Le beau Danube rouge

vendredi 29 octobre 2010.
 

Le 4 octobre 2010, le réservoir de déchets de l’usine d’aluminium d’Ajka, dans l’ouest de la Hongrie se rompait. Un raz de marée de boue toxique dévastait le village voisin de Kolontar avant de rejoindre les eaux des rivières Torna et Marcal qui se jettent dans le Danube. Un désastre dont le bilan matériel, humain et écologique est dramatiquement lourd, et dont les causes sont à rechercher conjointement du côté des industriels et des politiques hongrois.

Les propriétaires de Mal, l’usine en question, font partie des plus riches familles hongroises. Ils ont acquis l’usine pour une bouchée de pain (environ 40000 euros) lors des privatisations frénétiques qui ont suivi la chute du communisme, transformant les apparatchiks de la veille en grands patrons de l’ère capitaliste. L’aluminium hongrois étant de piètre qualité et son extraction coûtant cher, ils ont maintenu le rendement au détriment des investissements et de la qualité de stockage des déchets. La suite était prévisible : les images satellites montrent des fissures visibles plusieurs semaines avant que la rupture n’advienne.

Face à l’ampleur de la catastrophe, le gouvernement s’est démené pour rassurer le peuple : nationalisation éclair de l’usine, arrestation de son principal dirigeant, construction d’une digue pour protéger les habitants des villages voisins, reprise rapide de l’activité (l’usine fournit plus de 1000 emplois). Mais cette reprise en main tonitruante ne masque pas le manquement évident en terme de contrôle du respect des règles de sécurité par les industriels.

Il faut dire qu’en Hongrie, la défense de l’environnement s’applique surtout à suivre les directives de l’Union européenne en matière de recyclage des déchets... ménagers ! Au risque de lever le pied sur les déchets industriels...

Les conséquences du 4 octobre 2010 pèseront longtemps : l’écosystème des rivières a été anéanti, les experts de Greenpeace ont relevé de fortes concentrations de nickel et de cadmium dans les terres alentour, les inquiétudes sur une éventuelle pollution de la nappe phréatique demeurent. Les risques à long terme sur la santé des habitants de la région restent inconnus. Ce qui est certain, c’est que les Hongrois vont devoir payer la facture de l’inconséquence des importants, politiques et industriels associés.


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