Six « leçons » à méditer après la défaite de Barack Obama ! (par Marie Noelle Lienemann)

samedi 6 novembre 2010.
 

Vraiment, la défaite démocrate est un mauvais coup pour tous les progressistes ! Sans être un spécialiste aguerri des USA, on peut toutefois être frappée par le coté récurrent de certains problèmes et même d’une certaine crise démocratique dans les pays les plus développés ! Sans prétention, je propose de tirer 6 leçons de cette regrettable défaite !

1 la fragilité du présidentialisme et de l’hyper personnalisation de la politique : on voit bien la difficulté de mobiliser des électeurs au-delà d’un simple vote et d’une adhésion à une image, à quelques slogans. C’est d’autant plus vrai lorsque n’est pas entretenu un travail politique en profondeur, mené par des militants conscients, écoutés et présents en permanence sur le terrain, capables de faire le lien entre l’action au sommet et le vécu des citoyens. Les régimes parlementaires, eux, poussent davantage à un débat sur des choix réels et concrets et mettent beaucoup plus de monde dans le coup pour préparer un programme et suivre sa mise en œuvre. Ils imposent davantage des synthèses entre des points de vue différents au sein d’un même camp. Or ceci tend à réduire les incompréhensions, l’incertitude des engagements qui entretiennent tant d’incompréhensions ultérieures.

Bref les partis sont utiles pour gagner, mais plus encore pour durer. Faut-il encore qu’ils ne soient pas réduits à un fan club ou à un aréopage de notables locaux entourés de supporters. Le militantisme est essentiel. Essentiel pour élaborer, arbitrer et convaincre.

Les Tea-party sont aussi des mouvements militants. Très à droite mais militants !

2 Quand les progressistes n’assument pas la bataille idéologique, la droite, elle, le fait et plus encore l’extrême droite. Dans les périodes de crises les citoyens attendent du sens, une vision qui éclaire l’avenir et permette de comprendre et d’agir sur le présent. C’est particulièrement le cas aux Etats-Unis et en France, où la nation est fondée sur un projet politique et autour de valeurs fortes. Elles sont d’ailleurs très différentes de part et d’autre de l’Atlantique. Si face aux lobbies réactionnaires, les progressistes n’organisent pas des lobbies de gauche, ils ne résistent pas ! S’en tenir à la gestion des problèmes sans se projeter dans l’histoire, sans s’inscrire dans un projet d’ensemble trouve vite ses limites et rétrécit les capacités à rassembler. Certains peuvent ne pas être d’accord sur telle ou telle réforme mais c’est de moindre importance si le chemin tracé est celui qu’ils souhaitent ! On mesure là, l’importance des conditions d’accès au pouvoir et du travail politique et idéologique (mené par les intellectuels, politiques, syndicalistes, associations et citoyens engagés) réalisé en amont. Les pseudos pragmatiques feraient bien de méditer à cela. Le plus difficile est de maintenir cette exigence lorsqu’on est au pouvoir. Cela suppose de « politiser l’action », d’assumer ses choix et d’agir avec progressivité. Le changement doit être entretenu dans la durée, autour d’étapes clairement affichées, mais porté avec une détermination réelle.

3 Les « entre deux » ne satisfont personne. Assumer des choix clairs doit aller de pair avec la constitution d’un front entre les couches populaires, les plus pauvres, et une partie des classes moyennes. Une aile importante du Parti démocrate avait compris que la réforme du système de Santé serait fondée sur un système public. Sous le poids des lobbies, le président américain a reculé et choisi d’impliquer les assurances privées ainsi que de réduire le nombre de bénéficiaires. Bilan des courses, une partie de la base démocrate est déçue, ceux qui ne sont pas touchés sont mécontents et bon nombre ceux qui en bénéficient, touchés par tant d’autres problèmes s’abstiennent ! Cette avancée considérable pour les plus pauvres devait être accompagnée de mesures concernant plus largement les salariés moyens et modestes, pour assurer un « front de classe » plus large. Je pense en particulier que l’affaire des maisons saisies et bradées a été mal gérée. Comment comprendre qu’on laisse des maisons vides et abandonnées parce que ses occupants ne peuvent pas rembourser ? comment avoir laissé brader ces maisons ? Quel gâchis ! Il eut sans doute été utile de faire intervenir la puissance publique pour permettre aux foyers de reprendre pied et de rester chez eux, quitte à étaler ou renégocier les remboursements ou à transformer provisoirement les occupants en locataires. La puissance publique aurait été, là, protectrice des classes moyennes, comme elle voulait l’être pour la santé des plus pauvres !

4 La réalité finit toujours par prendre le dessus sur les discours ! La réalité est que la situation économique est sociale est difficile aux USA et qu’un nombre considérable d’américains vivent très mal et depuis longtemps ! Ceux là s’abstiennent aujourd’hui car ils ne voient pas d’améliorations pour leur avenir et celui de leurs enfants, à mesure que leur situation objective se dégrade. Le chômage, les salaires bas plombent le pouvoir d’achat et ont de lourde répercussion sur la consommation intérieure et sur la survie des nombreuses PME, commerces et services. D’où en plus de l’abstention des salariés pauvres, la radicalisation des électeurs conservateurs souvent recrutés dans ces milieux… Aux USA, comme ailleurs, l’effet de délocalisation des industries est une secousse tellurique et le monde ouvrier ne se sent pas défendu dans cette mondialisation où le libre échange est la règle…le malaise ouvrier sanctionne partout les gouvernants incapables de stopper l’hémorragie !

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