. Pour y parvenir, Paris doit en effet à la fois réduire les dépenses publiques et relancer sa croissance et c’est sur ce dernier point que la Commission a des doutes. Elle s’attend à une hausse du PIB français inférieure aux prévisions de l’équipe de Nicolas Sarkozy. C’est aussi d’ailleurs pour tenter de répondre à cette inquiétude que la droite française pratique la fuite en avant dans la restriction des dépenses publiques  : elle pense ainsi compenser l’insuffisance de croissance. Elle ne fait en réalité qu’étouffer un peu plus cette dernière.

3– Les agences de notation, poissons pilotes des marchés

Les agences de notation jouent un rôle important dans la crise qui secoue la zone euro. Dès janvier 2009, Standard & Poor’s décide de dégrader la note de la Grèce, ses collègues l’imitent peu de temps après. L’Irlande, le Portugal, l’Espagne, sont les cibles suivantes. La France est menacée. À chaque fois la spéculation s’acharne sur les pays ainsi désignés. En baissant la note attribuée à des dettes publiques, les agences mettent en cause la capacité de remboursement du pays concerné. Cela contraint ce dernier, pour pouvoir emprunter, à verser un intérêt plus élevé aux investisseurs qui lui prêtent de l’argent.

On ne peut cependant faire l’impasse sur une caractéristique de ces agences de notation. Sur les trois grandes, deux, Moody’s, Standard & Poor’s sont américaines, la troisième, Fitch, est dirigée par un Français mais elle a son siège outre-Atlantique. En fin de compte, toutes trois constituent le bras armé de Wall Street et du dollar. Ce qui incite à considérer d’ailleurs cette crise de l’euro comme un épisode de la guerre des monnaies engagée par les autorités américaines afin de tenter de faire supporter le poids de la crise sur le reste du monde et particulièrement sur l’Europe.

4– Le bluff 
des stress tests

Comme en 2008 au niveau mondial, en Irlande, le feu aux poudres a été mis par les banques. Ainsi, les pertes des établissements bancaires irlandais liées aux seuls prêts immobiliers non remboursés atteindraient 58 milliards d’euros, soit plus du tiers du PIB annuel du pays. Pourtant, les deux grandes banques qui viennent d’enfoncer leur pays dans la crise, l’Anglo Irish Bank et l’Allied Irish Bank, avaient passé avec succès les stress tests réalisés par les autorités européennes au 1er semestre 2010. Il y a de quoi jeter un doute sur l’ensemble du système bancaire du continent  !

Cela d’autant que si les ressources des Européens sont à chaque fois mobilisées pour sauver les banques, si les peuples sont lourdement mis à contribution, les plans d’aide ne s’accompagnent d’aucune exigence à leur égard. Il ne leur est pas demandé de changer leurs critères d’attribution du crédit, de choisir de financer la croissance, l’emploi, le développement humain plutôt que la spéculation. C’est une des causes essentielles d’ailleurs de l’incapacité de l’Europe à sortir de la crise.

5– Le besoin 
d’une Europe sociale

L’Europe vole au secours de ses banques mais en faisant payer l’addition aux peuples. La mise sur pied du fonds de stabilité financière cette année, la pérennisation d’un mécanisme de stabilisation en 2013 montrent a contrario le besoin de solidariser les pays de la zone euro et de l’Union mais sur d’autres bases permettant d’assurer une véritable reprise économique créatrice d’emplois. Cela suppose notamment de faire jouer à la BCE un tout autre rôle en mettant sa capacité à créer de la monnaie au service des peuples et non des marchés financiers.

Pierre Ivorra

B) Dublin : il n’y a pas d’autres choix que de se battre

Plus de 100 000 personnes ont manifesté, samedi à Dublin, contre le programme d’austérité draconien annoncé par le gouvernement de Brian Cowen et qui sera présenté au Parlement le 7 décembre. Les Irlandais ont accueilli, furieux, le plan de sauvetage de l’UE et du FMI, finalisé hier à Bruxelles.

Si le premier ministre irlandais, Brian Cowen, souhaitait connaître la popularité de son gouvernement et de sa politique, il pouvait participer, samedi, à la manifestation organisée pour protester contre les mesures d’austérité qu’il entend imposer au pays. Un sondage grandeur nature, véritable photographie de cette société irlandaise, un temps abattue à l’annonce de l’arrivée du Fonds monétaire international (FMI), mais qui s’est vite ressaisie  : plus de 100 000 personnes ont battu le pavé à Dublin. Malgré la neige, les bus venus des quatre coins du pays ont gagné la capitale, déversant des flots de manifestants dont la diversité était aussi bien sociale que générationnelle.

À soixante-dix-sept ans, Frank Wallace est venu de Cork (deuxième ville d’Irlande, à 250 kilomètres de Dublin) alors que, de son propre aveu, il ne manifeste jamais. « Tout ce pourquoi nous avons travaillé a été perdu, déplore-t-il. Nos retraites sont réduites. Nous disons à Brian Cowen et à ses ministres que leur temps est passé. » Marie Doyle, du comité des retraités, parle de sa peur du 7 décembre, jour où le budget d’austérité doit être présenté au Parlement, d’autant « qu’on nous considère comme un fardeau pour l’État. Nous ne sommes pas des parasites, nous avons payé pour nos retraites ». Et de demander  : « Combien de retraités vont mourir cet hiver parce qu’ils ne peuvent chauffer leur maison faute d’argent  ? »

Entre 50 et 60 euros de moins par semaine

Terry Kelleher, la trentaine, cadre à la poste, sait aussi ce qui l’attend avec le plan d’austérité. « Je vais perdre entre 50 et 60 euros par semaine, affirme-t-il. Et en plus, ils vont augmenter la TVA. » En conséquence, il va diminuer son train de vie. « Je vais aller moins souvent au pub », dit-il en riant. Plus sérieusement, il vient de résilier son abonnement aux chaînes câblées et se rendra dorénavant dans des magasins où la nourriture et les vêtements sont meilleur marché. Pas beaucoup d’espoirs non plus pour Donal, informaticien. « On ne sait pas ce qui va se passer mais une chose est certaine, on va avoir des problèmes, rien qu’à cause des prêts que chacun a pu contracter pour acheter un logement ou une voiture. Pour l’instant, j’ai encore un travail, mais pour combien de temps  ? J’ai peur. »

Dublin a annoncé, mercredi, un nouveau plan de rigueur draconien, le quatrième depuis 2008, qui prévoit, d’ici à 2014, 15milliards d’euros d’économies budgétaires et de hausses d’impôts, soit près de 10% du produit intérieur brut (PIB). Les allocations de chômage et familiales seront réduites, tout comme les retraites des fonctionnaires et le salaire minimum, qui devrait connaître une baisse de 12%  !

Près de 25 000 emplois publics seront supprimés. « Ce sont les hommes et les femmes ordinaires qui vont souffrir, tandis que ceux qui sont à la base du problème, les banquiers, les promoteurs et les politiciens, restent relativement épargnés », dénonçait même l’Irish Daily Mail. Une base drastique déjà utilisée par certaines sociétés pour obtenir plus de sacrifices de leurs salariés. Brid Smith, conseillère municipale à Dublin, élue People Before Profit, une organisation de gauche, révèle ainsi que l’entreprise de sécurité travaillant pour la municipalité a envoyé une lettre aux salariés leur demandant de réduire d’eux-mêmes leur salaire d’un euro par heure. Pour elle, « il n’y a pas d’autres choix que de se battre parce que ce qui nous attend, c’est la fermeture d’écoles, d’hôpitaux »…

Des élections générales anticipées pourraient se dérouler en février ou en mars. Le parti au pouvoir, le Fianna Fail, qui gouverne avec les Verts, sait que sa défaite est programmée, à l’image de ce manifestant, Jerry Sweeney, cinquante-huit ans, qui jure qu’il « ne votera plus jamais pour eux ». Il en a eu un avant-goût jeudi lors d’une élection partielle qui a vu la victoire de Sinn Féin. Le Parti travailliste et le Fine Gael (centre gauche), principaux partis d’opposition, entendent bien en profiter, d’où l’ambiguïté de leurs déclarations. Ils ne sont pas farouchement opposés au plan d’austérité mais entendent alléger certaines mesures. Pour Joe Higgins, du Parti socialiste, député européen membre du groupe GUE, il s’agit de faire vivre l’Alliance de la gauche unie (United Left Alliance) pour imposer une véritable opposition de gauche au Parlement, « face aux travaillistes qui continueront cette politique des coupes budgétaires ».

Pierre Barbancey

C) L’Italie mobilisée pour offrir un futur aux jeunes et au monde du travail

Près de 500 000 personnes ont manifesté samedi à Rome, à l’appel du syndicat général du travail italien, la CGIL, pour la légalité, le travail, l’avenir des jeunes et contre la précarité.

Ils étaient nombreux dans les deux cortèges qui mènent à la place San Giovanni, à Rome, samedi matin.

La Confédération générale italienne du travail (CGIL), la seule centrale à appeler à manifester, n’a pas voulu estimer le nombre de manifestants pour ne pas alimenter la bataille des chiffres. Mais ils étaient peu ou prou le même nombre que le 16 octobre, quand les métallos de la Fiom avaient amené 500 000 personnes sur la même place.

En deux ans de crise, c’est la huitième manifestation nationale pour la première centrale du pays.

L’Italie est particulièrement affectée. Le taux de chômage officiel est de 8,3 %, mais il serait plutôt de 13%.

Et c’est compter sans les suppressions de postes de 80 000 précaires dans la fonction publique en janvier, ou de 130 000 enseignants d’ici à 2013.

Le privé est durement atteint. Le secteur de la construction, le plus touché, a perdu 250 000 emplois. « Nous sommes là pour défendre le travail qui manque », nous explique Gino Adinolfi, de la Fillea-CGIL de Salerne.

Lui et ses camarades sont venus réclamer des « investissements dans les infrastructures ».

Car, constate-t-il, certaines entreprises ne sont plus payées. « Cela conduit à une expulsion du marché des entreprises saines.

Tandis que celles liées à la Camorra (la mafia napolitaine– NDLR) et qui servent de lessiveuses d’argent sale survivent », déplore-t-il.

Défense de la légalité et du travail. Tels étaient les deux chevaux de bataille de la CGIL. Nombreuses étaient les pancartes demandant une lutte contre le travail et l’évasion fiscale. La plate-forme syndicale, qui appelle le gouvernement à un changement d’agenda politique s’inscrit également contre la stratégie gouvernementale et patronale, qui consiste à diminuer les droits des travailleurs. L’exécutif a sorti un texte empêchant aux nouveaux embauchés d’avoir recours à la justice en cas de conflit avec l’employeur. La Fiat tente d’obtenir des accords d’entreprises moins contraignants que ce que prévoit la convention collective.

Signe d’une Italie anxieuse, un mot est sur toutes les banderoles, sur toutes les bouches  : « futur ». Ce sont les jeunes qui l’ont imposé, en se mobilisant massivement depuis la rentrée pour la sauvegarde de l’université publique et de la recherche. Jeudi, ils ont occupé le Colisée et la tour de Pise.

Les réformes en cours maintiennent les chercheurs dans la précarité et réduisent les fonds alloués aux bourses.

Une inquiétude qui rejoint celle de nombreux syndicalistes  : le pays n’investit pas assez dans la formation et l’innovation. La CGIL, dirigée depuis le 3 novembre par Susanna Camusso, cherche à élargir son assise aux 2,5 millions de précaires, et aux jeunes, dont le taux de chômage est de 26,4%. « Le futur est aux jeunes et au travail », a-t-elle rappelé lors de son allocution, condamnant un gouvernement « machiste » qui dégrade le pays. « Ou le gouvernement change de cap, ou il est mieux qu’il s’en aille », a-t-elle déclaré, ajoutant que son syndicat continuerait de « faire grève ». Un signe en demi-teinte en direction d’une partie de sa base qui réclame une grève générale.

Gaël De Santis

D) Les Diafoirus de la mondialisation

Sans remords, les dirigeants de l’Union européenne et du FMI veulent tuer le malade irlandais afin qu’il meure guéri. Le plan d’austérité de 15 milliards d’euros exigé en contrepartie de secours pour une large part attribués aux banques privées constitue un véritable bouillon de 11 heures pour une économie déjà minée par l’affairisme et le tout-libéral. Le spectre de l’immigration massive resurgit et touche cette fois la jeunesse la plus diplômée. La grande pauvreté gagne les rues de Dublin. Le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Olli Rehn, avait bonne mine hier en souhaitant des discussions sur « une réponse systémique à cette crise » qui a « des ramifications plus larges ». La Grèce a été la première victime, mais les docteurs Diafoirus qui pilotent la mondialisation capitaliste ne savent évoquer qu’un remède, la saignée. Or, même les experts du Fonds monétaire constatent que les politiques d’austérité étouffent la croissance et assèchent les ressources nécessaires pour combler les déficits budgétaires. Ce n’est plus seulement un cercle vicieux, c’est une spirale dépressive.

Dimanche, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s’est déclaré inquiet d’une « poussée nationaliste, chauvine, xénophobe » et d’un « populisme très, très agressif ». Peut-il s’en étonner quand la politique qu’il impose – avec d’autres, comme Dominique Strauss-Kahn – aux peuples contre leur gré pousse la société 
vers une régression  ? Il peut toujours souhaiter que les valeurs européennes soient défendues alors qu’avec ses pairs, il les foule aux pieds. Que font-ils de la solidarité quand ils désignent les Grecs à la vindicte du continent  ? Que reste-t-il de la perspective de progrès quand des salaires minimum sont baissés de 15% au Portugal et les retraites repoussées en Grèce ou en France  ? Où réside la justice quand des centaines de milliards d’euros sont mis à la disposition des banques alors que les aides sociales sont supprimées  ? Ce sont précisément ces politiques qui menacent l’euro et toute la construction européenne.

La France n’est pas l’Irlande, le Portugal ou l’Espagne. Mais, comme l’Italie, nos gouvernants ont l’œil rivé sur les marchés financiers, cherchant, quel qu’en soit le prix, l’approbation des agences de notation dont le seul critère est la rentabilité maximale garantie aux capitaux. En gardant les yeux rivés sur ce tableau 
de bord, nous avons toutes les chances de nous retrouver dans le décor. Il faut au contraire émanciper l’euro 
de la tutelle des marchés financiers. Depuis 2008, 
des sommes astronomiques sont engouffrées dans 
les opérations des banques qui réaniment des spéculations à grande échelle. À cette fin, la Banque centrale européenne prête à 1% d’intérêts, ce qu’elle refuse aux États. Le Fonds de stabilisation financière met de l’argent public au service du privé et le refuse 
aux actions d’intérêt général. C’est à cela qu’il faut mettre un terme en instituant un fonds de développement social financé à taux zéro par la BCE et une taxation 
de mouvements de capitaux, en imposant des « donnant-donnant » d’investissements utiles quand on secourt 
les banques, en favorisant un essor social partagé. 
Les luttes sociales qui secouent le continent réclament 
ce type de réorientation. Voilà, Monsieur Barroso, 
ce qui servirait une fraternité européenne et réduirait à rien les poussées de haine.

Les dirigeants de l’Union européenne et du FMI ne savent évoquer qu’un remède, la saignée, alors que les politiques d’austérité étouffent la croissance.


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