Le congrès du Parti de gauche s’est déroulé d’une façon remarquable

mercredi 1er décembre 2010.
 

Je ne dis pas qu’il était parfait ni que tout fut aussi bien calé qu’il aurait fallu. Je veux juste souligner que ceux qui y participaient avaient en commun de vouloir réussir le congrès et de faire tout le temps et en toutes circonstances ce qu’il fallait pour qu’il en soit ainsi. Non pour eux-mêmes, mais parce qu’ils étaient conscients de ce que représente ce petit parti aux yeux de ceux qui scrutent la gauche pour y trouver une issue. Notre parti n’est rien ou presque. Juste une modeste passerelle lancée sur le vide. Mais parce qu’elle est là tout est de nouveau possible. La coalition du Front de gauche ne prend son sens que parce que ce petit quelque chose donne une forme concrète au rassemblement. Faute de quoi le Parti communiste qui a aussi souhaité ce rassemblement ne pourrait rien faire d’autre qu’agiter un slogan face à un NPA volontairement isolé qui fait de sa solitude un argument identitaire. Voila ce que j’ai voulu dire a propos de notre rôle singulier. C’est ce qui a été fielleusement reproduit dans « Le Monde » comme une auto célébration, dans la veine provocatrice et méprisante des articles de ce quotidien à notre sujet. Reste que dans ces conditions, libérés des traditionnels enjeux internes nous avons pu faire de notre congrès un moment spécial de notre identification.

Notre décision la plus spectaculaire en la matière est d’avoir, peut-être exagérément, ouvert nos travaux à des personnalités extérieures dans des conditions d’exceptionnelle écoute. Il y a eu dix sept invités prenant la parole en trois jours. C’était peut-être trop dans la mesure où cela nous coûta en temps de parole disponible pour les congressistes eux-mêmes, ce qui créa une certaine frustration. Mais la démonstration a été faite de ce que pourrait-être un parti organisé comme un mouvement davantage que comme une phalange, fédérant des domaines d’intervention plus ou moins autonomes mais complémentaires. Ce qui frappait dans les prises de paroles « extérieures » c’est précisément qu’elles n’étaient pas ressenties comme extérieures. Elles faisaient partie du tableau auquel chacun est confronté dans sa vie militante ou sa réflexion. Il y a beaucoup à attendre, selon moi, de cette façon de faire. Il s’agit d’un tournant à prendre où l’on passerait moins de temps à généraliser le débat et davantage à le particulariser et à le contextualiser. Illustrer une idée par le récit d’une pratique en modifie et en éclaire la perception davantage que mille batailles de verbes ou d’adjectifs sur les concepts qui s’y rapportent.

Une autre innovation vint à la fin. Ce fut la décision prise en bureau national de créer une co-présidence du parti, mixte, homme-femme. Notre intention est d’aller, à notre rythme, vers une généralisation de cette pratique. Il s’agit d’intégrer complètement et totalement la seule différence universelle, celle des genres. Cela veut dire assumer cette différence pour la libérer du lien dominateur non dit, et donc caché, que le patriarcat a introduit dans la relation de genres. Nous sommes le premier parti politique à faire ce pas et je suis certain que nous ne serons pas les derniers. Mais nous avons innové davantage que maints bavards sur ce thème. L’heureux concours de circonstances qui ajoute à la portée symbolique de notre décision, c’est que nous illustrons aussi, tels que nous sommes, Martine Billard et moi, deux aspects fondateurs de la personnalité culturelle du parti, le socialisme et l’écologie.

La troisième nouveauté est d’ordre doctrinal. Elle se trouve formulée dans mon discours final. Il s’agit de la prise en compte de la place du « précariat » dans les sociétés libéralisées. Je suis venu à cette question en décrivant ce qu’est « le peuple » dans notre discours. Il me faut dire qu’il s’agit d’une reconstruction de ma propre vision de l’action de gauche pour faire bifurquer le système capitaliste de notre temps. Je veux nommer quel est l’acteur de notre action, son « héros ». il s’agit du « peuple » en tant qu’acteur de l’histoire. J’ai rédigé le passage à ce sujet et je l’avais introduit dans cette note. Celle-ci, alors a explosé en longueur. J’ai donc préprogrammé son installation en ligne pour ce dimanche. J’y traiterais aussi des interventions du dimanche matin et spécialement de celle de Clémentine Autain.

Après tout cela il faut bien reconnaitre une erreur dans ce congrès. C’est celle de notre système de communication à son sujet. Ni nos innovations, ni la co-présidence n’ont retenus l’attention des médias présents. Et pas davantage le travail sur le concept de peuple exprimé dans mon discours. Pourtant le thème avait donné lieu à de belles polémiques finalement très abstraites. La Marseillaise finale, après l’Internationale, ni le passage sur le lien entre souveraineté nationale et souveraineté populaire n’a été retenu non plus… Et pas davantage le débat sur « l’impasse stratégique » à laquelle peut conduire le double refus qui est le notre de l’alliance avec les socialistes d’un coté et de la ligne de « l’extrême gauche plurielle » de l’autre. Le vrai sujet du congrès était tout de même : « que faire avec les socialistes et les verts ? ». Il n’en est rien apparu. Tant pis.

Ce qui a retenu l’attention c’est le supposé conflit avec le PCF propos du populisme. J’ai même lu que j’avais « mis le concept en sourdine »… Mais quand en ai-je fais un argument de campagne ? Je ne le saurais jamais. Par contre j’ai tout de même consacré un bon quart du discours de clôture à la question du « peuple » comme acteur politique nouveau en relation avec l’émergence du « précariat » et il n’en est rien resté. C’est le moment dire qu’aucun conflit entre le PCF et nous n’est possible sur la question de l’élection présidentielle. Cela ne tient pas à notre amitié réciproque. Les faits commandent. Et nous le savons tous depuis le premier jour du lendemain de notre percée aux élections européennes. Le Front de gauche n’existe que par sa diversité. Un seul parti ne peut avoir toutes les candidatures. A partir de là c’est comme ça qu’il faut lire ce que dit avec tant d’insistance le PCF sur la nécessité d’être « collectif ». L’injonction fonctionne autant comme une évidence pour nous tous, à propos de la campagne électorale présidentielle, qu’en particulier pour les adhérents du PCF troublés par les sirènes du repli sur l’identité partidaire du communisme. Mais contre nous agit une propagande incessante. Celle des gens de médias favorables aux socialistes. Ceux là ont besoin des identitaires de tous poils, inclus ceux du NPA, pour jeter de l’huile sur le feu tous les jours.


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