Mobilisation sociale et révolution citoyenne avancent d’un même mouvement (éditorial national du PG)

jeudi 11 novembre 2010.
 

Le vote final de la réforme des retraites au Parlement devait arrêter le mouvement. Personne ne sait en définitive ce qu’il en sera. Le spectre d’une mobilisation se poursuivant au-delà des délais « normaux » de la procédure parlementaire inquiète au plus haut point les cercles dirigeants. Les médiacrates se déchaînent pour dire que la démocratie commande d’obéir au vote des Assemblées.

La fin de chaque grève est annoncée avec plus de bruit et de fracas que ne l’a jamais été son déclenchement. L’accusation de populisme connaît un fulgurant succès chez les bagages accompagnés de l’oligarchie qui en n’y mettant jamais le même contenu témoignent que leur angoisse se résume au surgissement du peuple. Car la mobilisation populaire devient une contestation plus générale. Elle ébranle les institutions clés qui produisent le consentement à l’ordre. La révolution citoyenne a commencé !

Prenons l’exemple des médias. Il est frappant de voir la campagne orchestrée contre Jean-Luc Mélenchon se retourner contre ses auteurs. La mauvaise foi, le travestissement outrageux des propos, la répétition en boucle des mêmes indignations viennent flétrir d’un ridicule supplémentaire l’attitude corporatiste de nombreux journalistes. La crédibilité de la caste est en train de sombrer. On voit fleurir les pancartes dans les cortèges fustigeant les manipulations médiatiques. Quelques mois de lutte ont davantage émancipé les esprits que des dizaines de séance de décryptage de Schneidermann et Acrimed. Dès lors nos propositions ne sont-elles pas le seul moyen d’en sortir ? Amélioration du statut social des journalistes de base, afin qu’ils puissent faire leur métier correctement, révolution citoyenne dans les médias avec notamment l’élection du président de France Télévisions.

Le mouvement a aussi mis la révolution citoyenne à l’ordre du jour dans les institutions. La Cinquième République à bout de souffle, la Sixième devient incontournable. Au-delà un ressort plus profond de la démocratie représentative est en train de se briser. Les représentants du peuple ont seulement besoin d’être élus lorsque vient l’échéance pour exercer légalement le pouvoir. Mais il leur faut aussi être légitimes. Cela se vérifie chaque jour et non pas tous les cinq ans. C’est pourquoi un gouvernement ne peut, même s’il en a le droit, gouverner durablement contre l’avis majoritaire du peuple. Quels que soient leurs propos récusant le pouvoir de la rue, les gouvernements tiennent donc habituellement compte du rapport de forces qui s’exprime dans le pays pour modifier leurs textes. Négociation, nouvelle délibération, retrait d’un projet, dissolution de l’Assemblée, référendum, les outils constitutionnels ne manquent pas pour renouer le fil brisé avec peuple. Que se passe-t-il lorsqu’ils ne sont pas utilisés ? Regardons en Amérique du Sud. C’est le non-respect systématique de leurs engagements de campagne par des partis dominants soumis en réalité aux seuls désirs du FMI, qui a provoqué une vague de révolutions citoyennes. Celles-ci se sont notamment distingués par l’invention de dispositifs destinés à rendre impossible ce détournement de la démocratie, comme les référendums révocatoires organisés dès qu’un nombre donné de citoyens l’exige. Désormais cette revendication ne sonnera plus aux oreilles populaires comme une bizarrerie exotique. La mobilisation sociale et la révolution citoyenne avancent décidément d’un même mouvement.


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