Une enquête TNS SOFRES confirme l’hostilité croissante des Français vis à vis de la Bourse, du profit, des privatisations et du capitalisme

lundi 13 décembre 2010.
 

1) Les Français et la Bourse

2) Les Français et le mot Privatisation

3) Les Français et le Profit

4) Les Français et le capitalisme

5) Vous situez-vous à gauche ? au centre ? à droite ? ni droite ni gauche ?

6) A votre avis, dans l’ensemble, les responsables politiques se préoccupent-ils de ce que pensent les gens comme vous ?

7) Faites-vous confiance à la droite ou à la gauche pour gouverner le pays ?

8) Est-ce que vous avez l’impression que depuis 5 ans les gens comme vous vivent mieux ou moins bien qu’avant ?

9) Quelle idée évoque pour vous quelque chose de positif ?

10) Quelles sont les tendances profondes de l’évolution des représentations et des valeurs chez les Français 

11) Nous avons déjà mis en ligne deux articles à partir d’enquêtes sur le rapport au capitalisme

Cette enquête TNS SOFRES Fondation Gabriel Péri présente le grand avantage de poser régulièrement les mêmes questions depuis 1988. La dernière étude a été réalisée du 7 au 14 juin 2010.

1) Les Français et la Bourse

En 1988, 29% des Français affirmaient avoir un point de vue négatif sur la Bourse. Ce pourcentage a régulièrement progressé depuis : 37% en 1993, 44% en 1998, 53<ù en 2002, 74% en 2010.

2) Les Français et le mot Privatisation

Ce mot évoquait quelque chose de négatif pour 36% des Français en 1988, 34% en 1992, 44% en 1997, 36% en 1998, 43% en 2002, 57% en 2008, 6% en 2010.

3) Les Français et le Profit

Considéré négativement par seulement 32% des Français en 1988, ce pourcentage est monté à 43% en 2007 et 53% en 2010.

4) Les Français et le capitalisme

Le nombre de personnes opposées au capitalisme a connu la même progression fulgurante : 50% en 1988, 54% en 1994, 56% en 2001, 64% en 2010.

5) Vous situez-vous à gauche ? au centre ? à droite ? ni droite ni gauche ? (enquête en 2001 et 2010)

* A gauche : 24% en 2001, 31% en 2010

* Au centre : 17% en 2001, 14% en 2010

* A droite : 47% en 2001, 34% en 2010

Les plus rétifs à se positionner sur l’échelon politique restent les jeunes (44 % d’entre eux). Et l’absence d’identification à la droite ou au centre ne profite nullement à la gauche dans cette tranche d’âge.

6) A votre avis, dans l’ensemble, les responsables politiques se préoccupent-ils de ce que pensent les gens comme vous ?

36% des sondés répondaient OUI en 1978, 27% en 1994, 20% en 2002, 17% en 2010.

15% des sondés répondaient NON en 1978, 21% en 1994, 31% en 2002, 42% en 2010.

Le mot d’ordre "Qu’ils s’en aillent tous" répond à la demande d’une majorité de Français : 42% considèrent que les responsables politiques dans l’ensemble se moquent de l’avis des citoyens, 41% préfèrent ne pas répondre et seulement 17% sont satisfaits.

7) Faites-vous confiance à la droite ou à la gauche pour gouverner le pays ?

L’effondrement du pourcentage de sondés faisant confiance à la droite paraît irréaliste : 33% en 1980, seulement 13% en 2010.

8) Est-ce que vous avez l’impression que depuis 5 ans les gens comme vous vivent mieux ou moins bien qu’avant ?

En 2010, 11% seulement des sondés ont l’impression de vivre mieux (32% en 2002), 71% ont l’impression de vivre plus mal (44% en 2002)

9) Quelle idée évoque pour vous quelque chose de positif ?

Ecologie : 85%

Socialisme : 56%

Communisme : 18%

10) Quelles sont les tendances profondes de l’évolution des représentations et des valeurs chez les Français  ?

« L’intérêt déclaré pour la politique était nettement plus répandu » dans les années 1960 que dans les années qui suivirent notent les responsables de l’enquête. Par contre, un renouveau de politisation paraît en cours comme l’indiquait peut-être la forte participation aux présidentielles de 2007.

11) Nous avons déjà mis en ligne deux articles à partir d’enquêtes sur le rapport au capitalisme :

Enquête américaine 2006 : la France anti-capitaliste et populaire dans un monde demandeur de régulation publique

Le capitalisme n’a plus d’avenir pour 23% des habitants de la planète (41% en France) d’après une enquête 2009 de la BBC

12) Les idées libérales ne séduisent plus les Français

Une enquête de la Fondation Gabriel-Péri révèle les évolutions idéologiques des Français sur une longue période à contre-courant des impératifs des marchés financiers et des choix sarkozystes dont la crise a accentué le rejet...

Ses résultats éclairent le long terme. Ils sont aussi autant de clés pour mieux appréhender le contenu de la séquence sociale qui s’est développée depuis, et la nature du mouvement populaire constitué contre la réforme des retraites. Ils constituent en outre le cahier des charges à partir duquel la gauche devrait situer le niveau de l’alternative de la civilisation à la droite sarkozyste dans la perspective des futures échéances électorales.

Réactions en chaîne

Si la crise n’a pas bouleversé les évolutions antérieurement amorcées, en particulier liées au sentiment grandissant de « mal-vie », elle a sans doute fonctionné comme une validation de celles-ci jusqu’à précipiter la mise en contestation des concepts idéologiques. Il en est ainsi de l’inquiétude sur « la puissance sans contrôle des marchés financiers internationaux ».

La réaction en chaîne, du coup, percute la notion même de « capitalisme » considéré selon la tendance comme étant « fondamentalement dans l’erreur », considération assortie de la conviction « d’un besoin d’un autre système économique ». La nécessité de « contrôle » l’emporte désormais sur la « liberté » des entreprises. Dans cette logique, l’idée de « nationalisation » devient majoritairement positive. Par ailleurs, contrairement aux choix xénophobes, sécuritaires ou identitaires du sarkozysme, on constate que la crise n’a pas endigué le reflux de l’hostilité aux immigrés ou la recherche de boucs émissaires. L’enquête soulève enfin un paradoxe qui doit interpeller l’offre politique actuelle. Alors que l’intérêt est des plus élevés, que la conscience d’appartenance de classes se refonde, un énorme discrédit frappe les dirigeants des partis et réinstalle, en particulier parmi les jeunes, un redoutable positionnement « ni gauche ni droite ».

Fiche technique

Sondage Sofres effectué pour la Fondation Gabriel-Péri. Il a été réalisé du 7 au 14 juin 2010, par téléphone, auprès d’un échantillon de 1 504 personnes représentatives de la population de nationalité française âgée de dix-huit ans et plus. La méthode est celle des quotas (sexe, âge, profession 
du chef de ménage, cathégorie socio-professionnelle) et stratification par région et catégorie d’agglomération.

Dominique Bègles, L’Humanité

11) Gauche, droite… la défiance règne

Malgré une volonté de changer la société, les Français peinent à se positionner sur l’échelon politique et à faire confiance aux dirigeants.

C’était en juin 2008, presque une autre époque. Devant l’Union démocratique internationale (UDI), sorte d’Internationale conservatrice et démocrate-chrétienne, François Fillon plastronnait. « Sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, la France est en train d’accomplir une mutation culturelle (…) Nous sortons du relativisme culturel et moral que la gauche française des années 1980 avait diffusé dans le pays. » À la lumière de l’enquête livrée par la Fondation Gabriel-Péri, l’affirmation selon laquelle la droite « a gagné la bataille idéologique » semble vaciller.

Si la volonté de changer complètement la société progresse très nettement, la manière d’opérer ce bouleversement reste une question en suspens. Ainsi, Michel Simon et Guy Michelat ont affiné le questionnement en demandant  : « Malgré la mondialisation et la crise, on peut tout de même améliorer les choses en France en prenant les mesures qui s’imposent. » À cette assertion, 89 % des personnes interrogées répondent par l’affirmative...

Le flou idéologique entre les sociaux libéraux et la droite sur les questions économiques a-t-elle contribué à brouiller les repères d’appartenance et à miner la confiance  ? Fin 2009, une autre note de la Fondation Gabriel-Péri estimait que la troisième voie blairiste et, avec elle, la théorisation d’un espace politique libéré de l’affrontement de classes, constitue un échec. Et cela d’autant plus que la crise financière a permis à la droite au pouvoir d’occuper elle-même le terrain de la régulation et de l’interventionnisme. Dès lors, les résultats de l’enquête de la Fondation Gabriel-Péri invitent l’ensemble de la gauche à penser son projet.

L. S.


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