Réponse à l’article "Parti socialiste : Vers la scission fatale de NPS ?" (Stéphane Bultel, Conseiller général Rodez Est, ex NPS))

jeudi 30 novembre 2006.
 

Je trouve la description par Jacques de l’extinction de NPS assez "rapide", mais bon c’est le format du blog. Résumer l’évolution de NPS à des affaires de personnes est à mon avis une erreur de diagnostic. Quant au bilan de l’aventure NPS, il me semble, avec le recul, plutot bon pour le Parti Socialiste.

De quelle analyse est né NPS ? Les rénovateurs de Dijon faisaient l’analyse, en 2002, selon laquelle le PS avait perdu d’abord parce que la façon de faire de la politique n’était plus en phase avec l’attente des Français, et qu’il fallait changer de République pour se donner les moyens de changer la vie ; et ensuite parce que la ligne politique du Parti le rapprochait dangeureusement des sociaux-libéraux. De son côté, la gauche du parti rassemblée sous la bannière Nouveau Monde faisait le seul constat d’une erreur de ligne politique (pour être précis, ils plaçaient en tout cas cette ligne de gauche devant le besoin de rénovation institutionnelle, qu’ils avaient été les premiers à demander à l’époque de la Gauche socialiste mais qu’ils avaient rélégué à l’accessoire à Dijon).

Je partageais à l’époque la seconde analyse, mais je me suis assez vite rendu compte de l’incapacité de changer les choses en limitant le combat interne à un affrontement entre les socialistes du réel et les "garants" de la ligne de gauche.

Arnaud Montebourg faisait une analyse similaire de cette incapacité d’action dans le Parti, sans trouver de solution. Le Congrès du Mans montrait pourtant la poussée de l’audience dans le parti du NPS, même si le score était en partie gonflé articiellement par les emmanuellistes. Dans le même temps, l’instrumentalisation par Fabius de la gauche du parti décrédibilisait définitivement toute possibilité de devenir majoritaire.

L’épisode de la synthèse marquera définitivement les lignes, lorsque tout le parti rejoint François Hollande, à l’exception de Montebourg, qui refusa de répondre au compromis sans avancée politique sur la rénovation du parti. Emmanuelli s’était entendu avec Peillon pour ôter au député de Saône et Loire le leadership de NPS, sans légitimité puisque le courant soutenait à 80% la position de Montebourg. Comme à Nouveau Monde, le vieux Henri était venu faire le coucou pour maintenir ses positions personnelles dans les instances du PS. Le fond politique ou le besoin de rénovation n’étaient pas ses grandes priorités...

Puis vint la présidentielle, qui vit le choix d’Arnaud (c’est important de rappeler l’histoire de NPS pour en préciser la cohérence) de privilégier la rénovation avec Ségolène, à une ligne de gauche mal incarnée par Laurent Fabius. Selon sa formule sarcastique "il sera plus facile de gauchiser Ségolène que de rénover Laurent". Et toujours selon l’analyse que la réforme de la politique était un préalable à l’application d’une ligne clairement à gauche.

Arnaud Montebourg amenait rapidement 85% des rénovateurs sur cette ligne, moins de 15% de "Rénover maintenant" suivant Laurent Fabius.

Nous ne pourrons juger de l’impact de NPS sur la vie du parti et plus tard dans la vie politique française qu’au regard d’une éventuelle victoire de Royal à la présidentielle, bien sûr, et de l’observation du bilan de la gauche au pouvoir. Mais il me paraît évident que la désignation de Ségolène Royal, qui est habilement passée devant Hollande et DSK, résonne aujourd’hui comme une réponse au message des rénovateurs lancé en 2000. Ce message passait dans l’opinion mais pas dans le parti, bloqué par la motion A (à laquelle appartenait d’ailleurs Laurent Fabius).

NPS aura vu la concrétisation de son besoin de rénovation au travers de Ségolène et de sa candidature à la présidence de la (cinquième) République. En inversant le calendrier, Jospin ne se doutait pas en 2002 des conséquences de ce choix 5 ans plus tard. Parce qu’il me semble certain que dans une succession législatives puis présidentielles, Ségolène n’aurait pas trouvé d’espace derrière Hollande, DSK et le parti.

La gauche du parti aura quant à elle vu s’effondrer les espoirs nés lors du non au référendum. Je crois que Laurent Fabius aura été l’artisan de cette défaite, parce qu’il ne portait pas l’image de rénovation attendue par les Français, et parce que peu de gens ont cru en sa sincérité.

Enfin la ligne sociale-libérale incarnée par Strauss Kahn aura réussi un score important pour le rapport de forces futur dans le parti. NPS ne l’a jamais considéré comme un allié potentiel, ni pour la rénovation, ni sur la ligne politique bien sur.

Je crois que la gauche du parti ferait une erreur en considérant que la choix de Ségolène est un choix de ligne. C’est le choix de la rénovation, imposée au Parti Socialiste. Le coup qu’aurait rêvé de faire NPS, mais que Ségolène a fait. Sur la ligne politique, il reste, sur beaucoup de points cruciaux, des victoires politiques à construire avec elle (et des batailles politiques à préparer, aussi !) sur des aspects qui étaient auparavant verrouillés, et que sa désignation peut contribuer à réouvrir.

Mais la ligne, ça se fixe lors d’un Congrès.


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